SEANCE DU 20 NOVEMBRE 2002
M. le président.
« Art. 1er. - Est approuvé le rapport annexé à la présente loi relatif aux
orientations de la politique de santé et de sécurité sociale et aux objectifs
qui déterminent les conditions générales de l'équilibre financier de la
sécurité sociale pour l'année 2003. »
Je donne lecture du rapport annexé.
« RAPPORT SUR LES ORIENTATIONS DE LA POLITIQUE DE SANTÉ ET DE SÉCURITÉ SOCIALE
ET LES OBJECTIFS QUI DÉTERMINENT LES CONDITIONS GÉNÉRALES DE L'ÉQUILIBRE
FINANCIER DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
« La France dispose aujourd'hui d'un système de sécurité sociale parmi les
plus généreux au monde. Il constitue, depuis 1945, un pilier de notre modèle
social auquel nos concitoyens sont particulièrement attachés parce que c'est un
instrument de réduction des aléas de l'existence et de lutte contre les
inégalités et l'exclusion. Les politiques de sécurité sociale contribuent
également au dynamisme économique de notre pays en offrant aux Français les
conditions de vie qui leur permettent de créer davantage de richesses.
« Notre système de santé est classé par l'Organisation mondiale de la santé
parmi les plus performants. Cela est dû à la grande qualité des personnels
soignants ainsi qu'à la large accessibilité aux soins dont jouissent les
Français. Les indicateurs de santé nous placent également aux premiers rangs
des pays dans le monde : les Français vivent en moyenne plus longtemps que la
plupart des habitants des autres pays. Notre politique familiale mobilise,
depuis longtemps et avec succès, de larges ressources afin de compenser le coût
de l'enfant, de soutenir notre démographie et de lutter contre les inégalités
sociales. Enfin, le niveau de vie des retraités a rejoint progressivement celui
des actifs.
« Pour autant, notre système de protection sociale connaît depuis plusieurs
années d'évidentes difficultés. Comme le souligne la Cour des comptes, notre
système de santé, trop exclusivement orienté vers le curatif, est confronté à
de trop nombreux dysfonctionnements, qu'il s'agisse d'un pilotage trop
centralisé, de l'organisation et du fonctionnement de l'hôpital, de la
démographie des professions de santé, des conditions d'exercice des médecins ou
des prescriptions de médicaments. De même, notre système de soins, comme notre
sécurité sociale en général, souffre d'une certaine confusion des
responsabilités et des priorités. La crise matérielle et morale de la santé se
traduit par un sentiment de malaise des professionnels de santé ainsi que par
des tensions et des conflits mal réglés.
« La situation financière n'est pas la moindre des difficultés auxquelles sont
confrontés l'assurance maladie et le régime général. La croissance des
prestations de sécurité sociale, notamment des dépenses d'assurance maladie, ne
se dément pas, en France comme à l'étranger, en dépit des réformes successives
qui ont été mises en oeuvre. Les comptes du régime général de la sécurité
sociale se sont dégradés en 2002. Le déficit global devrait atteindre 3,3
milliards d'euros, et celui de la branche maladie près de 6 milliards. Cette
situation s'explique certes par la faiblesse de la croissance économique en
2002 mais surtout par la fragilité des excédents des années antérieures. En
effet, les excédents des années 2000 et 2001 n'ont été obtenus que grâce à une
croissance exceptionnelle de la masse salariale supérieure à 6 % chaque année.
Ils n'ont, par ailleurs, pas été utilisés pour entreprendre les réformes de
fond nécessaires.
« Plusieurs principes guident la politique du Gouvernement dans le domaine de
la santé et de la sécurité sociale :
« - le dialogue et la confiance : le Gouvernement souhaite prendre le temps de
l'écoute et de la concertation car le dialogue social est le préalable de toute
réforme ambitieuse ;
« - la clarification des priorités et des responsabilités : le Gouvernement
souhaite mettre en place une nouvelle gouvernance, notamment dans le domaine de
l'assurance maladie. Cette démarche nécessite de redéfinir les compétences de
l'ensemble des partenaires tout en s'inscrivant dans le processus de
décentralisation ;
« - la responsabilité partagée : dans le domaine de la santé en particulier,
chaque acteur, qu'il s'agisse des professionnels de santé, des établissements
de santé, des patients ou des industriels du médicament, doit assumer une part
de responsabilité dans le bon fonctionnement du système ;
« - la rigueur extrême dans les dépenses : ce souci doit conduire à chaque
instant à mesurer la dépense au regard de la solidarité et des efforts imposés
aux cotisants ;
« - l'excellence : la recherche d'un niveau maximal de qualité et de sécurité
sanitaire constitue, dans le domaine des soins, une exigence professionnelle et
éthique ;
« - la transparence et la sincérité : nous devons graduellement trouver des
solutions pour rendre nos finances sociales claires et compréhensibles ;
« - la qualité du service rendu aux assurés, aux professionnels de santé et
aux entreprises : elle doit être un objectif constant de l'action du
Gouvernement. Elle passe par des mesures de simplification et par un recours
significativement accru aux nouvelles technologies de l'information.
« Ces principes sont traduits dans chacun des volets de la politique de santé
et de sécurité sociale que le Gouvernement va conduire dans les prochaines
années. La loi de financement pour 2003 en traduit la philosophie et en
comporte les premiers signes. Le poids du passé lui confère néanmoins encore le
caractère d'un texte de transition.
« 1.
La politique de santé
et d'assurance maladie
« Une politique de santé publique ambitieuse, une nouvelle gouvernance du
système de santé et d'assurance maladie, un meilleur accès à la prévention et
aux soins des usagers et la promotion de l'innovation et de l'excellence du
système de soins constituent les lignes directrices de la stratégie du
Gouvernement.
« 1.1. Une politique de santé publique ambitieuse
« La santé publique est un devoir impérieux. Elle constitue la priorité de la
politique de santé du Gouvernement. Il s'agit de renforcer l'action collective
pour donner à nos concitoyens les conditions de vivre en bonne santé. Cette
action manque à ce jour de détermination, de cohérence et de moyens. Ainsi le
projet de loi de finances pour 2003 prévoit-il un montant de 284 millions
d'euros pour des actions de santé publique, avec des crédits en forte hausse
pour la lutte contre le cancer, en matière de prévention et pour la gestion des
risques sanitaires.
« 1.1.1. La loi de programmation de santé publique
« Le Gouvernement proposera au printemps 2003 une loi de programmation
quinquennale de santé publique au Parlement.
« Pour plus d'efficacité, le premier objectif de cette loi sera de clarifier
le rôle des acteurs. La multiplicité des acteurs (Etat, collectivités locales,
caisses d'assurance maladie, hôpitaux, entreprises, associations...) provoque
un enchevêtrement des compétences qui n'a pas pour contrepartie une abondance
des moyens. La politique de santé publique doit d'abord être définie au niveau
national, sa cohérence répondant à une exigence d'égalité et constituant un
gage de succès. La loi de programmation définira aussi les objectifs
prioritaires de santé publique pour les cinq années à venir. Des indicateurs
précis accompagneront ces objectifs afin de permettre un réel contrôle de
l'action du Gouvernement par le Parlement et, au-delà, par les citoyens
eux-mêmes.
« Des différences de situations et de priorités peuvent exister d'une région à
l'autre. La loi déterminera donc les modalités de choix collectif pour décliner
les priorités nationales de santé publique et les spécificités régionales.
Cette politique nationale prendra en compte les inégalités territoriales qui
existent en matière de santé publique.
« La préparation de cette loi de programmation de santé publique se fera dans
le cadre d'une large concertation. Le Gouvernement achèvera, d'ici la fin de
l'année 2002, des consultations dans chacune des régions. Elles constitueront
la base du projet de loi.
« Enfin, la loi de programmation de santé publique rétablira les institutions
ordinales issues de la loi du 4 février 1995 portant diverses dispositions
d'ordre social, en particulier celle des masseurs-kinésithérapeutes.
« 1.1.2. Placer la prévention
au coeur de la santé publique
« La prévention demeure insuffisamment développée et organisée en France par
rapport aux efforts déployés en matière de soins. Ce choix implicite,
privilégiant le curatif plutôt que le préventif, se traduit défavorablement sur
la mortalité prématurée (avant soixante-cinq ans) et la morbidité précoce alors
même que nos indicateurs de santé globaux sont excellents.
« L'ambition du Gouvernement consiste à promouvoir un rééquilibrage de la
politique de santé entre prévention et soins, en accentuant la priorité donnée
à la prévention primaire et secondaire. Cela passe par le développement dans la
société d'une véritable culture de la prévention. La responsabilité de chacun
doit être engagée pour préserver son capital santé.
« Pour y parvenir, des politiques spécifiques seront développées en fonction
des problématiques concrètes. En particulier, elles viseront tous les âges de
la vie, des plus jeunes aux plus âgés. Par ailleurs, les environnements
spécifiques devront être l'objet de mesures concertées (école, travail, milieux
à risques...). De plus, les méthodes développées pourront porter sur les
comportements mais aussi sur l'amélioration des conditions de vie. Elles
s'appuieront sur des actions de communication, d'information et d'éducation
ainsi que sur des stratégies de dépistage et de prise en charge précoce. Il
s'agit d'adopter une politique générale qui sera déclinée en fonction des
différentes pathologies considérées.
« 1.1.3. Une priorité particulière : le cancer
« Parmi les priorités de santé publique, la loi de programmation de santé
publique prendra en compte, en premier lieu, le cancer, qui constitue l'un des
trois chantiers du Président de la République pour le quinquennat. 700 000
personnes sont atteintes en France d'une maladie cancéreuse et, chaque année,
250 000 nouveaux cas de cancers sont diagnostiqués. Le cancer représente ainsi
la première cause de mortalité prématurée en France et la deuxième cause
médicale de décès.
« Or, 70 % des cancers sont attribuables à des facteurs de risques sur
lesquels il est possible d'intervenir efficacement. La lutte active contre la
consommation de tabac et d'alcool sera donc développée. Dès 2003, les droits
sur les tabacs croîtront ainsi de près d'un milliard d'euros entraînant une
hausse significative des prix des cigarettes qui devrait permettre une notable
diminution de leur consommation, notamment chez les jeunes.
« Une action efficace de prévention et de lutte contre le tabagisme doit être
poursuivie, notamment pour soutenir ceux qui souhaitent arrêter de fumer. C'est
pourquoi il est tout à fait envisageable de prévoir le remboursement des
produits favorisant le sevrage tabagique par l'assurance maladie.
« La commission d'orientation sur le cancer a été mise en place le 9 septembre
2002. Elle a pour mission de dresser un bilan des forces et faiblesses du
dispositif de lutte existant. Elle devra aussi identifier les priorités sans
négliger aucun des aspects d'une politique organisée et nationale de lutte
contre le cancer, notamment dans le domaine de la prévention, de l'information
et du dépistage aussi bien que dans l'organisation du système de soins, son
fonctionnement et l'accompagnement des malades.
« Le travail de cette mission servira de base à la concertation avec tous les
acteurs du dispositif, dont les associations de malades, en matière de
politique de lutte contre le cancer. La loi de programmation de santé publique
traduira les principales conclusions de cette mission.
« D'ores et déjà, quelques orientations peuvent être indiquées. Outre une
hausse très forte des crédits budgétaires affectés à la lutte contre le cancer,
le dépistage intrafamilial des femmes à risques pour le cancer du sein débutera
en 2003. Les moyens nécessaires à la généralisation du dépistage seront arrêtés
en 2003 pour une complète mise en oeuvre en 2004. A titre expérimental, vingt
départements sélectionnés en 2002 poursuivront la mise en oeuvre du dépistage
organisé du cancer colorectal. Parallèlement, sera engagée la modernisation des
moyens matériels lourds nécessaires aussi bien au diagnostic - rénovation et
extension des appareils d'imagerie médicale - qu'au traitement thérapeutique du
cancer avec la mise à niveau du parc de radiothérapie. La prise en charge
multidisciplinaire des patients sera développée avec l'extension de la
chimiothérapie, y compris à domicile.
« 1.2. Une nouvelle gouvernance
« Les conditions de gouvernance de notre système de santé et de sécurité
sociale laissent apparaître aujourd'hui de nombreuses imperfections qui ne sont
pas nouvelles. Le paritarisme est fragilisé depuis la décision du Mouvement des
entreprises de France (MEDEF) de ne plus siéger dans les conseils
d'administration des caisses. Le Gouvernement considère que l'organisation de
la sécurité sociale est en proie à de grandes difficultés qui ne peuvent
laisser indifférent.
« Le Gouvernement souhaite, en conséquence, poser sans tarder les fondations
d'une nouvelle gouvernance du système de santé et d'assurance maladie. Cela
requiert une redéfinition des rôles de l'Etat et de l'assurance maladie,
aujourd'hui trop imbriqués, et une clarification des financements afin que
chacun des acteurs soit pleinement responsable de ses missions. Cette réforme
de la gouvernance de notre système de santé et de sécurité sociale doit
également prendre en compte la nouvelle étape de la décentralisation décidée
par le Gouvernement. La création d'agences régionales de santé entre dans cette
perspective. Ces agences favoriseront une meilleure articulation de la médecine
de ville et de l'hôpital, une meilleure association des professionnels et des
patients dans le cadre régional, un fonctionnement plus démocratique, une plus
grande cohérence dans l'organisation de notre système de soins et une plus
grande lisibilité des politiques suivies.
« Le Gouvernement a demandé à l'ensemble des partenaires d'effectuer d'abord
un état des lieux partagé. C'est la mission d'un groupe de travail ad hoc de la
Commission des comptes de la sécurité sociale dont le principe a été décidé en
septembre 2002. A partir de ce constat, les propositions des différents acteurs
du système de santé et d'assurance maladie seront recueillies et feront l'objet
d'une synthèse au début de l'année 2003. Le Gouvernement présentera alors des
options de réforme de la gouvernance qui feront l'objet d'une large
concertation. Le Gouvernement déposera enfin un projet de loi avant l'été
2003.
« Sans attendre cette réforme de grande ampleur, le Gouvernement souhaite
marquer sa détermination par trois dispositions.
« Il a décidé de modifier le mode de nomination des membres de la commission
des accidents du travail et des maladies professionnelles afin que ceux-ci
soient directement nommés par les partenaires sociaux. Par ailleurs, la
commission sera complétée par un conseil de surveillance spécifique. Le
Gouvernement prend également l'engagement de déposer à la session de printemps
un projet de loi de financement de la sécurité sociale rectificative, ou
"collectif social", au cas où les conditions économiques et financières
s'écarteraient significativement des hypothèses du présent projet. En outre, la
convention d'objectifs et de gestion entre la Caisse nationale de l'assurance
maladie des travailleurs salariés (CNAMTS) et l'Etat sera enrichie d'un
chapitre relatif à la gestion du risque. Des négociations sont en cours pour la
signature d'un avenant à la fin de cette année.
« Dès les mois à venir, le Gouvernement entend également ouvrir des travaux,
avec la mutualité, notamment, et les autres assureurs complémentaires, portant
sur un nouveau partage des rôles entre l'assurance maladie de base et
l'assurance maladie complémentaire, et visant à élargir l'accès de tous nos
concitoyens à la couverture complémentaire dans le domaine de la santé.
« 1.3. Un ONDAM sincère et médicalement justifié
« En dehors de l'année 1997, l'objectif national de dépenses d'assurance
maladie (ONDAM) a été systématiquement dépassé au cours des dernières années.
En 2002, le dépassement de l'ONDAM devrait encore atteindre plus de 3,9
milliards d'euros.
« Cette dérive et cette insincérité, dénoncées par la Cour des comptes, par
les parlementaires et par l'ensemble des acteurs du système de santé et
d'assurance maladie, ont porté atteinte à la crédibilité même de la politique
de régulation des dépenses d'assurance maladie.
« En rupture avec le passé et en réponse aux critiques nombreuses, le
Gouvernement a opté pour le réalisme, la sincérité et la transparence dans la
détermination de l'objectif national de dépenses d'assurance maladie. C'est
pourquoi il entend désormais fonder en priorité l'évolution de l'ONDAM sur
l'analyse de l'évolution de l'activité des soins dans notre pays. Cette
"médicalisation" de l'objectif national de dépenses d'assurance maladie et des
comptes, très largement réclamée pour donner du sens à notre système de santé
et mobiliser réellement ses acteurs, est indispensable.
« Une telle approche, exigeante et complexe, nécessite de réaliser de nombreux
et difficiles travaux d'étude. En dépit d'études anciennes, elle ne pourra
raisonnablement être totalement aboutie qu'à moyen terme. Raison de plus pour
s'y engager tout de suite résolument et forcer l'allure. Il s'agit en effet
d'élaborer de nouveaux outils tels que les comptes par pathologie. Une première
étape importante a ouvert la voie dès 2002. Ainsi, le nouvel élément du rapport
rattaché à l'annexe b présente une mise en relation des évolutions de santé,
par pathologie, et des évolutions de dépenses pour plus de 80 % de la
consommation de soins et de biens médicaux. Elle fait notamment ressortir que
les deux premières catégories diagnostiques en termes de dépenses engagées sont
celle des maladies de l'appareil cardiovasculaire (11,8 milliards d'euros) et
celle des troubles mentaux (10,4 milliards d'euros).
« En outre, le Gouvernement a décidé d'élargir les missions du conseil de
surveillance de la CNAMTS, qui associe notamment les professionnels de santé
sous la présidence d'un membre du Parlement, au suivi de la mise en oeuvre de
l'objectif national de dépenses d'assurance maladie "médicalisé" et de la
cohérence des conventions signées entre les caisses d'assurance maladie et les
professionnels de santé au regard de l'objectif.
« 1.4.
La promotion de l'excellence
du système de soins
« Le Gouvernement va développer, au cours des cinq prochaines années, une
véritable politique de la qualité tant dans le domaine des pratiques
professionnelles que dans le domaine de la gestion des structures de soins et
du service rendu aux patients.
« Cette politique s'inscrit, avant tout, dans une perspective de santé
publique, de sécurité sanitaire et d'adaptation de notre système aux évolutions
technologiques et scientifiques du secteur de la santé. Elle répond également à
une logique d'efficience et d'optimisation des dépenses de santé en contribuant
à la pérennité de notre système d'assurance maladie. Cette politique ambitieuse
passe par le développement de l'évaluation des pratiques et des structures, la
formation initiale et continue des professionnels, le développement des réseaux
de soins, l'amélioration de la gestion et un soutien fort à l'innovation dans
tous les domaines. Elle appelle un développement très important des fonctions
remplies notamment aujourd'hui par l'Agence nationale d'accréditation et
d'évaluation en santé (ANAES).
« 1.4.1. L'excellence de l'hôpital public
et privé : le plan "Hôpital 2007"
« Depuis six ans, à la suite de la création des agences régionales de
l'hospitalisation, l'hospitalisation publique et privée a su montrer qu'elle
était capable de s'adapter et de se restructurer (accréditation, introduction
du programme de médicalisation des systèmes d'information [PMSI] dans la
gestion hospitalière, effort de mise à niveau en matière de normes de sécurité
sanitaire). Pour autant, le mal-être hospitalier n'a jamais été aussi grand.
C'est la raison pour laquelle, la politique hospitalière du Gouvernement tendra
à rendre les hôpitaux plus proches, plus modernes et plus responsables tout en
leur donnant davantage de souplesse interne.
« La proximité, gage d'efficacité et de pertinence, constitue l'enjeu de la
déconcentration et sans doute, à terme, de la régionalisation de notre système
de santé. Dans une première étape, elle se traduira par une simplification des
procédures administratives de planification et par une contractualisation
d'objectifs avec les agences régionales de l'hospitalisation.
« La vétusté du patrimoine et des équipements hospitaliers nécessite d'engager
dès 2003 un rattrapage significatif et pour les cinq ans à venir. La volonté du
Gouvernement vise, au-delà de l'apport financier, à accélérer la réalisation
des opérations d'investissement, de rénovation et de recomposition de l'offre
hospitalière. Pour y parvenir, trois mesures essentielles sont prévues dès 2003
: en premier lieu, la régionalisation des opérations d'investissement lourdes ;
en second lieu, le développement du recours aux maîtrises d'ouvrage déléguées ;
enfin, une mission nationale d'appui sera mise en place afin de soutenir
techniquement les établissements et les agences régionales dans leurs
opérations d'investissement. Un apport en capital de 300 millions d'euros aux
établissements publics et privés est prévu pour 2003. Conjugué à des emprunts,
à de possibles partenariats avec des entreprises privées ou à des aides
d'autres acteurs publics, cet apport permettra, grâce à l'effet de levier,
d'engager une première tranche d'investissement de plus d'un milliard
d'euros.
« La mise en place d'un financement lié à l'activité constitue un levier
essentiel de cette modernisation. De cette manière, le mode de financement sera
à la fois équitable et transparent entre les secteurs public et privé ; les
coopérations entre ces différents acteurs seront facilitées. D'ores et déjà, le
Gouvernement s'engage à réaliser une large expérimentation en grandeur nature
de la tarification à l'activité sur la base du volontariat. L'objectif est de
généraliser ce nouveau mode de tarification à partir de 2004.
« Enfin, la responsabilisation des acteurs hospitaliers exige, en
contrepartie, une autonomie accrue et une plus grande souplesse de gestion dans
les établissements publics. Il est envisagé, d'une part, un renforcement
substantiel du pouvoir des conseils d'administration, d'autre part, un
assouplissement des règles administratives de gestion au sein de l'hôpital.
Enfin, il faut imaginer un intéressement collectif des acteurs hospitaliers au
regard de leurs résultats afin d'instaurer une "culture" du résultat et non
exclusivement des moyens. Pour soutenir cette responsabilisation des
établissements, le projet de loi propose dès à présent la création d'une
mission d'audit dont l'objectif consiste à proposer des diagnostics en
permettant un réel retour d'expérience dans les établissements au moyen de
référentiels de bonne pratique de gestion. La gestion des structures
hospitalières devra se moderniser et assurer une évolution des capacités
internes de l'hôpital, plus réactives, au plus près des attentes réelles de la
population.
« 1.4.2. Le développement
de la qualité des soins de ville
« Prenant acte de l'échec du dispositif de lettres-clés flottantes dans notre
pays, le Gouvernement a pris la décision de faire le choix d'une maîtrise
médicalisée qui fait le pari de la confiance. Cette confiance est nécessaire à
la signature, d'ici la fin de l'année 2002, des nouvelles conventions qu'exige
la législation en vigueur. D'ores et déjà, la signature, en juin 2002 pour les
généralistes et en juillet 2002 pour les pédiatres, d'accords contenant des
engagements en termes de bonnes pratiques montre que le pari de la confiance
est sur la bonne voie.
« Cette confiance est exigeante. Elle est au service de la qualité de notre
médecine. Le Gouvernement prend toute sa part dans ce changement d'attitudes.
Deux mesures du projet de loi en témoignent. Sans abandonner la surveillance de
l'application de la réglementation, le contrôle médical des caisses d'assurance
maladie du régime général est réorienté vers le service de conseil et de
promotion du bon usage des soins. Ce service proposera aux professionnels de
santé un véritable dialogue autour d'une analyse conjointe de leur activité.
D'autre part, les missions du Fonds d'aide à la qualité des soins de ville sont
élargies au financement d'actions d'évaluation des pratiques.
« En retour, les professionnels, dans un esprit de responsabilité partagée,
doivent s'engager dans les processus de formation médicale continue,
d'évaluation et de coordination des soins élaborés notamment dans le cadre
conventionnel. De la solidité de leur engagement dépend en grande partie notre
capacité collective à concilier un haut niveau de protection sociale et la
meilleure qualité des soins.
« Afin de lutter contre la désertification, l'isolement et les problèmes de
sécurité, le Gouvernement favorise et encourage les initiatives pour assurer la
permanence des soins, avec l'ensemble des acteurs locaux, notamment en offrant
aux médecins la possibilité de s'implanter sur plusieurs sites.
« 1.4.3. Une politique
du médicament moderne et équilibrée
« La dépense de médicament en France est l'une des plus élevées au monde en
volume par habitant. Pour autant, la croissance annuelle des dépenses de
médicaments remboursés par les régimes d'assurance maladie en ville demeure
forte (+ 10,1 % en 2000, + 9,2 % en 1999).
« L'arrivée de molécules innovantes plus coûteuses, l'extension de la durée
des traitements liée à la croissance des pathologies chroniques et le
vieillissement général de la population sont les principaux déterminants de
cette évolution qui pèse sur les comptes de l'assurance maladie.
« Notre politique du médicament doit évoluer afin de laisser plus de place à
la recherche et à l'innovation au bénéfice des patients et de garantir un bon
emploi des deniers publics. Elle doit aussi faire appel à la responsabilité de
cet acteur majeur qu'est l'industrie pharmaceutique, dans le cadre d'un
partenariat étroit et confiant avec l'Etat. Il convient également de mieux
garantir le strict respect des impératifs éthiques pour prévenir des dérives
dommageables aux patients et, en définitive, à l'industrie pharmaceutique
elle-même.
« Favoriser l'innovation dans le domaine des médicaments est un facteur clé de
l'excellence du système de soins français. Cela passe par un accès plus rapide
qu'aujourd'hui des patients aux nouveaux médicaments les plus innovants dans le
domaine des soins de ville. Une évolution des procédures administratives
existantes et la mise en place d'un dispositif accéléré d'accès au
remboursement en ville permettront d'atteindre ce but. Favoriser l'innovation
passe également par un accroissement significatif du budget prévu à l'hôpital
pour ces médicaments. C'est enfin aider et encourager les entreprises de
biotechnologies en facilitant notamment la commercialisation de leurs produits.
Ce choix est nécessaire pour préparer l'avenir. Déjà plus de 50 % des nouveaux
médicaments sont le fruit des biotechnologies.
« Il est légitime que l'assurance maladie soit plus soucieuse encore
qu'aujourd'hui de l'argent des cotisants et du caractère médicalement justifié
de ce qu'elle rembourse. Il faut donc, en priorité, poursuivre le développement
des médicaments génériques dont la part de marché est encore trop limitée en
France (6 % contre 20 % dans certains pays voisins). Les efforts réalisés
depuis plusieurs années, en partenariat avec les médecins, les pharmaciens et
les laboratoires, vont être intensifiés, de même que les effets de l'accord du
5 juin 2002 entre les caisses d'assurance maladie et les organisations
représentatives des médecins libéraux doivent être amplifiés. Le Gouvernement
est déterminé, comme la Cour des comptes l'y invite, à rationaliser les
procédures d'achat de médicaments à l'hôpital.
« Le Gouvernement a également décidé la mise en place d'un forfait de
remboursement pour les médicaments appartenant à un groupe générique. Il n'est
pas légitime, en effet, que l'assurance maladie soit obligée de rembourser à
des tarifs différents deux médicaments d'efficacité identique pour le patient
(même molécule). En outre, le Gouvernement souhaite tirer toutes les
conséquences de la récente réévaluation du service médical rendu par les
médicaments. La mise en oeuvre de cette décision, entourée de toutes les
garanties de procédure et d'impartialité, sera échelonnée sur une période de
trois ans afin de permettre aux patients et aux médecins d'adapter leurs
comportements et aux industriels d'adapter leurs stratégies.
« Donner plus de lisibilité et de stabilité à l'environnement économique et
réglementaire des industriels constitue également un axe important de la
nouvelle politique du Gouvernement. L'accord sectoriel, qui doit être renouvelé
dans les mois à venir, en est un instrument majeur. Une réforme de la fiscalité
spécifique qui pèse sur les laboratoires pharmaceutiques dans le sens de la
simplification en constitue aussi un des aspects essentiels. Une première étape
sera franchie dès 2003. Une étape suivante sera préparée dans le cadre d'une
concertation avec les représentants de l'industrie pharmaceutique.
« 1.4.4. La responsabilisation des patients
« Les patients et les assurés sont au centre du système de santé. Le système
français leur garantit une grande liberté de choix dans le recours aux soins en
raison de taux de remboursement élevés et d'un libre accès à l'ensemble des
professionnels. Cette liberté doit avoir davantage pour contrepartie une
véritable responsabilisation de leur part.
« Les outils de responsabilisation des patients et des assurés seront définis
en concertation avec les partenaires. Le dossier médical partagé informatisé,
dont l'existence a été rendue possible par la loi sur les droits des malades du
4 mars 2002, est l'un de ces outils de responsabilisation dont le Gouvernement
souhaite le développement rapide sur la base du volontariat. Le projet de loi
de financement prévoit l'intervention d'une autre mesure de responsabilisation
significative : le forfait de remboursement pour les groupes génériques. Les
assurés auxquels sera prescrit un médicament d'un groupe générique seront
remboursés dans les mêmes conditions, qu'ils acceptent un générique ou qu'ils
demandent le médicament princeps, le choix leur revenant. L'avenant à la
convention d'objectifs et de gestion passée avec la CNAMTS cherchera à
développer d'autres outils dans cet objectif.
« 1.4.5. Les personnes handicapées
« L'amélioration de la situation des personnes handicapées constitue l'un des
trois grands chantiers du quinquennat que le Président de la République a
lancés le 14 juillet 2002. L'objectif d'une politique du handicap est de
permettre aux personnes handicapées de choisir dans toute la mesure du possible
leur mode de vie et de participer à la vie en société. 90 % des personnes
handicapées vivent aujourd'hui à domicile. Certaines d'entre elles le font par
choix mais d'autres y sont contraintes faute de places en établissement
(maisons d'accueil spécialisé ou foyers d'hébergement). Ce manque de places
oblige d'ailleurs plus de 2 000 familles à envoyer leurs enfants en Belgique.
Aussi, le Gouvernement souhaite développer dès 2003, puis au cours de la
législature, les places nécessaires en établissement pour répondre à ces
besoins et apporter l'assistance nécessaire aux personnes qui vivent à domicile
(soins infirmiers, auxiliaires de vie, aides ménagères...).
« Un autre volet de ce grand chantier est la révision de la loi d'orientation
du 30 juin 1975. La nouvelle loi, dont le projet sera déposé en 2003, exprimera
notamment la solidarité nationale vis à vis de toutes les personnes handicapées
en affirmant et en réorganisant leur droit à la prise en charge des aides
techniques et humaines nécessaires à la compensation de leur handicap.
« Ces grands projets n'empêchent pas les mesures concrètes et immédiates. Des
créations de postes d'auxiliaires de vie et d'intégration scolaire sont prévues
dans le projet de loi de finances pour 2003. 3 000 places en centres d'aide par
le travail sont créées en 2003, soit un doublement de l'effort de création de
places, pour favoriser l'intégration professionnelle des personnes handicapées
qui ne peuvent accéder au milieu de travail ordinaire. Le nombre de places en
établissement (maisons d'accueil spécialisé, foyers d'accueil médicalisé) est
également doublé pour diminuer les listes d'attente actuelles et donner une
place aux jeunes adultes et aux personnes polyhandicapées qui restent
actuellement dans des établissements pour jeunes enfants (environ 4 000
personnes). Ces créations doivent permettre de faire face aux besoins nouveaux
qui s'ouvrent notamment en raison du vieillissement des personnes
handicapées.
« 1.4.6. Les personnes âgées
« La France doit donner toute sa place à l'âge dans notre société. Il faut
pouvoir y vieillir en toute dignité.
« Etre respecté dans sa dignité, son intégrité, ses besoins de dialogue,
d'échange, de relations sociales, être entendu sur les demandes de santé,
d'hygiène de vie, bénéficier d'un niveau de revenu et de conditions de vie
satisfaisants, tels sont les souhaits des personnes âgées aujourd'hui. C'est
l'espérance de tous ceux qui avancent en âge et, demain, de chacun.
« Par rapport aux générations précédentes, la population vit plus longtemps.
Obligation est faite aux pouvoirs publics de donner un sens à ces années
ajoutées à l'espérance de vie. Mais cet allongement de la vie qui ouvre tant de
nouvelles possibilités s'accompagne souvent d'une perte d'autonomie, risque
normal dans les vies qui s'allongent.
« La loi n° 2001-647 du 20 juillet 2001 relative à la prise en charge de la
perte d'autonomie a donné aux personnes âgées un nouveau droit, le droit à
l'autonomie.
« La politique de santé publique doit également améliorer la prise en charge
des personnes âgées par le développement des connaissances des maladies liées à
l'âge et le soutien aux soins gériatriques.
« Dans le domaine des soins spécifiques aux personnes âgées, la priorité du
Gouvernement est la mise en oeuvre de la réforme de la tarification des
établissements hébergeant des personnes âgées dépendantes.
« Les objectifs de la réforme de la tarification sont maintenus :
« - offrir une qualité de prise en charge accrue dans chaque établissement à
travers l'engagement d'une démarche qualité ;
« - réduire les inégalités tarifaires et rendre plus équitable l'allocation
des ressources ;
« - clarifier les coûts (hébergement, soins et dépendance) et le champ de
compétence de chaque financeur.
« Le rythme lent de signature des conventions traduit les difficultés de mise
en oeuvre de la réforme en raison d'une réglementation évolutive et complexe,
qui a nécessité un temps d'appropriation par les acteurs ainsi qu'une forte
mobilisation des intervenants sur la mise en oeuvre des trente-cinq heures, de
l'allocation personnalisée d'autonomie (APA) et des nouvelles règles
comptables. Dès lors, prévoir une signature de l'ensemble des conventions à
l'horizon 2003 s'avère irréaliste.
« L'objectif est de signer l'ensemble des conventions à l'horizon 2005 et
d'engager une démarche incitative et volontariste pour atteindre cet
objectif.
« Afin de régler les cas les plus difficiles et de tenir compte des
inévitables retards que rencontreront certains signataires, il est proposé de
reporter la date d'échéance à 2006. Ainsi, l'ensemble des procédures seront
menées à leur terme correctement.
« Pour 2003, il est prévu d'obtenir la signature de 1 800 conventions
tripartites.
« S'agissant des programmes pluriannuels en cours dans le secteur des
personnes âgées, ils seront poursuivis.
« Parmi les priorités de santé publique, les maladies neurodégénératives, dont
la maladie d'Alzheimer, et leurs conséquences dramatiques seront prises en
compte tout particulièrement, notamment en développant l'aide aux familles et
l'accueil de jour.
« 2. La branche accidents du travail
« 2.1. Améliorer la gestion de la branche
« Le Gouvernement souhaite s'inscrire dans la continuité de la loi du 25
juillet 1994, qui a reconnu l'autonomie de la branche accidents du travail et
maladies professionnelles. A cet effet, la branche sera dotée d'une convention
d'objectifs et de gestion et d'un conseil de surveillance. De tels outils
permettront d'améliorer significativement la gestion de la branche.
« Par ailleurs, malgré une situation comptable dégradée, le Gouvernement a
respecté la recommandation des partenaires sociaux, réunis au sein de la
commission des accidents du travail et des maladies professionnelles, de
stabiliser le taux de cotisation.
« Enfin, la clarification des comptes de la sécurité sociale commande que les
dépenses de chaque branche soient correctement imputées, ce qui nécessite
d'engager un effort de formation à destination des différents acteurs
(professionnels de santé, établissements hospitaliers) et d'étudier avec
attention les causes de la sous-déclaration des accidents du travail et des
maladies professionnelles.
« Dans cette attente, au terme d'un travail approfondi sur ce sujet,
l'évaluation minimale des dépenses imputées à tort à la branche maladie a été
estimée, par la commission instituée par l'article L. 176-2 du code de la
sécurité sociale, à 330 millions d'euros. Ce montant a été retenu pour fixer le
transfert entre les deux branches.
« 2.2.
Etudier les conséquences d'un passage éventuel
à la réparation intégrale
« A la suite du rapport de M. Roland Masse, M. Michel Yahiel avait été chargé
de conduire une réflexion sur la méthodologie de la mise en place d'une
réparation intégrale des risques professionnels. Ce rapport a été rendu en
avril 2002.
« Compte tenu notamment du développement de systèmes de réparation de "droit
commun" et de l'évolution de la jurisprudence, la législation des accidents du
travail et des maladies professionnelles, qui repose sur le "compromis" d'avril
1898, mérite un réexamen approfondi. L'évolution vers la réparation dite
"intégrale" est ainsi l'une des possibilités d'évolution de la branche.
Toutefois, comme l'a souligné le rapport de M. Yahiel, "la pauvreté des
informations disponibles pour éclairer d'éventuelles décisions", l'absence
d'éléments d'analyse sérieux sur les incidences économiques des choix possibles
"d'un point de vue général mais aussi au regard des gains et pertes à anticiper
pour les victimes" montrent "l'extrême incertitude entourant les conditions de
réalisation et les conséquences de la réparation intégrale, à commencer par son
coût".
« Le Gouvernement a donc confié le soin à M. Yahiel de conduire un comité de
pilotage associant les principaux acteurs pour approfondir l'expertise sur la
réparation intégrale dans ses aspects juridiques, financiers et
organisationnels. Une fois cette évaluation connue, le Gouvernement sera alors
fondé à mener une large concertation, notamment avec les partenaires
sociaux.
« 2.3.
Prendre en compte le préjudice subi
par les victimes de l'amiante
« Dès son entrée en fonctions, le Gouvernement a souhaité que les mécanismes
de réparation du préjudice subi par les personnes souffrant d'une affection
liée à l'amiante soient rapidement mis en place. Le Fonds d'indemnisation des
victimes de l'amiante, après avoir défini les montants d'acomptes en juin 2002,
est en voie d'arrêter le barème définitif. Il sera doté d'un versement de la
branche accidents du travail et maladies professionnelles de 190 millions
d'euros en 2003.
« 3. La politique de la famille
« Le Gouvernement a décidé d'infléchir dès 2003 la politique au bénéfice des
familles dans le cadre du projet de loi de financement de la sécurité sociale,
mais également dans le cadre du projet de loi de finances.
« Dans cet esprit, il a décidé de mettre en place en priorité une mesure
ciblée sur les familles nombreuses ayant de grands enfants. En effet,
aujourd'hui, les allocations familiales ne sont perçues qu'à partir du deuxième
enfant et cessent en majeure partie d'être versées lorsque les enfants
atteignent l'âge de vingt ans. Ce dispositif peut provoquer de forts
déséquilibres dans les budgets des familles les plus modestes, les enfants
restant à la charge de leurs parents sur une période de plus en plus longue,
bien au-delà de leurs vingt ans.
« L'objectif poursuivi par le Gouvernement est d'atténuer le caractère brutal
de cette perte d'allocations familiales. La mesure est ciblée sur les familles
de trois enfants et plus, pour lesquelles la perte financière est la plus
importante. Ainsi, une somme de 70 euros par mois sera versée à compter du 1er
juillet 2003 pendant un an à ces familles dont l'aîné atteint vingt ans.
L'avantage pour les 145 000 familles concernées sera de 840 euros.
« Dans le projet de loi de finances pour 2003, le Gouvernement a, par
ailleurs, prévu le doublement de l'abattement pour les donations entre les
grands-parents et les petits-enfants qui permettra de relancer l'effort de
solidarité financière entre les générations. De même l'augmentation de 50 % des
seuils pour les emplois familiaux favorisera toutes les familles qui emploient
à domicile des gardes d'enfants ou des personnes destinées à soulager les plus
âgées de tâches à caractère familial ou ménager.
« Par ailleurs, dans un souci de clarification, la croissance de la prise en
charge par la Caisse nationale des allocations familiales des majorations de
retraites pour enfants se poursuivra. Le taux de prise en charge atteindra 60 %
en 2003.
« Les délais impartis au Gouvernement n'ont pas permis d'aller au-delà de
cette inflexion. Aussi c'est la Conférence de la famille de 2003 qui marquera
le début d'une réforme plus fondamentale de la politique familiale. Les travaux
préparatoires à cette conférence, lancés au début du mois d'octobre 2002,
seront marqués du sceau de l'ambition et du réalisme. Ambition car il est temps
de mettre en chantier les inflexions majeures attendues par l'ensemble des
partenaires, et notamment la création d'une prestation unique de libre choix.
Réalisme car la politique familiale repose sur des équilibres complexes et
notre environnement financier est porteur de contraintes. Les groupes de
travail qui prépareront la conférence du printemps 2003 axeront ainsi, en
priorité, leur réflexion autour des thèmes liés à la simplification des
prestations, aux services destinés aux familles ou encore à la conciliation de
la vie familiale et de la vie professionnelle. Le Gouvernement s'engage à
examiner dans sa globalité la situation des veuves, en particulier la
majoration des 10 % des mères de famille, l'augmentation du plafond de
ressources et du montant de l'assurance veuvage.
« 4. La politique d'assurance vieillesse
« 4.1. Refuser l'attentisme
« Bénéficiant momentanément d'un contexte démographique exceptionnel, la
branche vieillesse est excédentaire. Comme l'ont montré les différents rapports
qui se sont succédé en France depuis au moins dix ans, cette situation
favorable sera extrêmement brève. Le "diagnostic" des besoins de financement, à
l'horizon 2020 comme à l'horizon 2040, est parfaitement établi.
« Le principal danger qui pèse sur nos régimes de retraite par répartition
serait l'inaction. Leur sauvegarde pèserait alors de tout son poids sur un
nombre relativement faible de générations, qui pourraient alors refuser un
effort supplémentaire.
« La revalorisation des pensions sera en 2003 de 1,5 %, conformément à
l'inflation prévue. Cette revalorisation permettra ainsi d'assurer le maintien
du pouvoir d'achat des retraités. Tout effort supplémentaire présumerait de
l'équilibre actuel et futur de la branche.
« 4.2.
Faire reposer la réforme sur l'équité,
la liberté et l'effort partagé
« Conformément à la déclaration de politique générale du Premier ministre du 3
juillet 2002, cette réforme reposera sur les principes suivants :
« - elle doit aboutir à une plus grande équité entre les Français, tout en
tenant compte des spécificités et des différents statuts et évidemment de la
diversité des situations, notamment démographiques ;
« - la liberté de choix sera assurée : la retraite à soixante ans, qui est un
acquis social, ne sera pas remise en cause, mais ceux qui souhaitent prolonger
leur activité au-delà doivent pouvoir le faire et ainsi augmenter leurs droits
;
« - les efforts nécessaires seront équitablement répartis.
« Les principes fondamentaux de la réforme seront précisés, en liaison avec
les partenaires sociaux, au début de l'année 2003. Chaque régime, privé ou
public, fera alors l'objet d'un traitement spécifique, selon un calendrier
approprié et des modalités à négocier au cas par cas.
« Le temps est ainsi à la prise de décisions. Notre système de retraites est
notre bien commun. Les conditions de sa préservation, qui seront concertées
dans le cadre du renouveau du dialogue social, seront réunies avant la fin du
premier semestre 2003.
« 5.
Le financement
et l'équilibre de la sécurité sociale
« Dans le domaine du financement et de l'équilibre de la sécurité sociale, le
Gouvernement est déterminé à s'engager sur la crédibilité de ses objectifs et à
progresser dans le domaine de la clarification.
« 5.1. S'engager sur la crédibilité des objectifs
« La crédibilité des objectifs des lois de financement des années précédentes
a été remise en question par d'importants dépassements des objectifs de
dépenses notamment pour la branche maladie. De tels dépassements ont conduit le
précédent gouvernement à proposer le vote d'objectifs rectifiés dans le projet
de loi de financement de la sécurité sociale. Toutefois, une adjonction des
objectifs de l'année en cours aux objectifs de l'année suivante ne permet pas
un réel débat sur la justification des dépassements.
« Le Gouvernement souhaite donc changer de méthode pour rendre toute leur
crédibilité aux objectifs des lois de financement. Ainsi, il prend l'engagement
de présenter au Parlement au début du mois de mai un projet de loi de
financement rectificative, au cas où les prévisions de recettes et de dépenses
effectuées dans le cadre de la commission des comptes de printemps montreraient
un décalage significatif avec les objectifs fixés dans la loi de financement
pour 2003.
« La présentation du projet de loi de financement rectificative sera
l'occasion de débattre des motifs de ces différences entre évolution des
agrégats et objectifs, qu'elles soient positives ou négatives. Il proposera un
certain nombre de mesures visant à en tirer les conséquences en termes
d'encadrement du système de sécurité sociale, en termes d'efforts que
fournissent les différents acteurs ou en termes de bénéfices qu'ils en
tirent.
« 5.2.
Clarifier le financement de la sécurité sociale,
en particulier les relations financières avec l'Etat
« La deuxième priorité du Gouvernement est de clarifier le financement de la
sécurité sociale.
« Comme le montre l'audit des finances publiques, les comptes de la sécurité
sociale sont caractérisés actuellement par une réelle opacité. De nombreux
circuits de financement ont été mis en place ces dernières années. Outre leur
complexité, ces circuits sont décriés par les différents partenaires, car ils
conduisent à faire financer par la sécurité sociale des dépenses qui n'entrent
pas dans son objet.
« L'importance des montants en jeu et la complexité des liens entre les
différents organismes font de cette inévitable clarification un objectif de
moyen terme.
« La conjoncture et les contraintes pesant sur les finances publiques ne
permettent pas d'opérer une clarification complète en une seule année. En 2003,
il a paru indispensable au Gouvernement, néanmoins, d'engager une première
étape tout à fait significative. Celle-ci comprend trois volets essentiels :
« - l'engagement de l'Etat de compenser intégralement les nouveaux allégements
de charges ;
« - une réaffectation à la sécurité sociale d'une partie des recettes qui
avaient été utilisées pour le financement du Fonds de financement de la réforme
des cotisations patronales de sécurité sociale (FOREC). La modification des
clés de partage des droits sur les tabacs entre le FOREC et la CNAMTS apportera
à cette dernière 700 millions d'euros et permettra de revenir à la clé de
partage prévalant avant la création du FOREC ;
« - le remboursement de la moitié de la dette passée au titre des allégements
de charges.
« C'est de la sauvegarde de notre sécurité sociale dont il s'agit aujourd'hui.
Elle passe par une modernisation de son organisation et de ses structures qui
permette de s'adapter à son nouvel environnement. Le chemin tracé par le
Gouvernement est clair. Sa résolution l'est également. C'est dans la durée,
dans la concertation et le respect du dialogue social que les réformes seront
menées. »
L'amendement n° 64, présenté par M. Joly, est ainsi libellé :
« Compléter
in fine
le cinquième alinéa du 3 du rapport annexé par deux
phrases ainsi rédigées : "Les pensions personnelles et les pensions de
réversion sont majorées de 10 % lorsque l'intéressée a élevé trois enfants
pendant neuf ans avant leur seizième anniversaire selon l'article L. 351-12 et
l'article R. 351-30 du code de la sécurité sociale. Toutefois cette majoration
n'est pas prise en compte dans le calcul du cumul de la pension de réversion et
de l'avantage personnel". »
La parole est à M. Bernard Joly.
M. Bernard Joly.
Cet amendement vise à mettre la législation en accord avec la jurisprudence de
la Cour de cassation, qui estime que cette majoration ne doit pas être incluse
dans le calcul de la limite du cumul d'un avantage personnel et d'une pension
de réversion.
Cette disposition législative, votée lors de l'examen du projet de loi de
financement de la sécurité sociale pour 1999, crée une discrimination au
détriment des femmes ayant élevé au moins trois enfants qui perçoivent une
majoration pour enfants, par rapport à celles qui ne bénéficient pas de cet
avantage.
En effet, en cas de dépassement de la limite du cumul, le fait d'inclure la
majoration pour enfants dans le calcul du cumul entraîne une diminution de la
pension de réversion de la mère de famille plus importante que si celle-ci
n'avait pas bénéficié de cet avantage.
De plus - et j'attire particulièrement votre attention sur ce point, monsieur
le ministre -, certaines caisses régionales d'assurance maladie, les CRAM, et
certaines directions régionales des affaires sanitaires et sociales, les DRASS,
refusent d'appliquer le mode de calcul pour la prise en compte de la majoration
de 10 %, conforme, pourtant, à celui qui a été retenu par la Cour de cassation
en 1992 et confirmé par de récents jugements d'instance ou d'appel.
Il est anormal que, pour bénéficier de ce mode de calcul, les veuves
concernées soient obligées d'introduire des recours contentieux dont la
procédure est longue et coûteuse et le principe même inacceptable compte tenu
de la situation de détresse morale dans laquelle elles se trouvent placées à la
suite de la disparition de leur époux.
Il convient de régler cette question une fois pour toutes et de ne pas la
renvoyer à la réforme des retraites qui devrait nous être soumise dans le cours
de l'année prochaine, car il ne s'agit ni d'une refonte ni d'une mise à plat.
Il s'agit uniquement de recaler une disposition qui entraîne des
distorsions.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Vasselle,
rapporteur.
Les conséquences de la jurisprudence auxquelles fait
référence notre collègue M. Joly, également évoquées dans un amendement déposé
par M. Domeizel, appellent assurément une réponse de la part du Gouvernement.
En revanche, la commission n'estime pas souhaitable d'insérer ces dispositions
dans le rapport annexé, qui n'a pas de caractère normatif.
C'est la raison pour laquelle il me semble préférable que M. Joly retire cet
amendement. Je ne doute pas que Mme le ministre lui apportera les précisions
qu'il attend.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Nicole Ameline,
ministre déléguée à la parité et à l'égalité professionnelle.
Cet
amendement tend à revenir sur une disposition adoptée pendant la précédente
législature. Il faut rappeler en effet que, de manière quelque peu subreptice,
lors de l'examen de la loi de financement de la sécurité sociale pour 1999, la
majoration de pension pour enfants a été incluse dans les ressources cumulables
avec une pension de réversion. De ce fait, compte tenu du plafonnement du cumul
entre la pension de réversion et les avantages personnels de retraite, certains
veufs ou veuves sont exclus du bénéfice de cette majoration.
Les associations ont d'autant plus mal ressenti cette disposition qu'elles
avaient préalablement gagné un long combat juridique, remontant jusqu'à la Cour
de cassation, pour faire aboutir leurs revendications.
Je comprends très bien la préoccupation de M. Joly. Toutefois, une
modification législative en sens inverse apparaît pour le moins prématurée. En
effet, la réforme des retraites que le Gouvernement va engager au cours du
premier semestre de l'année 2003 abordera de manière globale et dans le sens de
l'équité et de la solidarité la question des ressources laissées au conjoint
survivant.
Pour l'instant, en accord avec la commission des affaires sociales, je vous
demande, monsieur le sénateur, de bien vouloir retirer votre amendement. Dans
le cas contraire, je me verrais obligée d'exprimer un avis défavorable.
M. le président.
L'amendement est-il maintenu, monsieur Joly ?
M. Bernard Joly.
Madame la ministre, je vous avais demandé toute votre attention, mais j'ai
l'impression de ne pas avoir été entendu.
M. René-Pierre Signé.
C'est souvent ainsi !
M. Bernard Joly.
Je répète que ces veuves sont obligées d'engager une procédure à l'issue de
laquelle elles ont toujours satisfaction. Ce n'est tout de même pas normal !
Je ne peux pas retirer mon amendement.
(Marques d'approbation sur les
travées du groupe socialiste.)
M. le président.
La parole est à M. le président de la commission des affaires sociales.
M. Nicolas About,
président de la commission des affaires sociales.
Monsieur Joly, je
crains que l'adoption de votre amendement, qui porte sur une partie du projet
de loi qui n'est pas normative, n'introduise une incohérence dans le texte : le
rapport annexé, qui n'est pas normatif, ne peut annoncer une disposition qui ne
figurera pas dans la partie normative puisque le Gouvernement a indiqué qu'il
la refusera.
Dans un souci de cohérence et de respect du travail parlementaire, je souhaite
personnellement que l'amendement soit retiré.
M. le président.
Monsieur Joly, maintenez-vous toujours l'amendement n° 64 ?
M. Bernard Joly.
Pour moi, l'incohérence serait de maintenir le système actuel.
M. Nicolas About,
président de la commission des affaires sociales.
Je n'ai pas dit le
contraire !
M. Bernard Joly.
Incohérence pour incohérence, je préfère être battu sur ce vote et affirmer ma
solidarité avec les veuves.
(Bravo ! et applaudissements sur les travées du
groupe socialiste.)
M. René-Pierre Signé.
C'est une pression inadmissible !
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 64.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
L'amendement n° 65, présenté par M. Joly, est ainsi libellé :
« Compléter
in fine
le cinquième alinéa du 3 du rapport annexé par deux
phrases ainsi rédigées : "L'assurance veuvage sera revalorisée et les
conditions d'attribution assouplies. Les attributaires bénéficieront de la
couverture maladie universelle". »
La parole est à M. Bernard Joly.
M. Bernard Joly.
L'assurance veuvage concerne des personnes de moins de cinquante-cinq ans qui
sont en situation de grande difficulté liée à un deuil et qui doivent affronter
une réorganisation de leur vie personnelle en même temps que de leur vie
familiale du fait de leur âge et de leur manque de qualification. Toutefois,
ses conditions d'attribution sont encore draconiennes - ressources mensuelles
inférieures à 615,54 euros, allocation comprise -, ce qui limite
considérablement le nombre des bénéficiaires.
Cette cotisation obligatoire, d'un montant de 0,10 % du salaire brut, devrait
entraîner en retour une prestation sans condition de ressources.
Seuls 28 % des fonds recueillis sont redistribués. On peut ainsi revaloriser
la prestation et étendre la CMU aux bénéficiaires, sachant que la grande
majorité des 4 millions de conjoints survivants disposent de moins de 600 ou
750 euros par mois pour vivre.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Vasselle,
rapporteur.
Cet amendement est satisfait par une disposition adoptée par
l'Assemblée nationale avec l'accord du Gouvernement. Un engagement très clair
et très net figure donc dans le projet de loi et doit rassurer notre
collègue.
La réflexion globale qui sera menée sur les retraites, et plus
particulièrement en ce qui concerne les conjoints survivants, devrait donc
permettre de trouver une réponse aux questions soulevées par M. Joly.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Nicole Ameline,
ministre déléguée.
Monsieur le sénateur, compte tenu de mes fonctions, je
suis comme vous extrêmement sensible à la situation des veuves, que vous avez
exposée tout à l'heure, et bien sûr à cet amendement.
Je rappellerai cependant que l'assurance veuvage, créée par la loi du 17
juillet 1980, était initialement versée pendant trois ans de manière
dégressive. Elle a ensuite été portée à deux ans et reste désormais fixée au
niveau le plus élevé. Le cumul pendant un an de l'allocation de veuvage avec
les revenus tirés d'une activité professionnelle ou d'un stage rémunéré est
également autorisé. Enfin, cette allocation est désormais versée sans condition
d'enfant à charge ou élevé.
Ces mesures ont donc déjà contribué à réformer le dispositif de l'assurance
veuvage en faveur des conjoints survivants.
S'agissant de l'extension du droit automatique à la CMU aux bénéficiaires de
cette assurance, je vous précise que les allocataires de l'assurance veuvage
bénéficient d'un droit aux prestations en nature des assurances maladie et
maternité, soit comme salariés, soit, s'ils étaient ayants droit de leur
conjoint, au titre du maintien de droit.
Ils n'ont donc pas vocation à relever du régime général sur le critère de
résidence, ce dernier dispositif étantsubsidiaire par rapport à toutes les
autres possibilités de bénéficier des prestations en nature de l'assurance
maladie.
En ce qui concerne le volet complémentaire de la couverture maladie
universelle, je rappelle qu'il s'agit là d'une prestation qui ne se rattache
pas au financement de la sécurité sociale, mais qui est financée par le budget
de l'Etat.
L'amendement est donc irrecevable au regard du code de la sécurité sociale. Il
est en outre inconstitutionnel au titre de l'article 40 de la Constitution, en
tant qu'il concerne la CMU complémentaire.
Au surplus, il n'est sans doute pas souhaitable que le droit à la couverture
maladie universelle complémentaire soit lié au bénéfice de minima sociaux. En
effet, certains bénéficiaires de ces minima, tels que les titulaires de
l'assurance veuvage, disposent de ressources supérieures au montant nominal de
l'allocation qu'ils perçoivent, alors que d'autres demandeurs de la CMU
complémentaire, aux revenus modestes, en seraient exclus.
Enfin, d'autres voies sont possibles, au-delà de la CMU complémentaire, pour
aider nos concitoyens à acquérir une couverture complémentaire. Sur la base des
orientations qu'a fixées le Président de la République, c'est un axe important
de l'action que développera le ministère de la santé, de la famille et des
personnes handicapées.
Dans ces conditions, et pour les raisons qui ont également été évoquées par la
commission, le présent amendement me paraît sans objet. Je propose donc son
rejet.
M. le président.
Monsieur Joly, maintenez-vous l'amendement n° 65 ?
M. Bernard Joly.
Je le retire, monsieur le président.
M. le président.
L'amendement n° 65 est retiré.
L'amendement n° 66, présenté par M. Joly, est ainsi libellé :
« Compléter
in fine
le cinquième alinéa du 3 du rapport annexé par une
phrase ainsi rédigée : "La pension de réversion est attribuée sans condition
d'âge pour les chargés de famille". »
La parole est à M. Bernard Joly.
M. Bernard Joly.
L'attribution dès le décès de la pension de réversion sans condition d'âge
apparaît, pour le parent survivant ayant des enfants à charge, comme un moyen
de répondre à une situation de nécessité.
Le dispositif existe déjà. Son extension, qui ne prendra en compte que la
nouvelle condition, est une réponse qui peut être apportée immédiatement.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Vasselle,
rapporteur.
Toutes les propositions de notre collègue M. Joly touchent à
la pension de réversion et à la retraite. La commission, tout comme le
Gouvernement par la voix de M. Jean-François Mattei et de Mme Nicole Ameline,
considère que sa position est à bien des égards légitime.
Cependant, toutes ces questions seront examinées à l'occasion de la discussion
des dispositions relatives à l'assurance vieillesse, et nous souhaitons que
toutes les options qui restent ouvertes soient étudiées lors de l'élaboration
de la réforme des retraites, dont le cadre conviendra mieux à la proposition de
M. Joly.
C'est la raison pour laquelle nous lui suggérons de retirer son amendement.
Qu'il ne se sente pas frustré, car il aura sans aucun doute l'occasion de
revenir sur le sujet puisque le Gouvernement a pris l'engagement très clair de
ne pas « jouer la montre » concernant la réforme des retraites.
Je suis que M. Joly partage ma conviction quant à la volonté du Gouvernement
d'agir et de respecter les engagements qu'il a pris devant l'opinion
publique.
Ainsi, mon cher collègue, je pense que vous allez retirer votre amendement, à
moins que Mme la ministre, dans un élan de générosité, ne soit prête à accéder
tout de suite à votre demande.
(Sourires.)
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Nicole Ameline,
ministre déléguée.
Au risque de décevoir M. le rapporteur, je vais plutôt
rappeler à M. Joly un amendement adopté à l'Assemblée nationale. Cet amendement
prévoit que le Gouvernement s'engage à examiner dans sa globalité la situation
des veuves, en particulier la majoration de 10 % pour les mères de famille
ainsi que l'augmentation du plafond de ressources et du montant de l'assurance
veuvage.
Il me paraît également prématuré d'envisager un assouplissement de la
condition d'âge d'ouverture du droit à pension de réversion, étant entendu que
ce sujet fera partie intégrante du grand débat national que compte mener le
Gouvernement au cours du premier semestre 2003.
Une évolution devra sans aucun doute prendre en compte à la fois l'objectif
d'harmonisation entre les différents régimes et l'objectif d'équilibre
financier de notre système de retraite.
Dans ces conditions, le Gouvernement est défavorable à cet amendement !
M. le président.
Monsieur Joly, l'amendement n° 66 est-il maintenu ?
M. Bernard Joly.
Dans la mesure où ma demande est jugée prématurée, je le retire. Au demeurant,
monsieur le rapporteur, je peux effectivement me sentir frustré dans la mesure
où aucune de mes trois propositions en faveur des veuves n'a été retenue.
M. le président.
L'amendement n° 66 est retiré.
Je mets aux voix l'ensemble de l'article 1er et du rapport annexé.
(L'article 1er et le rapport annexé sont adoptés.)
TITRE IV