SEANCE DU 23 JANVIER 2002
M. le président.
« Art. 46. - L'article L. 1424-35 du code général des collectivités
territoriales est ainsi modifié :
« 1° Le premier alinéa est ainsi rédigé :
« Les modalités de calcul et de répartition des contributions des communes,
des établissements publics de coopération intercommunale compétents pour la
gestion des services d'incendie et de secours et du département au financement
du service départemental d'incendie et de secours sont fixées par le conseil
d'administration de celui-ci. ; »
« 2° Au troisième alinéa, les mots : "Avant le 1er novembre de l'année
précédant l'exercice" sont remplacés par les mots : "Avant le 1er janvier de
l'année en cause" ;
« 3° Après le troisième alinéa, sont insérés quatre alinéas ainsi rédigés :
« A compter du 1er janvier 2006, les contributions des communes et des
établissements publics de coopération intercommunale sont supprimées.
« Pour les exercices suivants celui au cours duquel ont été achevés les
transferts prévus aux articles L. 1424-13, L. 1424-14 et L. 1424-17, le montant
global des contributions des communes et des établissements publics de
coopération intercommunale ne pourra excéder le montant global des
contributions des communes et des établissements publics de coopération
intercommunale de l'exercice précédent, augmenté de l'indice des prix à la
consommation.
« Avant le 1er janvier 2006, le conseil d'administration du service
départemental d'incendie et de secours devra ramener dans une fourchette de 1 à
3 l'écart maximum entre la plus haute et la plus basse des cotisations
calculées par habitant, versées par les communes ou les établissements publics
de coopération intercommunale du département.
« Un rapport sur les modalités de mise en oeuvre des dispositions du quatrième
alinéa sera présenté au Parlement au plus tard au 1er janvier 2005. ; »
« 4° Il est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« A compter de l'exercice mentionné au quatrième alinéa, est jointe à l'avis
d'imposition à la taxe d'habitation perçue dans le département une
communication, élaborée par le service départemental d'incendie et de secours,
mentionnant le montant global des contributions du département, des communes et
des établissements publics de coopération intercommunale pour l'année en cours
et pour l'année précédente, ce même montant rapporté au nombre d'habitants du
département pour les deux années précitées, ainsi que le taux de progression
des deux montants précédents entre les deux années précitées. »
Sur l'article, la parole est à M. Ostermann.
M. Joseph Ostermann.
Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, avec
l'article 46, nous sommes manifestement au coeur du débat pour ce qui concerne
les sapeurs-pompiers des services départementaux d'incendie et de secours, les
SDIS.
Hier soir, nous avons examiné plusieurs amendements relatifs au fonctionnement
de ces SDIS - bien des arguments ont été échangés à cette occasion -
fonctionnement qui pose, me semble-t-il, moins de problèmes que leur
financement, épineuse question sur laquelle je souhaite donc revenir.
Il avait été prévu dans la loi de 1996 une mise en commun des moyens ainsi
qu'une répartition de la charge entre les collectivités. Ce qui n'avait
toutefois pas été prévu, c'est la croissance exponentielle de cette charge, qui
est devenue insupportable pour nos communes et nos structures
intercommunales.
En effet, le coût total des SDIS ayant augmenté de près de 30 % en cinq ans,
il est, par conséquent, urgent d'intervenir afin de revenir à l'esprit de la
loi de 1996, à savoir : synergie égale économies. Mais cette nouvelle donne
comporte plusieurs aspects.
On observe tout d'abord une grande disparité dans les financements opérés d'un
département à l'autre. Certains départements apportent un financement à hauteur
de 10 %, alors que d'autres contribuent à hauteur de 99 %. Si l'on prend une
base par habitant, les écarts entre les communes varient, quant à eux, de un à
cinq. Nous sommes ainsi confrontés à un problème de péréquation qu'il revient
essentiellement à l'Etat de régler.
Ce dernier doit, une fois n'est pas coutume, assumer ses responsabilités. Or
force est de constater que, depuis 1996, il fait supporter aux collectivités le
poids de son désengagement financier, sans pour autant faire preuve de
modération législative et réglementaire, bien au contraire ! Depuis 1996, il
fait supporter aux collectivités les conséquences financières de l'inflation
réglementaire dont il est de plus en plus coutumier. Ainsi, comme le soulignent
nos collègues MM. Marini et Charasse dans leur récent rapport sur la situation
financière des SDIS, pas moins de vingt-huit décrets, soixante dix-huit arrêtés
et vingt-deux circulaires ont été publiés au cours des cinq dernières
années.
J'ai pris connaissance ce soir, par hasard, d'un article de presse citant une
déclaration du président de la Fédération des sapeurs-pompiers, qui fustigeait
en termes peu aimables le Sénat, les sénateurs et nos rapporteurs.
Monsieur le ministre, je considère qu'un colonel n'a pas le droit de traiter
la représentation nationale de cette manière et que cela mérite une sanction
!
J'en reviens aux 128 décrets, arrêtés et circulaires qui ont été publiés en
moins de cinq ans. Toutes ces instructions viennent majorer les coûts des SDIS
de 30 % et plus, sans pour autant régler les problèmes de fond.
Pourriez-vous nous préciser l'origine des instructions en général et de trois
documents que je vais citer en particulier ?
Un premier exemple d'instruction conduit les services médicaux à opposer à nos
volontaires leur embonpoint, leur excès pondéral. Ainsi, dans mon département,
douze sapeurs-pompiers volontaires ont été réformés neuf ont obtenu leur
réintégration en appel. Quelle image donnons-nous du volontariat ?
Deuxième exemple : les instructions qui complexifient sans arrêt la formation.
Compétence, oui ; excès de formation pour nos volontaires, non ! Ne faut-il pas
voir là la recherche d'une professionnalisation rampante ?
Troisième exemple : les instructions relatives au corps des gradés.
Référons-nous au rapport de nos collègues de la commission des finances et
prenons le cas du grade de major, qui vient d'être créé, et l'inscription de 4
000 nouveaux postes, sauf erreur de ma part.
Je ne souhaite pas évoquer les autres créations de postes d'officier -
colonel, commandant, etc. Vous trouverez le détail dans le rapport de la
commission des finances. C'est cette inflation de promotions qui, à mon avis, a
incité cette commission et ses rapporteurs à évoquer l'« armée mexicaine ».
De deux choses l'une, monsieur le ministre : soit ces instructions multiples,
consommatrices de crédits, émanent du ministère de l'intérieur et, dans ce cas,
vous devez inscrire à votre budget les crédits correspondants ; soit ces
instructions sont rédigées ailleurs et, dès lors, il s'agit d'une manifestation
de corporatisme aigu et pour le moins exagéré.
Il est, par conséquent, grand temps pour l'Etat d'assumer pleinement ses
responsabilités financières ainsi que son rôle de garant de l'égalité des
citoyens devant le service public de la sécurité civile.
Les communes et les EPCI, de leur côté, ne peuvent plus satisfaire aux
obligations qui leur sont imposées par l'Etat. Dans ma ville, j'ai dû majorer
la pression fiscale de 7 %, afin de faire face à l'augmentation du coût du
service d'incendie et de secours. Et pourtant, en Alsace, le volontariat reste
une réalité. La collaboration professionnels-volontaires y est efficace.
Néanmoins, je précise une nouvelle fois que le coût des SDIS explose
littéralement, ce qui n'enlève rien à la qualité des sapeurs-pompiers et au
respect que nous leur portons.
C'est pourquoi il me semblerait judicieux, comme le propose notre commission
des finances, d'envisager l'intégration progressive des SDIS aux services des
conseils généraux, tout en continuant d'associer administrativement les
communes à la gestion des SDIS. Il est en effet important que celles-ci ne
soient pas totalement évincées sur le plan décisionnel, car la protection
civile revêt une dimension locale qu'il convient de préserver, notamment dans
un souci de promotion et de soutien du volontariat.
M. le président.
Veuillez conclure, je vous prie, monsieur Ostermann.
M. Joseph Ostermann.
Un seul financement est néanmoins souhaitable dans un souci de clarté. Un tel
transfert au conseil général me semble constituer une solution de bon sens dans
la mesure où l'Etat accepte d'assumer ses responsabilités.
Tout à l'heure, je proposerai un amendement permettant d'améliorer le
financement des SDIS.
En conclusion, monsieur le président, mes chers collègues, toutes nos
interventions concordent, celles d'hier soir et celles d'aujourd'hui, pour
dénoncer les mêmes difficultés, et pourtant les législateurs que nous sommes,
élus de terrain, se trouvent dans l'incapacité de changer le cours des
événements. Monsieur le ministre, je vous engage donc à prendre vos
responsabilités !
M. le président.
L'amendement n° 306 rectifié, présenté par MM. Lardeux, Pierre André, Doligé,
Eckenspieller, Ostermann, de Richemont et Sido, est ainsi libellé :
« Supprimer le quatrième alinéa (2°) de l'article 46. »
La parole est à M. Lardeux.
M. André Lardeux.
Au quatrième alinéa de l'article 46, le 2°, tel qu'il est rédigé, vise à
reporter la date à laquelle le Gouvernement est informé de sa participation du
1er novembre au 1er janvier. Je ne comprends pas la raison d'un tel report.
Les sommes en jeu sont importantes pour les départements et les conséquences
sur le budget général des départements, qui est très souvent voté au mois de
décembre, sont telles qu'il me semble nécessaire de maintenir la date du 1er
novembre.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Daniel Hoeffel,
rapporteur.
Sagesse.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant,
ministre de l'intérieur.
La date du 1er janvier retenue dans le 2° de
l'article 46 pour la notification aux maires, aux présidents des établissements
publics de coopération intercommunale et au président du conseil général du
montant prévisionnel des contributions résulte des conclusions du rapport de la
commission de suivi et d'évaluation des lois de 1996, en vue d'assurer une plus
grande cohérence avec le vote des budgets locaux. En outre, cette modification
a été proposée par le Gouvernement à la demande de nombreux présidents de
conseils d'administration. Je suis donc défavorable à cet amendement n° 306
rectifié présenté par M. Lardeux.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 306 rectifié.
M. Bruno Sido.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Sido.
M. Bruno Sido.
Monsieur le ministre, pardonnez-moi de vous le dire, mais il me paraît pour le
moins curieux que les présidents des conseils d'administration des SDIS
cornaquent, et finalement, commandent les conseils généraux ! Ces derniers
faisant de gros efforts pour voter de plus en plus tôt leur budget -
singulièrement dans mon département, mais aussi dans bien d'autres - à la
mi-décembre, il n'est pas normal que l'on accorde aux SDIS plus de facilités
que l'on n'en donne aux conseils généraux. Par conséquent, je voterai
l'amendement n° 306 rectifié.
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 306 rectifié, repoussé par le Gouvernement et
pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Je suis saisi de dix amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion
commune.
L'amendement n° 600, présenté par MM. Peyronnet et Bel, Mme Blandin, MM.
Debarge, Domeizel et Dreyfus-Schmidt, Mme Durrieu, M. Frécon, Mme Herviaux, MM.
Lagauche, Le Pensec, Marc, Masseret, Mauroy, Picheral, Raoul, Sueur, Teston et
les membres du groupe socialiste et apparentés, est ainsi libellé :
« Rédiger comme suit le 3° de l'article 46 :
« 3° Après le troisième alinéa, sont insérés trois alinéas ainsi rédigés :
« Pour les exercices suivant celui au cours duquel ont été achevés les
transferts prévus aux articles L. 1424-13, L. 1424-14 et L. 1424-17, le montant
global des contributions des communes et des établissements publics de
coopération intercommunale ne pourra excéder le montant global des
contributions des communes et des établissements publics de coopération
intercommunale de l'exercice précédent, augmenté de l'indice des prix à la
consommation.
« Avant le 1er janvier 2006, le conseil d'administration du service
départemental d'incendie et de secours devra ramener dans une fourchette de 1 à
3 l'écart maximum entre la plus haute et la plus basse des cotisations
calculées par habitant, versées par les communes ou les établissements publics
de coopération intercommunale du département.
« A compter du 1er janvier 2006, la participation des communes et des
établissements publics de coopération intercommunale au financement des
services d'incendie et de secours est réalisée dans les conditions prévues à
l'article L. 2334-7-3. »
L'amendement n° 413 rectifié, présenté par MM. Adnot, Darniche, Durand-Chastel
et Seillier, est ainsi libellé :
« Supprimer le premier alinéa du texte proposé par le 3° de l'article 46 pour
insérer quatre alinéas après le troisième alinéa de l'article L. 1424-35 du
code général des collectivités territoriales. »
L'amendement n° 410 rectifié, présenté par MM. Adnot, Darniche, Durand-Chastel
et Seillier, est ainsi libellé :
« Rédiger ainsi le premier alinéa du texte proposé par le 3° de l'article 46
pour insérer quatre alinéas après le troisième alinéa de l'article L. 1424-35
du code général des collectivités territoriales :
« A compter du 1er janvier 2006, le montant global de contributions des
conseils généraux pour le financement des services d'incendie et de secours
(SDIS) est fixé à 51 % au moins du montant total de ce financement, sauf
convention contraire entre les collectivités locales et les conseils généraux.
»
L'amendement n° 546 rectifié, présenté par M. Masson, est ainsi libellé :
« I. - Remplacer le premier alinéa du texte proposé par le 3e de l'article 46
pour être inséré après le troisième alinéa de l'article L. 1424-35 du code
général des collectivités territoriales par trois alinéas ainsi rédigés :
« A titre transitoire, au 1er janvier 2003, la contribution du département
pour la gestion des services d'incendie et de secours ne peut être inférieure à
60 % du montant total des contributions des communes, des établissements
publics de coopération intercommunale et du département.
« Au 1er janvier 2004, la contribution du département pour la gestion des
services d'incendie et de secours ne peut être inférieure à 80 % du montant
total des contributions des communes, des établissements publics de coopération
intercommunale et du département.
« A compter du 1er janvier 2005, les contributions des communes et des
établissements publics de coopération intercommunale sont supprimées.
« II. - Afin de compenser les pertes de recettes résultant du I ci-dessus,
compléter cet article par deux paragraphes ainsi rédigés :
« ... - L'accroissement de charges résultant pour les départements de la
suppression de la participation des communes et des établissements publics de
coopération intercommunale au financement des services d'incendie et de secours
est compensé à due concurrence par une augmentation de la dotation globale de
fonctionnement.
« ... - Les pertes de recettes pour l'Etat résultant du paragraphe précédent
sont compensées à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux
droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
« III. - En conséquence, faire précéder cet article de la mention : "I. - ".
»
L'amendement n° 223, présenté par M. Mercier, au nom de la commission des
finances, est ainsi libellé :
« Compléter le premier alinéa du texte proposé par le 3° de l'article 46 pour
modifier l'article L. 1424-35 du code général des collectivités territoriales
par une phrase ainsi rédigée :
« Leur participation au financement des services d'incendie et de secours est
réalisée dans les conditions prévues à l'article L. 2334-7-3. »
L'amendement n° 337, présenté par MM. Lardeux et Doligé, est ainsi libellé
:
« I. - Compléter le premier alinéa du texte proposé par le 3° de l'article 46
pour insérer quatre alinéas après le troisième alinéa de l'article L. 1424-35
du code général des collectivités territoriales par une phrase ainsi rédigée
:
« Le département, qui assure l'intégralité du financement du service
d'incendie et de secours perçoit une fraction de la dotation globale de
fonctionnement correspondant aux contributions versées à cet établissement par
les communes et les établissements publics de coopération intercommunale avant
le 1er janvier 2002.
« II. - Afin de compenser les pertes de ressources résultant du I ci-dessus,
compléter cet article par deux paragraphes ainsi rédigés :
« ... - L'accroissement de charges résultant pour les départements du
transfert de l'intégralité du financement des services d'incendie et de secours
est compensé à due concurrence par une augmentation de la dotation globale de
fonctionnement.
« ... - Les pertes de recettes pour l'Etat résultant du paragraphe précédent
sont compensées à due concurrence par la majoration des droits prévus aux
articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
« III. - En conséquence, faire précéder cet article de la mention : "I. - ".
»
L'amendement n° 224 rectifié, présenté par M. Mercier, au nom de la commission
des finances, est ainsi libellé :
« Supprimer l'avant-dernier alinéa du texte proposé par le 3° de l'article 46
pour modifier l'article L. 1424-35 du code général des collectivités
territoriales. »
L'amendement n° 349, présenté par M. Vasselle, est ainsi libellé :
« Compléter
in fine
le troisième alinéa du texte proposé par le 3° de
l'article 46 pour insérer quatre alinéas après le troisième alinéa de l'article
L. 1424-35 du code général des collectivités territoriales par la phrase
suivante :
« La modulation devra tenir compte de la présence ou de l'absence d'un service
de sapeurs-pompiers dans la commune ou le groupement. »
L'amendement n° 414 rectifié, présenté par MM. Adnot, Darniche, Durand-Chastel
et Seillier, est ainsi libellé :
« Compléter le troisième alinéa du texte proposé par le 3° de l'article 46
pour insérer quatre alinéas après le troisième alinéa de l'article L. 1424-35
du code général des collectivités territoriales par une phrase ainsi rédigée
:
« L'assiette de ces cotisations doit intégrer la charge relative aux centres
de première intervention non intégrés pour les communes qui en ont un. »
L'amendement n° 254 rectifié
bis
, présenté par M. Lassourd, est ainsi
libellé :
« Après le troisième alinéa du texte proposé par le 3° de l'article 46 pour
être inséré après le troisième alinéa de l'article L. 1424-35 du code général
des collectivités territoriales, insérer un alinéa ainsi rédigé :
« Dans les six mois suivant le renouvellement des conseils d'administration
prévu à l'article 47 de la loi n° du relative à la démocratie de
proximité, le conseil d'administration du service départemental d'incendie et
de secours organise un débat portant sur la répartition des contributions entre
les communes et les établissements publics de coopération intercommunale du
département. A cette occasion, le président du conseil d'administration
présente les données comparant le niveau de la contribution de chaque commune
ou établissement public de coopération intercommunale pour l'exercice en cours
et le niveau de la contribution qui résulterait de la prise en compte d'un
indicateur de richesse pour le calcul du montant des contributions des communes
et des établissements publics de coopération intercommunale par habitant,
défini en tenant compte du potentiel fiscal par habitant, de l'attribution des
dotations versées par l'Etat en compensation des allégements et des
suppressions d'impôts locaux. »
La parole est à M. Peyronnet, pour présenter l'amendement n° 600.
M. Jean-Claude Peyronnet.
Je vais m'efforcer d'être bref non seulement parce que c'est souhaitable, mais
aussi parce que, après tant d'heures de discussion sur cette question, nous
nous sommes déjà largement exprimés. Il n'en reste pas moins que la question de
la compensation ou non par les communes est au coeur du dispositif.
Je rappelle qu'en cas de transfert « officiel » de compétences la compensation
est de droit. Elle est inscrite dans les grands principes de la loi fondatrice
de 1982. Il peut toujours y avoir eu, à un moment ou à un autre, dérive après
transfert de ressources. Il peut aussi y avoir eu, bien sûr, des charges indues
non officielles. Mais quand une compétence a été transférée, il y a toujours eu
compensation, que ce soit de la part de l'Etat vers les collectivités locales
ou que ce soit entre collectivités locales.
Pour le cas qui nous occupe, le principe doit être le même. Etant donné qu'il
y a transfert de compétences entre les collectivités locales et le conseil
général, il doit y avoir compensation. Cela ne ressort pas du projet déposé
initialement par le Gouvernement ; en tout cas, cela n'apparaît pas dans le
texte qui nous vient de l'Assemblée nationale. En effet, le troisième alinéa de
l'article 46 tend à supprimer purement et simplement les contingents
communaux.
La série d'amendements qui est proposée, le mien en particulier, vise à
instaurer une compensation. Il reste à en déterminer le mode. Le plus simple,
ce serait une compensation à l'image de celle qui a été instituée pour la CMU,
c'est-à-dire permettant un transfert neutre, compensation sous la forme d'une
augmentation de la DGF. C'est ce qui ressort du troisième alinéa créé par mon
amendement n° 600.
Cet amendement vise également à réduire les écarts entre communes. Je ferai
toutefois observer à M. Ostermann qu'il est illusoire de penser que l'on
parviendra à une égalité. Cela ne s'est jamais produit, quels que soient les
objets financiers des compensations ou des suppressions.
S'agissant de la suppression du foncier non bâti pour les départements, par
exemple, la compensation, accordée à hauteur de 19 % dans mon département -
parce que tel était le taux en vigueur à ce moment-là dans ce département - a
été, pour un département voisin, de l'ordre de 40 %, soit du simple au double
pour des bases, des surfaces et des revenus de terres identiques !
Si l'on voulait parvenir à une égalité, il faudrait prendre en compte cette
réalité. Dans certains cas, effectivement, on est gagnant et, dans d'autres, on
l'est moins.
En l'espèce, s'il est souhaitable de réduire les écarts excessifs, il n'est
pas possible d'aboutir à une égalité totale. Tel est le sens de l'amendement n°
600. Il ressort de son premier alinéa qu'il y aura un gel des participations
communales, lesquelles seront simplement actualisées ; elles ne participeront
donc plus aux augmentations effectives très fortes qui se sont produites dans
un passé récent et qui pourraient subsister pour les raisons que les uns et les
autres ont évoquées.
M. le président.
Les amendements n°s 413 rectifié, 410 rectifié et 546 rectifié ne sont pas
soutenus.
La parole est à M. Mercier, rapporteur pour avis, pour présenter l'amendement
n° 223.
M. Michel Mercier,
rapporteur pour avis de la commission des finances, du contrôle budgétaire et
des comptes économiques de la nation.
Cet amendement a simplement pour
objet d'organiser le financement des services d'incendie et de secours à partir
de 2006.
Dans le texte qui nous vient de l'Assemblée nationale, la participation
communale a été supprimée, mais il n'est pas précisé si les communes
continueront ou non de payer.
M. Michel Charasse.
Il ne faut pas trop en demander à l'Assemblée nationale !
(Sourires.)
M. Michel Mercier,
rapporteur pour avis.
Il vous est proposé, par cet amendement, de prévoir
une évolution jusqu'en 2005. A la fin de 2005, la situation serait gelée et, à
partir de 2006, les communes ou leurs établissements publics continueraient de
participer au financement du service d'incendie et de secours par un
prélèvement sur la DGF, à l'égal de ce qui a été fait pour la suppression du
contingent communal d'aide sociale.
Je rappelle que, sur le plan technique, l'opération est tout à fait possible
puisque la réforme de la taxe professionnelle sera intervenue : une somme de
plus de 60 milliards de francs sera alors réintroduite dans la DGF.
M. le président.
La parole est à M. Lardeux, pour présenter l'amendement n° 337.
M. André Lardeux.
L'article 46 étant au coeur du problème, c'est peut-être par lui que nous
aurions dû commencer ; nous aurions alors pu éviter les discussions un peu plus
longues que nous avons eues précédemment.
J'ai cru comprendre que les communes ne participeraient plus du tout au
financement du service d'incendie et de secours, qui serait donc à la charge
totale du département. Cette mesure émanant d'une proposition de l'Etat, il est
donc demandé à l'Etat de compenser la charge transférée aux départements.
Tel est l'objet de cet amendement, dont l'application est, bien sûr, prévue à
compter du 1er janvier 2006, comme indiqué dans le projet de loi.
M. le président.
La parole est à M. Mercier, rapporteur pour avis, pour présenter l'amendement
n° 224 rectifié.
M. Michel Mercier,
rapporteur pour avis.
Cet amendement a pour objet d'introduire une
certaine souplesse dans les relations entre les communes et le département et,
en matière de cotisation communale, de laisser une grande liberté au conseil
d'administration du SDIS, au département et aux communes dans les relations
qu'ils ont établies entre eux au niveau de chaque département.
Le système mis en place tend à faire reposer sur le département
l'accroissement des charges. Nous avons vu, hier, que cela devrait permettre
aux départements qui ne l'ont pas encore fait de rattraper rapidement des
participations extrêmement importantes au financement du service et de laisser
un peu de liberté aux communes, leurs cotisations pouvant être rapprochées,
mais dans des proportions qui seront décidées dans chaque département. Ne rien
imposer me semble être la meilleure solution.
M. Jean-Pierre Schosteck.
Très bien !
M. le président.
La parole est à M. Vasselle, pour présenter l'amendement n° 349.
M. Alain Vasselle.
Compte tenu des amendements qui ont été présentés par la commission des lois,
il me paraît nécessaire de rectifier cet amendement. En effet, il n'a plus sa
place au 3° de l'article 46 ; il se rapporte plutôt au 1° de ce même article.
Je m'en expliquerai dans un instant.
Cet amendement n° 349 a pour objet de demander au conseil d'administration du
SDIS de tenir compte, dans le calcul de la contribution des collectivités aux
frais de fonctionnement du SDIS, « de la présence ou de l'absence d'un service
de sapeurs-pompiers dans la commune ou le groupement ».
Lors du débat qui s'est développé sur le sujet les jours précédents, nous
avons fait valoir que continueraient d'exister dans un certain nombre de
communes des corps de sapeurs-pompiers de première intervention qui ne seraient
pas pour autant intégrés dans le corps départemental, donc dans les services
départementaux d'incendie et de secours, et qui pèseraient, de ce fait, sur les
finances des petites communes.
Il me paraîtrait naturel que le SDIS, dans son calcul des contributions des
communes, tienne compte de l'effort financier que continueront de supporter ces
petites communes en raison de la présence d'un corps de sapeurs-pompiers de
première intervention, au regard de celles qui auront intégré ce corps, dont le
financement entrera alors dans les dépenses générales du SDIS, ou de celles qui
n'auront plus de sapeurs-pompiers.
C'est la raison pour laquelle cet amendement a plutôt sa place, je le répète,
au 1° de l'article 46, puisque le 3°, dans sa rédaction actuelle, que le Sénat
va sans doute adopter, fait référence aux dépenses engagées à compter du 1er
janvier 2006. Or, à compter du 1er janvier 2006, sera instauré un système de
répartition qui est bien calé en ce qui concerne l'ensemble des
collectivités.
Il me paraît donc opportun - je parle sous le contrôle de la commission des
lois, qui, dans son avis, pourra me faire savoir si j'ai tort ou raison - de
compléter le dernier alinéa du 1° par la phrase suivante - je supprime les mots
: « La modulation » - « et devront tenir compte de la présence ou de l'absence
d'un service de sapeurs-pompiers dans la commune ou le groupement. »
M. le président.
Je suis donc saisi d'un amendement n° 349 rectifié, présenté par M. Vasselle,
et ainsi libellé :
« Compléter
in fine
le texte proposé par le 1° de l'article 46 pour le
premier alinéa de l'article L. 1424-35 du code général des collectivités
territoriales par les mots : "et devront tenir compte de la présence ou de
l'absence d'un service de sapeurs-pompiers dans la commune ou le groupement".
»
Monsieur Vasselle, dans la mesure où cet amendement ne vise plus le 3° de
l'article 46, je suis obligé de le sortir de la discussion commune.
M. Michel Mercier,
rapporteur pour avis.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Mercier, rapporteur pour avis.
M. Michel Mercier,
rapporteur pour avis.
Tout le monde peut comprendre le souci qui anime M.
Vasselle, mais nous y avons répondu hier en précisant que, désormais, les
relations entre les communes qui conservent un corps communal et le SDIS sont
résolues dans une convention. C'est donc dans ce cadre que devra être prévu le
financement de la commune au SDIS et du SDIS au corps communal.
Je pense donc que vous avez satisfaction, mon cher collègue, et que vous
pouvez retirer votre amendement.
M. le président.
Monsieur Vasselle, l'amendement est-il maintenu ?
M. Alain Vasselle.
Non, je le retire, monsieur le président.
M. le président.
L'amendement n° 349 rectifié est retiré.
L'amendement n° 414 rectifié n'est pas soutenu.
La parole est à M. Lassourd, pour présenter l'amendement n° 254 rectifié
bis
.
M. Patrick Lassourd.
Le présent amendement est inspiré par l'alinéa du projet de loi qui prévoyait
de ramener dans une fourchette de un à trois la cotisation la plus haute et la
cotisation la plus basse, ramenées à l'habitant, concernant le SDIS.
Je me félicite d'avoir déposé cet amendement quand j'entends certains d'entre
nous souhaiter qu'il y ait une différenciation, sans que celle-ci puisse être
importante. Je pars du principe que l'on ne peut pas déconnecter la répartition
des charges dans les collectivités de la répartition qui est constatée dans les
recettes. On ne peut pas, comme dans votre projet de loi, monsieur le ministre,
prévoir un rapport de un à trois entre la cotisation la plus haute et la
cotisation la plus basse lorsque l'on sait que, quand on tient compte du
potentiel fiscal et des différentes dotations et allocations versées par
l'Etat, les différences de richesse, ramenées à l'habitant, vont de un à six ou
de un à sept.
Je propose donc tout simplement de compléter l'article L. 1424-35 du code
général des collectivités territoriales par un alinéa prévoyant que, lors du
renouvellement du conseil d'administration du SDIS, un débat sera organisé au
sein dudit conseil afin de comparer le niveau des cotisations tel qu'il est
constaté et celui qui pourrait résulter de l'observation des richesses
financières des collectivités, celles-ci étant définies comme le résultat des
produits fiscaux et des différentes dotations et allocations versées par
l'Etat.
M. Michel Mercier,
rapporteur pour avis.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Mercier, rapporteur pour avis.
M. Michel Mercier,
rapporteur pour avis.
La présentation de ces nombreux amendements sur le
financement des SDIS est intéressante, car la plupart d'entre eux convergent
vers une solution que l'on voit émerger.
C'est la raison pour laquelle, monsieur le président, je demande le vote par
priorité sur les amendements n°s 223 et 224 rectifié que j'ai présentés.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur cette demande de priorité ?
M. Daniel Hoeffel,
rapporteur.
Favorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant,
ministre de l'intérieur.
Favorable.
M. le président.
La priorité est ordonnée.
Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 223 ?
M. Daniel Hoeffel,
rapporteur.
Favorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant,
ministre de l'intérieur.
Avant de donner l'avis du Gouvernement, je
souhaite donner très brièvement une information à M. Sido, qui est intervenu
tout à l'heure sur l'amendement n° 306 rectifié.
C'est vrai, les présidents de conseil d'administration des SDIS, les CASDIS,
n'ont pas à commander aux conseils généraux. Je note tout de même que, depuis
les dernières élections de juin 2001, dix présidents de conseil général sont
également président de CASDIS, plus de quarante autres présidents de CASDIS
sont vice-président de conseil général et trente autres sont conseillers
généraux. Par conséquent, 80 % des présidents sont très liés à une assemblée
départementale.
J'en viens à l'amendement n° 223 de M. Mercier, qui est sous-tendu, au fond,
par la même logique que l'amendement de M. Peyronnet.
A première vue, cette disposition peut paraître séduisante. Toutefois, la
transposition au contingent incendie du mécanisme de suppression déjà adopté
pour les centres communaux d'action sociale peut être source de difficultés de
mise en oeuvre.
En effet, la situation actuelle se caractérise par une extrême hétérogénéité :
les écarts de contribution communale moyenne par habitant varie ainsi dans des
proportions très importantes d'un département à l'autre, allant de un à plus de
mille.
Par ailleurs, les pistes de réforme de la dotation forfaitaire des communes,
que proposera le Gouvernement dans le rapport sur la réforme des ressources
financières des collectivités territoriales, qui sera très prochainement déposé
au Parlement, devraient précisément conduire à une réduction, à la demande des
élus locaux et des parlementaires, des actuels écarts de dotation par
habitant.
Toutefois, j'ai indiqué, lors de la discussion générale, que j'étais ouvert à
des évolutions qui ne seraient pas incompatibles avec le dépôt d'un rapport au
Parlement en 2005, comme le permettent le texte initial et l'amendement n° 224
rectifié de la commission des finances.
La Haute Assemblée souhaite d'ores et déjà acter en 2002 des modalités de
transferts financiers entre collectivités locales. Cela ressort clairement
d'une volonté exprimée à travers les amendements n°s 226 et 601.
Dans ces conditions, je m'en remets à la sagesse positive de la Haute
Assemblée !
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur les autres amendements restant en
discussion, n°s 600, 337, 224 rectifié et 254 rectifié
bis
?
M. Daniel Hoeffel,
rapporteur.
Monsieur le président, je pensais que nous allions examiner
en priorité l'amendement n° 223 de la commission des finances, priorité à
laquelle la commission a donné un avis favorable. Cela aurait peut-être été de
nature à résoudre quelques problèmes à venir.
M. le président.
La priorité ne jouera qu'au moment du vote ; elle n'enlève rien à la
discussion commune.
Veuillez donc poursuivre, monsieur le rapporteur.
M. Daniel Hoeffel,
rapporteur.
La commission est défavorable à l'amendement n° 600, qui
n'est pas compatible avec les amendements n°s 223 et 224 rectifié de la
commission des finances, sur lesquels elle a émis un avis favorable.
La commission est également défavorable à l'amendement n° 337, pour les mêmes
raisons.
Quant à l'amendement n° 254 rectifié
bis
, qui est très intéressant, je
suis au regret de lui réserver le même sort qu'aux précédents. J'en suis
désolé, mais il y a une certaine logique à respecter.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant,
ministre de l'intérieur.
Sans reprendre mes explications sur le fond, je
constate que l'amendement n° 600 est, par certains aspects, compatible et, par
d'autres aspects, incompatible avec les amendements de la commission des
finances. Le Gouvernement s'en étant remis à la sagesse du Sénat sur les
amendements n°s 223 et 224 rectifié, j'attendrai le vote sur ces amendements
avant de donner la position du Gouvernement, qui sera alors simple à prendre,
sur l'amendement de M. Peyronnet. J'ai émis, en fait, un avis de sagesse
commune !
Le Gouvernement est défavorable à l'amendement n° 337. Il ne s'opposera
cependant pas à d'autres évolutions proposées par la commission des finances ou
par d'autres sénateurs.
Quant à l'amendement n° 254 rectifié
bis
, le Gouvernement émet le même
avis défavorable que la commission.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 223.
M. André Lardeux.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Lardeux.
M. André Lardeux.
Cet amendement est très important en ce qu'il conditionne finalement toute la
suite des positions que nous serons amenés à prendre.
J'ai bien noté l'avis défavorable de la commission et du Gouvernement sur
l'amendement n° 337 que j'ai défendu. On a parlé d'égalité de financement. Si
l'on veut l'égalité totale, il faut tout transférer au département et, à partir
de ce moment-là, les débats seront beaucoup plus simples !
Cela étant, je veux bien me rallier à l'amendement n° 223 de M. Mercier, sous
réserve de l'adoption du mécanisme de compensation prévu dans les amendements
n°s 226 et 601.
M. le président.
L'amendement n° 337 est retiré.
M. Eric Doligé.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Doligé.
M. Eric Doligé.
Dans toute la série d'amendements en discussion commune, j'avais trouvé que
celui de M. Peyronnet était simple, peut-être un peu long, mais au moins
explicite, tout comme, d'ailleurs, celui de M. Lardeux, que j'ai cosigné. Il
suffit de les lire, et l'on comprend parfaitement qu'elle est l'intention de
leurs auteurs.
Celui de M. Mercier est peut-être clair, mais le renvoi à l'article L.
2334-7-3 le rend, à mes yeux, moins explicite. J'aurais donc besoin de quelques
explications complémentaires pour bien comprendre ce qui est exactement
proposé.
Dans les grandes lignes, j'avais cru comprendre qu'il s'agissait, avant le 1er
juin 2006, de réduire les écarts de un à trois, ce qui suppose toujours une
participation financière des communes par la suite, faute de quoi il ne
servirait à rien de réduire les écarts, sauf à compliquer les choses et à poser
des problèmes supplémentaires aux collectivités.
J'ai cru comprendre également que, jusqu'en 2006, il ne faut pas que les
augmentations dépassent le taux de l'inflation pour les collectivités,
notamment ; cela veut dire, de façon sous-entendue, qu'elles continueront à
payer après, comme pour la CMU.
(M. Mercier, rapporteur pour avis,
acquiesce.)
A partir du 1er janvier 2006, les départements paieraient 100 %
avec, cependant, compensation par le biais de la CMU.
(M. Mercier,
rapporteur pour avis, acquiesce de nouveau.)
Mais je me tourne vers M. le ministre, qui a évoqué tout à l'heure le poids
des présidents de SDIS : pour moi, ce poids est très relatif.
Permettez-moi de rappeler, car c'est intéressant, comment était constituée la
commission Fleury.
Cette commission comprenait vingt membres, dont un représentant des
départements, qui, comme vous le savez, sont contributeurs, un représentant des
maires et des intercommunalités - donc deux contributeurs - et trois présidents
de SDIS, que l'on peut considérer, après la démonstration de M. le ministre,
éventuellement, comme étant également financeurs et non pas dépensiers. Cela
faisait donc cinq financeurs, auxquels s'ajouteraient cinq représentants de
l'administration... et dix représentants des personnels.
M. Michel Charasse.
Et voilà !
M. Eric Doligé.
Soit dix plus cinq contre cinq, étant précisé que, sur les cinq, il n'y avait
que deux financeurs à 100 %. C'est pourquoi j'aurais besoin d'explications.
Les négociations ont duré six mois à partir de la mise en place du dispositif
par M. Chevènement, à la fin de 1999, mais, en fait, on savait déjà au bout de
dix minutes ce qui allait se passer. Six mois de négociation, mais, en fait,
dix minutes pour répondre à la question posée : qui allait financer ?
On a procédé à un premier tour de table où l'on a entendu dire qu'il serait
bien et normal que l'Etat finance, dans la mesure où il était le responsable
des dépenses. Au cours d'un deuxième tour de table, tout le monde a admis que
ce serait normal, mais qu'à l'évidence il ne le ferait pas.
On s'est donc rabattu sur les compagnies d'assurances dans la mesure où les
interventions des pompiers et des sapeurs-pompiers diminuent le coût des
sinistres. A elles donc de financer !
A la faveur d'un nouveau tour de table, on a reconnu que ce serait difficile
et on a évoqué la possibilité de faire payer les sociétés d'autoroutes, la
sécurité sociale, j'en passe et des meilleures...
Finalement, après que l'on eut dressé le constat des problèmes suscités par
les différentes solutions envisagées, tout naturellement quinze mains se sont
levées pour adopter la solution que l'on pouvait envisager dès les dix
premières minutes : les départements allaient payer ! Mais ce résultat
n'était-il pas prévisible ? Quand on s'arrange pour qu'au sein d'une commission
il y ait une majorité de dépensiers qui font payer les autres, on est sûr que
la majorité fera payer les autres !
Il serait donc souhaitable que, par voie d'amendements, on puisse trouver un
équilibre acceptable pour tous, en faisant en sorte que les partenaires dont la
charge financière se trouve réduite - compagnies d'assurances, sociétés
d'autoroute et autres - puissent apporter leurs concours financiers aux
départements et aux communes, qui, en réalité, ont à assurer 100 % du
financement.
Mais j'attends les explications de M. Mercier.
M. le président.
Veuillez conclure, monsieur le sénateur.
M. Eric Doligé.
Précisément, monsieur le président, je n'en dis pas plus sur les cinq mois,
trente jours, vingt-cinq heures et cinquante minutes de travail de la
commission, puisque, dès les dix premières minutes, la conclusion était trouvée
!
(Sourires.)
M. Patrick Lassourd.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Lassourd.
M. Patrick Lassourd.
Le dispositif proposé par M. Mercier me gêne un peu, et je ne sais quelle
position adopter.
D'abord, je crois que c'est une solution de facilité : les maires qui
participeront aux conseils d'administration se sentiront, en définitive, très
éloignés des problèmes. Dans quelques années, ils auront complètement oublié
que leur contribution n'a pas disparu, mais qu'elle a été transformée en une
diminution de leur DGF. Sans compter qu'ils ne s'impliqueront plus autant
qu'aujourd'hui dans la gestion des SDIS.
Le dispositif correspond à une certaine cohérence, mais je ne suis pas certain
que l'on aille dans le bon sens.
Je suis par ailleurs surpris de l'avis de la commission des lois sur mon
amendement. En effet, rien n'empêcherait que, à partir de la promulgation de la
loi, il puisse y avoir, au sein des conseils d'administration des SDIS, un
débat sur l'écart existant entre les richesses financières afin que les
administrateurs sachent comment réduire, augmenter, bref, comment, de façon
générale, modifier les écarts constatés entre les cotisations les plus fortes
et les cotisations les plus faibles.
M. Michel Mercier,
rapporteur pour avis.
Je demander la parole.
M. le président.
La parole est à M. Mercier, rapporteur pour avis.
M. Michel Mercier,
rapporteur pour avis.
J'ai probablement été trop rapide en présentant mes
amendements et je prie le Sénat de m'en excuser. En fait, je croyais que l'on
avait déjà largement discuté de cette question, hier. Je vais donc essayer
d'être tout aussi bref, mais plus clair !
Tout d'abord, je voudrais dire à notre collègue M. Doligé que ce que je
propose, c'est exactement ce qui figure dans l'amendement qu'il a lui-même
présenté.
M. Jean-Jacques Hyest.
En effet !
M. Michel Mercier,
rapporteur pour avis.
Certes, notre rédaction est plus concise, mais, en
un seul renvoi à l'article L. 2334-7-3 du code général des collectivités
territoriales, nous économisons deux paragraphes !
Quel est le système qui vous est proposé ? Il faut bien distinguer deux
périodes : avant et après 2005.
S'agissant de la période comprise entre 2002 et 2005, le texte sur lequel nous
débattons précise, d'une part, que les cotisations des communes sont gelées,
hors l'évolution de la hausse des prix - c'est l'apport de l'Assemblée
nationale - et, d'autre part, que toutes les dépenses nouvelles, c'est-à-dire
celles qui sont causées, notamment, par les changements dans la réglementation,
incombent au département.
Ainsi, en 2005, la répartition des charges financières au titre des services
d'incendie et de secours sera différente de celle que l'on connaît aujourd'hui.
Compte tenu des dernières modifications réglementaires, on peut estimer que
l'accroissement prévisible des dépenses sera important en 2002, en 2003 et
peut-être aussi en 2004.
On voit donc bien que les départements prendront une part croissante dans le
financement des services d'incendie et de secours. Le système vaudra jusqu'en
2005.
Or, à l'intérieur de ce système, on nous dit que l'écart entre les cotisations
des communes devra être réduit de un à trois. Pour ma part, je propose de
supprimer cette obligation, parce que notre système est beaucoup trop
hétérogène. Ramener de un à trois les cotisations des communes en bloquant la
contribution globale des communes entraînerait des transferts extrêmement
importants,...
M. Jean-Jacques Hyest.
Exact !
M. Michel Mercier,
rapporteur pour avis.
... transferts que nous ne pourrions pas
justifier.
En revanche, qu'entre 2002 et 2005, les conseils d'administration puissent
faire varier les cotisations des communes en les rapprochant, pourquoi pas ?
M. Jean-Jacques Hyest.
Ce n'est pas interdit !
M. Michel Mercier,
rapporteur pour avis.
Ils pourraient le faire à l'issue d'un débat tel
que nous l'a suggéré notre collègue Patrick Lassourd, en fonction des critères
qui leur seront suggérés, et non pas imposés, car rien ne leur est imposé.
Chaque département a la liberté d'examiner la situation et peut essayer de
l'améliorer.
En 2005, un rapport sera établi qui permettra de donner une photographie de la
situation.
D'ici-là, il importe tout de même de bien prévoir les évolutions dans la loi,
car, en 2006, les départements devront continuer à financer les SDIS. Il ne
faudrait pas s'atteler tous les trois mois à une nouvelle loi sur les services
départementaux d'incendie et de secours,...
M. Jean-Jacques Hyest.
Tout à fait !
M. Michel Mercier,
rapporteur pour avis.
... ni à un nouveau décret, à une nouvelle
circulaire ou à, un arrêté de plus. Tous les records sont battus dans ce
domaine !
Pour éviter d'avoir à élaborer un nouveau texte, la commission des finances
propose qu'au 1er janvier 2006 la contribution des communes au financement des
services départementaux d'incendie et de secours soit gelée et s'opère via un
prélèvement sur la dotation globale de fonctionnement, comme on l'a fait pour
le contingent communal d'aide sociale.
M. Philippe Richert.
Oui !
M. Michel Mercier,
rapporteur pour avis.
Telle était la proposition de nos deux collègues et
tel est l'objet de l'amendement que je présente, au nom de la commission des
finances. Je crois que c'est un dispositif cohérent...
M. Philippe Richert.
Et équilibré !
M. Michel Mercier,
rapporteur pour avis.
... qui permettra de résoudre nos problèmes.
J'avoue que mes explications ont été trop succinctes tout à l'heure. J'espère
que le Sénat pourra maintenant se prononcer en toute connaissance de cause.
M. Daniel Hoeffel,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Daniel Hoeffel,
rapporteur.
Je souhaite apporter une précision à M. Lassourd.
La commission estimait à l'origine que chaque SDIS pouvait retenir ses propres
critères sans se voir imposer une norme générale. Cela étant, après avoir
entendu M. Lassourd, je m'en remets, sur son amendement, à la sagesse de notre
assemblée. Cette position n'est d'ailleurs pas incompatible avec les propos que
vient de tenir le rapporteur pour avis, M. Mercier.
M. Patrick Lassourd.
Tout à fait !
M. Daniel Hoeffel,
rapporteur.
Il y a des circonstances dans lesquelles rester figé n'est
pas forcément la solution la plus appropriée.
M. Patrick Lassourd.
Je vous en remercie.
M. Philippe Richert.
Très bien !
M. Jean-Jacques Hyest.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Hyest.
M. Jean-Jacques Hyest.
Je remercie le rapporteur pour avis de la commission des finances. Il nous a
apporté des précisions qui rejoignent les propositions de M. Doligé, même si
elles sont formulées différemment.
M. Michel Mercier,
rapporteur pour avis.
C'est la même chose !
M. Jean-Jacques Hyest.
Je suis tout à fait d'accord sur la nécessité de prévoir à partir de 2006 un
financement exclusivement départemental, comprenant des compensations. C'est
vrai, monsieur Lassourd, qu'il y a un problème de choix ; et vous avez exprimé
une certaine inquiétude à ce sujet.
Ce qui me gêne un peu dans le texte qui nous vient de l'Assemblée nationale,
mais c'est aussi ce qui est proposé par la commission des finances du Sénat,
c'est que les départements qui ont fait le plus d'efforts ne sont pas
récompensés. Le gel simple, inflation comprise, de la contribution des communes
revient à augmenter les cotisations communales dans la même proportion que la
contribution du département. A procéder ainsi, sachant que, pour certains le
financement est déjà très proche de 100 %, il n'y aura plus de transfert de
dotation globale de fonctionnement. Cette méthode n'encourage pas ceux qui ont
fait l'effort de la départementalisation depuis très longtemps en allégeant les
charges des communes.
La part étant faible, l'augmentation du pourcentage sera également faible. Je
rappelle tout de même que nous avions fixé comme règle dans notre département
de ne pas demander plus aux communes qu'aux départements, en pourcentage de
recettes de fonctionnement. Une modulation était prévue pour les communes qui
possédaient un centre de première intervention. Nous avons même commencé à
étudier une modulation en fonction de la richesse des communes ou des
intercommunalités, comme vous le proposez. Le problème devient alors beaucoup
plus complexe !
Par conséquent, je me résoudrai à voter les amendements de la commission des
finances, en regrettant cependant qu'il soit question de montants fixes plutôt
que de pourcentages. Je sais bien que la disparité entre les départements est
si grande qu'il est impossible de considérer des systèmes particuliers.
Reconnaissez tout de même que ce dispositif n'encourage pas les départements
qui ont accompli le plus gros effort financier, notamment le Val-d'Oise,
l'Essonne ou la Seine-et-Marne. La liste de ceux qui contribuent au-delà de 75
%, voire de 80 %, montre que les plus grands bénéficiaires sont les
départements qui n'ont apporté aucune contribution jusqu'à présent. Cela me
paraît un peu regrettable au regard de l'esprit de la future
départementalisation.
M. Jean-Claude Peyronnet.
On leur donnera la médaille des sapeurs-pompiers !
M. Alain Vasselle.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle.
Il convient de remercier le rapporteur pour avis, M. Mercier, de nous avoir
apporté cet éclairage ; car le moins que l'on puisse dire, c'est que son
amendement est laconique ! Sa rédaction ne nous permet pas de bien comprendre
le dispositif qui va s'imposer à l'ensemble de nos collectivités.
Je retiens de l'intervention de M. Mercier que le contenu de son amendement se
retrouve de manière un peu plus détaillée dans l'amendement de M.
Lardeux,...
M. Patrick Lassourd.
Il est plus clair !
M. Alain Vasselle.
... à la nuance près que M. Lardeux fait référence à la situation des
départements qui financent la totalité des dépenses des SDIS.
M. Jean-Jacques Hyest.
Il n'y en a aucun !
M. Alain Vasselle.
Or, à mon avis, peu de départements français en assument l'intégralité.
Certains départements avoisinent peut-être 90 % ou 92 %, mais aucun n'atteint
l'intégralité.
Et si votre amendement reprend
in extenso
l'amendement de M. Lardeux,
sous une présentation différente, quelles dispositions seront prévues pour les
départements qui n'assument pas l'intégralité des dépenses et comment sera
calculée la compensation de DGF que devront transférer les communes au profit
des départements à due concurence de ces dépenses ?
Je poserai une dernière question : dans son amendement, M. Lardeux fait
référence à la compensation des dépenses qui auront été constatées au 1er
janvier 2002. Cela signifie-t-il que c'est le compte administratif de l'année
2001 qui servira de base au calcul de la compensation de DGF au profit des
départements supportant les frais de fonctionnement du SDIS ? Si tel est bien
le mode de calcul envisagé, je voterai l'amendement du rapporteur pour avis de
la commission des finances.
Je pense qu'il est nécessaire d'apporter toutes ces précisions pour supprimer
des ambiguïtés éventuelles et dissiper des malentendus. Il ne faudrait pas qu'à
l'issue de ce débat nous rentrions chez nous l'esprit tranquille pour
découvrir, lors de la mise en oeuvre du texte, une situation tout à fait
différente de celle que nous avons comprise ce soir.
Dont acte si c'est bien cela !
M. Michel Mercier,
rapporteur pour avis.
C'est bien cela !
M. Yves Fréville.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Fréville.
M. Yves Fréville.
Je m'exprimerai, monsieur le président, sur l'ensemble des amendements déposés
sur cet article 46 et je me livrerai, moi aussi, à un petit exercice de
commentaire de texte.
Si j'ai bien compris...
M. Michel Mercier,
rapporteur pour avis.
Certainement, monsieur le professeur !
M. Yves Fréville.
J'en doute, et c'est bien pour cela que je vous fais part de mon
interprétation.
Avant 2006, la première mesure vise le gel en masse de la participation des
communes,...
M. Patrick Lassourd.
En masse !
M. Yves Fréville.
... ce qui permet aux SDIS d'opérer les corrections qui s'imposent.
La deuxième mesure supprime la fourchette de un à trois.
MM. Jean-Jacques Hyest et Philippe Richert.
C'est exact !
M. Yves Fréville.
Cela me paraît tout à fait souhaitable, car ce sont généralement les communes
les plus grandes qui ont la contribution financière la plus forte, les communes
les plus pauvres participant le moins.
M. Jean-Jacques Hyest.
Oui !
M. Yves Fréville.
Si vous voulez réduire l'écart de contribution entre les communes de un à
trois, tout en conservant la masse, il en résulte une augmentation de la
participation pour les petites communes.
M. Patrick Lassourd.
Tout à fait !
M. Yves Fréville.
Là encore, c'est une très bonne mesure proposée par la commission des
finances.
La troisième mesure, que je n'ai peut-être pas comprise, monsieur le
rapporteur pour avis, concerne l'indexation de la masse.
M. Michel Mercier,
rapporteur pour avis.
Oui, sur les prix.
M. Yves Fréville.
C'est donc la solution qui est proposée avant 2006.
Après 2006, il s'agit tout simplement de supprimer des participations
communales, avec le mécanisme de reprise sur la DGF. Si j'ai bien compris, je
voterai cet ensemble de propositions.
(M. Michel Mercier, rapporteur pour
avis, opine.)
M. Philippe Richert.
Excellent !
M. Bruno Sido.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Sido.
M. Bruno Sido.
Je veux préciser, tout de même, que la répartition entre les communes et le
département a fait l'objet de discussions sérieuses, parfois byzantines, et que
finalement la répartition que nous trouvons aujourd'hui est le fruit d'un
compromis qui a mûri et s'est affiné au fil des ans.
M. Patrick Lassourd.
C'est de l'empirisme !
M. Bruno Sido.
C'est de l'empirisme, tout à fait !
M. Michel Mercier,
rapporteur pour avis.
De proximité !
M. Bruno Sido.
Sans revenir sur ce que j'ai dit moultes fois au cours de cette discussion qui
n'en finit pas, je répète qu'il aurait été opportun de trancher aujourd'hui. En
effet, ces discussions entre SDIS et communes avaient finalement abouti à
quelque chose de significatif.
M. Philippe Richert.
Et on tranche !
M. Bruno Sido.
Non, on n'a rien tranché du tout !
Comment expliquer à une commune limitrophe qui est desservie - pardonnez-moi
ce mot - par un département voisin que c'est le département siège de la commune
qui prélève l'impôt ? Ces choses-là sont toujours difficiles. Mieux vaut
trancher.
Que nous propose-t-on aujourd'hui ? On nous propose - pardonnez-moi cette
expression italienne - de laisser du temps aux
combinazione
- pour -
autre expression, anglaise cette fois - finalement réaliser un
soft landing
jusqu'en 2006.
M. Yves Fréville.
Bravo la francophonie !
M. Michel Charasse.
C'est désespérant !
M. Bruno Sido.
Cela permettra à tout le monde de travailler, d'avoir d'autres discussion
byzantines pendant trois ou quatre ans. Et on arrivera certainement à quelque
chose qui ne sera pas tout à fait différent de ce que nous connaissons
aujourd'hui.
Cela étant, je remercie M. le rapporteur pour avis de la commission des
finances de ses explications. Elles étaient pour le moins nécessaires. En
effet, l'amendement était tellement merveilleux, il avait été rédigé par de si
grands spécialistes, qu'il en était devenu abscons. L'explication de texte
ayant été faite, je voterai, bien entendu, l'amendement n° 223.
Je tiens à vous faire remarquer, monsieur le rapporteur pour avis, vous qui
êtes un fin financier, que l'accroissement des dépenses hors inflation sera à
la charge des départements et sera décidé par les SDIS.
M. Jean-Jacques Hyest.
Le conseil général sera majoritaire !
M. Bruno Sido.
C'est cela que je récuse depuis le début. Je voterai l'amendement, mais je ne
trouve pas normal de faire supporter aux départements des charges qu'ils n'ont
pas décidées.
M. Philippe Richert.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Richert.
M. Philippe Richert.
Je me félicite du texte qui nous est présenté par M. le rapporteur pour avis
de la commission des finances. C'est un texte équilibré. Pour la première
période allant jusqu'en 2005, il tient compte du poids grandissant du
département, puis du rôle majeur qu'il va jouer jusqu'à cette date pour
assumer, à partir de 2006, la responsabilité totale de ce qui va se passer.
C'est une évolution qu'il faut noter, sans négliger toutefois la souplesse
nécessaire pour permettre à chaque SDIS de régler la situation. En effet, nous
l'avons souvent répété, la situation est très changeante d'un département à
l'autre.
Ainsi, le département du Bas-Rhin compte 10 000 sapeurs-pompiers volontaires.
La situation est évidemment tout à fait différente de celle que nous pouvons
rencontrer dans un certain nombre d'autres départements. Il faut donc pouvoir
gérer avec la souplesse qu'offre le texte tel qu'il nous est présenté, qui
prévoit d'ores et déjà pour 2006 une orientation afin d'éviter de nouvelles
ruptures.
C'est la raison pour laquelle je voterai cet amendement, avec le sentiment que
nous ne reculons pas une nouvelle fois et que nous avons déterminé qui allait
gouverner, l'Etat ou le conseil général. Telle est la question que nous nous
posions hier après-midi. Nous avons opté pour le conseil général et nous
prenons les dispositions qui doivent en découler.
(Applaudissements sur les
travées de l'Union centriste.)
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 223, accepté par la commission et pour lequel
le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'amendement n° 600 n'a plus d'objet.
Je mets aux voix l'amendement n° 224 rectifié, accepté par la commission et
pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 254 rectifié
bis.
M. Patrick Lassourd.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Lassourd.
M. Patrick Lassourd.
Je remercie MM. Hoeffel et Mercier d'avoir adopté une attitude d'ouverture sur
cet amendement.
En outre, je voudrais préciser, afin d'essayer de convaincre mes collègues de
le voter, que le débat que je souhaite, c'est, plus ou moins, le débat
d'orientation budgétaire qui est organisé dans toutes les collectivités
regroupant plus de 3 500 habitants.
M. Charles Revet.
Et qui est obligatoire !
M. Patrick Lassourd.
Absolument ! Cela revient exactement au même ! Ce débat permettra d'examiner
les potentiels financiers des communes.
Je vous rappelle, mes chers collègues, que le poids des suffrages qui sont
portés, au conseil d'administration, par les représentants des collectivités
est proportionnel aux contributions de celles-ci, ce qui signifie que, très
probablement, ce sont les communes les plus importantes qui joueront le premier
rôle, tandis que les représentants des petites communes n'auront guère voix au
chapitre. C'est pour cela que le débat me semble absolument nécessaire. Mais ce
n'est qu'un débat !
M. Alain Vasselle.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle.
Les conditions dans lesquelles va se décider, d'ici au 1er janvier 2006, la
répartition des contributions entre les différentes collectivités représentées
au sein du conseil d'administration du SDIS sont telles que l'on risque de ne
pas aboutir au résultat que peuvent espérer les membres de cette assemblée qui
défendent les petites communes, notamment celles qui maintiendront des corps de
sapeurs-pompiers de première intervention.
En effet, à ma connaissance, les structures intercommunales et les communes
les plus importantes, dans lesquelles se trouvent souvent les centres de
secours secondaires, supportent aujourd'hui l'essentiel des dépenses liées au
SDIS : M. Doligé y a fait allusion tout à l'heure.
Or, comme leurs représentants sont majoritaires au sein du conseil
d'administration du SDIS, je crains que, au terme d'un débat d'orientation que
j'appelle de mes voeux - l'initiative de M. Lassourd est, de ce point de vue,
intéressante - ceux-ci n'imposent leurs vues aux délégués des petites communes.
Ainsi, dans mon département, toutes les augmentations qui ont été décidées
l'ont été aux dépens des petites communes, et elles ont pu atteindre jusqu'à
900 % d'un exercice budgétaire à l'autre !
M. Jean-Jacques Hyest.
Ce n'est pas possible !
M. Alain Vasselle.
Cela a d'ailleurs provoqué une véritable levée de boucliers, et c'est
l'association départementale des maires, que je préside, qui a réussi, tant
bien que mal, à réunir autour d'une table nos propres représentants au sein du
conseil d'administration du SDIS, qui s'enfermaient dans des discussions
internes et refusaient le dialogue avec les maires du département. Je suis
parvenu finalement à les amener à essayer de définir des modalités d'évolution
plus constructives et mieux équilibrées.
M. Jean-Claude Peyronnet.
Vous l'avez déjà dit !
M. Alain Vasselle.
J'ignore quelle sera l'issue de ces débats et quelle sera, à l'avenir, la
répartition du financement des dépenses du SDIS entre les collectivités, mais
je ne voudrais pas que les petites communes fassent les frais de
l'opération.
A cet égard, monsieur Mercier, vous m'avez fait savoir tout à l'heure que mon
amendement n° 349 rectifié était satisfait et que, s'agissant des communes qui
possèdent un CPI, la question pourra se régler par la voie conventionnelle.
M. Michel Mercier,
rapporteur pour avis.
Oui !
M. Alain Vasselle.
C'est très bien, mais si une commune refuse de signer une convention avec le
SDIS, comment sa contribution sera-t-elle calculée ? Le montant de celle-ci
restera-t-il fixé au niveau constaté au moment de la discussion de la
convention, ou imposera-t-on à la commune concernée une contribution qui
l'obligera à signer une convention dans des conditions qui ne seront pas
satisfaisantes pour elle ? Le rapport de force entre le SDIS, d'une part, et la
petite commune, d'autre part, sera tel que cette dernière ne pourra que céder :
c'est là un des effets pervers que risquent d'engendrer les dispositions que
nous venons d'adopter.
C'est la raison pour laquelle le débat que propose d'instaurer M. Lassourd est
intéressant. En effet, il devrait permettre de poser les problèmes.
M. Patrick Lassourd.
Voilà !
M. Alain Vasselle.
Je suis donc disposé à voter l'amendement n° 254 rectifié
bis,
sans
être persuadé pour autant que nous trouverons une sortie honorable pour tout le
monde.
M. Michel Mercier,
rapporteur pour avis.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Mercier, rapporteur pour avis.
M. Michel Mercier,
rapporteur pour avis.
Je crois que M. Vasselle doit revoir son analyse à
la lumière de ce qui a été décidé hier.
M. Jean-Jacques Hyest.
Et aujourd'hui !
M. Michel Mercier,
rapporteur pour avis.
Désormais, le conseil d'administration du SDIS
compte une majorité de conseillers généraux. Or, dans le paysage administratif
français, le couple département-commune est depuis toujours uni par un lien
indéfectible.
M. Jean-Jacques Hyest.
Bien sûr !
M. Michel Mercier,
rapporteur pour avis.
Que l'on me dise quel conseil général se
comporterait, vis-à-vis des communes, de la façon que M. Vasselle vient de
décrire.
M. Jean-Jacques Hyest.
Ce n'est pas possible !
M. Michel Mercier,
rapporteur pour avis.
De telles pratiques n'existent pas dans notre pays
! Les conseils généraux sont les meilleurs protecteurs des communes,...
M. Jean-Jacques Hyest.
Très bien ! C'est vrai !
M. Michel Mercier,
rapporteur pour avis.
... et puisqu'ils disposeront de la majorité au
sein du conseil d'administration du SDIS, le risque évoqué par notre collègue
se trouve écarté.
(Applaudissements sur les travées de l'Union
centriste.)
M. Jean-Jacques Hyest.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Hyest.
M. Jean-Jacques Hyest.
La proposition de M. Lassourd me semble intéressante. Cependant, il n'est pas
tenu compte de la dotation du fonds départemental de la taxe
professionnelle.
M. Patrick Lassourd.
Si ! Et le potentiel fiscal ?
M. Jean-Jacques Hyest.
Non, il n'en est pas tenu compte.
En fait, dans un certain nombre de départements qui comptent de grands
établissements, les montants redistribués aux communes rurales au titre du
fonds départemental de la taxe professionnelle sont considérables. J'estime
donc qu'il convient de prendre cet élément en considération. Prévoyez-vous,
monsieur Lassourd, de figer complètement, dans l'optique du débat d'orientation
que vous proposez d'instaurer, le potentiel fiscal, la répartition des
dotations, etc. ?
M. Patrick Lassourd.
Non, ce n'est pas figé !
M. Jean-Jacques Hyest.
S'il en est ainsi, je ne voterai pas l'amendement.
En revanche, s'il est possible de prendre en compte d'autres critères fiscaux,
je suis d'accord. Le plus simple serait, pour éviter les discussions, que l'on
crée une taxe par habitant, qui existe d'ailleurs déjà dans un certain nombre
de départements. Cela permettrait de prévenir toute contestation, d'autant que,
parallèlement, on « gèle » globalement les cotisations des communes. Il est
évident que si l'on modifie, en fonction d'un certain nombre de nouveaux
critères, la répartition des dotations, cela entraînera une évolution sensible
des participations dans certains cas. Mais pourquoi pas ? Il s'agit d'un débat,
et je crois que l'on aurait d'ailleurs pu se dispenser d'inscrire cela dans le
texte.
M. Michel Charasse.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Charasse.
M. Michel Charasse.
Je souhaiterais poser une question à M. Lassourd : que se passe-t-il lorsque
le département répartit déjà ses contributions en fonction du potentiel fiscal,
comme c'est le cas dans le mien ? On ne peut alors débattre sur rien !
Ce qui me gêne, monsieur Lassourd, dans votre amendement, c'est le caractère
obligatoire du débat. En effet, il risque d'être superflu lorsque le potentiel
fiscal a déjà été retenu comme critère de répartition des contributions : c'est
le cas dans plusieurs départements.
M. Patrick Lassourd.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Lassourd.
M. Patrick Lassourd.
Dans l'hypothèse décrite par M. Charasse, le débat n'a effectivement plus
d'objet, mais cela ne correspond pas à la situation de tous les
départements.
Au long de l'examen de ce projet de loi, nous avons vu clairement, en
définitive, quels orateurs s'exprimaient en tant que maires d'une grande ville
et quels orateurs défendaient les intérêts des petites communes. Or, étant
donné que, au sein du conseil d'administration du SDIS, les suffrages seront
pondérés en fonction de l'importance des contributions, il est évident que ces
dernières n'auront guère voix au chapitre.
Toutefois, il me paraît intéressant de montrer - il ne s'agit que de cela -
quels sont les écarts de richesse financière à l'habitant entre les communes du
département. Ensuite, le conseil d'administration du SDIS est libre d'agir
comme il l'entend pour moduler ou non ces écarts. Mais, au moins, tous les
maires connaîtront la largeur de la fourchette.
M. Charles Revet.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Revet.
M. Charles Revet.
Le débat d'orientation existe déjà : il est même obligatoire.
M. Jean-Jacques Hyest.
Oui !
M. Charles Revet.
En outre, le critère du potentiel fiscal élargi est déjà appliqué pour la
répartition des subventions aux communes.
Par ailleurs, je crois que M. Vasselle n'a pas trop d'inquiétudes à avoir. Si
je prends l'exemple de la Seine-Maritime, le montant de la contribution, pour
les communes de moins de 500 habitants, a été plafonné à 80 francs par
habitant. Le différentiel, qui était de un à dix, est en voie d'être ramené de
un à trois.
Les conseillers généraux représentent d'ailleurs aussi des communes, et s'ils
ne tenaient pas compte de la situation des petites communes, ils se feraient
rapidement, passez-moi l'expression, « remonter les bretelles » !
M. Jean-Jacques Hyest.
Eh oui !
M. Michel Charasse.
Ce n'est jamais la faute du conseil général !
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 254 rectifié
bis,
repoussé par le
Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Je suis maintenant saisi de trois amendements qui peuvent faire l'objet d'une
discussion commune.
L'amendement n° 115, présenté par M. Hoeffel, au nom de la commission des
lois, est ainsi libellé :
« Supprimer le 4° de l'article 46. »
L'amendement n° 684, présenté par M. Charasse, est ainsi libellé :
« Rédiger comme suit le 4° de l'article 46 :
«
4°
Il est complété par les dispositions suivantes :
« A compter du 1er janvier 2006, les conseils d'administration des services
d'incendie et de secours ne sont plus autorisés à percevoir des contributions
auprès des collectivités territoriales et de leurs groupements, ni à titre
obligatoire ni à titre facultatif.
« Les contributions des collectivités territoriales et de leurs groupements
sont remplacées, à partir de la même date, par le produit de la taxe foncière
sur les propriétés bâties, de la taxe foncière sur les propriétés non bâties,
de la taxe d'habitation et de la taxe professionnelle revenant au service
départemental d'incendie et de secours. Le taux de ces quatre taxes est fixé,
sur les bases départementales afférentes à chacune d'entre elles, par le
conseil d'administration dans les mêmes conditions que le conseil général pour
ce qui concerne les quatre taxes directes locales perçues au profit du
département.
« Le montant des bases d'imposition est notifié par les services fiscaux dans
les mêmes conditions et aux mêmes dates qu'en ce qui concerne le
département.
« Le produit des impositions directes locales perçues au profit du service
départemental d'incendie et de secours est versé par l'Etat dans les mêmes
conditions qu'au département à partir du 1er janvier 2006. Pour l'année 2006,
les avances mensuelles consenties par l'Etat au titre des impositions locales
directes revenant au service départemental d'incendie et de secours sont
calculées, jusqu'à la régularisation tenant compte des taux votés par le
conseil d'administration, par référence au produit des contributions versées
par les collectivités territoriales et leurs groupements en 2005.
« Les règles d'imposition applicables aux quatre taxes directes perçues au
profit du département, ainsi que leurs règles de recouvrement, sont applicables
aux taxes directes locales perçues par le service d'incendie et de secours.
»
L'amendement n° 225, présenté par M. Mercier, au nom de la commission des
finances, est ainsi libellé :
« Rédiger comme suit le texte proposé par le 4° de l'article 46 pour compléter
l'article L. 1424-35 du code général des collectivités territoriales :
« A compter du 1er janvier 2002, une communication élaborée sous la
responsabilité du conseil d'administration du service départemental d'incendie
et de secours est jointe à l'avis d'imposition à la taxe d'habitation perçue
dans le département. Elle mentionne notamment le montant des contributions du
département, des communes et des établissements publics de coopération
intercommunale pour l'année en cours et l'année précédente, exprimé de manière
globale, ainsi que rapporté au nombre d'habitants du département. »
La parole est à M. le rapporteur, pour présenter l'amendement n° 115.
M. Daniel Hoeffel,
rapporteur.
Cet amendement vise à supprimer l'obligation d'informer les
contribuables sur le coût du SDIS.
En effet, la mesure présentée ne permet pas l'information des personnes
exonérées de la taxe d'habitation.
M. Michel Charasse.
Eh oui !
M. Daniel Hoeffel,
rapporteur.
En outre, le coût de la sécurité ne se limite pas aux
dépenses liées au SDIS. Il faudrait y ajouter le financement des centres de
première intervention non intégrés et les dépenses engagées par l'Etat.
Enfin, une information synthétique sur l'utilisation des impôts ne saurait se
limiter au coût de la sécurité civile.
M. le président.
La parole est à M. Charasse, pour présenter l'amendement n° 684.
M. Michel Charasse.
Permettez-moi tout d'abord de le rectifier, monsieur le président, en
prévoyant d'insérer, après le 4° de l'article 46, un 4°
bis
ainsi rédigé
: « A compter du 1er janvier 2006,...
(Le reste sans changement.) »
M. le président.
Il s'agit donc de l'amendement n° 684 rectifié.
Permettez-moi de vous faire remarquer, monsieur Charasse, que cet amendement
ainsi rectifié ne peut plus faire l'objet d'une discussion commune avec les
amendements n°s 115 et 225. Je l'appellerai donc après le vote sur ces deux
derniers amendements.
M. Michel Charasse.
Je reviendrai donc en deuxième semaine !
(Sourires.)
M. le président.
La parole est à M. Mercier, rapporteur pour avis, pour défendre l'amendement
n° 225.
M. Michel Mercier,
rapporteur pour avis.
Il s'agit d'un amendement de repli, qui trouvera
son utilité si l'amendement n° 115 est rejeté. Dans le cas contraire, il n'aura
plus d'objet.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 115 ?
M. Daniel Vaillant,
ministre de l'intérieur.
Favorable.
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 115, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'amendement n° 225 n'a plus d'objet.
Nous en revenons à l'amendement n° 684 rectifié, présenté par M. Charasse, et
qui est ainsi libellé :
« Après le 4° de l'article 46, insérer les dispositions suivantes :
«
4°
bis. - A compter du 1er janvier 2006, les conseils
d'administration des services d'incendie et de secours ne sont plus autorisés à
percevoir des contributions auprès des collectivités territoriales et de leurs
groupements, ni à titre obligatoire, ni à titre facultatif.
« Les contributions des collectivités territoriales et de leurs groupements
sont remplacées, à partir de la même date, par le produit de la taxe foncière
sur les propriétés bâties, de la taxe foncière sur les propriétés non bâties,
de la taxe d'habitation et de la taxe professionnelle revenant au service
départemental d'incendie et de secours. Le taux de ces quatres taxes est fixé,
sur les bases départementales afférentes à chacune d'entre elles, par le
conseil d'administration dans les mêmes conditions que le conseil général pour
ce qui concerne les quatre taxes directes locales perçues au profit du
département.
« Le montant des bases d'imposition est notifié par les services fiscaux dans
les mêmes conditions et aux mêmes dates qu'en ce qui concerne le
département.
« Le produit des impositions directes locales perçues au profit du service
départemental d'incendie et de secours est versé par l'Etat dans les mêmes
conditions qu'au département à partir du 1er janvier 2006. Pour l'année 2006,
les avances mensuelles consenties par l'Etat au titre des impositions locales
directes revenant au service départemental d'incendie et de secours sont
calculées, jusqu'à la régularisation tenant compte des taux votés par le
conseil d'administration, par référence au produit des contributions versées
par les collectivités territoriales et leurs groupements en 2005.
« Les règles d'imposition applicables aux quatre taxes directes perçues au
profit du département, ainsi que leurs règles de recouvrement, sont applicables
aux taxes directes locales perçues par le service d'incendie et de secours.
»
La parole est à M. Charasse.
M. Michel Charasse.
Bien que cet amendement comporte cinq paragraphes, il est très simple.
Je dois dire que je suis très sensible au souci, qui a été celui de plusieurs
de nos collègues, et même de l'Assemblée nationale, d'essayer de faire
apparaître d'une manière ou d'une autre, pour le contribuable, le coût exact du
service. Mais, comme l'a dit très justement M. Hoeffel tout à l'heure, ce coût
ne comprend pas que les dépenses liées au SDIS, puisqu'il y a aussi les CPI,
qui sont tout de même financés par les contribuables locaux, ainsi que les
contributions de l'Etat.
En tout cas, je crois que ce qui est important, c'est que le contribuable
sache exactement ce que coûte le SDIS, car je considère que toute l'opération
qui a été conduite depuis l'origine, depuis le dépôt du rapport Fleury, est une
opération de camouflage. Puisque les communes rouspètent et crient très fort -
elles sont 36 000 en France - que le service leur coûte trop cher, on supprime
progressivement leur contribution et ensuite on met en place un système de
by-pass
, comme en plomberie, avec la DGF. Comme cela, plus personne ne
saura exactement ce que cela coûte !
Quant aux conseillers généraux, mes chers collègues, permettez au conseiller
général que je suis depuis un certain nombre d'années de vous dire ceci : sur
ce genre de choses, quand j'interroge certains collègues conseillers généraux,
ils me répondent qu'ils n'étaient pas là, que ce n'était pas le jour, qu'ils
n'ont pas voté la disposition, qu'ils ne se rappellent pas...
(M. Doligé
proteste.)
Mes chers collègues, dans mon département, un immeuble de 15 milliards de
centimes a été construit pour loger le conseil général. Il n'y avait pas un
conseiller général en séance au moment du vote de cette décision : ils étaient
tous aux toilettes ou dans les couloirs ! Il y a bien pourtant quelqu'un qui
l'a votée ! « Je n'y étais pas, et je ne l'ai pas votée », disaient-ils tous
!
(Sourires.)
M. Eric Doligé.
Ce n'était pas chez nous !
M. Michel Charasse.
Par conséquent, je propose que, en 2006, le SDIS vote l'impôt direct local
comme les communes et les départements, et que les contribuables reçoivent une
feuille d'impôt propre au service départemental d'incendie et de secours, avec
les montants respectifs de taxe foncière sur les propriétés bâties, de taxe
foncière sur les propriétés non bâties, de taxe d'habitation et de taxe
professionnelle. Ainsi, les choses seront claires, et tout le monde saura
exactement ce que coûte le SDIS, étant entendu que mon amendement prévoit que
l'impôt local est la seule contribution autorisée pour les SDIS.
Mon amendement prévoit que cette disposition s'appliquera à compter du 1er
janvier 2006 ; nous avons donc largement le temps de nous y préparer.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Daniel Hoeffel,
rapporteur.
J'émettrai un double avis.
Tout d'abord, le changement proposé est plutôt profond ;...
M. Jean-Jacques Hyest.
Radical !
M. Daniel Hoeffel,
rapporteur.
... il consiste, par le recours direct aux quatre taxes
locales, à assurer la fiscalisation du budget des SDIS, parallèlement au
département lui-même.
Je ne suis pas sûr que nous soyons actuellement mûrs pour franchir ce
pas...
M. Michel Charasse.
En 2006 !
M. Daniel Hoeffel,
rapporteur.
Même en 2006 !
M. Michel Charasse.
Si nous ne sommes pas mûrs en 2006...
M. Daniel Hoeffel,
rapporteur.
J'émets donc de sérieuses réserves quant au fond.
Par ailleurs, notre collègue Michel Mercier a déposé, au nom de la commission
des finances, un amendement n° 233 tendant à insérer un article additionnel
après l'article 47
ter
, qui posera la question de l'éventuelle
intégration du service d'incendie et de secours dans le département. J'ai le
souvenir des demandes vigoureuses formulées hier soir en faveur d'un maximum de
clarté et de simplification sur ce plan.
Cet amendement trouverait donc, à mon avis, mieux sa place parmi les
amendements tendant à insérer des articles additionnels après l'article 47
ter
.
M. le président.
Que pensez-vous de la suggestion de M. le rapporteur, monsieur Charasse ?
M. Michel Charasse.
Je suis tout à fait d'accord avec la proposition de M. le rapporteur, et je
rectifie donc à nouveau mon amendement afin qu'il vise à insérer un article
additionnel après l'article 47
ter
.
M. le président.
Il s'agit donc de l'amendement n° 684 rectifié
bis
, qui tend à insérer
un article additionnel après l'article 47
ter
.
M. Yves Fréville.
Il viendra ainsi en discussion avec mon amendement n° 517, qui a exactement le
même objet !
M. le président.
L'amendement n° 310 rectifié, présenté par MM. Lardeux, Doligé, Lecerf, Vial,
Ginésy et Lassourd, est ainsi libellé :
« Compléter l'article 46 par trois alinéas ainsi rédigés :
« Une convention entre le service départemental d'incendie et de secours et
chaque société réputée à risque dans le périmètre duquel elle se situe fixe les
conditions de prise en charge des coûts de prévention du risque induit par la
présence de cette dernière.
« Une convention entre les services départementaux d'incendie et de secours et
les compagnies d'assurance fixe les conditions de prise en charge des
interventions effectuées par les SDIS au titre des actions et visites de
prévention effectuées auprès des assurés.
« Le conseil d'administration du service départemental d'incendie et de
secours peut facturer les interventions qui ne relèvent pas du secours
immédiat. »
La parole est à M. Lardeux.
M. André Lardeux.
Cet amendement a pour objet, dans le même esprit que celui de la participation
des sociétés d'autoroutes au financement des SDIS, de permettre la contribution
des sociétés représentant un risque pour la population. Des drames récents ont
démontré le bien-fondé de cette disposition.
Par ailleurs, il vise à permettre l'établissement d'une convention avec les
sociétés d'assurance afin qu'elles participent au financement du SDIS,
notamment en ce qui concerne les visites de prévention qui sont effectuées par
les services départementaux.
Enfin, il tend à mettre fin aux abus constatés, en facturant les interventions
qui ne relèvent pas du secours immédiat et qui n'ont donc rien à voir avec les
missions des SDIS : les ouvertures de portes, la récupération des chats dans
les gouttières, etc.
M. Michel Charasse.
Et les bidets, les lavabos, la plomberie...
M. André Lardeux.
Ce genre de problème peut en effet être réglé par d'autres que les SDIS.
Tel est l'objet de cet amendement.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Daniel Hoeffel,
rapporteur.
L'amendement n° 310 rectifié est riche en objectifs multiples
qui, les uns et les autres, sont des problèmes pouvant être considérés comme
étant d'actualité. Il pose toute une série de questions qui méritent
réflexion.
Pour m'en tenir au volet des assurances, est-il opportun et souhaitable de
légiférer aujourd'hui à ce propos dans l'urgence, dans le contexte fluctuant
que nous connaissons ? J'ai beaucoup d'hésitations à cet égard, et je voudrais
éviter, les problèmes étant posés, que nous nous prononcions à la hâte sans
avoir préalablement réuni le maximum d'éléments d'informations pour pouvoir le
faire vraiment en connaissance de cause et en tenant compte de l'ensemble des
conséquences qui peuvent découler de ces intéressantes et multiples
propositions.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant,
ministre de l'intérieur.
Le financement des services départementaux
d'incendie et de secours est assuré par les collectivités locales.
Les entreprises à risque participent à ce financement par le biais de la taxe
professionnelle qu'elles versent aux communes.
La mesure présentée dans l'amendement n° 310 rectifié viendrait alourdir les
primes d'assurance. En outre, elle s'avérerait très difficile à mettre en
oeuvre dans la pratique, compte tenu de la rédaction de l'amendement, qui
prévoit une convention entre chaque service départemental d'incendie et de
secours et les compagnies d'assurance.
Enfin, on peut ajouter que la notion d'entreprise à risque n'a pas de contenu
juridique défini et que, par conséquent, cet amendement trouverait une
application très délicate.
J'émets donc, au nom du Gouvernement, un avis défavorable sur cet
amendement.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 310 rectifié.
M. André Lardeux.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Lardeux.
M. André Lardeux.
J'ai bien conscience qu'un amendement de ce type soulève un certain nombre de
questions extrêmement difficiles, et je partage le sentiment de M. le
rapporteur sur ce point. Je ne nie certes pas les objections juridiques
évoquées par M. le ministre. Néanmoins, il faudra bien réfléchir un jour à
cette question. L'absence de conventions de ce type est un facteur qui augmente
les charges pesant sur les collectivités et donc, à terme, sur les départements
puisque ces derniers seront les seuls financeurs.
Si, du fait de l'adoption de cet amendement, les compagnies d'assurance
pourraient voir leurs primes augmenter, elles auraient cependant intérêt à
participer au financement des SDIS. En effet, si les SDIS sont à même de
remplir avec rapidité et efficacité leurs missions, les compagnies d'assurance
verront à n'en pas douter les prestations aux assurés diminuer. Elles ont donc
un intérêt direct au meilleur fonctionnement possible des SDIS.
Mais, étant donné le contexte, je vais me rallier à l'avis de M. le rapporteur
et retirer mon amendement.
M. le président.
L'amendement n° 310 rectifié est retiré.
Je mets aux voix l'article n° 46, modifié.
(L'article 46 est adopté.)
Article additionnel après l'article 46