SEANCE DU 25 NOVEMBRE 2002
M. le président.
L'amendement n° I-159, présenté par M. Foucaud, Mme Beaudeau, M. Loridant et
les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« Après l'article 7, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« Dans le quatrième alinéa du I de l'article 158
bis
du code général
des impôts, les mots : "à la moitié" sont remplacés par les mots : "au tiers".
»
La parole est à M. Paul Loridant.
M. Paul Loridant.
Cet amendement est devenu traditionnel. Depuis de longues années en effet,
nous soulignons la nécessité de résoudre le problème de l'évolution de l'avoir
fiscal, qui était censé, à l'origine, répondre à la double imposition des
contribuables - des particuliers, mais également des entreprises, qui
constituaient un cas un peu différent.
Or il se trouve que le taux de l'impôt sur les sociétés a été ramené à 33,3 %,
en application de diverses mesures fiscales mises en place par le passé, alors
que le taux de l'avoir fiscal, lui, demeure fixé à 50 %. L'existence de l'avoir
fiscal nous paraît fortement menacée par la convergence des modalités
d'imposition des entreprises. La vertu de cet amendement est de le
souligner.
Nous pensons que notre amendement peut également être source de rendement,
puisqu'il pourrait rapporter au budget de l'Etat, selon nos estimations, un
minimum de l'ordre de un milliard d'euros, ce qui serait tout de même
intéressant dans le contexte budgétaire de l'année 2003.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
M. Loridant a dit que cet amendement était
traditionnel ; il sait donc que l'avis traditionnel de la commission est
défavorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lambert,
ministre délégué.
La transition est difficile, car la tradition de ces
dernières années n'était peut-être pas la même. En tout cas, le Gouvernement en
engage une nouvelle et émet le même avis défavorable que la commission.
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° I-159.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion
commune.
L'amendement n° I-139 rectifié, présenté par M. Foucaud, Mme Beaudeau, M.
Loridant et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi
libellé :
« Après l'article 7, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« L'article 242
quater
du code général des impôts est abrogé. »
L'amendement n° I-160, présenté par M. Foucaud, Mme Beaudeau, M. Loridant et
les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« Après l'article 7, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« L'article 242
quater
du code général des impôts est complété par un
alinéa ainsi rédigé :
« Le taux du crédit d'impôt prévu au premier alinéa du II de l'article 158
bis
est fixé à 5 % pour les crédits d'impôts utilisés à compter du 1er
janvier 2002 par une personne morale non résidente, dans le cadre d'une
convention fiscale prévue par l'alinéa précédent. »
La parole est à M. Paul Loridant, pour défendre ces deux amendements.
M. Paul Loridant.
L'amendement n° I-139 rectifié a pour objet de supprimer l'article 242
quater
du code général des impôts. Nous entendons tirer les conséquences
de l'évolution de la législation fiscale chez les différents partenaires de
notre pays, en particulier au sein de l'Union européenne.
En effet, l'avoir fiscal sera bientôt à remiser au magasin des accessoires
d'une législation fiscale désuète, puisque la France - je l'ai dit tout à
l'heure - est quasiment le dernier des pays à le pratiquer.
Je vous rappelle que l'article 242
quater
vise à permettre l'imputation
des avoirs fiscaux pour les résidents des pays ayant signé avec la France une
convention fiscale le prévoyant expressément.
Il ne trouve aujourd'hui que peu de raisons de s'appliquer, puisque, ainsi que
nous l'avons souligné, ce mode d'allégement a quasiment disparu.
C'est donc pour tenir compte de cette évolution que nous invitons le sénat à
adopter cet amendement n° I-139 rectifié.
L'amendement n° I-160 vise à réduire le taux de l'avoir fiscal portant sur les
revenus perçus par les contribuables non résidents.
On sait qu'une bonne partie des non-résidents concernés sont bien souvent des
citoyens français demeurant à l'étranger pour des raisons diverses et qui, du
fait de leur résidence à l'étranger, bénéficient, çà et là, de certains
avantages fiscaux.
D'ailleurs, dans l'actualité récente, quelques exemples particulièrement
intéressants montrent que l'installation à l'étranger est souvent motivée par
des raisons fiscales.
On sait, par ailleurs, que l'une des motivations de l'avoir fiscal, outre
qu'il permet de « neutraliser » la double imposition des revenus de placement,
consiste à fidéliser en quelque sorte les actionnaires dans le développement
des entreprises de notre pays.
En fait, l'avoir fiscal serait un bien pour le renforcement des fonds propres
de nos entreprises, en ce sens qu'il encouragerait une forme d'épargne
longue.
Le problème est que, lorsque ce dispositif intervient pour des contribuables
non-résidents, les retombées immédiates sur l'économie française ne sont pas
évidentes. On peut même se poser la question de savoir s'il y en a ! C'est la
raison pour laquelle nous invitons le Sénat à adopter cet amendement n°
I-160.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Ces deux amendements ne lui semblant pas conformes
aux engagements internationaux de la France, la commission émet un avis
défavorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lambert,
ministre délégué.
Même avis défavorable sur ces deux amendements.
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° I-139 rectifié.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° I-160.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
L'amendement n° I-158, présenté par M. Foucaud, Mme Beaudeau, M. Loridant et
les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« Après l'article 7, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« Le deuxième alinéa du I de l'article 219 du code général des impôts est
complété par une phrase ainsi rédigé :
« Toutefois, les bénéfices distribués sont assujettis au taux de 36,67 %. »
La parole est à M. Paul Loridant.
M. Paul Loridant.
Dans un contexte budgétaire dans lequel nous recherchons des recettes, toutes
les pistes nous paraissent devoir être explorées pour contenir les déficits ou,
en tout cas, pour accompagner les dépenses de certains ministères.
L'adoption de cet amendement, qui a un caractère générique, permettrait de
dégager 1,5 milliard d'euros de recettes nouvelles. Une telle somme permettrait
évidemment de remettre à niveau des dotations budgétaires que l'Etat verse aux
collectivités locales ou d'améliorer le solde global de la loi de finances.
Elle pourrait encore être utilement utilisée pour certaines dépenses sociales.
Ne parlons évidemment pas du financement de l'allocation personalisée
d'autonomie, qui pourrait également être complété.
Cet amendement à sa pertinence. Il permet de valider les choix de gestion
tendant à préférer le réinvestissement des bénéfices dans l'entreprise à la
distribution de dividendes. Cet amendement, qui revêt donc un caractère
incitatif et éthique, permettra, sur un plan social et économique, une
utilisation plus positive des excédents produits par l'activité économique. En
outre, les bénéfices distribués pourraient être assujettis au taux d'imposition
de 36,67 %.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
La commission se demande pourquoi nos collègues
s'arrêtent à 36,67 %. Ils pourraient proposer un taux d'imposition bien
supérieur !
Bien entendu, la majorité de la commission ne partageant pas ce raisonnement,
elle ne peut être que défavorable à cet amendement.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lambert,
ministre délégué.
Il s'agit d'un dispositif complexe qui découragerait et
donc freinerait l'épargne en actions et qui va complètement à l'encontre du
souhait du Gouvernement de renforcer les fonds propres des entreprises.
M. Paul Loridant a encore le temps de retirer cet amendement, ce que je
l'invite à faire. A défaut, le Gouvernement émettrait un avis défavorable.
M. le président.
Monsieur Loridant, maintenez-vous cet amendement ?
M. Paul Loridant.
Oui, monsieur le président.
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° I-158.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
L'amendement n° I-156, présenté par M. Foucaud, Mme Beaudeau, M. Loridant et
les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« Après l'article 7, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - La seconde phrase de l'article 235
ter D
du code général des
impôts est ainsi rédigée : ´´Ce pourcentage est porté à 1,4 % à compter du 1er
janvier 1992, à 1,5 % à compter du 1er janvier 1993 et à 2 % à compter du 1er
janvier 2003''.
« II. - Dans la troisième phrase du même article, le pourcentage : ´´2 %'' est
remplacé par le pourcentage ´´3 %''.
« III. - La perte de recettes résultant pour l'Etat de l'application du I
ci-dessus est compensée à due concurrence par la création d'une taxe
additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des
impôts. »
La parole est à M. Paul Loridant.
M. Paul Loridant.
Même s'il est dans les intentions du Gouvernement et de sa majorité
parlementaire d'oeuvrer à la réduction du montant et du taux des prélèvements
obligatoires, nous ne pouvons nous empêcher de penser qu'il est nécessaire de
faire varier, pour les besoins spécifiques, le niveau de certains de nos
prélèvements.
On notera d'ailleurs que les taxes diverses destinées à financer la formation
continue, l'apprentissage ou la formation en alternance ne participent pas tout
à fait de la définition communément admise en termes de prélèvements
obligatoires.
La question qui nous est posée avec cet amendement est celle du développement
de la formation continue des salariés. L'actualité sociale récente est en effet
marquée - nous le constatons, hélas ! avec beaucoup de regrets - par la mise en
oeuvre d'un certain nombre de plans de licenciement de personnels dans des
entreprises fort diverses, et de restructurations. Alors que le chômage a
tendance à augmenter dans notre pays, il nous semblerait intéressant de
contribuer à favoriser et à accélérer la formation professionnelle et la
qualification des salariés, notamment de ceux qui sont victimes de ces plans de
licenciement.
Cet amendement vise donc à majorer les taux de cotisation des entreprises au
titre du financement de la formation professionnelle continue, aux fins de
dégager les marges nécessaires à l'atteinte des objectifs que je viens de
rappeler.
Sous le bénéfice de ces observations, j'invite le Sénat, dans sa sagesse, à
adopter cet amendement.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
La commission craint que ce dispositif ne soit de
nature à alourdir inconsidérément les charges des entreprises. C'est pourquoi
elle est défavorable à cet amendement.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lambert,
ministre délégué.
Même avis.
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° I-156.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
L'amendement n° I-157, présenté par M. Foucaud, Mme Beaudeau, M. Loridant et
les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« Après l'article 7, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« Le premier alinéa du II de l'article 11 de la loi de finances pour 2001 (loi
n° 2000-1352 du 30 novembre 2000) est ainsi rédigé :
« Les entreprises dont l'objet principal est d'effectuer la première
transformation du pétrole brut ou de distribuer les carburants issus de cette
transformation doivent acquitter une taxe assise sur la fraction excédant 100
millions de francs du montant de la provision pour hausse des prix prévue au
onzième alinéa du 5° du 1 de l'article 39 du code général des impôts et
inscrite au bilan à la clôture de l'exercice, ou à la clôture de l'exercice
précédent si le montant correspondant est supérieur. »
La parole est à M. Paul Loridant.
M. Paul Loridant.
L'amendement n° I-157 a la même inspiration philosophique, en quelque
sorte,...
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Philosophique !
M. Paul Loridant.
... que celui que je viens de défendre.
Dans le cadre de la loi de finances pour 2001, un prélèvement exceptionnel
avait été créé sur les provisions de reconstitution de gisements des compagnies
pétrolières.
Ce prélèvement fut instauré l'année où le principal groupe pétrolier français
voyait sa responsabilité indirectement - peut-être directement - engagée dans
ce qu'on a appelé la marée noire de l'
Erika,
et annonçait des bénéfices
records de l'ordre, je le rappelle, de 50 milliards de francs !
Ce prélèvement de caractère exceptionnel a été transformé l'an dernier en
contribution sur le résultat des mêmes compagnies pétrolières et a permis de
dégager une recette fiscale qui, si elle n'est pas reconduite, risque de
disparaître pour cet exercice.
Ce sont, au total, 195 millions d'euros qui disparaissent ainsi du budget
général, alors que l'on nous annonce un peu partout - en particulier le
Gouvernement - que les prévisions de recettes du présent projet de loi vont
être diminuées.
Pour notre part, au contraire, nous estimons nécessaire de maintenir le
prélèvement institué en 2000 pour la loi de finances de 2001, pour dégager des
ressources d'environ 600 millions d'euros au titre de l'exercice 2003. Cette
somme pourrait être utilisée non seulement pour rééquilibrer le solde du budget
général, mais aussi pour alimenter, à l'instar de la majoration de la
contibution des institutions financières que nous avons défendue, toute dépense
susceptible de survenir dans des domaines comme la prévention des risques
industriels ou encore des pollutions accidentelles liées aux activités
économiques.
Notre amendement ne pouvait pas être plus pertinent puisque, cette semaine,
nous avons de nouveau appris le naufrage d'un pétrolier, cette fois au large
des côtes de Galice. L'an passé c'était l'explosion de l'usine AZF de Toulouse.
De tels événements deviennent récurrents - c'est peu de le dire - et menacent
peu ou prou notre pays. Le naufrage qui vient d'avoir lieu au large des côtes
de Galice risque en tout cas d'avoir des conséquences sur la côte atlantique
française.
Dans le même ordre d'idées, la discussion prochaine d'un projet de loi sur la
question des risques industriels implique naturellement que des moyens
financiers aient été prévus pour donner un sens à la politique qui pourrait
découler de l'application de ce type de dispositions.
C'est donc dans ce souci de prévention des risques que nous proposons, par cet
amendement, le maintien du prélèvement sur les entreprises pétrolières dans le
projet de loi de finances pour 2003.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
En perpétuant une taxation exceptionnelle, nos
collègues du groupe CRC prennent le risque de voir l'impôt tuer l'impôt ! C'est
en vertu de ce raisonnement que la commission est défavorable à cet
amendement.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lambert,
ministre délégué.
La provision pour hausse de prix est susceptible, je le
rappelle, de rester inscrite au bilan des entreprises durant six ans. La mesure
proposée par M. Paul Loridant conduirait à un taux global de prélèvement
pouvant atteindre jusqu'à 150 % ! Le Gouvernement est donc très défavorable à
cet amendement, qu'il demande au Sénat de rejeter !
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° I-157.
(L'amendement n'est pas adopté.)
Article 8