SEANCE DU 8 NOVEMBRE 2001


M. le président. « Art. 35. - Le chapitre II du titre II du livre IV de la quatrième partie du code général des collectivités territoriales est complété par une section 7 ainsi rédigée :

« Section 7

« Biens de l'Etat transférés dans le patrimoine
de la collectivité territoriale de Corse

« Art. L. 4422-45 . - I. - Les transferts de patrimoine entre l'Etat et la collectivité territoriale de Corse prévus au III de l'article L. 4424-7 et aux articles L. 4424-22, L. 4424-23, L. 4424-24 et L. 4424-25 du présent code ainsi qu'à l'article L. 181-1 du code forestier s'effectuent à titre gratuit, dans les conditions déterminées par la loi de finances, et selon les modalités prévues aux trois premiers alinéas de l'article L. 4422-44. Ces transferts sont exemptés de tous frais, droits ou taxes.
« II. - Par dérogation aux dispositions de l'article 30 de la loi n° 91-662 du 13 juillet 1991 d'orientation pour la ville, lorsque l'Etat décide d'aliéner un bien immobilier situé en Corse présentant un intérêt culturel ou historique et faisant l'objet d'une procédure de déclassement de son domaine public, il notifie cette décision à la collectivité territoriale de Corse ainsi que le prix de vente estimé par le directeur des services fiscaux. La collectivité territoriale dispose d'un délai de deux mois à compter de cette notification pour se porter acquéreur du bien. Si la collectivité n'exerce pas son droit de priorité dans ce délai, l'aliénation est effectuée dans les conditions de droit commun. Si la collectivité territoriale exerce son droit de priorité, l'aliénation du bien en cause n'est pas soumise aux droits de préemption. »
L'amendement n° 98 rectifié, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« Remplacer le premier alinéa de l'article 35 et l'intitulé proposé par cet article pour la section 7 du chapitre II du titre II du livre IV de la quatrième partie du code général des collectivités territoriales par un alinéa ainsi rédigé :
« L'article L. 4422-45 du code général des collectivités territoriales est ainsi rédigé : ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. C'est encore un amendement de coordination.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Favorable, sous la réserve habituelle.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 98 rectifié, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. L'amendement n° 99, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« Dans le I du texte proposé par l'article 35 pour l'article L. 4422-45 du code général des collectivités territoriales, supprimer les mots : "dans les conditions déterminées par la loi de finances, et". »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. Il s'agit en quelque sorte d'un amendement d'appel à explication de la part du Gouvernement.
Les conditions de transfert des biens appartenant à l'Etat sont déterminées par la loi de finances. Nous nous demandons pourquoi la loi de finances doit s'exprimer sur ce sujet.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Monsieur le rapporteur, la référence à la loi de finances a été introduite par le Conseil d'Etat. Les transferts de patrimoine, même à titre gratuit, affectent les ressources de l'Etat. Les modalités de ces transferts doivent donc être prévues dans la loi de finances.
En conséquence, cette disposition confère à l'article une meilleure sécurité juridique.
Voilà ce qui me conduit à émettre un avis défavorable.
M. Paul Girod, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. Je serais convaincu si le projet de loi de finances pour 2002 comportait la disposition ainsi prévue !
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 99.
M. Philippe Marini. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Marini.
M. Philippe Marini. Une fois n'est pas coutume, je vais soutenir le Gouvernement parce que, sur ce point, son texte me semble s'inscrire dans l'évolution vers une comptabilité patrimoniale de l'Etat, évolution réclamée depuis très longtemps par le Sénat, en particulier par sa commission des finances. La loi organique sur les lois de finances promulguée au début du mois d'août 2001 fait état de ce progrès méthodologique.
Il me semble donc parfaitement logique, comme le soutient M. le ministre, que la loi de finances comporte ces dispositions. Si l'on veut que les lois de finances ne soient pas seulement des comptes de caisse ou des comptes de flux, mais soient également des comptes de stocks, qui permettent de suivre l'évolution du patrimoine de l'Etat, eh bien, pour une fois, il faut faire ce que dit M. Vaillant.
M. Paul Girod, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. Devant une explication d'une telle maestria, monsieur le président, la commission ne peut que retirer l'amendement. (Sourires.)
M. le président. L'amendement n° 99 est retiré.
L'amendement n° 210, présenté par MM. Othily, Pelletier, Laffitte, Désiré, Joly, Demilly, Soulage et Mouly, est ainsi libellé :
« Après le texte proposé par l'article 35 pour l'article L. 4422-45 du code général des collectivités territoriales, ajouter un article ainsi rédigé :
« Art. L. ... - Les transferts de biens envisagés aux articles 181-1 du code forestier et L. 4424-23 du code général des collectivités territoriales font l'objet d'un audit financier et technique préalable établi par les concessionnaires, l'Etat et les collectivités ou services concernés. Cet audit détaillera notamment la valeur et la vétusté de ces biens, ainsi que le coût de leur remise en état éventuelle et de leur assurance. »
La parole est à M. Joly.
M. Bernard Joly. Cet amendement vise à éviter que les transferts envisagés ne soient susceptibles de créer des charges excessives pour la collectivité territoriale de Corse.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Paul Girod, rapporteur. L'article 34 du projet de loi prévoit un avis de la commission consultative de l'évaluation des charges sur les transferts résultant des compétences transférées, et l'amendement n° 97 de la commission a également prévu l'avis de cette commission sur le transfert de la propriété des forêts domaniales.
D'après les indications qui ont été communiquées par le Gouvernement, un crédit de 250 000 francs aurait déjà été ouvert pour permettre à la direction régionale de l'agriculture et de la forêt de réaliser un audit sur l'état des forêts domaniales et de leur gestion.
Par conséquent, il semble qu'il y ait un parallélisme entre les préoccupations de la commission et celles de nos collègues du groupe du RDSE.
Je souhaiterais connaître l'avis du Gouvernement sur ce point, mais a priori la commission est plutôt favorable à cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. L'article 35 organise les conditions du transfert dans le patrimoine de la collectivité territoriale de Corse des biens attachés à l'exercice des nouvelles compétences qui lui sont dévolues en matière culturelle et de transports. Il s'agit d'une novation par rapport aux lois antérieures, qui ne prévoyaient qu'une mise à disposition des biens.
Par référence à l'article L. 4424-25 - c'est-à-dire à l'actuel article L. 4422-31 - du code général des collectivités territoriales, le transfert de propriété sera constaté par un procès-verbal qui précisera la consistance, la situation juridique et l'état des biens remis.
L'amendement proposé, en subordonnant le transfert de propriété à un audit préalable, alourdirait la procédure sans apporter des garanties supplémentaires par rapport à celles qui sont prévues par le projet du Gouvernement, lequel prévoit que les charges résultant des transferts de compétences font l'objet d'une attribution de ressources d'un montant équivalent.
Ce montant est déterminé après avis de la commission consultative d'évaluation des charges de Corse.
Le Gouvernement émet donc un avis défavorable sur cet amendement.
M. Bernard Joly. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Joly.
M. Bernard Joly. Compte tenu de ces explications, monsieur le président, je retire l'amendement.
M. le président. L'amendement n° 210 est retiré.
Je mets aux voix l'article 35, modifié.

(L'article 35 est adopté.)

Article 36