SEANCE DU 27 JUIN 2002
HOMMAGE AUX VICTIMES
DE L'ATTENTAT DE KARACHI
M. le président.
Mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, la folie meurtrière du
terrorisme aveugle a frappé à Karachi, le 8 mai dernier, où onze Français,
ingénieurs et techniciens travaillant pour la direction des constructions
navales et ses équipes de soutien technique, ont trouvé la mort dans un
attentat odieux.
(Mmes et MM. les membres du Gouvernement, Mmes et MM. les sénateurs se
lèvent.)
Nos compatriotes, morts en mission, ont participé à la construction de nos
frégates et de nos sous-marins, s'embarquant, pour certains d'entre eux, à leur
bord.
Ils travaillaient, dans le cadre d'un accord de coopération militaire avec le
Pakistan, au rayonnement international de la France.
Ils ont perdu la vie au service de notre pays.
Je leur exprime notre reconnaissance ; je suis sûr que la nation ne les
oubliera pas.
Leur mémoire a été solennellement célébrée à Cherbourg, le 13 mai dernier, en
présence du Président de la République, du Premier ministre, du président de la
commission des affaires étrangères et de la défense du Sénat et de nos trois
collègues élus du département de la Manche.
Aujourd'hui, le Sénat se devait d'exprimer aux familles des victimes et au
personnel des constructions navales son émotion, sa compassion et sa
solidarité.
M. Jean-Marie Poimboeuf, directeur des constructions navales, est présent dans
notre tribune, en compagnie d'une délégation du personnel. Je lui demande de
bien vouloir transmettre à ce dernier et aux familles notre message de
sympathie attristée.
Au nom du Sénat tout entier, je tenais à condamner à nouveau ce lâche
attentat, ainsi que toutes les formes de terrorisme. Le combat contre le
terrorisme est celui de la démocratie et de la liberté. La France doit le mener
avec détermination et sans faiblesse.
Pour l'heure, notre pensée va aux victimes et notre affection à leurs
familles.
C'est pourquoi je vous propose, mes chers collègues, d'observer, à la mémoire
de nos compatriotes disparus, une minute de silence.
(Mmes et MM. les membres du Gouvernement, Mmes et MM. les sénateurs observent
une minute de silence.)
M. Dominique de Villepin,
ministre des affaires étrangères.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le ministre.
M. Dominique de Villepin,
ministre des affaires étrangères.
Monsieur le président, mesdames,
messieurs les sénateurs, le 8 mai dernier, onze de nos compatriotes ont trouvé
la mort dans un attentat au Pakistan. Ils se trouvaient là-bas au service de
notre pays, comme tant de Français qui nous représentent à travers le monde et
agissent, dans des conditions souvent difficiles, pour la défense de nos
intérêts. Mme la ministre de la défense s'est immédiatement rendue sur place, à
Karachi, pour exprimer la solidarité de la France.
Ces techniciens, ces ingénieurs accomplissaient leur mission avec la rigueur
et le professionnalisme des employés de la direction des constructions navales.
Ils portaient à l'étranger les couleurs de la France. Nous connaissions leur
dévouement, la passion qui les animait dans leur travail. Nos pensées
aujourd'hui vont vers eux, vers leurs familles, vers la ville de Cherbourg
endeuillée. A chacun je voudrais témoigner notre tristesse et notre
reconnaissance.
Je voudrais remercier M. le président du Sénat de donner l'occasion au
Gouvernement de s'associer à l'hommage solennel qui leur est rendu aujourd'hui.
Vous avez su, monsieur le président, exprimer notre profonde émotion à tous.
Devant cet acte lâche et odieux, notre condamnation est sans appel. Aucune
cause ne saurait justifier le recours à la terreur aveugle, aucun motif ne peut
expliquer la mort de personnes innocentes.
Aux familles des victimes, à leurs proches, je veux dire que la République
n'oubliera pas ses devoirs.
Elle a un devoir de mémoire d'abord : l'hommage que nous rendons ici, après la
cérémonie du 13 mai dernier à Cherbourg, se veut un témoignage de la nation
tout entière. Nous n'oublierons pas ce que nous devons à nos compatriotes morts
à Karachi, dans l'accomplissement de leur service.
Elle a un devoir de vigilance ensuite : le souvenir des disparus nous impose
de tout faire pour éviter un nouveau drame. Nous avons pris toutes les
dispositions pour assurer la sécurité des Français à l'étranger, dont la
mission est essentielle pour le rayonnement de notre pays.
Elle a un devoir d'action enfin : notre volonté de mettre fin à la violence
terroriste ne cédera pas devant la menace ou l'intimidation. Partout où elle
frappe, partout où elle se dissimule, nous devons la poursuivre sans relâche.
Le combat que le Président de la République et le Gouvernement mènent en ce
sens ne connaîtra aucun répit. Notre détermination est totale.
Les autorités françaises ont engagé tous les moyens à leur disposition pour
répondre à la menace terroriste : troupes militaires, forces de police, réseaux
de renseignement, systèmes judiciaire et financier. La coopération que nous
avons ouverte avec nos principaux partenaires et alliés sur ce sujet est
exemplaire.
Nous devons cependant avoir conscience que, pour éviter la multiplication de
tels actes, nous devons impérativement trouver une réponse politique à la
mesure des enjeux. Nous avons donc dans ce domaine une exigence absolue de
proposition, d'action et de résultat.
L'enjeu est essentiel : il engage la défense de nos valeurs, l'idée même que
nous nous faisons de la vie en commun et des rapports entre les peuples. Notre
combat est celui de la démocratie et de la liberté et, dans ce combat, nous
garderons vivant le souvenir de nos compatriotes tombés à Karachi.
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