SEANCE DU 10 OCTOBRE 2000


QUESTIONS ORALES REMISES À LA PRÉSIDENCE DU SÉNAT (Application des articles 76 à 78 du réglement)


Réhabilitation des cabanes pastorales

902. - 6 octobre 2000. - M. Claude Domeizel attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de la pêche sur le problème de l'hébergement des bergers lors de la transhumance dans les alpages. A l'aube du xxie siècle, il est anormal que des hommes vivent dans des conditions souvent très sommaires et dignes d'un autre siècle. Outre le bénéfice d'un confort minimum, une amélioration des cabanes pastorales permettrait aux bergers qui le souhaitent de séjourner avec leur famille. En plus du maintien de l'équilibre familial, seraient aussi partagées les tâches professionnelles et de la vie quotidienne qu'aujourd'hui le berger assume seul ; ce qui l'oblige à s'éloigner du troupeau pendant de longues heures. De plus, si un argument supplémentaire devait être apporté, il lui paraît important de souligner que la présence continue du berger ou d'un membre de la famille auprès de son troupeau deviendrait alors un élément complémentaire de défense contre les chiens errants, ou tout autre prédateur, et les intempéries. Les départements et régions participent déjà, avec le concours des ministères de l'environnement et de l'agriculture (Fonds national d'aménagement du territoire, fonds de gestion de l'espace rural), au financement des améliorations pastorales ; mais ces efforts sont à l'évidence insuffisants pour la rénovation de ces habitats. C'est pourquoi il lui demande s'il envisage de prendre des mesures financières plus conséquentes pour la réhabilitation ou la construction de cabanes pastorales.

Suppression de l'émission télévisée « Montagne »

903. - 9 octobre 2000. - M. Jean Faure appelle l'attention de Mme le ministre de la culture et de la communication sur la récente décision de France 3 Télévision de supprimer l'émission « Montagne » diffusée le dimanche matin et produite par France 3 Grenoble. Il lui indique que cette décision provoque le mécontentement des élus et des populations de la montagne qui souhaitent que soit maintenu un rendez-vous télévisuel régulier sur ce sujet, dans un créneau à plus forte audience. Il lui précise que cette disparition du thème de la montagne des grilles de programmes est regrettable dans un contexte où le grand public a, à son sujet, des a priori souvent erronés et ne disposera donc plus d'un média facile d'accès pour en appréhender les spécificités et les réalités socio-économiques.

Enseignement des langues wallisienne et futunienne
et place de Wallis et Futuna dans la nouvelle organisation
de l'enseignement supérieur dans le Pacifique

904. - 10 octobre 2000. - M. Robert Laufoaulu appelle l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale d'une part, sur l'enseignement des langues wallisienne et futunienne dans les établissements scolaires et universitaires, d'autre part, sur la situation du territoire de Wallis-et-Futuna du point de vue de l'enseignement supérieur. Pour ce qui concerne le premier point, la loi n° 51-46 du 11 janvier 1951 dite loi Deixonne, a mis en place un enseignement de langue et culture régionales couvrant l'ensemble de la scolarité. Les dispositions de cette loi, qui s'appliquaient initialement au basque, au breton, au catalan et à l'occitan, ont été successivement étendues à d'autres langues, notamment au tahitien (décret du 12 mai 1981) et aux langues mélanésiennes (arrêté du 20 octobre 1992). Il souhaiterait donc connaître sa position sur la possibilité d'étendre cette loi aux langues wallisienne et futunienne. S'agissant du deuxième point, l'université française du Pacifique, dont la compétence s'exerçait sur les trois territoires français du Pacifique Sud, est désormais scindée en deux entités distinctes : l'université de Polynésie française et l'université de Nouvelle-Calédonie. En conséquence, il souhaiterait savoir quelle sera la place exacte de Wallis-et-Futuna dans cette nouvelle organisation de l'enseignement supérieur, et notamment, dans la logique de la première partie de cette question, quelle pourrait être la place de l'enseignement des langues wallisienne et futunienne dans l'enseignement supérieur.

Réforme des aides à l'embauche de jeunes
en contrat de qualification

905. - 10 octobre 2000. - M. Jean-Claude Carle appelle l'attention de Mme le ministre de l'emploi et de la solidarité sur le projet de décret visant à réformer les aides forfaitaires pour les contrats de qualification. Ce mécanisme permet d'octroyer une aide de 5 000 ou 7 000 francs aux employeurs qui concluent des contrats de qualification avec des jeunes éligibles au dispositif. La suppression de cette aide à l'embauche ne manquerait pas d'avoir des conséquences particulièrement graves sur le fonctionnement des groupements d'employeurs pour l'insertion et la qualification (GEIQ). Ces structures, dont l'instance nationale est conventionnée depuis de nombreuses années avec le ministère en charge du travail, embauchent notamment et mettent à disposition des employeurs membres du GEIQ des jeunes sans qualification. Le contrat de qualification est le contrat majoritairement mis en oeuvre au sein de ce réseau, fort de près de quatre-vingt-dix entités. Grâce à la formation en alternance et à l'accompagnement socioprofessionnel réalisé par le GEIQ, les jeunes salariés du GEIQ se qualifient et s'insèrent, à l'issue de leur contrat, dans une proportion très satisfaisante au sein d'entreprises, membres ou pas du groupement. En tant qu'employeur, le GEIQ bénéficie de l'aide forfaitaire à l'embauche. C'est principalement grâce à cette aide que l'accompagnement socioprofessionnel est réalisé. En effet, alors même que les GEIQ participent pleinement à l'insertion par l'activité économique, ils ne bénéficient d'aucune aide publique pérenne. Dès lors, la suppression de l'aide forfaitaire à l'embauche limiterait la capacité des GEIQ à accompagner les publics en grande difficulté qu'ils accueillent. C'est pourquoi il souhaiterait avoir l'assurance que sera maintenue pour les entreprises de dix salariés et plus, à l'instar de ce qui est envisagé pour l'aide forfaitaire à l'apprentissage, la prime à l'embauche pour les jeunes en contrat de qualification.

Reconstitution de carrière des médecins sous contrat
dans les centres hospitaliers publics

906. - 10 octobre 2000. - M. Bernard Cazeau souhaite attirer l'attention de M. le ministre de la fonction publique et de la réforme de l'Etat sur le problème de reconstitution de carrière et de reconnaissance d'ancienneté de statut des médecins sous contrat dans les centres hospitaliers publics. En effet, à l'issue du dernier concours national de praticien hospitalier, les médecins sous contrat dans les centres hospitaliers de Bergerac et Périgueux se sont inscrits sur les listes d'aptitudes aux fonctions de praticien hospitalier parues au Journal officiel du 27 février 2000. Or, les textes réglementaires ne permettent pas de prendre en compte, au titre de l'ancienneté, l'ensemble des années passées au sein du service public hospitalier, leur situation étant trop atypique. La situation est particulièrment préoccupante pour les médecins nommés ou dont le dossier est en cours d'instruction au ministère de la santé. Cette situation concernera, à terme, près de vingt-trois médecins des services d'urgences, des services d'assistance médicale d'urgence (SAMU) et des services médicaux d'urgence et de réanimation (SMUR) des hôpitaux de Bergerac, Périgueux et Sarlat. En conséquence, il souhaiterait connaître les mesures qu'il entend mettre en oeuvre pour résoudre ce problème.

Situation des associations intermédiaires d'Aquitaine

907. - 10 octobre 2000. - M. Auguste Cazalet souhaite attirer l'attention de M. le secrétaire d'Etat à l'économie solidaire sur les difficultés rencontrées par les associations intermédiaires d'Aquitaine dans l'exercice de leur missions ainsi que sur le bilan pour le moins mitigé que leur union régionale vient de dresser après un an d'application des dispositions de la loi n° 98-657 du 29 juillet 1998 relative à la lutte contre l'exclusion concernant l'insertion par l'activité économique, inscrites à l'article L. 322-4-16-3 du code du travail. Ce dispositif a été complété par le décret n° 99-109 du 18 février 1999 et s'applique aux associations intermédiaires (AI) depuis le 1er juillet 1999. En dépit de la légitimité et du rôle social qui leur a été reconnu par la loi, les AI d'Aquitaine ont vu leur activité brutalement chuter puisque sept d'entre elles ont dû s'arrêter, ce qui représente la perte de 308 salariés équivalents temps plein. Les sorties pour contrat de travail ont diminué de 24 % en Aquitaine, 38 % dans le Lot-et-Garonne. Cette tendance est encore plus marquée en Gironde où les AI observent une baisse du secteur marchand de 48,6 % et de 52 % dans le bâtiment, alors que ce secteur connaît une pénurie de main-d'oeuvre. Déplorant qu'en période de reprise économique des personnes en difficulté soient exclues du marché de l'emploi, les AI d'Aquitaine estiment que la loi de 1998, telle qu'elle est appliquée à l'heure actuelle, les empêche de mener à bien leurs missions. En raison d'abord de l'absence de financement de l'accompagnement social pour laquelle les AI sont de plus en plus sollicitées ; il semblerait que les entreprises d'insertion (EI) et les entreprises de travail temporaire d'insertion (ETTI), dont les missions sont similaires et les publics concernés très proches, bénéficient d'un financement de l'Etat de 120 000 francs pour un poste d'accompagnateur social, les AI recevant une aide de la direction départementale des affaires sanitaires et sociales (DDASS) au titre des mesures ASI (appui social personnalisé), ce qui concernerait une très faible proportion de salariés. Le fait ensuite de limiter à 240 heures la durée pendant laquelle le salarié peut être admis à disposition d'un ou de plusieurs employeurs (art. 8-3° du décret du 18 février 1999), méconnaîtrait la réalité humaine du parcours d'insertion, certains salariés pouvant accéder à un emploi ou être envoyés vers une ETTI après 110 heures, d'autres ayant besoin d'une lente et progressive immersion de 400 heures en secteur marchand. Enfin, la notion de mois calendaire sur la base de laquelle est calculée l'intervention en entreprise rendrait la mise à disposition plus complexe et réduirait le temps disponible pour le suivi social. Il lui demande de bien vouloir lui préciser les aménagements qu'il envisage d'apporter à la législation en direction des AI afin que celles-ci puissent exercer pleinement leur rôle d'insertion par l'activité économique et ainsi participer à la redynamisation du tissu économique local.