SEANCE DU 5 AVRIL 2001


M. le président. « Art. 25. - L'article L. 121-4 du code forestier est ainsi rédigé :
« Art. L. 121-4 . - I. - L'établissement peut être chargé, en vertu de conventions passées avec des personnes publiques ou privées, de la réalisation, en France ou à l'étranger, d'opérations de gestion, d'études, d'enquêtes et de travaux, en vue :
« - de la protection, de l'aménagement et du développement durable des ressources naturelles, notamment des ressources forestières ;
« - de la prévention des risques naturels ;
« - de la protection, de la réhabilitation, de la surveillance et de la mise en valeur des espaces naturels et des paysages ;
« - de l'aménagement et du développement rural dès lors que ces opérations concernent principalement les arbres, la forêt et les espaces naturels ou qu'elles contribuent au maintien de services publics dans les zones rurales fragiles.
« Lorsque ces opérations de gestion ou de travaux portent sur des forêts de particuliers, elles sont soumises aux dispositions de l'article L. 224-6.
« II. - Lorsque, dans les limites ainsi définies, et dans le cadre des attributions que les collectivités territoriales tiennent de l'article L. 1111-2 du code général des collectivités territoriales, l'Office national des forêts agit au nom et pour le compte de personnes publiques, la convention prévoit alors, par dérogation à l'article 3 de la loi n° 85-704 du 12 juillet 1985 relative à la maîtrise d'ouvrage publique et à ses rapports avec la maîtrise d'oeuvre privée, et à peine de nullité :
« - l'opération qui fait l'objet de la convention, les attributions confiées à l'Office national des forêts, les conditions dans lesquelles les personnes publiques concernées constatent l'achèvement de la mission de l'Office national des forêts, les modalités de rémunération de ce dernier, les pénalités contractuelles qui lui sont applicables en cas de méconnaissance de ses obligations et les conditions dans lesquelles la convention peut être résiliée ;
« - les conditions dans lesquelles l'Office national des forêts peut être autorisé à signer les contrats et les marchés dont la conclusion est nécessaire à la réalisation de l'opération ;
« - le mode de financement de l'opération ainsi que les conditions dans lesquelles les personnes publiques rembourseront à l'Office national des forêts les dépenses exposées pour leur compte et préalablement définies et, le cas échéant, les conditions dans lesquelles elles pourront habiliter l'Office national des forêts à recevoir par avance les fonds nécessaires à l'accomplissement de la convention et à encaisser les subventions et aides publiques ou privées affectées à l'opération, à l'exclusion des emprunts contractés par les personnes publiques ;
« - les modalités du contrôle technique, financier et comptable exercé par les personnes publiques aux différentes phases de l'opération ;
« - les conditions dans lesquelles l'approbation des avant-projets et la réception des travaux sont subordonnées à l'accord préalable des personnes publiques.
« La convention prévoit la création d'une commission composée d'un ou de plusieurs représentants des collectivités territoriales concernées et de l'Office national des forêts qui se prononce, pour chaque projet, sur les commandes passées par l'Office national des forêts à des prestataires dans le cadre des missions qui lui sont confiées par des collectivités publiques par voie de convention.
« Les conditions d'application du présent article sont fixées par décret en Conseil d'Etat. »
Par amendement n° 88, M. François, au nom de la commission des affaires économiques, propose, dans le deuxième alinéa du I du texte présenté par cet article pour l'article L. 121-4 du code forestier, de supprimer le mot « durable ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Philippe François, rapporteur. Il s'agit d'un amendement rédactionnel. Le maintien du terme « durable » semble renvoyer de manière impropre à la définition générale du développement durable, alors que l'article 25 ne fait que décliner les compétences techniques de l'ONF.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Je suis défavorable à cet amendement, car je pense qu'il est important, au contraire, de laisser figurer le terme « durable » s'agissant des missions générales de l'ONF.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 88, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 89, M. François, au nom de la commission des affaires économiques, propose de supprimer le quatrième alinéa du I du texte présenté par l'article 25 pour l'article L. 121-4 du code forestier.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Philippe François, rapporteur. A travers l'article L. 121-4 du code forestier, l'article 25 étend de façon importante le champ potentiel des conventions que l'ONF peut passer avec les partenaires privés ou publics pour développer ses activités marchandes.
Tout en comprenant et en saluant cette volonté de rentabiliser les compétences et le savoir-faire de cet établissement, dont le maillage couvre l'ensemble du territoire, j'estime qu'il ne faudrait pas que cet élargissement éloigne trop l'ONF de sa vocation principale, à savoir la gestion et l'aménagement des espaces boisés et des forêts.
Pour ces raisons, l'entretien et la mise en valeur des espaces naturels et des paysages constituent une habilitation trop générale qu'il convient, me semble-t-il, de supprimer.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Je suis d'un avis opposé, bien que, si j'en juge par les discussions que nous avons eues avec M. le rapporteur, nous soyons d'accord, me semble-t-il, sur l'objectif : il faut que l'ONF se diversifie dans sa modernisation, en s'ouvrant à de nouveaux métiers. Tout le monde en est d'accord et vous-même en convenez.
Il s'agit donc non pas d'éloigner l'ONF de sa mission fondamentale, mais de lui permettre de se diversifier. Or, en supprimant le quatrième alinéa concerné, vous allez, au contraire, restreindre la capacité de diversification de l'ONF.
Monsieur le rapporteur, je souhaite donc franchement que vous retiriez cet amendement, car l'ONF se doit de s'engager plus audacieusement dans la diversification. Cela me paraît correspondre à un besoin réel de l'office.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 89.
M. Ladislas Poniatowski. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Poniatowski.
M. Ladislas Poniatowski. Je ne suivrai pas le rapporteur, et je le prie de m'en excuser.
Sans vouloir établir un lien avec le débat que nous avons eu sur l'accueil du public, je vous demande néanmoins de vous en souvenir ! L'ONF aura des missions nouvelles et des travaux à réaliser, notamment en matière de protection. Si vous voulez avoir des lieux d'accueil du public, des parkings, des aires de pique-nique et autres, il faut en même temps s'assurer de la protection du reste du massif !
Monsieur le rapporteur, je crois que les deux lignes que vous proposez de supprimer, et qui précisent que l'on va confier à l'ONF la protection, la réhabilitation, la surveillance et la mise en valeur des espaces naturels et des paysages, sont d'autant plus importantes que la fréquentation de ces lieux par le public va s'accroître.
Je suis d'accord avec M. le ministre : tout cela fait partie des nouvelles missions de l'ONF, qui n'est d'ailleurs pas du tout hostile au fait de se les voir confier.
M. Philippe François, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Philippe François, rapporteur. C'est une question très importante, qui mérite une discussion. Avec un tel raisonnement, on est en train - peut-être à bon droit ? - de faire de l'ONF une entreprise commerciale. Pourquoi pas ? Mais si tel est le cas, elle doit être, par la force des choses, une entreprise rentable,...
M. Pierre Hérisson. Profitable !
M. Philippe François, rapporteur. ... rentable, donc profitable.
Il faut, dès lors, que l'ONF accepte aussi la concurrence. Des entreprises privées étant capables d'effectuer certains travaux confiés à l'ONF, il ne faudrait pas que cet office se trouve, du fait qu'il peut - à l'inverse d'autres entreprises privées - bénéficier de subventions de l'Etat, dans la position de casser les prix sur certains marchés.
La question n'est donc pas facile, et je maintiens l'amendement.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Comme l'a dit M. le rapporteur, il s'agit d'un sujet important.
Je suis de ceux qui - y compris dans les consignes ou dans les lettres d'orientation qu'au nom du Gouvernement je lui adresse - disent au directeur général de l'ONF : allez-y, foncez, modernisez, aérez, diversifiez,...
M. Ladislas Poniatowski. Gagnez de l'argent !
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. ... gagnez de l'argent, en effet !
M. Ladislas Poniatowski. Eh oui, il le faut !
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Je me tourne donc vers M. le rapporteur pour lui dire que, puisque depuis le début du débat sur ce texte nous mettons tous l'accent sur la nécessaire multifonctionnalité de la forêt, l'ONF doit, lui aussi, être multifonctionnel pour y faire face.
Je tiens, monsieur le rapporteur, à ce que l'ONF garde la possibilité de se diversifier, donc de se moderniser et de faire face aux attentes nouvelles de la société à l'égard de la forêt.
M. Philippe François, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Philippe François, rapporteur. Ne croyez-vous pas, monsieur le ministre, qu'un jour pourrait venir où Bruxelles condamnerait la France pour octroi de subventions à l'ONF ?
M. Gérard Braun. C'est évident !
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Ce n'est pas cet amendement qui nous mettrait à l'abri !
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 89, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Par amendement n° 90, M. François, au nom de la commission des affaires économiques, propose, dans le cinquième alinéa du I du texte présenté par l'article 25 pour l'article L. 121-4 du code forestier, de remplacer le mot : « naturels » par le mot : « boisés ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Philippe François, rapporteur. Dans le même esprit que l'amendement qui vient d'être repoussé, s'agissant de l'aménagement rural auquel l'ONF veut participer, il convient de conserver un lien avec les espaces boisés. Je ne pense pas que cela porte à conséquence.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Je considère que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Il ne faut pas exclure du champ d'intervention possible de l'office des espaces qui sont, dans la pratique, le plus souvent soit inclus dans des espaces boisés, soit contigus à ces espaces boisés, où le savoir-faire de l'ONF peut être valorisé. Il s'agit de la même logique que dans l'amendement précédent.
M. le président. Monsieur le rapporteur, l'amendement est-il maintenu ?
M. Philippe François, rapporteur. Non, je le retire, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 90 est retiré.
Par amendement n° 169 rectifié, MM. César, Goulet et Vasselle proposent de rédiger comme suit le dernier alinéa du I du texte présenté par l'article 25 pour l'article L. 121-4 du code forestier :
« Lorsque ces opérations de gestion, d'études, d'enquêtes et de travaux portent sur des terrains de particuliers, elles sont soumises à l'avis des chambres d'agriculture et des centres régionaux de la propriété forestière concernés et aux dispositions de l'article L. 224-6 du présent code. »
La parole est à M. César.
M. Gérard César. En matière d'études et d'enquêtes, il est important, me semble-t-il - M. le ministre l'a souligné hier soir, et je lui en donne acte - que la chambre d'agriculture, qui est un établissement public, soit associée à la réflexion.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe François, rapporteur. La commission est défavorable à cet amendement, car de telles compétences sont exercées par l'ONF en application de conventions signées avec les propriétaires privés ou publics. On ne peut donc pas leur imposer de se soumettre à l'avis des chambres d'agriculture, surtout si l'on va dans le sens d'une certaine libéralisation de l'ONF.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Même avis que la commission.
M. le président. Monsieur César, l'amendement n° 169 rectifié est-il maintenu ?
M. Gérard César. Pour les études et les enquêtes, il me paraît important d'associer les chambres d'agriculture ; c'est pourquoi je le maintiens.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 169 rectifié, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 25, modifié.

(L'article 25 est adopté.)

Article 26