SEANCE DU 16 JANVIER 2001
M. le président.
La parole est à M. Teston, auteur de la question n° 954, adressée à M. le
secrétaire d'Etat aux petites et moyennes entreprises, au commerce, à
l'artisanat et à la consommation.
M. Michel Teston.
Monsieur le secrétaire d'Etat, une circulaire relative à la mise en oeuvre du
fonds d'intervention pour la sauvegarde de l'artisanat et du commerce, le
FISAC, prévoit que les opérations rurales collectives et les opérations
urbaines collectives doivent faire l'objet d'un financement à parité entre
l'Etat et les collectivités territoriales.
Si l'intervention des collectivités territoriales, au cours de la phase
d'étude du tissu artisanal et commercial local, ne soulève aucune difficulté
particulière, il n'en est pas de même en ce qui concerne les moyens apportés
pour la phase plus opérationnelle dite de l'« amélioration ».
En effet, les dispositions des articles L. 1511-1 à L. 1511-4 du code général
des collectivités territoriales, ajoutées à celles des décrets n° 82-806 à
82-808 du 22 septembre 1982, interdisent toute intervention directe des
départements et des communes ne constituant pas un complément à une aide
régionale réglementée.
Or le recours à ces aides - la prime régionale à l'emploi, la prime régionale
à la création d'entreprise, des prêts, des avances et des bonifications
d'intérêt - est très rare dans ce type d'opération, car les conditions posées
par les décrets cités sont rarement réunies. En effet, la création d'emploi
devrait être permanente, ce qui n'est presque jamais le cas.
Par ailleurs, je tiens à rappeler que le juge administratif considère que le
transit d'une aide directe par un organisme relais ne modifie en rien sa
nature.
Par conséquent, cette situation conduit nombre de collectivités à consentir,
dans le cadre des opérations rurales ou urbaines collectives, des aides
directes dont l'illégalité est patente.
Quant aux aides indirectes qui, elles, sont possibles, elles sont difficiles,
voire impossibles du fait de la modicité des opérations.
Aussi, monsieur le secrétaire d'Etat, eu égard aux impasses juridico-pratiques
auxquelles se heurte l'intervention à parité des départements et des communes
avec l'Etat dans le cadre de ces opérations, je souhaite savoir quelles sont
les solutions envisagées à court terme sur cette question par le
Gouvernement.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. François Patriat,
secrétaire d'Etat aux petites et moyennes entreprises, au commerce, à
l'artisanat et à la consommation.
Monsieur le sénateur, les interventions
des collectivités locales dans le cadre des opérations de sauvegarde de
l'artisanat et du commerce relèvent de l'application d'un dispositif législatif
et réglementaire.
C'est en effet la loi n° 89-1008 du 31 décembre 1989 relative au développement
des entreprises commerciales et artisanales et à l'amélioration de leur
environnement économique et juridique et social ainsi que son décret
d'application du 27 octobre 1995 qui fixent le cadre juridique légitimant
l'intervention des communes, notamment.
L'esprit de ces textes et les termes de la circulaire du 21 juin 1999 relative
au fonds d'intervention pour la sauvegarde de l'artisanat et du commerce, qui
est, aujourd'hui, un élément important du financement de la redynamisation du
commerce en milieu rural et en milieu urbain, inscrivent ces interventions dans
le cadre d'une logique de projet global de revitalisation du tissu artisanal et
commercial dans les zones urbaines ou rurales, fragilisées par des évolutions
économiques et sociales défavorables.
Cette démarche exclut, en conséquence, une simple logique de « guichet » qui
conduirait à la délivrance d'aides financières de la part de l'Etat sans
contrepartie des collectivités locales et milite pour que des interventions
s'effectuent à parité. Je précise bien qu'il s'agit là du financement par le
FISAC, les aides directes aux entreprises relevant d'une autre logique.
L'un des intérêts essentiels du dispositif juridique du FISAC, tel qu'il est
interprété et appliqué par les collectivités et l'Etat, réside dans le montage
de partenariats et dans la mise en oeuvre d'un projet de revitalisation
associant tout à la fois, outre les collectivités publiques, les associations
de commerçants, les chambres consulaires et les entreprises.
Cette synergie permet de maintenir un service de proximité auprès de la
population là où l'existence de commerçants et d'artisans est menacée.
Ce dispositif et cette méthode d'approche des problèmes urbains et ruraux
connaissent un vrai succès auprès des collectivités locales, si j'en juge par
le nombre de dossiers déposés au secrétariat d'Etat et par tous ceux dont j'ai
eus à discuter, à débattre et à instruire.
C'est vrai, sans doute faudrait-il trouver des mesures de simplification. Vous
savez qu'une réflexion est engagée sur le FISAC et que moi-même, lors du débat
sur le budget du commerce et de l'artisanat, j'ai souhaité dans cette enceinte
- j'en ai fait part au Premier ministre et au ministre de l'économie, des
finances et de l'industrie - que nous puissions débattre de l'évolution de
cette enveloppe, qui est parallèle à l'évolution de ses ressources, afin que
nous puissions répondre à une demande de plus en plus forte à l'endroit d'un
dispositif qui rencontre aujourd'hui un vrai succès.
Bien entendu, les collectivités locales, particulièrement les communes,
interviennent dans le respect des règles fixées aux articles L. 1511-1 à L.
1511-4 du code général des collectivités territoriales.
Le plus souvent, l'apport de la collectivité consiste en l'achat ou la
réfection de locaux à destination de commerces de proximité ou l'octroi de baux
à taux concessionnel. Il ne s'agit donc pas d'aides directes ou de primes aux
repreneurs, ces dernières restant l'apanage des départements et des régions.
M. Michel Teston.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Teston.
M. Michel Teston.
Monsieur le secrétaire d'Etat, je prends acte de la réponse que vous m'avez
apportée.
Vous avez bien fait de rappeler le cadre législatif et réglementaire dans
lequel interviennent les départements et les communes. Vous avez aussi expliqué
les raisons d'être de la contrepartie, à savoir l'intervention à parité des
collectivités territoriales et de l'Etat.
Néanmoins, je crois qu'il faut bien distinguer deux catégories
d'interventions. Il y a d'abord celles qui portent sur les aides indirectes et
qui ne soulèvent pas de difficulté, sauf celle que j'ai mentionnée dans ma
question, à savoir que peu nombreux sont les cas où l'on peut apporter une aide
directe, compte tenu du fait qu'il y a rarement création d'emplois permanents.
Et puis il y a toute une série d'autres interventions, qui correspondent
effectivement à des aides apportées par les collectivités territoriales et qui,
elles, soulèvent une difficulté majeure.
La paradoxe sur lequel je veux insister, c'est que, alors que l'opportunité de
l'intervention des collectivités est évidente, ce qui explique le nombre très
important de dossiers déposés au secrétariat d'Etat, il y a à la fois une
régularité de cette intervention au regard du droit communautaire et une
irrégularité au regard du droit interne.
J'ajoute que, à mon sens, pour avoir vérifié la jurisprudence, il n'est pas
possible, en l'état actuel des textes, de régulariser de telles interventions.
Il faudrait donc approfondir la réflexion sur ce point, de manière à apporter
une base légale à toutes ces interventions des collectivités territoriales qui
sont justifiées au regard de l'amélioration du tissu artisanal et commercial
local.
M. François Patriat,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. François Patriat,
secrétaire d'Etat.
J'ai bien compris la difficulté que vous évoquez à
juste titre, monsieur le sénateur, pour être moi-même maire d'une petite
commune rurale.
Je mesure aussi le fait que cette contrepartie, cette logique de projet,
s'oppose à une logique de guichet vers laquelle seraient tentés de se tourner
les élus. Ce que je me dis à moi-même, ce que je dis à mes collègues élus sur
le territoire bourguignon, c'est que nous ne devons pas, nous élus, nous
transformer en
managers,
en créateurs d'emplois, notre rôle se bornant à
créer les conditions de l'emploi dans le respect des règles que vous avez
rappelées.
La pérennité des emplois, que vous souhaitez, peut être atteinte par d'autres
moyens destinés à aider les collectivités locales. Je pense, en particulier, à
la dotation de développement rural, la DDR, qui a comme critère éminent la
création d'emplois durables.
J'ai bien entendu que la réflexion ne devait pas s'arrêter là, parce qu'il y a
des distorsions de fonctionnement auxquelles vous voulez que l'on remédie. Je
m'engage, monsieur le sénateur, à ce que la réflexion soit poursuivie à la fois
dans le cadre de la décentralisation et dans celui de notre action en matière
budgétaire.
INFORMATION DES MAIRES DES PETITES COMMUNES
SUR LE PASSAGE À L'EURO