SEANCE DU 10 OCTOBRE 2002


CONVENTION AVEC LA PRINCIPAUTÉ
D'ANDORRE RELATIVE
À LA COOPÉRATION ADMINISTRATIVE

Adoption d'un projet de loi

M. le président. L'ordre du jour appelle la discussion du projet de loi (n° 282, 2001-2002) autorisant l'approbation de la convention entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la Principauté d'Andorre relative à la coopération administrative. [Rapport n° 384 (2001-2002).]
Dans la discussion générale, la parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Renaud Muselier, secrétaire d'Etat aux affaires étrangères. Monsieur le président, monsieur le rapporteur, mesdames, messieurs les sénateurs, la France et la Principauté d'Andorre ont signé le 14 février 2001 une convention relative à la coopération administrative entre les deux Etats, achevant ainsi les négociations entreprises depuis 1997.
Cette convention a pour principal objet de fournir aux magistrats et aux fonctionnaires français appelés à occuper un emploi en Andorre un cadre juridique stable et clair, alors que leurs dossiers étaient jusqu'à présent traités au cas par cas.
Dans ce but, la convention encourage le détachement de fonctionnaires français en Andorre, afin de répondre au souhait de la Principauté d'Andorre d'obtenir de la France les moyens humains nécessaires à la gestion de son administration, en particulier judiciaire. La convention permettra ainsi de renforcer la présence française dans ce pays où les fonctionnaires espagnols sont actuellement plus nombreux dans la magistrature que les fonctionnaires français.
L'accord de 2001 présente en outre l'avantage de régulariser la situation statutaire des fonctionnaires appartenant à la fonction publique française, de nationalité andorrane, appelés à exercer un mandat électif, une fonction de membre du gouvernement, ou encore une haute charge pour le compte de la Principauté d'Andorre.
Enfin, l'entrée en vigueur de la convention permettra de lever le risque suscité par les dérogations au droit de la fonction publique, lesquelles pourraient créer un précédent susceptible de mettre en cause le droit positif français.
Le texte qui est soumis aujourd'hui à votre approbation intéresse à l'heure actuelle uniquement deux catégories d'agents publics, à savoir des magistrats - six magistrats français - et des enseignants - cinq enseignants andorrans. Il va de soi que le faible nombre de personnes concernées ne doit pas occulter le fait que cette convention présente un réel intérêt dans le cadre des relations bilatérales.
En effet, l'Andorre, qui ne compte que 65 000 habitants, ne s'est ouverte à la vie internationale qu'en 1993 et ne dispose pas toujours des moyens humains nécessaires à une gestion efficace de son appareil administratif et judiciaire. La France, qui bénéficie d'un lien particulièrement fort avec ce pays du fait de l'institution du coprince, a un devoir de solidarité active envers le jeune Etat.
Grâce à la situation administrative précise et stable dont bénéficieront désormais les agents relevant de notre fonction publique, la convention est susceptible de renforcer la présence en Andorre de fonctionnaires et de magistrats français, tout en attirant les Andorrans vers la fonction publique française. Ces deux facteurs sont de nature à renforcer le rayonnement français dans la Principauté, sachant que l'influence française est actuellement fortement déséquilibrée au bénéfice de la présence hispano-catalane.
Telles sont, monsieur le président, monsieur le rapporteur, mesdames, messieurs les sénateurs, les principales observations qu'appelle la convention relative à la coopération administrative qui fait l'objet du projet de loi qui est aujourd'hui proposé à votre approbation. (Applaudissements.)
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Robert Del Picchia, rapporteur de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées. Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, dans la suite des deux conventions trilatérales que nous venons d'approuver, nous sommes amenés à examiner une convention, bilatérale cette fois, portant sur la coopération administrative entre la France et la Principauté d'Andorre, qui a été signée le 14 février 2001.
L'objet en est le suivant : à l'heure actuelle, les membres de la fonction publique française susceptibles d'occuper des fonctions en Andorre peuvent être de nationalité andorrane.
Cette possibilité découle de l'extension, en 1994, aux ressortissants andorrans, des dispositions de la loi du 13 juillet 1983 portant droits et obligations des fonctionnaires, loi qui a ouvert la fonction publique française aux ressortissants des Etats membres de la Communauté européenne ou de l'Espace économique européen.
Jusqu'à présent, cette potentialité donnait lieu à une étude au cas par cas de l'adéquation des candidats aux postes vacants.
La présente convention vise donc à formaliser cette coopération administrative, afin de faciliter la mise à disposition ou le détachement de fonctionnaires français, appartenant à la fonction publique de l'Etat, et de magistrats de l'ordre judiciaire, pour occuper un emploi public en Principauté d'Andorre, et permettre à des ressortissants andorrans relevant de la fonction publique française d'exercer un mandat électif, une fonction de membre du gouvernement, ou une haute charge pour le compte de la Principauté.
Aujourd'hui six magistrats français exercent une charge juridictionnelle en Andorre et cinq ressortissants andorrans sont titulaires de la fonction publique française, après avoir passé des concours de niveaux divers du ministère de l'éducation nationale. Ainsi, Mme l'ambas-sadeur d'Andorre en France, qui est aujourd'hui parmi nous et que je salue, est agrégée de l'université française. On le voit, le champ d'application de la convention apparaît restreint par le faible nombre de personnes impliquées.
Mais ce texte apporte une facilité nouvelle aux fonctionnaires de nationalité andorrane relevant de la fonction publique française puisqu'ils disposeront, grâce à elle, de la possibilité de prétendre à la position de détachement, alors qu'ils doivent aujourd'hui recourir à la position de mise en disponibilité pour convenances personnelles s'ils veulent exercer une fonction dans un Etat tiers, comme l'est la Principauté d'Andorre.
Par ailleurs, la convention présente l'avantage de conférer une base juridique claire et stable aux fonctionnaires français exerçant des missions, notamment de magistrats, en Andorre. La France pourra ainsi apporter son appui dans un cadre précis à ce petit pays qui manque de cadres administratifs compétents.
Par conséquent, même si elle ne s'applique qu'à un nombre limité de personnes, cette convention qui facilite l'échange et la coopération administrative entre la France et la Principauté d'Andorre, est utile et opportune.
C'est pourquoi la commission des affaires étrangères vous recommande son adoption. (Applaudissements.)
M. le président. Personne ne demande la parole dans la discussion générale ?...
La discussion générale est close.
Nous passons à la discussion de l'article unique.
« Article unique. - Est autorisée l'approbation de la convention entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la Principauté d'Andorre relative à la coopération administrative, signée à Andorre-la-Vieille le 14 février 2001, et dont le texte est annexé à la présente loi. »
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article unique du projet de loi.

(Le projet de loi est adopté.)
M. le président. Je constate que ce texte a été adopté à l'unanimité.

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