SEANCE DU 14 JUIN 2001


M. le président. Par amendement n° 1, le Gouvernement propose de rédiger ainsi le deuxième alinéa du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 1431-2 du code général des collectivités territoriales :
« Elle est approuvée par un arrêté du représentant de l'Etat dans la région siège de l'établissement. »
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Michel Duffour, secrétaire d'Etat. Cet amendement est rédactionnel. Il s'agit en l'occurrence de reconnaître dans l'arrêté du représentant de l'Etat un acte d'approbation de la création de l'EPCC, dont les statuts auront été établis au préalable par les collectivités publiques partenaires, au nombre desquelles figure l'Etat.
Il y a donc une cohérence entre les amendements n°s 1, 2 et 3 du Gouvernement, qui visent les statuts et les modalités de création de l'EPCC.
La proposition de loi soulève une difficulté - pardonnez-moi de le dire aussi franchement, monsieur le rapporteur - en ce qu'elle remet à la première réunion du conseil d'administration le travail d'élaboration des statuts, que l'on peut prévoir long et donnant lieu à un compromis. Ces statuts ne seraient adoptés qu'à la majorité des membres fondateurs, alors que l'unanimité de ceux-ci apparaît indispensable sur un tel sujet.
Outre le fait que l'on ne voit pas bien quelle existence peut avoir le conseil d'administration d'un établissement public dont les statuts ne sont pas encore élaborés, il est difficile de concevoir que les partenaires pourront s'engager dans un établissement public dont les missions, les modalités de fonctionnement, la désignation du directeur, notamment, ne seraient pas encore définies et qui pourraient être adoptées sans avoir recueilli au préalable leur entière adhésion.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Ivan Renar, rapporteur. Les amendements que vous proposez, monsieur le secrétaire d'Etat, sont plus que rédactionnels : ils concernent également le fond.
Cet amendement a un double objet.
Il prévoit, en premier lieu, que la création de l'EPCC est approuvée par le représentant de l'Etat, parce que la décision aurait été prise au préalable.
Cette interprétation ne me paraît pas conforme au texte du Sénat. Nous suggérons, en effet, d'abord, que les collectivités territoriales ou leurs groupements aient seuls l'initiative de proposer la création de l'EPCC - il n'est pas question qu'on puisse leur « forcer la main » -, ensuite, que l'Etat, c'est-à-dire son représentant, puisse ou non décider de cette création.
Nous proposons cela parce que c'est cohérent non seulement avec la compétence du représentant de l'Etat en cas de création d'autres établissements publics, mais également et surtout avec notre conception de l'EPCC. Les collectivités territoriales ont le pouvoir de proposition. L'Etat, qui sera membre de l'EPCC, a le droit d'accepter ou de refuser cette proposition. Pour nous, aucune des personnes publiques partenaires ne doit être contrainte de participer à l'EPCC.
C'est un choix de notre part, mais c'est aussi une nécessité, car, si tel n'était pas le cas, l'entreprise serait vouée à l'échec.
Nous ne sommes donc pas favorables à cette première idée.
La seconde idée correspond à la crainte que notre texte ne crée une incertitude sur la détermination du représentant de l'Etat compétent. Excusez-moi, monsieur le secrétaire d'Etat, mais je ne vois pas où est l'incertitude : ou bien l'ensemble des collectivités et groupements appartiendront à la même région, et l'arrêté sera pris par le préfet de la région ; ou bien ils appartiendront par exemple à deux régions différentes - et pourquoi pas, car le découpage des régions n'a pas toujours été cohérent avec les solidarités culturelles anciennes - et, dans ce cas, l'arrêté sera pris par les deux préfets de région. C'est exactement ce qui est prévu par le code général des collectivités territoriales quand un établissement de coopération intéresse des collectivités appartenant à plusieurs départements, et cela ne nous paraît poser aucun problème.
Telles sont les raisons pour lesquelles, monsieur le secrétaire d'Etat, la commission ne pourrait pas être favorable à cet amendement, s'il était maintenu.
M. Michel Duffour, secrétaire d'Etat. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Michel Duffour, secrétaire d'Etat. Il est évident qu'il n'a jamais été question de contraindre qui que ce soit, mais les statuts déterminent la composition exacte du conseil d'administration. La question est donc la suivante : comment ce conseil peut-il se réunir avant même d'avoir été composé ? Nous ne cherchions qu'à répondre à cette question.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 1, repoussé par la commission.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Par amendement n° 2, le Gouvernement propose, après le deuxième alinéa du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 1431-2 du code général des collectivités territoriales, d'insérer un alinéa ainsi rédigé :
« Les statuts de l'établissement public, annexés à cet arrêté, définissent les missions de l'établissement public, ses objectifs, ses règles générales d'organisation et de fonctionnement ainsi que la collectivité territoriale de rattachement. »
Cet amendement a déjà été défendu.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Ivan Renar, rapporteur. Cet amendement a également un double objet : il prévoit, d'une part, que les statuts de l'établissement public soient annexés à l'arrêté de création et, d'autre part, que l'EPCC ait une collectivité territoriale de rattachement.
Sur le premier point, nous avons prévu une solution différente.
Bien sûr, monsieur le secrétaire d'Etat, l'Etat et les collectivités territoriales se seront mis d'accord, préalablement, sur les règles d'organisation et de fonctionnement qui ne seront pas déjà prévues par la loi et les décrets d'application.
Mais nous tenons à affirmer l'autonomie des collectivités territoriales et, je l'ai dit tout à l'heure, l'individualité des EPCC. Nous ne voulons pas que les statuts soient annexés à l'arrêté de création, un peu comme s'ils étaient, en quelque sorte, « octroyés ». Nous souhaitons qu'ils soient adoptés formellement par le conseil d'administration, comme c'est le cas, par exemple, pour les universités.
Sur le fond, monsieur le secrétaire d'Etat, je suis d'accord avec vous : cela ne changera sans doute pas grand-chose. Mais il nous semble que, dans ces affaires, la forme aussi est importante. Nous souhaitons donc que tous les membres du conseil d'administration puissent participer à cet acte fondateur que sera l'approbation des statuts.
J'ajoute que nous avons aussi prévu un accord préalable, entre toutes les collectivités partenaires, sur la composition du conseil et la répartition des sièges.
J'en viens au deuxième point de l'amendement : le choix de la collectivité de rattachement. Je serai clair : pour nous, ce problème ne se pose pas.
Dans le cas d'un EPCC purement local, créé par une collectivité territoriale, un groupement ou un syndicat mixte, il va de soi que l'EPCC sera rattaché à cette collectivité, à ce groupement ou à ce syndicat.
Et dans le cas d'un EPCC associant l'Etat et des collectivités ou des groupements, il va de soi qu'il n'y aura pas de collectivité de rattachement.
Qu'est-ce, en effet, que l'établissement public de coopération culturelle sinon, comme son nom l'indique, un « établissement public de coopération » entre plusieurs collectivités ?
Une communauté d'agglomération ou un syndicat mixte ont-ils une collectivité de rattachement ? Non, bien évidemment !
Pardonnez-moi cette comparaison audacieuse mais, pour nous, l'établissement public de coopération culturelle, c'est un peu « un syndicat mixte culturel avec l'Etat ». Il associe des collectivités publiques différentes, mais, s'il regroupe, par exemple, une commune, une région et l'Etat, ce ne sera ni un établissement communal, ni un établissement régional, ni encore moins un établissement d'Etat.
C'est donc intentionnellement que nous n'avons pas prévu de collectivité de rattachement.
Mais nous avons prévu, bien sûr - cela figure à l'article L. 1431-7 -, des règles de contrôle de légalité et de contrôle financier, qui sont d'ailleurs inspirées de celles qui sont applicables au syndicat mixte, qui, lui aussi, peut rassembler différentes catégories de personnes publiques.
Par conséquent, la commission n'est pas favorable à cet amendement et elle en demande le retrait.
M. le président. Monsieur le secrétaire d'Etat, l'amendement est-il maintenu ?
M. Michel Duffour, secrétaire d'Etat. Nos références ne sont pas identiques, monsieur le rapporteur.
La détermination de la collectivité territoriale de rattachement fait partie des critères distinctifs d'une nouvelle catégorie d'établissement public. Compte tenu de la diversité des situations que l'EPCC sera conduit à rencontrer, nous proposions que cette question soit réglée dans les statuts.
En tout état de cause, la collectivité de rattachement ne sera jamais l'Etat : ce serait contraire à l'objectif de décentralisation qui est le nôtre aujourd'hui.
Ces précisions nous semblaient nécessaires, et c'est pourquoi nous avons présenté cet amendement, qui est maintenu.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 2, repoussé par la commission.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le texte proposé pour l'article L. 1431-2 du code général des collectivités territoriales.

(Ce texte est adopté.)

ARTICLE L. 1431-3 DU CODE GÉNÉRAL
DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES