SEANCE DU 2 DECEMBRE 2002
M. le président.
Le Sénat va examiner les dispositions du projet de loi de finances concernant
le commerce extérieur.
La parole est à M. le rapporteur spécial.
M. Marc Massion,
rapporteur spécial de la commission des finances, du contrôle budgétaire et
des comptes économiques de la nation.
Monsieur le président, monsieur le
ministre, mes chers collègues, le solde commercial de la France a dégagé un
excédent de 3,3 milliards d'euros en 2001. Sur les neuf premiers mois de
l'année 2002, le solde est encore excédentaire de 8,8 milliards d'euros grâce à
des exportations très dynamiques et à des importations qui, malheureusement, le
sont beaucoup moins compte tenu du niveau assez faible de la croissance
économique dans notre pays.
Je me garderai bien de faire des prévisions sur l'évolution de notre solde en
raison des incertitudes qui pèsent sur la situation internationale et de son
impact sur le prix du pétrole. En revanche, ce que l'on peut dire de manière
certaine, c'est que la France a conservé son rang parmi les principaux pays
exportateurs et que nos entreprises ont bien résisté au ralentissement de la
croissance mondiale.
Le budget du commerce extérieur pour 2003 est particulièrement stable par
rapport aux années précédentes. Il y a à cela plusieurs raisons. D'abord, les
grandes entreprises sont de moins en moins consommatrices de financements
bilatéraux. De nombreuses procédures, gérées par la Compagnie française
d'assurance pour le commerce extérieur, la COFACE, ou par Natexis, ne sont
d'ailleurs pas consommatrices de crédits, car il s'agit de fonds dont la
dotation initiale n'est pas épuisée ou de procédures d'assurance et de garantie
qui dégagent des excédents.
Ensuite, la direction des relations économiques extérieures, la DREE a conclu
un contrat d'objectifs et de moyens avec la direction du budget qui prévoit
l'absorption de la dérive des dépenses des missions économiques en échange
d'une exonération des mesures de régulation budgétaire. Les moyens des services
sont donc d'une grande stabilité.
Enfin, les subventions versées aux organismes de soutien au commerce extérieur
stagnent.
Vous l'aurez compris, monsieur le ministre, chacun peut trouver dans ces
facteurs d'explication des raisons de se féliciter comme de se plaindre.
Je commencerai par l'aspect positif, c'est-à-dire la capacité de la Direction
des relations économiques extérieures à se moderniser et à maîtriser ses
dépenses.
Les contrats d'objectifs et de moyens successifs ont permis de réaliser
d'importantes économies et de stabiliser les dépenses de fonctionnement, tout
en responsabilisant les chefs de mission sur leur gestion. Cette démarche se
poursuit et préfigure désormais la mise en oeuvre des dispositions de la loi
organique relative aux lois de finances : définition d'objectifs et
d'indicateurs, mise en oeuvre progressive d'un suivi analytique des coûts,
développement du contrôle de gestion. La modernisation de la DREE s'est
d'ailleurs vu récompensée, en juillet 2002, par l'obtention de la norme de
qualité ISO 9001 pour l'ensemble des services apportés aux entreprises.
J'en viens aux aspects que je considère moins satisfaisants, qui concernent
le soutien à l'internationalisation des PME, et plus particulièrement les
dotations des établissements publics en charge du commerce extérieur,
principalement le Centre français du commerce extérieur, le CFCE, et
UbiFrance.
Je ne veux pas dresser un tableau trop sombre de l'appui public apporté aux
PME : de nombreuses initiatives ont été engagées à leur attention et la réforme
de l'assurance-prospection mise en oeuvre à la fin de l'exercice 2000 pour la
rendre plus accessible aux PME est une réussite. Il s'agit plutôt de tirer un
signal d'alarme concernant ces deux organismes, qui connaissent tous les deux
une situation budgétaire difficile : pour le CFCE, celle-ci résulte de la
baisse de ses recettes commerciales issues de la vente de produits et de
prestations aux entreprises ; pour UbiFrance, elle est la conséquence de la
suppression du service national.
Ces deux organismes sont confrontés à une gestion très tendue, la baisse de
leurs ressources propres n'étant pas compensée par une croissance de leur
subvention.
Vous avez annoncé très récemment, monsieur le ministre, à la suite d'une
mission d'évaluation, la fusion des deux organismes. Je souhaite que cette
fusion permette aux entreprises d'accéder plus facilement aux différentes
prestations et que les actions de promotion et de soutien au commerce extérieur
soient mieux coordonnées. Un organisme unique présentera l'avantage d'assurer
une plus grande visibilité, tant pour les entreprises qu'à l'égard de
l'étranger.
UbiFrance assure deux missions essentielles pour le développement des
entreprises à l'international : l'organisation de la présence des entreprises
françaises dans les salons professionnels à l'étranger et la gestion des
volontaires internationaux en entreprise.
S'agissant de l'aide à la participation des entreprises aux foires et aux
salons professionnels, les efforts de la France sont largement inférieurs à
ceux des autres pays de l'Union européenne. Les chiffres parlent d'eux-mêmes :
l'Espagne, la Grande-Bretagne et l'Allemagne consacrent aux salons
internationaux entre sept et huit fois plus de subventions publiques que la
France ; la Grande-Bretagne appuie six fois plus de salons que la France ; la
subvention moyenne accordée par opération par l'Espagne, l'Allemagne et
l'Italie est trois fois supérieure à celle de la France ; enfin, le nombre
d'entreprises aidées est trois fois plus important en Grande-Bretagne. De tels
écarts sont difficilement justifiables lorsqu'on connaît l'importance de ces
salons pour une PME qui souhaite se développer à l'international.
S'il n'est pas possible de redéployer des crédits au profit de cette action,
je suggère que nous abandonnions l'organisation des grandes manifestations
françaises à l'étranger, qui sont particulièrement coûteuses et dont l'impact
commercial est faible, pour nous concentrer sur les foires et les salons
professionnels.
S'agissant des volontaires internationaux en entreprise, le dispositif ne
rencontre pas, jusqu'ici, le succès qu'il mérite et je ne puis, monsieur le
ministre, qu'appuyer votre volonté d'élargir le dispositif et de le rendre plus
accessible, notamment aux PME.
Je voudrais, avant de conclure, évoquer quelques pistes de réformes pour
l'avenir, afin de rendre le dispositif de soutien au commerce extérieur plus
proche encore des entreprises.
Les 3 500 conseillers du commerce extérieur de la France sont insuffisamment
utilisés. Ils ne disposent pas des moyens qui leur permettraient de se mettre
pleinement au service de nos entreprises, alors qu'ils peuvent étendre le champ
d'action des missions économiques, en particulier dans les régions éloignées
des capitales, et qu'ils constituent une source précieuse d'informations.
Les régions s'impliquent de plus en plus pour attirer des investissements
étrangers sur leur territoire, mais aussi pour soutenir les entreprises locales
dans leurs démarches de prospection à l'étranger. Dans le cadre de la
décentralisation, il pourrait être envisagé de leur confier la gestion des
aides et la coordination des acteurs locaux, en rattachant les directions
régionales du commerce extérieur aux régions. Dans cette hypothèse il faudrait
bien entendu conserver un lien très fort entre cet échelon régional,
l'administration centrale et les missions économiques à l'étranger, car il
s'agit de rechercher la plus grande efficacité et non de démanteler notre
dispositif. Je note d'ailleurs que l'Agence française pour les investissements
internationaux agit en partenariat avec les régions et cela fonctionne bien.
Les modalités de soutien au commerce extérieur doivent évoluer pour répondre
le plus efficacement possible aux demandes des entreprises, notamment de celles
qui sont les moins bien armées pour se développer à l'international. La
simplicité des procédures est un impératif pour viser la clientèle cible du
dispositif de soutien public au commerce extérieur, c'est-à-dire, pour
l'essentiel, les PME indépendantes.
Monsieur le ministre, vous n'avez pas dénoncé les actions de votre
prédécesseur, et je ne souhaite pas, pour ma part, freiner votre dynamisme et
votre ardeur. En matière de commerce extérieur, la recherche de la performance
est un objectif partagé par tous, et votre projet de budget reflète cette
continuité au service de nos entreprises.
(Applaudissements sur les travées du groupe socialiste, du groupe CRC, sur
certaines travées du RDSE et des Républicains et Indépendants.)
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur pour avis.
M. Michel Bécot,
rapporteur pour avis de la commission des affaires économiques et du Plan.
Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, l'examen des
crédits consacrés au commerce extérieur pour 2003 intervient dans un contexte
ambivalent : d'une part, les échanges ont accusé un recul brutal l'an passé et,
d'autre part, le solde commercial français a renoué avec l'excédent.
La brusque contraction du commerce mondial, revenu à son plus bas niveau
depuis dix ans, tient au ralentissement quasi simultané des trois principales
économies, ainsi qu'à l'éclatement de la bulle des technologies de
l'information. Or c'est aussi au ralentissement de l'activité que nous devons
la bonne nouvelle du retour de notre excédent commercial, qui s'est établi à
3,3 milliards d'euros. En effet, il en est résulté une forte contraction de nos
importations. Nos exportations, elles aussi freinées par le fléchissement de la
demande mondiale, se sont malgré tout maintenues grâce à la bonne compétitivité
de nos produits, notamment automobiles.
Pour autant, l'heure n'est pas au triomphalisme, bien sûr : notre
compétitivité-prix a cessé de s'améliorer en 2001 et les effets de son érosion
se font maintenant sentir, avec un léger retard. Ainsi, depuis la fin 2001, nos
parts de marché en volume se sont nettement réduites. Il est donc impératif de
consolider notre compétitivité hors prix et de déployer à cette fin des efforts
accrus en termes de recherche et de développement.
Cette fragilité de nos performances à l'export nous invite, monsieur le
ministre, à affiner notre stratégie commerciale et à réfléchir à notre
spécialisation sectorielle et géographique. La très grande concentration de
notre avantage technologique sur l'aéronautique et le spatial ne
représente-t-elle pas une fragilité pour notre pays, qui délaisse le numérique
et les biotechnologies ? De même, faut-il se résigner à ce que notre tropisme
européen traditionnel nous ait détourné des pays manifestement les plus
porteurs ?
Cette indispensable réflexion stratégique sur notre politique commerciale doit
aussi être l'occasion de concevoir une politique d'attractivité pour le « site
» France : nous devons avoir pour objectif d'offrir aux investisseurs et aux
talents, nationaux et étrangers, le meilleur rapport entre la qualité des
infrastructures, de la main-d'oeuvre, des services publics, de l'environnement
juridique et le prix fiscal et social.
Si nous voulons que les bonnes décisions de politique commerciale soient
prises à Bruxelles, il nous revient d'entreprendre ce travail d'introspection.
Cela nous permettrait, notamment, de concentrer nos efforts sur quelques points
cruciaux à l'Organisation mondiale du commerce.
Jusqu'à présent, les négociations commerciales multilatérales lancées à Doha
n'ont guère avancé sur le fond, peut-être freinées par l'attitude américaine ;
je pense aux taxes sur l'acier et au
farm bill.
Mais il devient urgent
de bien cibler nos priorités et d'être vigilants, car des échéances importantes
se rapprochent en ce qui concerne trois sujets majeurs de négociation : l'accès
aux médicaments - sujet sur lequel je salue votre implication, monsieur le
ministre -, mais aussi, bientôt, l'agriculture et les services.
Parallèlement à ces batailles à l'extérieur, j'estime indispensable de lutter
à l'intérieur de notre territoire pour soutenir l'internationalisation de nos
entreprises. C'est à ce soutien public que vous entendez consacrer 460,30
millions d'euros en crédits de paiement. La diminution de cette enveloppe de
2,8 % poursuit une tendance décennale. Je sais qu'elle se justifie, notamment
par une meilleure gestion des procédures et par la rationalisation du réseau de
l'expansion économique et des organismes d'appui. Rappelons, à cet égard, le
caractère exemplaire de la gestion budgétaire de la DREE et de sa démarche
qualité couronnée, cet été, par la certification ISO 9001 de son réseau.
Toutefois, permettez-moi, monsieur le ministre, d'attirer votre attention sur
les reports de crédits, qui rendent inutile l'abondement des diverses lignes et
participent à la baisse de votre budget.
Je trouve surprenant que presque tous les mécanismes d'aide ou de soutien aux
exportations dégagent des excédents. Et je ne parle pas seulement de la COFACE,
sur laquelle l'Etat prélève encore 1,8 milliard d'euros en 2002. Je voudrais
aussi comprendre pourquoi les demandes d'aides se raréfient.
En tout cas, ce constat vous autorise, me semble-t-il, à faire preuve d'une
plus grande audace dans le soutien à l'export, afin d'optimiser l'enveloppe
budgétaire et de mieux l'adapter aux besoins des entreprises.
Si 95 % de nos entreprises n'exportent pas, c'est essentiellement en raison du
manque de lisibilité du dispositif public de soutien à l'export. C'est pourquoi
j'estime prioritaire de le rendre plus accessible et plus efficace. L'exemple
des nouvelles « missions économiques », offrant un guichet unique à l'étranger,
doit inspirer notre organisation en France, puisque nos entreprises ne savent
pas où s'adresser : réseau consulaire, organismes de promotion, services
déconcentrés ou décentralisés. Notre dispositif devrait se concentrer sur des «
guichets export », interlocuteurs uniques, près du terrain et visibles, points
d'entrée des demandes des entreprises.
Le projet « service d'information sur les marchés extérieurs » va dans ce
sens, mais c'est surtout le rapprochement opérationnel du CFCE et d'UbiFrance,
que vous avez annoncé, qui permettra d'offrir à nos entreprises un service
intégré d'information et de promotion sur les marchés étrangers. Le rapport que
vous ont remis MM. Lévy et Testu trace, en outre, des pistes précieuses
d'amélioration de ce service. Je sais que cela ne sera pas simple, mais soyez
assuré de mon soutien.
Je voudrais aussi vous encourager à rendre plus lisibles les dispositifs
d'appui financier à l'export, complexes et méconnus. La réforme réussie de
l'assurance-prospection en est un exemple probant.
Enfin, puisque tout projet d'expansion à l'étranger implique à la fois des
moyens financiers et des compétences, je soutiens, monsieur le ministre, votre
projet de promouvoir le départ de jeunes volontaires à l'international.
Pourquoi ne pas proposer à ces jeunes d'assurer, au sein de PME, en France, des
missions liées aux exportations ?
Pour conclure, je tiens à saluer la pertinence des propositions que Mme Clara
Gaymard avance dans le rapport qu'elle vient de nous remettre et qui sont
autant de pistes pour développer nos entreprises à l'international.
Afin de vous exprimer sa confiance, la commission des affaires économiques et
du Plan a émis un avis favorable à l'adoption des crédits consacrés au commerce
extérieur
(Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, des
Républicains et Indépendants et du RPR, ainsi que sur certaines travées du
RDSE.)
M. le président.
J'indique au Sénat que, compte tenu de l'organisation du débat décidée par la
conférence des présidents, les temps de parole dont disposent les groupes pour
cette discussion sont les suivants :
Groupe du rassemblement pour la République, 7 minutes ;
Groupe socialiste, 6 minutes ;
Groupe communiste républicain et citoyen, 5 minutes ;
Groupe du Rassemblement démocratique et social européen, 5 minutes.
La parole est à Mme Odette Terrade.
Mme Odette Terrade.
Monsieur le ministre, analyser l'enveloppe budgétaire de notre commerce
extérieur revient à rendre lisible le projet politique porté par notre pays.
Alors que, depuis le 11 septembre 2001, les relations internationales se
durcissent au rythme toujours angoissant des événements terroristes, de la
volonté hégémonique du gouvernement américain Bush d'embraser une partie du
Moyen-Orient par le déclenchement de la guerre en Irak, plus que jamais la
justice et le droit internationnal doivent être notre principe commun. L'examen
des crédits affectés au commerce extérieur ne peut éluder cette dimension.
Certes, la France ne peut pas tout dans la résolution des problèmes de
pauvreté Nord-Sud. Pourtant, elle doit avoir valeur d'exemple et porter au
niveau de ses échanges commerciaux des principes politiques clairs de paix et
de justice.
L'analyse de la relative modicité des crédits ouverts au titre du projet de
budget du commerce extérieur dans le budget de l'Etat - moins de 245 millions
d'euros, c'est-à-dire moins d'un millième de l'enveloppe globale des crédits
budgétaires - ne présente d'intérêt qu'au travers des dépenses du titre III,
dont l'encours connaît une contraction, qui est motivée pour certains par
l'amélioration de la gestion courante du ministère.
Nous pouvons observer que l'effort global qui est consenti sur le chapitre du
commerce extérieur est plus important. En effet, si l'on ajoute les engagements
figurant dans le cadre du budget des charges communes et du budget des comptes
spéciaux du Trésor, l'on parvient à des montants plus importants : un peu plus
de 460 millions d'euros en crédits de paiement et près de 90 millions d'euros
en autorisations de programme.
Pour autant, le concours de la COFACE au budget général s'avère, dans les
faits, pratiquement aussi important que les crédits ouverts sur le budget du
commerce extérieur.
La véritable question posée par ce budget purement incitatif, qui ne peut
qu'accompagner les grandes tendances marquant nos échanges commerciaux
internationaux, est bel et bien celle de la conjoncture actuelle du commerce
extérieur français : notre pays continue de se classer au troisième rang pour
l'exportation de services et au quatrième rang pour celle des marchandises.
Notre pays ne doit-il pas peser plus franchement sur l'économie mondiale pour
militer pour plus de justice ? Je pense, vous le savez, à l'annulation de la
dette des pays du Sud ou bien encore à l'accès de tous aux médicaments
essentiels pour lutter contre les pandémies, le sida, par exemple.
S'agissant du solde global de ce commerce extérieur, on notera, tout d'abord,
qu'il demeure aujourd'hui assez nettement excédentaire. Cette situation n'est
cependant pas garantie dans un très proche avenir, puisque le ralentissement
des échanges, lié au ralentissement plus général de l'activité économique,
n'est pas sans conséquence sur la situation de notre commerce extérieur.
Poste à poste, on constate, en particulier, une régression de nos échanges
agricoles, et ce alors même que ces échanges demeurent encore assez nettement
excédentaires, pour plus de 7,5 milliards d'euros, essentiellement grâce à
l'industrie agroalimentaire.
Les échanges industriels, pour leur part, ont également souffert d'une
contraction de la demande singulièrement des pays de l'Union européenne et des
Etats-Unis, même si la France conserve un excédent non négligeable de plus de
10 milliards d'euros. Cet excédent efface les conséquences du déficit
énergétique, déficit inévitable compte tenu de la consommation de produits
pétroliers.
Enfin, la balance commerciale sur les services demeure également très
excédentaire et conforte utilement notre solde commercial positif global.
Pour autant, la situation qui dépend étroitement de la demande internationale
en direction de la France, ne doit pas faire oublier deux aspects fondamentaux
: peu d'entreprises participent réellement au processus d'exportation, tandis
que l'essentiel de nos échanges demeure concentré sur les pays de l'Union
européenne et les Etats-Unis.
Cette situation doit motiver des efforts particuliers de progression des flux
commerciaux avec les pays d'Europe centrale et orientale - d'autant plus que
certains sont appelés à faire bientôt partie de l'Union européenne - et avec
les pays en voie de développement qui ont, avec la France, des liens
historiques forts.
Un commerce international équitable qui n'est pas l'instrument de l'hégémonie
d'une seule puissance ; un commerce international fondé sur le respect des
droits fondamentaux de l'homme, telle est notre ambition.
La situation que je viens de décrire pose en fait clairement la question de la
place de la France dans le cadre des relations économiques internationales.
Nous devons concourir à créer les conditions d'un commerce international plus
équilibré, plus respectueux tant des possibilités réelles de développement des
pays associés au sein de l'OMC que de l'environnement, et soucieux de
développement durable.
Nous avons de la valeur ajoutée à faire partager, pour que le commerce
international contribue, à hauteur de ce que bien des peuples attendent de la
France, au développement réel des pays du Sud.
Les missions assignées à la direction des relations économiques extérieures et
le rôle que joue, avec les outils financiers dont elle dispose, la COFACE,
suffisent-ils ?
Apprécié à l'aune de ces différentes ambitions, votre budget, monsieur le
ministre, ne semble pas susceptible d'apporter de perspectives réelles, raison
pour laquelle nous ne voterons pas les crédits du commerce extérieur.
(Applaudissements sur les travées du groupe CRC et du groupe
socialiste.)
M. le président.
La parole est à M. Jean Bizet.
M. Jean Bizet.
Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, en tant que
président du groupe de travail chargé du suivi des négociations commerciales
multilatérales ouvertes à Doha, permettez-moi de saisir l'occasion de l'examen
des crédits destinés au commerce extérieur pour attirer votre attention sur la
place qui revient aux parlements auprès de l'Organisation mondiale du commerce,
l'OMC.
En réponse au « déficit démocratique » de l'organisation, tant dénoncé depuis
la conférence gouvernementale de Seattle, il est évident que doivent être
étudiées les modalités d'une plus grande transparence de l'OMC.
Le choc de Seattle a conduit les citoyens à se tourner vers les organisations
non gouvernementales, les ONG, ou vers les mouvements alternatifs pour faire
entendre leurs voix. On vient encore de le constater récemment à Florence.
La valeur du travail effectué par les ONG, leur efficacité médiatique et le
caractère naturel de leur association à ces questions montrent
a contrario
le relatif effacement des parlements dans ce débat, alors même qu'ils sont
les représentants les plus légitimes de la société civile. Je considère, en
effet, comme une priorité d'associer les parlements aux négociations en cours à
l'OMC.
La formalisation d'une telle présence parlementaire autour de l'OMC m'apparaît
non seulement légitime, mais nécessaire.
Cette association des parlementaires est indispensable, d'autant plus que les
accords de Marrakech, par leur caractère global et général, constituent un
véritable saut qualitatif. Auparavant, les accords commerciaux se négociaient
au coup par coup selon les domaines.Bien au-delà de la simple négociation de
tarifs douaniers, les accords de Marrakech portent sur tous les domaines de la
vie de nos concitoyens, des normes sanitaires, aux questions environnementales
et au droit du travail.
Enfin, avec l'organe de règlement des différends, l'ORD, l'OMC dispose d'un
instrument efficace, mais qui intervient sans aucun contrôle et dont la
jurisprudence peut influer directement sur les choix nationaux dans des
domaines aussi divers que la sécurité alimentaire, l'éducation, la culture ou
la politique des services publics.
Comme on le relève dans un rapport présenté à l'Union interparlementaire : «
Au fur et à mesure que de nouvelles questions relevant de la politique
intérieure entrent dans le champ de compétence de l'OMC, les retombées
constitutionnelles de l'expansion de l'organisation se font sentir et
l'équilibre des pouvoirs prévu par la Constitution évolue au détriment du
législatif. »
De quelle légitimité peut se prévaloir le Parlement pour être associé aux
travaux de l'OMC ? Elle est triple, à mes yeux.
Premièrement, en tant que médiateur, le Parlement intervient pour faire
connaître le point de vue de nos concitoyens. Incarnant la volonté souveraine
du peuple et représentant légitime de la société civile, le Parlement doit
contribuer à l'expression de la volonté populaire, même à l'échelon
international. A l'inverse, il lui revient d'expliquer au peuple la nécessité
de la régulation qu'assure l'OMC.
Deuxièmement, en tant que législateur, il lui appartient d'être associé en
amont au processus de négociation et d'être informé de son évolution, afin de
pouvoir influer sur les directives et les orientations qui vont définir le
droit commercial. La simple ratification des accords internationaux ne peut
plus suffire, à un moment où les accords commerciaux sont au coeur de la
gouvernance mondiale et qu'ils ont indiscutablement empiété sur des
prérogatives revenant traditionnellement aux parlements.
Troisièmement, enfin, notre fonction de contrôle de l'exécutif doit nous
amener à suivre les négociations et à vérifier leur adéquation avec les
orientations définies en amont afin d'en informer nos assemblées.
Ce sont bien évidemment ces trois rôles que nous nous efforçons de remplir à
travers les travaux de notre groupe de travail. Cependant, au-delà de ce
travail national propre à chaque parlement, la question d'une représentation
parlementaire de l'OMC prend aujourd'hui une dimension internationale.
Si l'idée de créer une assemblée parlementaire de l'OMC a été, à juste titre,
abandonnée, de nombreux parlements de par le monde souhaitent être associés aux
travaux de l'organisation par des réunions régulières. Depuis quelques mois, le
dialogue entre les différents parlements s'est intensifié, notamment au
Parlement européen et au sein de l'Union interparlementaire, l'UIP.
Cette dernière avait déjà rassemblé, en juin 2001, soixante-dix parlements
lors d'une réunion intitulée « Pour un système commercial multilatéral libre,
juste et équitable : la dimension parlementaire ». Cette réunion répondait au
souci croissant des parlements nationaux de voir reconnue leur légitimité à
être informés des négociations en cours à l'OMC, voire à contrôler l'exécutif
dans sa mission négociatrice. Ce souci se fonde sur l'aptitude reconnue des
parlements à faire office d'interface entre l'OMC et les opinions publiques,
pour lesquelles vous savez combien la mondialisation est porteuse
d'inquiétudes.
Afin d'aller plus loin, l'UIP prévoit une deuxième réunion interparlementaire
en février prochain, à Genève. Il me paraît tout à fait important que notre
assemblée y participe pleinement ; d'ailleurs, deux sénateurs sont invités à
s'y rendre.
Avant de conclure, je voudrais évoquer le cas américain, car il me paraît
illustratif du mouvement en cours. Si le Congrès a octroyé, cet été, au
président Bush la faculté de négocier directement des accords internationaux,
je relève qu'il a pris soin d'encadrer cette faculté. En effet, à la différence
de l'ancienne procédure
Fast Track, le Trade Promotion Act
, dit TPA,
prévoit certaines mesures restrictives. Les négociateurs américains n'ont ainsi
pas le droit d'affaiblir les lois américaines antidumping, et le président est
tenu de consulter le Congrès six mois avant de signer un accord qui pourrait
les menacer.
S'il s'agit donc d'une reprise en main par le président, le Congrès a refusé
de se dessaisir de toute sa compétence, et ce qui est lu comme un retour de
l'exécutif pourrait bien aussi se lire comme une preuve de la volonté du
Congrès de peser sur ces dossiers.
Le nouvel équilibre entre l'exécutif et le législatif aux Etats-Unis est-il
emblématique d'un mouvement plus large de « parlementarisation » des
négociations commerciales multilatérales ?
Je le souhaite, monsieur le ministre, et je compte sur vous pour créer les
conditions d'une véritable collaboration entre l'exécutif et le législatif
français, pour une mondialisation plus démocratique. Je crois que c'est un
moyen essentiel pour que nos concitoyens n'aient plus le sentiment de subir la
mondialisation et qu'ils se l'approprient afin d'en être tout simplement des
acteurs.
(Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et
Indépendants et de l'Union centriste.)
M. le président.
La parole est à M. Aymeri de Montesquiou.
M. Aymeri de Montesquiou.
Présentant votre premier budget, et ancien chef d'entreprise, monsieur le
ministre, votre vision du commerce extérieur doit être à l'origine d'une
politique rénovatrice.
Nous sommes dans une configuration constante depuis des dizaines d'années : le
commerce extérieur est réparti dans une proportion de 80 % - 20 % entre les
grandes entreprises et les PME. Ce chiffre nous est propre. Nous avons, en
effet, hérité d'une économie colbertiste, dans laquelle l'usage du protocole
fausse les données.
Nous devons donc impliquer davantage les PME à l'exportation pour équilibrer
les structures de notre commerce extérieur et, plus fondamentalement, nous
interroger sur l'efficacité réelle des missions économiques.
Je suis convaincu qu'il faut repenser totalement l'organisation même de notre
commerce extérieur. Il serait sans doute édifiant de connaître la corrélation
entre les crédits alloués aux missions économiques et nos exportations. Il
faudrait aussi prendre en compte le fait que l'Internet s'est très souvent
substitué aux missions économiques pour la collecte des informations. De plus,
les grandes entreprises disposent fréquemment de leurs propres réseaux à
l'étranger et, de ce fait, sollicitent beaucoup moins les missions
économiques.
La coordination entre le ministère des affaires étrangères et la direction des
affaires économiques extérieures, la DREE, qui est d'ordre stratégique, n'est
pas toujours satisfaisante. Il faut même s'interroger sur ce qui constitue
parfois un double emploi, d'autant plus regretter que les missions économiques
et les ambassades ne soient pas toujours en phase, quand elles ne sont pas en
concurrence, et réagir en conséquence.
L'ambassadeur a des contacts au plus haut niveau politique et, pour les
contrats de grande envergure et donc à caractère national, il négocie avec les
gouvernements étrangers. Il devrait donc avoir également la responsabilité des
relations économiques.
Chaque année, 2 400 PME sont détectées comme ayant la capacité à exporter.
Nous devons les initier aux marchés internationaux et donc mettre en oeuvre une
véritable stratégie d'internationalisation des PME.
La régionalisation constitue une solution. Notons que, dans certains pays, il
n'y a pas de ministère du commerce extérieur. En Allemagne, par exemple, ce
sont les chambres de commerce et d'industrie des
Länder q
ui ont cette
compétence.
Plutôt que de nous appuyer essentiellement sur nos missions économiques, il
nous faut développer et renforcer le niveau régional, qui constitue l'un des
axes majeurs de la politique du Premier ministre. Dans le cadre de la
décentralisation ne serait-il pas judicieux de mettre l'accent sur les
directions régionales du commerce extérieur, les DRCE, pour une approche plus
adaptée et spécifique de l'internationalisation des PME ? Je suis convaincu que
c'est à l'échelle régionale que doit se construire et se concrétiser le
potentiel international des entreprises.
En effet, les PME sont plus à l'aise dans un cadre régional que dans un cadre
national. Elles sont aidées à valoriser leur potentiel à l'international et
dans leurs démarches techniques par les directions régionales du commerce
extérieur, qui sont des interlocuteurs privilégiés. Le montage des dossiers,
l'accompagnement dans la prise de contacts commerciaux à l'étranger, la
détection des potentiels à l'export sont aussi assurés par les chambres
régionales de commerce et d'industrie. Ne faudrait-il pas envisager une fusion
de ces organismes pour une meilleure performance ?
Au sein de l'Union européenne, il existe vingt-quatre missions économiques.
Dans le cadre du marché unique, l'opportunité de leur existence et leur utilité
doivent être posées.
Nous devrions redéployer leurs effectifs dans les directions régionales du
commerce extérieur. Ainsi, est-il nécessaire d'avoir une trentaine de personnes
à la mission économique de Berlin, alors que la DRCE de Midi-Pyrénées en compte
trois fois moins ? Quarante personnes à la mission économique de Londres
sont-elles indispensables, alors que la DRCE Aquitaine n'en compte que sept ?
Ces femmes et ces hommes, qui ont l'expérience de l'étranger et qui connaissent
les démarches à effectuer et ces marchés, seraient beaucoup plus utiles et donc
plus performants pour aider les PME à cibler et à concrétiser leurs
exportations, en étant au plus près d'elles dans les régions.
Par ailleurs, faut-il comptabiliser dans le commerce extérieur nos ventes aux
pays de l'Union ? Il serait plus pertinent de faire une distinction avec les
pays tiers ; cela reflèterait une image plus exacte de notre commerce
extérieur.
Il est aussi essentiel de faire un effort pour les foires et salons
internationaux.
Le rôle primordial de la présence des entreprises dans ces manifestations est
unanimement reconnu. Les mesures nécessaires doivent être décidées pour que les
PME y soient bien représentées ; il faut prévoir des incitations fiscales en ce
sens et accorder les crédits nécessaires à UbiFrance pour organiser ces
manifestations. La représentation de nos entreprises dans les foires et salons
est loin d'être équivalente à celle de nos voisins allemands et italiens, qui
consacrent respectivement huit fois et quatre fois plus de moyens à ce budget.
Mes chiffres diffèrent légèrement de ceux de M. le rapporteur spécial, mais il
n'en reste pas moins que l'écart avec ces pays est considérable et que notre
volonté d'agir est identique.
Au nombre des relais indispensables pour construire notre politique
d'exportation, les étudiants comptent comme un vecteur essentiel, nous devons,
en particulier, développer nos relations avec les pays à fort potentiel
économique. Ainsi, une étroite collaboration entre les ministères chargés
respectivement de l'éducation, des affaires étrangères et du commerce extérieur
doit être mise en place pour faciliter l'accueil d'étudiants de pays
économiquement prometteurs.
Il y a 200 000 étudiants étrangers en Allemagne, 350 000 en Grande-Bretagne,
contre 160 000 seulement en France : il faut absolument définir une véritable
politique de détection de talents. La formation d'étudiants étrangers en France
grâce aux bourses allouées par notre gouvernement est le meilleur moyen de
faire connaître notre technologie, notre savoir-faire, la qualité de nos
produits et notre économie : ces étudiants seront les meilleurs ambassadeurs de
la France dans leurs pays respectifs.
Cette politique est vitale, car la part des exportations sera croissante dans
notre production et dans nos services. C'est à ce niveau que se joue une partie
de l'avenir de nos emplois. Dans le même esprit, le système des volontaires
internationaux en entreprise, désormais ouvert aux jeunes filles, a pris le
relais des coopérants du service national. C'est un outil efficace qui
permettra de former des cadres d'entreprise initiés à l'international.
Monsieur le ministre, la majorité des membres du groupe du Rassemblement
démocratique et social européen soutiendra votre action et votera votre budget,
qui s'inscrit dans la durée.
(Applaudissements sur certaines travées du RDSE
ainsi que sur celles du RPR, de l'Union centriste et des Républicains et
Indépendants.)
M. le président.
La parole est à M. Pierre-Yvon Trémel.
M. Pierre-Yvon Trémel.
Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, le rappel de
quelques grandes données suffit pour faire mesurer l'intérêt que nous devrions
porter à tout ce qui concerne notre commerce extérieur.
La France se classe ainsi au troisième rang mondial pour l'exportation de
services, au quatrième rang pour les marchandises, au troisième rang pour le
stock d'investissements directs à l'étranger et au septième rang en ce qui
concerne le stock d'investissements étranger reçus.
Au total, cinq millions d'emplois, soit 22 % de la population active, sont
liés directement ou indirectement à l'exportation. La somme des importations et
des exportations françaises représente plus de 50 % du PIB, et nos ventes à
l'étranger ont plus que doublé depuis quinze ans.
L'ouverture internationale de notre économie est donc aujourd'hui une réalité
incontournable qui nous est bénéfique.
Cette ouverture est tributaire d'un environnement qui s'était dégradé en 2000
et 2001, et qui a connu une reprise modérée en 2002.
La France a plutôt bien résisté à cette dégradation de l'environnement
international, comme le montrent les excédents commerciaux du second semestre
2001 et du premier semestre 2002.
Dans ce contexte, quelle lecture peut-on faire, monsieur le ministre, de votre
projet de budget ?
Le budget du commerce extérieur pour 2003 est en baisse de 3,35 % par rapport
à 2002.
Si l'on prend en considération les crédits inscrits au budget des charges
communes et des comptes spéciaux du Trésor, l'effort financier en faveur du
commerce extérieur s'établit à 460 millions d'euros, contre 473 millions
d'euros en 2002. Dès lors, on peut dire qu'il s'agit d'un budget de
reconduction, voire de transition.
Mais qu'aurait-on souhaité voir derrière les chiffres ?
La politique menée en faveur du commerce extérieur est à la fois source de
satisfactions et d'interrogations, en même temps qu'elle révèle des
insuffisances.
Au titre des satisfactions, je veux citer les progrès remarqués au sein du
réseau d'expansion économique et l'efficacité de certains outils comme
l'assurance-prospection.
Tous les observateurs s'accordent à reconnaître la qualité et l'efficacité de
la démarche menée par la direction des relations économiques extérieures.
Sont remarquées la bonne utilisation du contrat d'objectifs et de moyens, la
capacité d'adaptation de la structure, l'utilisation des technologies de
l'information et de la communication.
Ce travail de qualité du service public de l'exportation vient d'être reconnu
- nous le soulignons tous - par l'attribution du label ISO 9001.
Il faut également saluer la fusion entre les réseaux de la DREE et du Trésor à
l'étranger, la création de la mission PME et du médiateur PME.
Il convient aussi de se féliciter du bilan de l'assurance-prospection,
réformée de manière heureuse en 2001, à la demande de votre prédécesseur,
monsieur le ministre. Les efforts de simplification et de réduction des délais,
qui ont porté leurs fruits, gagneraient à être imités.
Un certain nombre de questions appellent de votre part, monsieur le ministre,
des réactions, des précisions, des orientations.
Comment expliquer les sous-consommations de crédits qui justifient des
reports, au titre V, sur le chapitre 57-90 ?
Comment envisagez-vous de rendre attractif le FASEP-garantie, garantie contre
le risque économique des investissements des PME à l'étranger, considéré comme
intéressant par les entreprises, mais peu sollicité en raison de son coût et de
sa complexité ?
Des critiques sont régulièrement émises sur les pertes d'efficacité qui
seraient dues à la multiplicité des intervenants à l'étranger, entraînant des
difficultés de lisibilité. Des doutes sont aussi émis régulièrement sur
l'engagement de nos services diplomatiques.
Sur ces critiques et sur ces doutes, j'aimerais connaître votre opinion,
monsieur le ministre.
Le rapprochement CFCE-UbiFrance est souvent évoqué, et Marc Massion en a parlé
à l'instant. Où en sommes-nous ?
Le remplacement du dispositif CSNE par celui du volontariat international en
entreprise, le VIE, fait apparaître une vraie question. Comment réduire le
décalage observé entre le nombre de candidatures de jeunes - garçons et filles
désormais, et qui sont plus de 20 000 - et le nombre de postes offerts par les
entreprises ?
Monsieur le ministre, vous avez affirmé votre volonté de relancer le VIE, mais
comment allez-vous opérer cette relance ?
Le rapporteur pour avis, M. Michel Bécot, a fort justement appelé notre
attention sur deux points essentiels : d'une part, la spécialisation de la
France dans des secteurs héritiers de la deuxième révolution industrielle et,
d'autre part, la spécialisation géographique de nos exportations et les
faiblesses de notre position sur des marchés à fort potentiel.
Cette double observation prend encore plus de poids alors que nous sommes
confrontés à une nécessaire adaptation face à un nouvel environnement marqué
par trois facteurs : l'élargissement de l'Union européenne, le rôle de plus en
plus important de l'Organisation mondiale du commerce, enfin la concurrence
croissante rencontrée dans les secteurs où sont nos atouts et nos compétences,
comme en témoigne l'exemple des vins du Nouveau Monde.
Quelle est votre stratégie face à ces éléments ? Quels sont les secteurs
d'excellence ? Quelles doivent être nos priorités géographiques à l'avenir ?
J'ai cité à l'instant l'OMC. Les suites à donner à la conférence de Doha sont,
bien entendu, au coeur de notre réflexion.
Le calendrier et le contenu de la négociation sont désormais bien délimités,
certaines préoccupations, par exemple dans les domaines de l'agriculture et des
services, trouvant une expression renforcée. De quelle manière le Gouvernement
entend-il informer et associer la représentation nationale sur le suivi de la
négociation ?
J'arrive enfin à ce qui relève, à mes yeux, des insuffisances de notre
politique extérieure.
La première de ces insuffisances est dénoncée de manière récurrente par les
parlementaires lors des débats budgétaires : la faible participation des PME au
commerce extérieur. Nous souhaitons, monsieur le ministre, que vous fassiez
évoluer cette situation et nous vous souhaitons une pleine réussite.
L'une des raisons de la présence insuffisante des PME est certainement la
multiplicité des intervenants à l'échelon régional. A quand un guichet export,
interlocuteur unique bien identifié, solution qui mérite toujours intérêt ?
Le soutien public pour la participation des entreprises aux salons
professionnels est beaucoup trop faible. Tous les rapporteurs l'ont rappelé,
chiffres à l'appui.
Enfin, les parlementaires représentant les régions où l'agroalimentaire tient
une forte place ont tout intérêt à ce que la conscience des dangers qui
menacent dangereusement nos performances à l'export dans ce domaine s'élargisse
: pertes de parts de marché pour les vins et spiritueux, persistance du recul
du secteur viande et animaux, chute de nos exportations sucrières, aggravation
de la détérioration des déficits pour les produits de la mer, nette diminution
de nos exportations de blé...
Monsieur le ministre, nous tirons l'alarme : il faut une large mobilisation
pour redresser la tendance.
Au total, les interrogations et les insuffisances l'emportent pour l'heure sur
les sujets de satisfaction. Le groupe socialiste ne peut donc apporter son
soutien à votre projet de budget.
(Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et du groupe
CRC.)
M. le président.
La parole est à M. le ministre délégué.
M. François Loos,
ministre délégué au commerce extérieur.
Monsieur le Président, mesdames,
messieurs les sénateurs, je veux à mon tour présenter les éléments qui
caractérisent ce projet de budget et répondre aux différents orateurs, en les
remerciant d'abord de la qualité et de la précision de leurs interventions.
Quand on parle de commerce extérieur, il faut commencer par noter que, depuis
vingt ans, la production mondiale a été multipliée par dix, mais que, pendant
ce temps, les échanges commerciaux ont, eux, été multipliés par vingt alors que
les flux d'investissements étrangers l'ont été par quatre-vingt-dix.
Nous vivons à l'heure de la mondialisation et le commerce mondial a donc
progressé de manière spectaculaire à un taux de 5,8 % par an, alors que la
croissance française augmentait sur la même période de 2,3 % par an.
Une bonne insertion de nos entreprises dans les pays et les secteurs à
l'origine de flux internationaux à forte croissance est la garantie d'une
France compétitive et créatrice d'emplois.
Je citerai quelques chiffres encore : 28 % de notre richesse annuelle provient
de l'exportation et un Français sur cinq travaille pour alimenter les marchés
étrangers.
En outre, l'univers de nos entreprises et des citoyens s'est élargi.
Aujourd'hui le marché unique compte 375 millions de consommateurs, chiffre qui
passera, avec l'élargissement, à 450 millions en 2004.
Alors que nos grands groupes se sont internationalisés pendant les années
quatre-vingt-dix, nos PME prospectent encore insuffisamment à l'étranger. Grâce
à leur spécialisation et à leur excellence, elles peuvent être à l'origine de
gains de parts de marché et de créations d'emplois.
Plus que des subventions, nos entreprises réclament un cadre de travail
adapté. Le Gouvernement s'y emploie en allégeant les charges et en simplifiant
la réglementation, mais aussi en assurant une information pertinente aux
entreprises qui exportent ; l'Etat, les régions, les organismes consulaires,
les fédérations professionnelles facilitent leur tâche en les alertant et en
les incitant à aller sur les marchés et les secteurs en croissance.
L'Etat a également pour mission de veiller à ce que les règles du jeu soient
équitables et favorisent le développement durable ainsi que le commerce avec
les pays en développement.
Tel est l'enjeu des négociations commerciales multilatérales lancées à Doha,
négociations qui doivent nous permettre de garantir un meilleur accès aux
marchés étrangers à nos entreprises et de miser sur une mondialisation
maîtrisée.
C'est donc tout naturellement que les priorités de mon ministère s'organisent
autour de cinq axes.
Premier de ces axes, il faut faire de la France une force de proposition dans
la négociation du cycle de Doha et dans la perspective de la conférence
ministérielle de l'OMC, qui se tiendra à Cancùn, en septembre 2003.
Vous avez été nombreux à parler de l'importance de l'OMC. Nous nous trouvons
dans un nouveau cycle qui a pour particularité de lier commerce et
développement. Ce cycle est ambitieux, comme le montre le champ des sujets
couverts : développement durable, investissement, concurrence.
Nous devons travailler avec la Commission, car c'est de sa compétence, avec
nos partenaires européens et tout particulièrement avec nos amis allemands pour
proposer, dans les domaines de l'industrie, de l'agriculture et des services,
des objectifs de négociation réalistes protégeant le caractère multifonctionnel
de notre agriculture, tout en l'ouvrant davantage aux produits des pays en
développement, préservant notre diversité culturelle tout en obtenant un
meilleur accès de nos produits aux marchés étrangers.
Nous avons beaucoup à gagner du cycle de Doha en matière d'ouverture des
marchés étrangers pour nos entreprises : nouveaux services, abaissement des
barrières douanières, des « pics » tarifaires industriels notamment, mais aussi
une plus grande transparence et un accès véritable aux marchés publics.
Ces sujets seront à l'ordre du jour de la négociation qui commence. Il faudra
qu'elle se termine sur un « paquet » global et équilibré qui tienne compte de
l'intérêt de nos entreprises, de nos agriculteurs et de nos consommateurs en
même temps que des responsabilités mondiales en matière de gouvernance,
d'environnement, de normes sociales et de développement.
Permettez-moi de rappeler quelques échéances.
En décembre 2002 se déroulera la négociation sur l'accès au médicament et sur
le traitement spécial et différencié en faveur des pays en voie de
développement.
A la fin du mois de mars, nous devons nous mettre d'accord sur les objectifs
de la négociation agricole et, en fait, sur ses modalités.
Faute de parvenir à un accord, nos subventions agricoles pourraient être
remises en cause par l'OMC à compter de 2005.
En mars 2003, l'Union européenne devra également remettre son offre en matière
de services.
En mai 2003, les négociations porteront sur l'accès au marché des produits
industriels et sur l'amélioration du traitement des contentieux au sein de
l'OMC.
Puis, au mois de septembre, la réunion des ministres à Cancùn devrait
permettre d'aboutir sur les thèmes que je viens de mentionner et de lancer la
négociation sur les nouveaux sujets qui intéressent nos entreprises : la
transparence des marchés, l'investissement, la concurrence, la propriété
intellectuelle.
D'ici à la fin de l'année 2004, date prévue pour la fin du cycle, tout devrait
être terminé.
Il était important de rappeler ces différentes étapes du calendrier, qui sont
bien entendu théoriques et qui ne vaudront que si les différentes parties le
veulent bien. Toutefois, une forte attente s'exprime, parmi les pays en voie de
développement, notamment pour que nous accomplissions avec eux la démarche dans
les délais impartis.
Le premier dossier concerne l'accès au médicament. C'est un sujet sur lequel
les négociations vont bon train en ce moment et qui revêt un caractère
d'urgence pour le Président de la République. Il s'agit notamment de faire face
aux problèmes de crise sanitaire auxquels sont confontés les nombreux pays en
développement qui sont victimes d'une pandémie et qui ne possèdent pas
d'industries pharmaceutiques.
Nous recherchons actuellement un accord sur le cadre juridique qui permettra
de fabriquer et de mettre à disposition ces médicaments, non seulement dans le
cadre de l'OMC, mais également en concertation avec les industries
pharmaceutiques, les organisations non gouvernementales et la Commission
européenne, afin de proposer des mesures concrètes et réalistes.
Cette première priorité du ministère du commerce extérieur porte en fait sur
un très large domaine dans lequel la France est une force de proposition
importante, réaliste et pragmatique, en même temps que respectueuse de l'esprit
qui a animé les négociations de Doha.
L'élargissement de l'Union européenne constitue la deuxième priorité.
Il s'agit de faire du marché unique élargi le marché domestique de nos PME.
C'est un enjeu de taille, car, dans moins de deux ans, dix pays auront rejoint
l'Union.
L'expérience de l'élargissement à la Grèce, à l'Espagne et au Portugal montre
que l'enrichissement de ces pays s'est révélé une source de croissance pour nos
entreprises. Ainsi, c'est désormais avec l'Espagne que la France dégage son
premier excédent commercial.
Nous allons donc mobiliser nos entreprises en direction de ces dix pays et
veiller à ce que les nouveaux membres respectent les engagements d'ouverture de
leur marché et l'acquis communautaire. Il est évident que l'on ne peut pas
entreprendre des investissements ou des actions dans ces pays si l'on n'est pas
certain que ces derniers respectent bien leurs engagements sur leur marché.
Nous aurons donc à faire le
monitoring
des engagements pris par ces
pays.
Le troisième objectif est de placer les PME au coeur de notre dispositif
public. Celles-ci réalisent un quart seulement de nos exportations. Or il y a
un vivier d'environ 50 000 entreprises qui pourraient, si elles étaient mieux
informées et davantage encouragées à le faire, devenir des entreprises
exportatrices, notamment sur les marchés européens de proximité.
Nous y parviendrons en relançant le volontariat à l'international,
particulièrement bien adapaté aux PME, en réformant le centre français du
commerce extérieur et UbiFrance, en favorisant la participation des entreprises
aux salons à l'étranger et en nous rapprochant des PME grâce à la
décentralisation.
La décentralisation est la quatrième priorité de mon ministère, en même temps
que du Gouvernement tout entier. Elle permettra de rapprocher le dispositif
public des PME. Ce projet sera mené à bien, dès 2003, par les transferts de
compétences nécessaires en faveur des régions, dont le dispositif - les
chiffres que M. de Montesquiou a rappelés tout à l'heure le démontrent - est
actuellement trop faible.
La cinquième priorité est d'assurer l'attractivité du site « France »,
composante déterminante de la compétitivité de notre économie qui doit être
renforcée pour permettre une meilleure insertion de nos entreprises dans les
échanges mondiaux.
Le marché européen étant maintenant unique, les barrières douanières
s'abaissant, le contrôle des flux de marchandises et de services n'est plus à
l'ordre du jour pour les entreprises et les consommateurs. Encore faut-il
garder en France les outils de production, de recherche et les emplois. Le
Gouvernement est déterminé à alléger les charges et à simplifier notre
réglementation, pour rendre le site « France » plus attractif pour les
investisseurs étrangers.
Le projet de budget que j'ai l'honneur de vous présenter prévoit des moyens
quasiment identiques à ceux de 2002. Il dégage néanmoins des marges de
manoeuvre en raison des gains de productivité que mes services sont en train de
réaliser ou des réserves qui existent sur telle ou telle ligne.
Le budget de fonctionnement de 168 millions d'euros soutient une direction
centrale, la direction des relations économiques extérieures, qui compte 290
personnes, des directions régionales du commerce extérieur de 156 agents et un
réseau de 154 missions économiques composées de 1 923 spécialistes du commerce
extérieur.
La force de ce réseau à l'étranger, qui est commun à l'ensemble du ministère
de l'économie, des finances et de l'industrie depuis cette année, repose sur la
diversité de recrutement et d'origine puisqu'il s'appuie sur un important
recrutement local.
Mon objectif est d'accroître la mobilité en redéployant les moyens vers les
zones prioritaires dont j'ai parlé et en affectant le plus grand nombre
d'agents aux prestations aux entreprises, ce que les gains de productivité
obtenus grâce à la certification ISO 9001 et la fusion des différents services
du ministère de l'économie, des finances et de l'industrie à l'étranger, qui
crée des synergies et des économies et qui permet d'affecter plus de monde aux
services des PME, rendent possibles.
Le deuxième grand poste de ce budget correspond aux subventions de l'Etat aux
organismes de soutien du commerce : le centre français du commerce extérieur,
UbiFrance et l'agence française pour les investissements internationaux. La
dotation pour l'année 2003 est identique à celle de 2002, et atteint 45
millions d'euros au total. Dans ce domaine, les ambitions du Gouvernement sont
à la hauteur de l'enjeu : faire des PME la cible première de ce dispositif. Dès
mon arrivée au ministère, plutôt que de reprendre les projets inachevés de mes
prédécesseurs, j'ai demandé un audit des principaux produits réalisés par ces
organismes. Les rapports, que différents orateurs ont évoqués, m'ont été remis
en octobre dernier. Je les ai étudiés et je poursuis encore mes consultations
avec les fédérations professionnelles et les entreprises, avant d'engager les
concertations nécessaires avec les personnels.
Mon objectif est clair : il s'agit, d'une part, de proposer la réunion du
Centre français du commerce extérieur et d'UbiFrance, pour mieux diffuser
auprès des PME l'information et les prestations produites par ces organismes et
par les missions économiques à l'étranger, et, d'autre part, de redonner une
véritable priorité nationale aux volontaires à l'international. A cet égard,
vous avez été nombreux, mesdames, messieurs les sénateurs, à évoquer le
décalage existant entre les demandes de poste à l'international par les jeunes
et le nombre d'entreprises qui recrutent. Il est nécessaire de mener une grande
campagne de communication et de présentation du dispositif, qui s'est assoupli,
élargi et simplifié, et qui peut donc profiter à un grand nombre de jeunes.
Enfin, il s'agit de favoriser la participation des entreprises françaises aux
salons à l'étranger. Cela passe par une nouvelle organisation du dispositif
public et privé, grâce à la réforme d'UbiFrance, ainsi que par un renforcement
des moyens publics de soutien aux salons, car, nombre d'entre vous l'ont
rappelé, l'effort français dans ce secteur est, comparativement,
insuffisant.
Je souhaite donc redéployer des moyens existants pour accroître les soutiens
publics aux salons qui sont particulièrement adaptés aux attentes des petites
et moyennes entreprises. Mon objectif est que la présence commerciale française
sur les salons devienne comparable à celle de nos voisins allemands ou
italiens.
L'Agence française pour les investissements internationaux bénéficie elle
aussi d'une subvention. A l'heure de la mondialisation et au moment où les
investissements internationaux jouent un rôle croissant dans la réussite
économique des pays, sa mission apparaît indispensable au vu du recul de la
France, en termes d'attractivité, dans les principaux classements
internationaux privés et, surtout, du problème d'image dont nous souffrons.
Plutôt que de créer un réseau coûteux et distinct, l'Agence française pour les
investissements internationaux s'appuie sur le réseau à l'étranger des missions
économiques pour prospecter de nouveaux investissements qui participent à la
modernisation de notre outil de production, à une concurrence saine et à la
création d'emplois sur le territoire national.
Il nous faudra inverser la tendance, en matière de fiscalité et de charges
sociales, pour redonner à notre pays l'attractivité qui doit être la sienne.
Nous devrons le faire savoir sur les grandes places financières internationales
: ce sera bien évidemment l'une de mes principales missions l'année
prochaine.
Enfin, le troisième grand poste du projet de budget du commerce extérieur
concerne les procédures financières de soutien aux entreprises. Ses crédits
s'élèvent à 241 millions d'euros, l'objectif étant de mieux servir les PME.
Je rappelle que la COFACE, groupe privé, gère pour l'Etat un compte
d'assurance-crédit qui dégage un excédent depuis plusieurs années. Aujourd'hui,
l'encours porté par l'Etat est de 70 milliards d'euros, et 6,5 milliards
d'euros de nouveaux engagements ont été pris en 2002, notamment pour aider les
secteurs du transport aérien et du tourisme, qui ont été particulièrement
frappés par la conjoncture internationale après les tragiques attentats du 11
septembre 2001. Les autres procédures, en particulier l'assurance prospection,
tournée vers les PME, ont été assouplies.
Quant au FASEP-étude, qui permet d'aider les entreprises qui le souhaitent à
remettre des offres financées par les organisations internationales, sa
dotation est identique à ce qu'elle était l'année précédente. Je souhaite,
comme je l'ai indiqué, mettre nos procédures au service des PME, qui ne
bénéficient pas assez du dispositif. Je vais donc accroître notre effort pour
les salons à l'étranger,...
M. Marc Massion,
rapporteur spécial,
et M. Michel Bécot,
rapporteur pour avis.
Très bien !
M. François Loos,
ministre délégué.
... en utilisant une partie des moyens d'un fonds de
garantie pour les investissements à l'étranger, le Fonds d'étude et d'aide au
secteur privé, le FASEP-garantie, qui n'a traité que quarante-quatre dossiers
depuis sa création, pour les redéployer sous forme de crédits de soutien aux
PME désireuses de participer aux salons à l'étranger. Cet effort sera soutenu
pendant trois ans : chaque année, 7 millions d'euros viendront s'ajouter aux 4
millions d'euros actuellement alloués.
Ce troisième poste du projet de budget comprend aussi la participation de
l'Etat aux contrats de plan Etat-région dans le domaine du commerce extérieur,
soit 5,6 millions d'euros en crédits de paiement. Ces plans ont permis, en
étroite liaison avec les régions, de développer des politiques sectorielles
adaptées à chaque région et ciblées sur certains pays.
Vous connaissez les ambitions du Gouvernement en matière de décentralisation.
Nous souhaitons donner de véritables compétences aux régions s'agissant de
commerce extérieur : leur proximité, leur connaissance du tissu économique
local font des collectivités régionales un interlocuteur naturel des
entreprises désireuses de s'internationaliser.
M. Aymeri de Montesquiou.
Très bien !
M. François Loos,
ministre délégué.
Cette décentralisation pourra être menée à bien dès
2003, en concertation avec les élus et les personnels concernés.
Une mondialisation maîtrisée ouvrant de nouveaux marchés à nos entreprises,
des responsabilités assumées à l'égard des pays du Sud, une priorité donnée à
nos jeunes et à nos PME, véritables viviers d'exportations nouvelles, une
ambition sur les marchés de proximité et en forte croissance, une organisation
décentralisée plus proche du terrain : tous ces axes contribueront à donner
confiance aux Français, qui sauront, j'en suis sûr, tirer le meilleur parti de
cette ouverture sur le monde.
Je voudrais maintenant répondre à quelques questions que je n'ai pas évoquées
dans mon propos liminaire.
M. Massion m'a interrogé sur les procédures gérées par la COFACE, qui
n'utiliserait pas la totalité des crédits disponibles, et a notamment fait
allusion au FASEP-garantie. Plutôt que d'essayer de rendre le FASEP-garantie
plus efficace, j'ai surtout cherché à récupérer l'argent inutilisé qui servait
de garantie à ce dernier, afin de financer la participation française à
davantage de salons à l'étranger. Nous sommes alors certains de l'efficacité de
l'argent utilisé, tandis que la valorisation de ce fonds, en termes de prêts,
n'était pas aussi importante.
Vous avez en outre souligné, monsieur Massion, que les conseillers du commerce
extérieur étaient des acteurs importants et qu'il fallait les inciter à aider
et à sensibiliser davantage notre jeunesse. A cet égard, je souhaite qu'ils
prospectent plus systématiquement les entreprises susceptibles de recruter des
VIE à l'étranger. J'ai commencé, lors de tournées régionales, à leur demander
de mener cette action, mais j'aimerais que, à l'occasion de la réforme du
décret les concernant, nous prévoyions de leur confier systématiquement un
certain nombre de missions.
Enfin, vous avez évoqué, monsieur Massion, la nécessaire décentralisation.
Comme je l'ai dit tout à l'heure, je souhaite que cette décentralisation puisse
s'opérer, mais sous certaines conditions. Un transfert de compétences ou une
action conjointe avec les régions sont de bonnes formules, encore faut-il que
l'action menée par les régions offre toutes les garanties de durée dans le
temps qui siéent à une bonne politique en matière de commerce extérieur : il ne
s'agit pas de réaliser des opérations au coup par coup ; la durée, la
compétence sont nécessaires. Sous ces réserves, la décentralisation sera
évidemment bénéfique à tous.
M. Michel Bécot m'a interrogé à propos de l'OMC, en rappelant que l'accès aux
médicaments et les négociations sur l'agriculture et sur les services devaient
être des priorités pour notre pays.
Il est évident que, dans les négociations internationales, nous apparaissons
aujourd'hui comme le porte-drapeau d'une certaine politique agricole. On nous
reproche souvent de recourir aux subventions et aux tarifs douaniers, et l'on
prétend parfois, parallèlement, que les pays en voie de développement
tireraient automatiquement bénéfice d'une réduction de ces derniers.
La réalité est différente.
Tout d'abord, les Européens sont les premiers acheteurs de produits agricoles
en provenance des pays en voie de développement. Nous leur en achetons pour 28
milliards d'euros par an, alors que les Etats-Unis ne leur en achètent que 8
milliards d'euros. Contrairement aux apparences et aux informations qui
circulent quelquefois, nous sommes donc très ouverts.
D'ailleurs, nous avons complètement ouvert nos marchés à quarante-neuf des
pays les plus pauvres, et nous serions en droit d'attendre des autres pays
développés qu'ils adoptent la même attitude. En outre, les parts de marché que
nous avons perdues dans le secteur agricole ces vingt dernières années,
notamment dans le domaine de la viticulture, ont été récupérées non par des
pays en voie de développement, mais par les pays du Nouveau Monde. Ce qui vaut
pour le vin vaut pour tous les autres produits agricoles : en fait, c'est le
groupe de Cairns qui a bénéficié des pertes de capacités que nous avons
acceptées par le passé.
J'indiquerai à Mme Terrade que la France mène une politique très active en
matière d'annulation de la dette et de conversion en investissements.
M. Bizet a parlé de l'OMC et de l'importance du rôle des parlements. Je pense
que les Etats-Unis jouent parfaitement sur ce registre, en donnant quelquefois
au Congrès la capacité de s'opposer à une décision de l'administration. Telle
n'est sans doute pas votre conception de la participation du Parlement français
aux négociations au sein de l'OMC, monsieur le sénateur, mais je suis à votre
entière disposition pour échanger sur ce sujet.
M. Aymeri de Montesquiou, quant à lui, a évoqué un certain nombre de sujets.
Je reviendrai sur le thème de la coordination entre les services du ministère
des affaires étrangères et ceux du ministère de l'économie, des finances et de
l'industrie à l'étranger. Je souhaite lui dire que cette coordination est
inscrite dans un décret de 1979, qui donne à l'ambassadeur autorité sur
l'ensemble des services à l'étranger, et que, depuis 1995, il existe un comité
interministériel des moyens de l'Etat à l'étranger, qui assure la cohérence de
l'utilisation desdits moyens. Telle est la démarche actuelle en matière de
coopération, mais il est possible d'aller plus loin en cas de nécessité.
Enfin, j'ai déjà répondu, monsieur Trémel, à propos du FASEP-garantie et des
effectifs des VIE. Quant au chapitre 57-90 concernant l'immobilier, il comporte
des crédits en report, ce qui nous permet d'annuler une ligne budgétaire cette
année. Cela ne signifie pas que les moyens sont inexistants ; nous disposons
des réserves de l'année dernière, qui n'ont pas été consommées et nous semblent
suffisantes pour couvrir les besoins.
(Applaudissements sur les travées des
Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union centriste, ainsi que sur
certaines travées du RDSE.)
M. le président.
Nous allons procéder à l'examen et au vote des crédits figurant aux états B et
C concernant l'économie, les finances et l'industrie.
Je rappelle au Sénat que les autres crédits concernant l'économie, les
finances et l'industrie ont été examinés aujourd'hui même.
ÉTAT B