Séance du 9 mai 2000
ÉLOGE FUNÈBRE DE JEAN-JACQUES ROBERT,
SÉNATEUR DE L'ESSONNE
M. le président.
Mes chers collègues, je vais prononcer l'éloge funèbre de Jean-Jacques Robert.
(Mmes et MM. les sénateurs se lèvent.)
Notre collègue Jean-Jacques Robert, sénateur de l'Essonne, est décédé le 18
mars dernier.
Depuis quelque temps, la maladie contre laquelle il luttait avec la
détermination qui caractérisait l'homme de courage qu'il était tenait
Jean-Jacques Robert éloigné des travaux de notre assemblée.
Quoique brève, son absence n'était pas passée inaperçue. Elle suscitait de
nombreux témoignages d'amitié et d'inquiétude. Car Jean-Jacques Robert était un
collègue apprécié, qui prenait toute sa part à nos travaux.
Aussi, c'est avec une grande tristesse que j'évoque devant vous, aujourd'hui,
le parcours de Jean-Jacques Robert.
Notre collègue était né le 24 avril 1924 à Marseille.
Très tôt confronté à la nécessité du travail et de l'action, il est à l'âge de
dix-huit ans employé à la préfecture du Cantal. En juillet 1944, il est engagé
volontaire et ne quittera l'uniforme qu'après la fin de la guerre, en décembre
1945.
Nul doute que ces années difficiles ont contribué à forger le caractère et la
volonté qui marquereront ses actions futures.
C'est à la Libération qu'il commence sa véritable carrière professionnelle
dans le secteur textile. Dans cette branche d'activité, réputée à juste titre
difficile, il parvient, à force de travail, à créer sa propre entreprise. Ce
n'est pas sans fierté qu'il évoquait cette période et son expérience, fondement
de son engagement en faveur de la liberté d'entreprendre et de la protection
des petites et moyennes entreprises.
En 1949, il installe ses activités à Mennecy. Son usine de confection
contribue au développement rapide de sa petite cité, qu'il ne quittera plus,
faisant de cette partie de la Seine-et-Oise, devenue l'Essonne, sa terre
d'adoption.
C'est en 1953 que Jean-Jacques Robert entre en politique comme conseiller
municipal de Mennecy. Aucun antécédent familial ni ancrage géographique ne
favorisait un tel engagement. Tant dans ses activités professionnelles que dans
la vie politique, Jean-Jacques Robert était porté par sa seule volonté.
Dans l'exercice de ce mandat de proximité, il saura se faire reconnaître comme
un élu attentif, proche de ses concitoyens et surtout soucieux de répondre à
leurs attentes.
En 1965, il est élu maire de Mennecy, et ses administrés lui renouvelleront
leur confiance durant vingt-cinq années. Lors de son élection, Mennecy compte 2
000 habitants. Le village est devenu une ville de 12 000 habitants. Cette
évolution témoigne, à l'évidence, du dynamisme de son premier magistrat.
Peu après la création du département de l'Essonne, Jean-Jacques Robert est élu
au conseil général, où il sera l'un des principaux acteurs du développement
d'Evry et de ses environs. Pendant plus de dix ans, de 1977 à 1988, il
s'emploie dans les secteurs de la culture, du social, de l'économie, à doter la
ville nouvelle des atouts d'un véritable centre d'activités, en assurant la
présidence de plusieurs syndicats intercommunaux ou encore de la base de
loisirs d'Etampes.
Attentif aux questions de tourisme et de loisirs, c'est dans ce secteur qu'il
oriente ses activités professionnelles à partir de 1969.
Il développe une affaire de fabrication de matériel de camping. Dans le même
temps, Jean-Jacques Robert s'investit avec énergie, comme toujours, dans la
construction du village de vacances de Lamoura. Il suscite la création, puis
développe la base de loisirs d'Etampes. L'ensemble de ses activités
professionnelles et associatives lui vaudront la médaille d'argent de la
jeunesse et des sports, la croix de chevalier de la Légion d'honneur et celle
de l'ordre national du Mérite.
Membre du conseil régional de 1984 à 1988, Jean-Jacques Robert est élu député
en 1986.
C'est en mai 1988 qu'il devient sénateur, en remplacement de notre ancien
collègue Jean Collin, démissionnaire.
Il rejoint très naturellement la commission des affaires économiques, où il
exerce, dès 1990, les fonctions de rapporteur pour avis du budget du commerce
et de l'artisanat.
Maîtrisant parfaitement son sujet et fort de son enthousiasme, il emportait la
conviction de son auditoire, avec un humour et un franc-parler dont il ne se
départissait jamais.
Sa compétence, l'estime et la confiance de ses collègues lui valurent d'être
chargé de rapporter sur des textes importants relatifs à la protection des
consommateurs en 1991, au code de la consommation en 1993, à l'entreprise et
l'initiative individuelle en 1994 ou encore à la loyauté et l'équilibre des
relations commerciales en 1996. La liste n'est pas exhaustive.
Jean-Jacques Robert est également l'auteur d'un rapport sur l'urbanisme
commercial.
Chaque fois, ses prises de position réfléchies sont marquées par la recherche
d'un équilibre entre la liberté des entreprises et la protection des
consommateurs.
Sans
a priori
partisan ni esprit de système, il se distingue par une
indépendance qui fait de lui un collègue estimé sur toutes les travées.
Les intérêts de Jean-Jacques Robert sont très divers : il étudie les problèmes
des transports collectifs, de la sécurité, de la recherche ou encore des postes
et télécommunications, toujours dans un esprit de justice et d'équité.
C'est de manière concrète que Jean-Jacques Robert aimait se consacrer aux
autres même si, en tant que président de groupe d'amitié, ses pensées devaient
parfois voyager vers Sanaa, ville des bâtisseurs et capitale du Yemen dont il
avait contribué, l'an dernier, à recevoir le président.
Voilà autant d'images qui resteront attachées à la mémoire de Jean-Jacques
Robert, dans le souvenir fort que nous conserverons de lui : celui d'un homme
ardent, empli du respect de ses concitoyens, un collègue chaleureux.
A son épouse et à ses deux fils, à ses amis du groupe du RPR et à ses
collègues de la commission des affaires économiques, je voudrais dire notre
profonde émotion, au nom du Sénat tout entier.
M. Claude Bartolone,
ministre délégué à la ville.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le ministre.
M. Claude Bartolone,
ministre délégué.
Monsieur le président, mesdames, messieurs les
sénateurs, au nom du Gouvernement, je tiens à m'associer à la peine de la
famille de Jean-Jacques Robert, sénateur de l'Essonne, dont nous honorons
aujourd'hui la mémoire, ainsi qu'à celle de ses collègues sénateurs.
Je ne reviendrai pas sur le parcours de cet homme de terrain, conseiller
municipal de Mennecy, conseiller général, puis vice-président du conseil
général de l'Essonne entre 1967 et 1988, enfin membre de la Haute Assemblée
depuis 1988.
Le Gouvernement, le Sénat, la commission des affaires économiques et du Plan
garderont de Jean-Jacques Robert le souvenir d'un sénateur parmi les plus
actifs de la Haute Assemblée.
Chef d'entreprise à vingt-deux ans, son domaine de prédilection était le
commerce et l'artisanat, dont il rapportait le budget. Son apport individuel
est désormais inscrit dans le patrimoine commun.
Au nom du Gouvernement, j'adresse à sa famille, à ses proches, à ses amis, aux
membres du groupe du RPR, à ses collaborateurs, l'expression de nos sincères
condoléances.
(Mmes et MM. les sénateurs observent une minute de silence.)
M. le président.
Mes chers collègues, nous allons interrompre nos travaux quelques instants.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à seize heures quinze, est reprise à seize heures
trente, sous la présidence de M. Jean-Claude Gaudin.)