SEANCE DU 17 OCTOBRE 2000


Procédure devant le Conseil de la concurrence

M. le président. Par amendement n° 210, M. Marini, au nom de la commission des finances, propose de compléter cet intitulé par les mots : « et mode de désignation de ses membres »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Philippe Marini, rapporteur. Il s'agit d'un amendement rédactionnel tendant à une clarification.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Jack Queyranne, ministre des relations avec le Parlement. Le Gouvernement estime que cet amendement n'est pas purement rédactionnel. En effet, si ce dernier était adopté, il renverrait à l'amendement n° 56, qui tend à modifier le mode de désignation des membres du Conseil de la concurrence. Or le Gouvernement n'estime pas souhaitable cette modification, car le mode de désignation actuel a, à son avis, fait ses preuves, et le Conseil de la concurrence lui-même ne désire pas une modification des textes sur ce point.
M. Philippe Marini, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Philippe Marini, rapporteur. Il ne faudrait pas que les artifices de procédure ou le fait d'appeler par priorité une disposition viennent introduire encore plus de confusion dans la discussion d'un texte qui est déjà difficile à suivre !
Je voudrais dire, pour nos collègues, de quoi il s'agit : depuis déjà un certain nombre de jours, nous parlons de nouvelles régulations économiques, et le Gouvernement est à l'origine d'une série de dispositions - certaines importantes, d'autres de détail, certaines d'inspiration un peu corporative, d'autres reflétant des horizons plus large - tout cela aboutissant à ce melting pot, à ce pot-pourri qu'est le projet de loi relatif aux nouvelles régulations économiques.
La commission des finances s'est efforcée de rétablir un peu de logique et de cohérence dans ce vaste ensemble très polyvalent, où les éléments utiles se mélangent aux éléments de circonstance.
L'opinion de la commission des finances est au moins marquée par une ligne claire : il ne sert à rien de parler de régulations si l'on ne réforme pas les régulateurs.
Nous souhaitons, monsieur le ministre, que l'on ait une vision globale de ce sujet. Sinon, votre démarche, qui conduit à proposer aux assemblées parlementaires un projet de loi sur les nouvelles régulations économiques, est malheureusement privée de sens, ce que nous regretterions pour la clarté de la loi et le respect qui lui est dû.
Par conséquent, la commission des finances, en plein accord d'ailleurs avec la commission des affaires économiques, estime que, si le Conseil de la concurrence, créé en 1986, n'a certes pas démérité, il se situe cependant dans un monde qui a beaucoup évolué en l'espace de quatorze ans. Il n'est donc pas raisonnable ni même « convenable », dirai-je, imitant un illustre prédécesseur, de traiter du droit de la concurrence sans évoquer une mise à jour du Conseil de la concurrence et sans demander à celui-ci de faire son aggiornamento.
La commission des finances et la commission des affaires économiques estiment que le régulateur qu'est le Conseil de la concurrence doit bénéficier aujourd'hui d'une indépendance, d'une autonomie de moyens et d'une liberté d'organisation plus grandes, qu'il ne doit plus être aussi dépendant qu'aujourd'hui de l'administration centrale de Bercy. Le Conseil de la concurrence doit, par conséquent, voir sa composition réformée. Notre amendement de base, concernant ce point, viendra en discussion un peu plus tard.
Quant à ses moyens et à ses méthodes, c'est le Conseil lui-même, et non l'administration centrale, qui doit les contrôler.
Nous exprimons ces orientations non seulement pour accroître la crédibilité du régulateur, mais aussi parce que ces sujets ne doivent pas - vous le savez d'ailleurs fort bien, monsieur le ministre - se traiter dans un cadre exclusivement franco-français. Le droit de la concurrence est aujourd'hui - il faut le reconnaître - d'abord un droit communautaire. Les éléments de législation nationale, sur bien des sujets, n'interviennent plus qu'en vertu du principe de subsidiarité.
De ce fait, notre Conseil de la concurrence doit être au standard européen. Or, si on le compare au Bundeskartellamt allemand, par exemple, on constate qu'il remonte à une époque beaucoup plus ancienne et qu'il ne dispose ni de la même crédibilité ni de la même indépendance.
C'est le sujet auquel les commissions du Sénat ont décidé de s'attaquer, pour la clarté de nos débats et pour que l'on voie non pas seulement les détails et les arbres qui cachent la forêt, mais véritablement l'enjeu essentiel d'un texte adopté à la fin de l'année 2000 sur le droit de la concurrence.
M. Jean-Jack Queyranne, ministre des relations avec le Parlement. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Jack Queyranne, ministre des relations avec le Parlement. Je conçois les observations que vient de faire M. Marini en ce qui concerne le Conseil de la concurrence. Je voudrais cependant dire que ce conseil - il en porte d'ailleurs témoignage - remplit son rôle dans nos institutions. Les décisions rendues à bon escient par cette autorité administrative indépendante ont été importantes sur de nombreux points concernant justement les problèmes de concurrence, de rapports entre les entreprises.
Par conséquent, s'il convient, comme l'indiquait M. Marini, d'améliorer les conditions de fonctionnement du Conseil de la concurrence - certains amendements vont dans ce sens - il ne faut en revanche pas, selon le Gouvernement, en modifier la composition. Cette dernière a fait ses preuves et elle n'est, je crois, contestée aujourd'hui par personne.
Par conséquent, le Gouvernement émet un avis défavorable sur l'amendement n° 210, ainsi que sur les deux amendements suivants, qui concernent tous trois la structure du Conseil de la concurrence.
Bien sûr, dans le système économique où l'Etat n'exerce plus le pouvoir régalien, il est indispensable que les autorités puissent assurer leur mission, afin que puissent être réunies les conditions d'un bon fonctionnement de l'économie.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 210, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'intitulé du titre II du chapitre Ier est ainsi modifié.

Articles additionnels avant l'article 32 (priorité)