SEANCE DU 31 OCTOBRE 2001
M. le président.
« Art. 10. - Les sections sociales du comité national et des comités régionaux
de l'organisation sanitaire et sociale mentionnés à l'article L. 6121-9 du code
de la santé publique se réunissent au moins une fois par an en formation
élargie en vue :
« 1° D'analyser l'évolution des besoins sociaux et médico-sociaux ;
« 2° De proposer des priorités pour l'action sociale et médico-sociale.
« Tous les cinq ans, ces sections élaborent un rapport retraçant les analyses
et propositions mentionnées aux l° et 2° ci-dessus, qui est transmis, selon le
cas, aux ministres ou aux autorités locales concernés.
« Chaque année, le ministre chargé des affaires sociales présente un rapport à
la section sociale du Comité national de l'organisation sanitaire et sociale
sur la mise en oeuvre des mesures prévues par les lois de finances et les lois
de financement de la sécurité sociale concernant l'action sociale ou
médico-sociale. »
L'amendement n° 152, présenté par M. Fischer, Mme Demessine, M. Muzeau et les
membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« Rédiger comme suit l'intitulé de la section 2.
« De l'évaluation des besoins, de leur analyse et de la programmation des
actions ».
La parole est à Mme Beaudeau.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Nous sommes profondément attachés à la nécessaire démocratisation de
l'élaboration des politiques publiques - je sais que nous ne sommes pas les
seuls - et j'ai déjà eu l'occasion, dans la discussion générale, de regretter
que les différents acteurs du secteur médico-social ne soient pas mieux
associés en amont à l'élaboration des projets de loi de finances et des projets
de loi de financement de la sécurité sociale.
Le présent projet de loi contribue à élargir les missions du CNOSS et du
CROSS, qui devront désormais évaluer les besoins sociaux et médico-sociaux, ce
qui en fera des forces de proposition. Il nous semble cependant que, avant
l'analyse des besoins et la programmation des actions, devrait au préalable
être visée l'évaluation des besoins.
Tel est le sens des amendements n°s 152 et 153, lesquels soulèvent
indirectement la question de la mise en place ou du développement d'outils
performants de nature à recenser et à apprécier les besoins.
La Cour des comptes, dans son rapport de septembre 2000, a mis le doigt sur
une insuffisance d'informations rendant difficile l'évaluation fine des
réalités du terrain et des besoins des populations, ce qui a pour effet de ne
pas toujours permettre d'adapter les réponses à ces besoins.
Dans le cadre du projet de loi de modernisation sociale, j'avais, au nom de
mon groupe, présenté un amendement, qui avait été adopté par le Sénat, visant à
confier au conseil consultatif départemental des personnes handicapées la
mission de recenser toutes les personnes frappées par un handicap en précisant
la forme de celui-ci, puisque l'accueil et l'orientation différent
nécessairement suivant le handicap.
C'est un premier pas, madame la secrétaire d'Etat, mais j'aurais voulu que
vous précisiez comment vous entendez faire en sorte que les budgets soient à
l'avenir à la hauteur des besoins réels.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Paul Blanc,
rapporteur.
Je demande la réserve de l'amendement n° 152 jusqu'après
l'examen de l'amendement n° 153.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur cette demande de réserve ?
Mme Paulette Guinchard-Kunstler,
secrétaire d'Etat.
Favorable.
M. le président.
En conséquence, la réserve est ordonnée.
L'amendement n° 166, présenté par M. Chabroux, Mme Campion, M. Cazeau et les
membres du groupe socialiste et apparentés, est ainsi libellé :
« Rédiger ainsi le début du premier alinéa de l'article 10 :
« Le comité national et les comités régionaux... »
La parole est à M. Chabroux.
M. Gilbert Chabroux.
Il s'agit d'un amendement de simple cohérence qui prend en compte les articles
25 et suivants du projet de loi relatif aux droits des malades et à la qualité
du système de santé, examiné en première lecture au début du mois d'octobre par
l'Assemblée nationale.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Paul Blanc,
rapporteur.
L'amendement qui nous est proposé ici se réfère au projet de
loi relatif aux droits des malades et à la qualité du système de santé. En
attendant l'examen de ce projet de loi au Sénat, je suggère le retrait de cet
amendement.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Paulette Guinchard-Kunstler,
secrétaire d'Etat.
Les mêmes raisons conduisent le Gouvernement à
demander le retrait de l'amendement.
M. le président.
Monsieur Chabroux, l'amendement n° 166 est-il maintenu ?
M. Gilbert Chabroux.
Nous attendrons donc ! Je le retire, monsieur le président.
M. le président.
L'amendement n° 166 est retiré.
L'amendement n° 153, présenté par M. Fischer, Mme Demessine, M. Muzeau et les
membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« Après le premier alinéa de l'article 10, insérer un alinéa ainsi rédigé :
« ... ° D'évaluer les besoins sociaux et médico-sociaux ; »
La parole est à Mme Beaudeau.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
J'ai défendu cet amendement en même temps que l'amendement n° 152, monsieur le
président.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Paul Blanc,
rapporteur.
La commission s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Paulette Guinchard-Kunstler,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement s'en remet également à la sagesse du
Sénat. La section sociale du CNOSS et des CROSS a bien évidemment compétence
pour analyser les besoins et leur évolution sur la base des données issues du
système d'information instauré à l'article 16 du projet de loi. Le Sénat, dans
sa sagesse, saura trouver le bon chemin...
M. Jacques Blanc.
Il y a des chemins qu'on ne soupçonne pas !
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 153, pour lequel la commission et le
Gouvernement s'en remettent à la sagesse du Sénat.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Nous en revenons à l'amendement n° 152, qui a été précédemment réservé.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Paul Blanc,
rapporteur.
Il s'agit d'un amendement de coordination avec l'amendement
précédent et, comme sur ce dernier, la commission s'en remet à la sagesse du
Sénat.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Paulette Guinchard-Kunstler,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement s'en remet également à la sagesse du
Sénat.
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 152, pour lequel la commission et le
Gouvernement s'en remettent à la sagesse du Sénat.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'intitulé de la section 2 est ainsi rédigé.
L'amendement n° 118, présenté par MM. Lorrain, Dériot, Franchis, et Mme
Bocandé, est ainsi libellé :
Compléter le deuxième alinéa (1°) de l'article 10 par les mots : "en fonction
de critères déterminés par décret en Conseil d'Etat et après consultation des
représentants des personnes morales gestionnaires d'établissements et de
services sociaux et médico-sociaux". »
La parole est à M. Franchis.
M. Serge Franchis.
La possibilité offerte aux sections sociales du comité national et des comités
régionaux de l'organisation sanitaire et sociale de procéder une fois par an à
l'analyse de l'évolution des besoins est une avancée importante pour le secteur
social et médico-social.
Néanmoins, l'analyse ne peut se faire et être efficace qu'à partir du moment
où sont déterminés les critères sur lesquels elle se fondera.
C'est pourquoi il importe que la détermination de ces critères s'effectue en
fonction de modalités définies en Conseil d'Etat, après consultation des
représentants des personnes morales gestionnaires d'établissements pour prendre
en compte les spécificités régionales et la nature des besoins par type de
population.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Paul Blanc,
rapporteur.
Cet amendement vise à encadrer le pouvoir de décision du
CNOSS lorsque celui-ci se prononce sur l'évolution des besoins sociaux et
médico-sociaux.
Il est prévu que le CNOSS se prononce sur des critères fixés par décret après
consultation des personnes morales gestionnaires. Or je rappelle que sa section
sociale compte déjà quinze représentants des organisations les plus
représentatives du secteur social et médico-social.
Il me semble donc que les représentants de l'Etat, de l'assurance maladie et
du département ont voix au chapitre au même titre que les gestionnaires pour
apprécier les besoins sociaux et médico-sociaux.
Il est préférable, à mon sens, de laisser le débat ouvert sur les critères
dont le CNOSS délibérera. Par conséquent, je demande le retrait de
l'amendement, que je trouve très restrictif.
M. le président.
Monsieur Franchis, l'amendement n° 118 est-il maintenu ?
M. Serge Franchis.
Non, je le retire, monsieur le président.
M. le président.
L'amendement n° 118 est retiré.
L'amendement n° 119, présenté par MM. Jean-Louis Lorrain, Dériot, Franchis et
Mme Bocandé, est ainsi libellé :
« Dans le dernier alinéa de l'article 10, après les mots : "de l'organisation
sanitaire et sociale", insérer les mots : ", après avoir consulté cette section
sociale,". »
La parole est à M. Franchis.
M. Serge Franchis.
L'extension des missions des sections sociales du comité national et des
comités régionaux de l'organisation sanitaire et sociale prévue dans le projet
de loi a pour objet de rendre plus efficace et plus important le rôle joué par
ceux-ci.
La présentation d'un rapport annuel sur la mise en oeuvre des mesures prévues
par les lois de finances et les lois de financement de la sécurité sociale n'a
pas de raison d'être si elle n'est pas accompagnée d'une consultation.
Cette consultation permettrait au ministre chargé des affaires sociales
d'évaluer la perception par les représentants des acteurs de terrain des
politiques conduites et de la rapprocher de l'analyse technique de leur mise en
oeuvre.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Paul Blanc,
rapporteur.
Cet amendement prévoit en fait que le ministre présentera
chaque année un rapport devant la section sociale du CNOSS après avoir consulté
cette dernière. Cela fait beaucoup de rapports et de consultations !
Il me semble que l'élaboration de la loi de financement de la sécurité sociale
est déjà inscrite dans des délais stricts ; c'est au Parlement qu'il revient de
délibérer et de l'adopter. La commission préconise donc le retrait de cet
amendement.
M. le président.
Monsieur Franchis, l'amendement n° 119 est-il maintenu ?
M. Serge Franchis.
Je le retire, monsieur le président.
M. le président.
L'amendement n° 119 est retiré.
L'amendement n° 27, présenté par M. Paul Blanc, au nom de la commission, est
ainsi libellé :
« Compléter l'article 10 par un alinéa ainsi rédigé :
« Lorsque le comité régional de l'organisation sanitaire et sociale rend un
avis sur un schéma départemental d'organisation sociale et médico-sociale dans
les conditions prévues à l'article L. 312-5 ou sur une autorisation de
fonctionnement délivrée par le président du conseil général dans les conditions
prévues à l'article L. 313-3, le ou les départements concernés par le schéma ou
l'implantation de l'établissement ou du service sont représentés lors de la
délibération avec voix consultative. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Blanc,
rapporteur.
Cet amendement vise à améliorer le fonctionnement des CROSS
en permettant la participation au débat du département concerné par la décision
soumise à consultation.
A l'heure actuelle, les conseils généraux délèguent habituellement deux
représentants au sein du CROSS, mais ces derniers ne sont pas forcément issus
du département dans lequel est situé le projet. Il nous paraîtrait tout à fait
logique qu'un représentant du département concerné puisse participer aux
délibérations et donner son avis.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Paulette Guinchard-Kunstler,
secrétaire d'Etat.
J'ai cru comprendre que le dépôt de cet amendement
résultait d'une demande de l'Association des départements de France.
(Rires.)
M. Alain Gournac,
rapporteur.
M. Paul Blanc, Ah ! Vous avez bien compris !
Mme Paulette Guinchard-Kunstler,
secrétaire d'Etat.
Cette demande est parfaitement légitime, et je ne peux
que regretter que l'Association des départements de France ne l'ait pas
adressée au Gouvernement plus tôt : il se serait fait un plaisir de la
soumettre au vote des députés lors de la première lecture à l'Assemblée
nationale, en février dernier.
(Sourires.)
Le Gouvernement est, naturellement, favorable à cet amendement.
M. Paul Blanc,
rapporteur.
Si j'ai bien compris, c'est une question de paternité !
(Nouveaux sourires.)
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 27.
M. Michel Mercier.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Mercier.
M. Michel Mercier.
Je souhaite simplement remercier Mme la secrétaire d'Etat d'avoir tendu la
main aux présidents des conseils généraux de France. Si ce geste pouvait
devenir une habitude, madame la secrétaire d'Etat, je crois que tout le monde
s'en réjouirait !
(Rires.)
Toutefois, une telle attitude ne doit pas valoir seulement pour les
amendements tendant à accorder une voix consultative aux départements, mais
doit aussi être adoptée à propos de questions plus fondamentales, afin que nous
puissions aboutir ensemble à de vrais résultats.
(Applaudissements sur les
travées de l'Union centriste et du RPR.)
M. Alain Gournac.
Bravo !
M. Jean Chérioux.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Chérioux.
M. Jean Chérioux.
Je me réjouis bien entendu de la position que vient de prendre Mme la
secrétaire d'Etat, mais j'avoue que je préfère de beaucoup, pour ma part, que
le débat se déroule dans cette enceinte.
En effet, consulter tel ou tel organisme est tout à fait légitime, mais, en
définitive, c'est le législateur qui est souverain.
M. Michel Mercier.
C'est exact !
M. Jean Chérioux.
Un franc et loyal débat au sein de notre assemblée me semble donc nettement
préférable à de petites discussions feutrées entre les membres des cabinets et
les représentants des associations !
M. Alain Gournac.
Bravo !
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 27, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Je constate que cet amendement a été adopté à l'unamité.
Je mets aux voix l'article 10, modifié.
(L'article 10 est adopté.)
Articles additionnels après l'article 10