SEANCE DU 31 OCTOBRE 2001
M. le président.
« Art. 3. - L'action sociale et médico-sociale, au sens de la présente loi,
s'inscrit dans les missions d'intérêt général et d'utilité sociale suivantes
:
« 1° Evaluation et prévention des risques sociaux et médico-sociaux,
information, investigation, conseil, orientation, formation, médiation et
réparation ;
« 2° Protection administrative ou judiciaire de l'enfance et de la famille, de
la jeunesse, des personnes handicapées, des personnes âgées ou en difficulté
;
« 3° Actions éducatives, médico-éducatives, thérapeutiques, pédagogiques et de
formation adaptées aux besoins de la personne, à son niveau de développement
ainsi qu'à son âge ;
« 4° Actions d'intégration scolaire, d'adaptation, de réadaptation,
d'insertion, de réinsertion sociale et professionnelle, d'aide à la vie active,
d'information et de conseil sur les aides techniques ainsi que d'aide au
travail ;
« 5° Actions d'assistance dans les divers actes de la vie, de soutien, de
soins et d'accompagnement, y compris à titre palliatif ;
« 6° Actions contribuant au développement social et culturel, et à l'insertion
par l'activité économique.
« Ces missions sont accomplies par des personnes physiques ou des personnes
morales de droit public ou privé gestionnaires des établissements et services
sociaux et médico-sociaux mentionnés à l'article 9 et, ci-après, désignées
établissements et services, au moyen de prestations diversifiées délivrées à
domicile, en milieu de vie ordinaire, en accueil familial ou dans une structure
de prise en charge. Lesdites prestations sont délivrées à titre permanent ou
temporaire, à temps complet ou partiel, avec ou sans hébergement, en internat,
semi-internat, externat. »
L'amendement n° 5, présenté par M. Paul Blanc, au nom de la commission, est
ainsi libellé :
« Dans le premier alinéa de l'article 3, remplacer les mots : "de la présente
loi" par les mots : "du présence code". »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Blanc,
rapporteur.
Il s'agit d'un amendement de codification.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Paulette Guinchard-Kunstler,
secrétaire d'Etat.
Favorable.
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 5, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Je suis maintenant saisi de deux amendements identiques.
L'amendement n° 141 rectifié
bis
est présenté par MM. Vasselle et
Darniche.
L'amendement n° 188 rectifié est déposé par M. Cazeau, Mmes Campion et
Derycke, MM. Badinter, Dreyfus-Schmidt et les membres du groupe socialiste et
apparentés.
Tous deux sont ainsi libellés :
« Après le mot : "formation", rédiger ainsi la fin du deuxième alinéa (1°) de
l'article 3 : ", alternatives à l'incarcération et aux poursuites, notamment la
médiation et la réparation ; ". »
L'amendement n° 141 rectifié
bis
n'est pas soutenu.
La parole est à M. Chabroux, pour défendre l'amendement n° 188 rectifié.
M. Gilbert Chabroux.
Nous voulons simplement demander au Gouvernement s'il convient d'inclure dans
l'article 3 les alternatives à l'incarcération et aux poursuites. En d'autres
termes, est-il opportun d'intégrer les mesures socio-judiciaires dans ce projet
de loi ?
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Paul Blanc,
rapporteur.
La commission émet un avis défavorable. Selon nous, dès lors
qu'une décision de justice est intervenue, l'intéressé ne relève pas des
institutions médico-sociales.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Paulette Guinchard-Kunstler,
secrétaire d'Etat.
Intégrer les mesures socio-judiciaires concernant les
majeurs de plus de vingt et un ans dans la loi de 1975 créerait une confusion
entre le champ pénal et le champ de l'action sociale. Il n'y a pas de raison
objective d'inscrire systématiquement toute personne sous main de justice dans
le domaine de compétence de cette loi. Elle ne doit y entrer qu'en raison des
difficultés d'insertion auxquelles elle peut se trouver confrontée et non du
fait de sa condamnation pénale.
Depuis de nombreuses années, la politique d'insertion du ministère de la
justice se construit sur ce principe, selon une logique d'accès aux droits
sociaux. La loi de 1994 a notamment prévu que la prise en compte de la santé
des personnes détenues relève du système de santé de droit commun.
Les missions de protection judiciaire de la jeunesse et les établissements et
services qui en relèvent sont, en revanche, inscrits dans le champ de
compétence de cette loi. Elles concernent en effet les mineurs en danger et les
mineurs délinquants. Elles sont, de plus, mises en oeuvre dans le cadre d'un
dispositif qui est en grande partie commun avec celui de l'aide sociale à
l'enfance. Il convient donc de ne pas assimiler le régime des adultes sous main
de justice à celui des mineurs.
Enfin, l'habilitation des associations pour l'exercice des mesures
socio-judiciaires concernant les majeurs relève des juridictions et non de
l'autorité du préfet, et le mode de financement de ces mesures diffère des
règles du champ social et médico-social.
Dans le droit-fil de la circulaire du Premier ministre du 1er décembre 2000
relative aux relations entre l'Etat et les associations, Marilyse Lebranchu,
garde des sceaux, a engagé avec les associations concourant aux missions du
ministère de la justice un important travail concernant la politique
associative de son ministère. Dans ce cadre, le 26 septembre dernier, elle a
fait part aux représentants des principales fédérations de ce secteur de sa
volonté de mettre en place une instance de concertation, de réformer le
financement des associations intervenant dans le champ pénal et de clarifier
les procédures d'habilitation.
Ainsi, la circulaire en cours de préparation, qui précisera ces orientations
d'ici à la fin de l'année, devrait répondre au souci des associations exerçant
des mesures socio-judiciaires sans qu'il soit besoin de modifier le présent
projet de loi.
Pour toutes ces raisons, je vous demande, monsieur Chabroux, de retirer votre
amendement.
M. Nicolas About,
président de la commission des affaires sociales.
Je demande la
parole.
M. le président.
La parole est à M. le président de la commission.
M. Nicolas About,
président de la commission des affaires sociales.
La commission a été
très sensible aux différents amendements qui traitent de ce sujet.
Si nous sommes très attentifs aux besoins et aux demandes des éducateurs, nous
nous rangeons néanmoins à l'avis du Gouvernement. Bien sûr, nous mesurons
parfaitement l'importance du travail, très difficile, que les éducateurs
accomplissent sur le terrain, et nous n'ignorons pas qu'ils sont en nombre
insuffisant.
Les associations font tout ce qu'elles peuvent pour assurer le suivi des
personnes concernées, et il est clair qu'elles jouent un rôle irremplaçable.
Elles doivent comprendre que notre avis négatif sur ces amendements ne signifie
nullement que nous ne prenions pas en compte leurs demandes et leur souci
d'être mieux reconnues, mieux soutenues. Simplement, nous considérons, comme
Mme la secrétaire d'Etat, que ces dispositions doivent figurer dans d'autres
textes, consacrés spécifiquement à leurs problèmes.
M. le président.
Monsieur Chabroux, l'amendement n° 188 rectifié est-il maintenu ?
M. Gilbert Chabroux.
Compte tenu des explications très claires qui ont été données, je le retire,
monsieur le président.
M. le président.
L'amendement n° 188 rectifié est retiré.
L'amendement n° 146, présenté par M. Fischer, Mme Demessine, M. Muzeau et les
membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« Après le deuxième alinéa (1°) de l'article 3, insérer un alinéa ainsi rédigé
:
« ... ° La prévention et le dépistage des pathologies invalidantes et des
facteurs de vulnérabilité sociale, ainsi que l'accès des enfants, des
adolescents, des adultes et des incapables majeurs handicapés physiques,
sensoriels, psychiques et mentaux ou des personnes exclues à un titre ou à un
autre, aux droits fondamentaux reconnus à tous les citoyens. Ceux-ci comportent
notamment : les soins, l'éducation, la formation et l'orientation
professionnelles, l'emploi, la garantie d'un minimum de ressources adapté,
l'intégration sociale, la dignité, la liberté de déplacement et de circulation,
la protection juridique, les sports, les loisirs, la culture, la citoyenneté.
»
La parole est à M. Muzeau.
M. Roland Muzeau.
Cet amendement a pour objet d'inscrire dans les missions de l'action sociale
et médico-sociale l'accès à l'ensemble des droits fondamentaux des personnes
accueillies dans les établissements et services concernés par ce projet de loi.
C'est pourquoi il rappelle la nécessité d'appliquer enfin, et totalement, les
principes énoncés dans la loi d'orientation du 30 juin 1975.
Madame la secrétaire d'Etat, l'amertume des personnes handicapées qui voient
opposer à leurs légitimes revendications l'inertie, l'indifférence, et parfois
même une forme de mépris, ne cessera de s'accroître tant que leur accès aux
droits ne sera pas effectif.
A ce titre, je souligne notre attachement tout particulier à l'accès à des
soins de qualité, ciblés selon les besoins, prodigués par des personnels
qualifiés, s'adressant à des enfants ou des adultes handicapés physiques,
sensoriels, psychiques ou mentaux.
La notion d'accès à l'éducation englobe notamment la question de l'intégration
sociale, de la dignité, de la culture, de la citoyenneté.
S'agissant de la situation scolaire des enfants et adolescents handicapés
mentaux, l'intégration reste vraiment un vain mot.
Voilà plus de deux ans, le Gouvernement annonçait une série de mesures visant
à améliorer la situation scolaire de ces jeunes handicapés dans un plan dit «
Handiscol ». En dépit de l'annonce de ce plan ambitieux et positif, les mesures
Handiscol n'ont pas résolu la question de l'intégration de ces jeunes, et de
nombreuses difficultés persistent dans ce domaine. Je n'en citerai que
quelques-unes, très significatives : les listes d'attente à l'entrée des
établissements spécialisés sont de plus en plus importantes ; de nombreuses
familles attendent toujours la création de postes d'instituteur spécialisé pour
garantir à leur enfant une scolarisation aussi complète que possible ; des
enfants scolarisés en classe d'intégration scolaire - les CLIS - voient
fréquemment leur cursus interrompu en primaire du fait de l'inexistence d'un
dispositif identique au niveau du collège dans leur département ; de grave
lacunes dans la formation et la sensibilisation des enseignants et des
directeurs d'établissement à l'accueil et à la prise en charge des élèves
handicapés mentaux.
Alors qu'actuellement ce sont plus de 6 000 enfants et adolescents handicapés
mentaux qui ne trouvent pas de solution à leur nécessaire scolarisation ou ne
bénéficient pas d'un accueil correspondant à leurs besoins, je vous serais
reconnaissante, madame la secrétaire d'Etat, de bien vouloir me préciser quand
et comment le plan Handiscol cessera d'être un ensemble de mesures louables
mais aujourd'hui non concrétisées et se transformera en outil de réalisation
effective de l'intégration scolaire des enfants et adolescents handicapés.
S'agissant des autres enfants handicapés, permettez-moi de vous rappeler qu'un
rapport de l'inspection générale de l'éducation nationale et de l'inspection
générale des affaires sociales datant de mars 1999 montre que seulement 7 %
d'élèves handicapés peuvent être normalement accueillis dans les écoles
françaises.
Pour qu'une intégration individuelle soit possible, il faut un auxiliaire
d'intégration qui accompagne et aide l'enfant ou l'adolescent handicapé. Il
n'en existe actuellement que 1 300, soit moins d'une quinzaine par département.
Ce chiffre est, vous le savez, largement en dessous des besoins.
S'agissant de l'intégration collective, 5 000 aides éducateurs sont
particulièrement affectés, au sein de l'éducation nationale, à l'intégration
d'élèves handicapés. Là encore, ces mesures sont largement insuffisantes et
parcellaires.
Je souhaite à ce propos, madame la secrétaire d'Etat, que vous puissiez
revenir sur les modalités de financement de ces auxiliaires. Confirmez-vous,
par exemple, que ces personnels pourraient être rémunérés sur la base de
partenariats avec des entreprises privées ?
Est également prévue, pour la période 2001-2003, l'affectation de 170 millions
de francs au financement de matériel pédagogique spécialisé, soit environ 500
000 francs par an et par département. Lorsqu'on songe, par exemple, au prix
d'un équipement informatique pour les jeunes aveugles, cette somme paraît bien
dérisoire.
Réussir la scolarisation de ces jeunes, c'est accroître de façon considérable
leurs chances d'insertion professionnelle et sociale. Nous attendons, madame la
secrétaire d'Etat, des réponses à ces différentes questions, et nous serons
particulièrement attentifs au contenu des décrets mettant en place les conseils
départementaux consultatifs des personnes handicapées, notamment en ce qui
concerne leur mission de recensement des besoins, telle qu'elle est prévue dans
le projet de loi de modernisation sociale.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Paul Blanc,
rapporteur.
L'article 14
ter
du projet de loi de modernisation
sociale nous paraît donner satisfaction aux auteurs de cet amendement. Nous y
sommes donc défavorables.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Paulette Guinchard-Kunstler,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement partage le souci des auteurs de cet
amendement, mais ne peut accepter celui-ci car il est, pour une très large
part, redondant avec les dispositions de l'article 4 du projet de loi, qui
définit les droits généraux des usagers du secteur social et médico-social.
Quant à votre remarque générale sur le plan Handiscol, monsieur Muzeau, j'y
répondrai tout à l'heure.
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 146, repoussé par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
L'amendement n° 132, présenté par M. Jacques Blanc, est ainsi libellé :
« I. - Rédiger ainsi le quatrième alinéa (3°) de l'article 3 :
« 3° Actions éducatives, médico-éducatives, médicales, thérapeutiques,
pédagogiques et de formation adaptées aux besoins de la personne, à son niveau
de développement, à ses potentialités, à l'évolution de son état ainsi qu'à son
âge ; ».
« II. - Pour compenser les pertes de recettes résultant du I ci-dessus,
compléter
in fine
cet article par un paragraphe ainsi rédigé :
« ... Les pertes de recettes résultant pour l'Etat de la référence au droit
aux soins pour la définition de l'action sociale et médico-sociale sont
compensées à due concurrence par la création de taxes additionnelles aux droits
prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
« III. - En conséquence, faire précéder le début de cet article de la mention
: "I". »
La parole est à M. Jacques Blanc.
M. Jacques Blanc.
Il s'agit, bien sûr, du domaine médico-social, mais chacun sait bien que
l'approche doit être globale. Il me semble que pourrait être perçu comme une
régression le fait de ne pas préciser clairement que les actions médicales font
partie des grands objectifs de l'action générale.
En outre, l'expérience nous enseigne qu'un certain nombre de handicapés voient
incontestablement leur situation s'améliorer grâce à ces actions médicales
directes. Il faut aussi prendre en compte les potentialités qu'a tout
handicapé.
C'est pour éviter toute dichotomie entre une approche médico-sociale et une
approche médicale que j'ai déposé cet amendement. Aucune situation n'est figée
pour aucun handicapé. Tous ceux qui ont de l'expérience, que ce soit en
établissement ou en milieu ouvert, savent bien que, tout à coup, peuvent
apparaître des perspectives de développement ou des potentialités qui, au
départ, n'étaient pas toujours perçues.
Cet amendement a donc simplement pour objet, dans une approche qui sera, je
l'espère, tout à fait consensuelle, de rappeler cette référence à la fois au
droit aux soins et aux potentialités qui peuvent toujours apparaître chez un
handicapé.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Paul Blanc,
rapporteur.
Favorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Paulette Guinchard-Kunstler,
secrétaire d'Etat.
Vous avez raison, monsieur le sénateur, d'évoquer les
potentialités des handicapés. Pour ma part, j'ai l'habitude de dire qu'ils sont
capables d'évolution et je crois que tout l'enjeu se situe bien dans le regard
que l'on porte sur ces potentialités.
Cela étant, il ne faut pas confondre ce projet de loi et la loi du 30 juin
1975 d'orientation en faveur des personnes handicapées.
M. Paul Blanc,
rapporteur.
Bien sûr !
Mme Paulette Guinchard-Kunstler,
secrétaire d'Etat.
Au demeurant, le droit à compensation pour les
personnes handicapées figure déjà dans le projet de loi de modernisation
sociale, qui est actuellement en cours de discussion devant le Parlement.
Pour ces raisons, le Gouvernement suggère à son auteur de retirer cet
amendement.
M. le président.
Monsieur Jacques Blanc, l'amendement n° 132 est-il maintenu ?
M. Jacques Blanc.
Madame le secrétaire d'Etat, je sais bien que vous m'avez dit hier que j'avais
la nostalgie de ce qui s'était passé en 1975 !
(Sourires.)
Je pense
d'ailleurs que je ne suis pas le seul et que beaucoup regrettent de ne pas
retrouver ici l'élan qui avait permis d'établir les fondements de la meilleure
législation du monde s'agissant du respect de la dignité des personnes. Oui,
j'ai cette nostalgie, je l'avoue.
Mais je ne confonds pas les deux textes ! Je crois simplement qu'il serait
dangereux de ne pas suivre les personnes concernées et je remercie, à cet
égard, la commission. Il s'agit simplement de tenir compte de ce que vivent
tous les jours ceux qui s'occupent des problèmes des handicapés.
M. Alain Gournac.
Absolument !
M. Jacques Blanc.
Je ne fais pas là de l'idéologie, je parle avec l'expérience d'un médecin
neuropsychiatre qui a tout de même passé beaucoup d'heures dans des
établissements où l'on prenait en charge des enfants ou des adultes qui ne
trouvaient, à l'époque, nulle perspective. Et je sais qu'au sein des équipes,
quelle que soit la qualité des personnels, les risques sont toujours présents,
ces risques qu'on n'a pas évités, au demeurant, quand on a séparé, en médecine,
les fonctions de neurologue et de psychiatre : j'ai, là aussi, la nostalgie du
neuropsychiatre.
(Sourires.)
En tout cas, je sais que l'on ne peut pas
aborder les problèmes d'un être dans son ensemble si l'on n'intègre pas
l'aspect à la fois médical et médico-éducatif de la question.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 132.
M. Michel Mercier.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Mercier.
M. Michel Mercier.
Je tiens à préciser les raisons pour lesquelles il me semble important,
au-delà de ce que vient de dire l'auteur de cet amendement, que soit rappelé
dans la loi le droit au choix pour les personnes handicapées et, plus
largement, pour chacun : il peut s'agir, par exemple, des enfants accueillis en
maison spécialisée.
Quelle est concrètement, aujourd'hui, la situation ? La question ne se pose
pas seulement en termes de bonnes intentions, mais aussi de financement de
l'exercice réel du droit au choix.
M. Alain Gournac.
Eh oui !
M. Michel Mercier.
Il est certes important d'inscrire dans la loi toute une série de droits
formels, mais encore faut-il passer du formel au réel.
Ainsi, les salaires des infirmières et des médecins vacataires dans ces
établissements sont, la plupart du temps, financés sur le prix de journée alors
qu'il s'agit de soins auxquels devrait participer l'assurance maladie, comme
c'est le cas pour toutes les autres catégories de Français. Ce n'est pas parce
qu'une personne est accueillie en établissement qu'elle n'a pas droit aux
prestations normales de l'assurance maladie ! Or c'est pourtant largement le
cas.
Par conséquent, je soutiens l'amendement de M. Jacques Blanc pour que - enfin
! - nous puissions avancer.
M. Serge Franchis.
Très bien !
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 132, accepté par la commission et repoussé
par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion
commune.
L'amendement n° 6, présenté par M. Paul Blanc, au nom de la commission, est
ainsi libellé :
« Au début du cinquième alinéa (4°) de l'article 3, remplacer les mots :
"Actions d'intégration scolaire" par les mots : "Actions d'intégration et de
soutien en milieu scolaire, de scolarisation en établissement". »
L'amendement n° 185, déposé par MM. Darniche, Durand-Chastel et Mme
Desmarescaux, est ainsi libellé :
« Dans le cinquième aliéna (4°) de l'article 3, après les mots : "Actions
d'intégration scolaire,", insérer les mots : "de scolarisation au sein des
établissements sociaux et médico-sociaux". »
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 6.
M. Paul Blanc,
rapporteur.
Il s'agit de faire référence aux actions de scolarisation au
sein des établissements sociaux et médico-sociaux, car ces actions sont
particulièrement importantes pour les personnes handicapées.
M. le président.
La parole est à M. Durand-Chastel, pour défendre l'amendement n° 185.
M. Hubert Durand-Chastel.
Il est précisé explicitement que la mission assurée par les institutions
sociales et médico-sociales est une mission « d'intérêt général et d'utilité
sociale ».
Après les actions d'intégration scolaire, cet amendement vise à mentionner la
scolarisation au sein des établissements d'éducation spéciale comme l'une des
missions fondamentales des institutions sociales et médico-sociales issues de
la loi du 30 juin 1975.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 185 ?
M. Paul Blanc,
rapporteur.
Cet amendement sera satisfait si le Sénat adopte l'amendent
n° 6, que je viens de présenter.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 6 et 185 ?
Mme Paulette Guinchard-Kunstler,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement est défavorable à ces amendements, qui
sont redondants et ambigus : redondants, parce que le 3° de l'article 3 évoque
les actions pédagogiques et de formation adaptée et que le 4° de ce même
article mentionne explicitement les actions d'intégration scolaire ; ambigus,
parce que ces amendements évoquent la scolarisation en établissements, sans
autre précision. Or les établissements de l'éducation nationale ne relèvent pas
du champ de la présente législation et l'intégration scolaire dans les classes
adaptées sera traitée dans le cadre de la rénovation de la loi du 30 juin 1975
en faveur des personnes handicapées.
M. Paul Blanc,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Blanc,
rapporteur.
Monsieur le président, compte tenu des explications de Mme la
secrétaire d'Etat, je retire l'amendement n° 6, même si ce dernier apportait
des précisions.
M. le président.
L'amendement n° 6 est retiré.
M. Hubert Durand-Chastel.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Durand-Chastel.
M. Hubert Durand-Chastel.
J'accepte également de retirer l'amendement n° 185, monsieur le président.
M. le président.
L'amendement n° 185 est retiré.
Je suis saisi de deux amendements identiques.
L'amendement n° 129 est présenté par MM. Amoudry, Franchis et Lorrain, Mme
Bocandé et M. Dériot.
L'amendement n° 147 est déposé par M. Fischer, Mme Demessine, M. Muzeau et les
membres du groupe communiste républicain et citoyen.
Tous deux sont ainsi libellés :
« Dans le cinquième alinéa (4°) de l'article 3, après les mots : "de
réadaptation", insérer le mot : "professionnelle". »
La parole est à M. Franchis, pour présenter l'amendement n° 129.
M. Serge Franchis.
Cet amendement rédactionnel tend à préciser la nature de la réadaptation.
M. le président.
La parole est à M. Muzeau, pour présenter l'amendement n° 147.
M. Roland Muzeau
Nous proposons de mentionner explicitement la réadaptation professionnelle
dans la liste des missions de l'action sociale et médico-sociale.
A priori,
cette confirmation devrait être opérée, la commission des
affaires sociales présentant elle aussi un amendement en ce sens. Toutefois,
l'ajout d'un « s » au mot « professionnelle » nous paraît beaucoup moins
lisible que la solution que nous préconisons.
Quoi qu'il en soit, l'important est de s'accorder sur le fait que les
établissements professionnels qui accueillent des personnes handicapées à la
suite d'une maladie ou d'un accident assurent également, conjointement à
l'activité de formation dispensée, un accompagnement social ou un suivi
médical. Voilà qui justifie pleinement que ces établissements relèvent de la
section médico-sociale !
En faisant apparaître la notion de réadaptation professionnelle, notion
spécifique au secteur du handicap et distincte de celle de réinsertion
professionnelle, notre amendement répond à cette préoccupation.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur les amendements n° 129 et 147 ?
M. Paul Blanc,
rapporteur.
Pour la clarté du débat, monsieur le président, il me paraît
opportun de me référer à l'amendement n° 7, que vient d'évoquer M. Muzeau, car
il répond aux préoccupations des auteurs des amendements n°s 129 et 147.
M. le président.
Nous allons donc l'appeler en discussion.
L'amendement n° 7, présenté par M. Paul Blanc, au nom de la commission, est
ainsi libellé :
« Dans le cinquième alinéa (4°) de l'article 3, remplacer les mots : "sociale
et professionnelle" par les mots : "sociales et professionnelles". »
Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 129, 147 et 7 ?
Mme Paulette Guinchard-Kunstler,
secrétaire d'Etat.
La préférence du Gouvernement va à l'amendement n° 7,
présenté par la commission ; c'est d'ailleurs ce que j'ai cru entendre de la
part de M. Muzeau !
M. le président.
L'amendement n° 129 est-il maintenu, monsieur Franchis ?
M. Serge Franchis.
Non, monsieur le président, je le retire.
M. le président.
Et l'amendement n° 147, monsieur Muzeau ?
M. Roland Muzeau.
Je le retire également, monsieur le président.
M. le président.
Les amendements n°s 129 et 147 sont retirés.
Je mets aux voix l'amendement n° 7, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
L'amendement n° 134, présenté par M. Eckenspieller, est ainsi libellé :
« Rédiger comme suit le sixième alinéa (5°) de l'article 3 :
« 5° Actions d'assistance, de soutien, de soins et d'accompagenement, y
compris à titre palliatif, de tutelle, prenant en compte dans les divers actes
de la vie la spécificité et l'évolution des besoins des personnes, quelle que
soit la nature de leurs difficultés ou de leur handicap ; »
La parole est à M. Eckenspieller.
M. Daniel Eckenspieller.
Cet amendement a pour objet de définir d'une manière plus large et plus
complète la nature des interventions dévolues à l'action sociale et
médico-sociale ainsi que les spécificités des personnes auxquelles ces
interventions s'adressent.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Paul Blanc,
rapporteur.
La commission est défavorable à cet amendement et elle
demande à son auteur de le retirer.
La tutelle et la curatelle sont des décisions qui appartiennent au juge. Il
paraît donc difficile de prévoir une tarification en la matière. Au demeurant,
les associations concernées ne sont pas demandeuses d'un tel dispositif.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Paulette Guinchard-Kunstler,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement partage l'avis de la commission. Cet
amendement tend, en effet, à introduire - avec discrétion, il est vrai - les
services de tutelle dans ce projet de loi.
Ici encore, évitons toute confusion préjudiciable ! La tutelle constitue un
acte civil de protection d'un mineur ou d'un majeur, il s'agit d'une décision
de justice. Gardons-nous de confondre activités sociales et médico-sociales et
mesures de protection des personnes !
M. le président.
Monsieur Eckenspieller, l'amendement est-il maintenu ?
M. Daniel Eckenspieller.
Je me range aux arguments de M. le rapporteur et de Mme le secrétaire d'Etat :
je retire cet amendement.
M. le président.
L'amendement n° 134 est retiré.
L'amendement n° 8, présenté par M. Paul Blanc, au nom de la commission, est
ainsi libellé :
« Remplacer le dernier alinéa de l'article 3 par deux alinéas ainsi rédigés
:
« Ces missions sont accomplies par des personnes physiques ou des institutions
sociales et médico-sociales.
« Sont des institutions sociales et médico-sociales au sens du présent code,
les personnes morales de droit public ou privé gestionnaires d'une manière
permanente des établissements et services sociaux et médico-sociaux mentionnés
à l'article L. 312-1. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Blanc,
rapporteur.
Nous proposons de conférer, dans l'esprit de la loi du 30
juin 1975, la dénomination d'institution sociale et médico-sociale aux
personnes morales de droit public ou de droit privé gestionnaires de manière
permanente des établissements et services sociaux ou médico-sociaux.
Nous en avons longuement parlé, il s'agit de la reconnaissance de ces
institutions en tant que telles.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Paulette Guinchard-Kunstler,
secrétaire d'Etat.
La nouvelle définition des institutions sociales et
médico-sociales proposée par la commission me paraît juste.
Permettez-moi simplement de vous faire observer que cette notion ne confère
pas de monopole au secteur associatif et que, dorénavant, un établissement
public autonome ou un établissement privé commercial pourra se prévaloir de
cette appellation. Je crois qu'il fallait que cela soit dit !
M. Paul Blanc,
rapporteur.
Tout à fait !
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 8, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Je mets aux voix l'article 3, modifié.
(L'article 3 est adopté.)
Article additionnel après l'article 3