SEANCE DU 2 DECEMBRE 2002


M. le président. Le Sénat va examiner les dispositions du projet de loi de finances concernant les services du Premier ministre : I. - Services généraux (à l'exclusion des crédits relatifs à la fonction publique, à la presse, à l'audiovisuel et au Conseil supérieur de l'audiovisuel).
La parole est à M. le rapporteur spécial.
M. François Marc, rapporteur spécial de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, je vous présenterai, au fil de cette brève intervention, les principales observations qui m'ont été inspirées par le projet de budget des services généraux du Premier ministre pour l'année 2003. Pour une présentation exhaustive de ces crédits, je vous invite à vous reporter à mon rapport écrit.
Je rappellerai succinctement que le budget des services généraux du Premier ministre regroupe des crédits aussi importants que ceux du Premier ministre, du secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement, du ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de l'aménagement du territoire, du secrétaire d'Etat à la réforme de l'Etat, de huit autorités administratives indépendantes, d'une vingtaine d'organismes rattachés au Premier ministre, parmi lesquels on peut citer, notamment, le conseil d'analyse économique, la commission nationale consultative des droits de l'homme ou la CADA, la commission d'accès aux documents administratifs, ainsi que les fameux « fonds secrets ».
S'agissant de la présentation des grandes masses de ce projet de budget, je vous renvoie aux premières pages de mon rapport. Les crédits sont en légère diminution, à hauteur de 1,8 %, mais leur montant dépasse néamoins le milliard d'euros.
Ma première observation, à la suite de l'examen de ce projet de budget, concerne la nature des crédits inscrits.
En effet, il s'agit pour moitié de crédits dits « d'assistance et de solidarité ». Ces crédits existent depuis longtemps, mais leur montant est demeuré modeste jusqu'à la loi de finances de 2001. En 2001 s'est opérée une forte augmentation de la contribution de l'Etat au financement des exonérations de taxe audiovisuelle pour des motifs sociaux, laquelle s'élève aujourd'hui à près d'un demi-milliards d'euros.
Je ne porte pas de jugement sur la pertinence de cette augmentation, la contribution en question relevant d'ailleurs de la compétence de notre collègue Claude Belot. Je me demande cependant si ces crédits ne devraient pas être inscrits à un autre budget, par exemple celui de la solidarité. Leur rattachement actuel présente en effet l'inconvénient de fausser la perception de l'évolution des crédits concernant réellement les services généraux du Premier ministre, c'est-à-dire essentiellement les crédits du titre III. Par exemple, le projet de loi de finances pour 2003 prévoit une augmentation des crédits des services généraux du Premier ministre, crédits d'assistance et de solidarité exceptés, de 1,3 %. En revanche, ce budget diminue globalement, je le rappelle, de 1,8 %, en raison de la baisse de la contribution de l'Etat au financement des exonérations de taxe audiovisuelle.
Sur ce point, monsieur le ministre, ne pensez-vous pas que, dans un souci de lisibilité, il serait opportun de rattacher les crédits d'assistance et de solidarité à un autre budget ?
J'en viens maintenant à une remarque récurrente de ma part, que formulait aussi mon prédécesseur, M. Roland du Luart, à propos de l'insuffisance des informations transmises au Parlement au sujet des nombreux organismes placés auprès du Premier ministre.
Je dois tout d'abord souligner l'amélioration récente de la qualité des informations contenues dans le « jaune ». En effet, alors que, jusqu'à récemment, il n'était, de fait, pas possible de connaître, même grossièrement, le nombre d'organismes placés auprès du Premier ministre, un « toilettage » a été effectué en 2001. Ainsi, alors que le « jaune » pour l'année 2001 énumérait plus de soixante organismes rattachés au Premier ministre, la liste figurant dans ceux des années 2002 et 2003 n'en comprend que quarante, ce qui est certainement plus proche de la réalité.
Cette information devrait être encore améliorée à partir de l'année prochaine. En effet, la loi de finances rectificative de 2002 a modifié le contenu des informations devant figurer dans le « jaune » : celui-ci doit désormais évaluer le coût de fonctionnement et indiquer le nombre de leurs membres comme le nombre de réunions tenues lors des trois années précédentes. Afin de donner aux services concernés le temps de réunir les informations nécessaires, la loi précise que ces dispositions entrent vigueur le 1er janvier 2003. Bien entendu, je me réjouis de cette mesure, qui améliorera la transparence de la nébuleuse des organismes rattachés au Premier ministre.
J'en viens, monsieur le ministre, à ma deuxième question : est-il prévu de réaliser un audit des organismes placés auprès du Premier ministre et, le cas échéant, de réduire, ou éventuellement d'accroître, le nombre d'organismes rattachés ? Je rappelle que leur nombre est passé de soixante à quarante en un an, sans que l'on sache très bien dans quelles conditions cette évolution peut-être réellement perçue, analysée et comprise.
Je voudrais, en dernier lieu, faire brièvement le point sur la réforme des fonds spéciaux intervenue l'année dernière.
Jusqu'à cette réforme, le régime des fonds spéciaux différait du régime actuel sur deux points essentiels. Tout d'abord, les fonds spéciaux concernaient en partie des dépenses non liées à la sécurité, puisque seulement 60 % étaient destinés à la direction générale de la sécurité extérieure, la DGSE. Ensuite, les fonds spéciaux relatifs à la sécurité étaient les seuls à faire l'objet d'une procédure de vérification, par une commission spéciale présidée par un président de chambre à la Cour des comptes et ne comprenant, bien entendu, aucun membre du Parlement.
La loi de finances initiale pour 2002 a réformé, comme chacun sait, le dispositif antérieur sur ces deux points essentiels. Tout d'abord, les fonds spéciaux concernent désormais les seules actions liées à la sécurité, et sont donc passés de 60 millions d'euros à 40 millions d'euros environ. Ensuite, a été instituée une « commission de vérification », chargée de vérifier chaque année que les crédits sont utilisés conformément à leur destination.
La commission de vérification est, je le rappelle, composée de six membres, dont quatre parlementaires - deux députés et deux sénateurs -, son président étant obligatoirement l'un des deux députés. A ce sujet, j'ai l'honneur de vous informer que M. le président du Sénat a désigné, le 16 septembre 2002, M. Serge Vinçon ainsi que votre rapporteur spécial en qualité de membres de cette commission.
En ce qui concerne la dotation demandée pour 2003 - 37 millions d'euros, ce qui est identique au montant inscrit en loi de finances pour 2002 - il faut rappeler que les crédits demandés au titre des fonds spéciaux sont en général fortement sous-évalués, la DGSE bénéficiant traditionnellement d'abondements en cours d'année. Une évaluation plus réaliste des besoins serait sans doute préférable, même si le respect du secret des opérations concernées n'est peut-être pas compatible avec une estimation précise à l'occasion de chaque loi de finances.
D'où, monsieur le ministre, ma dernière question : serait-il, selon vous, opportun de revaloriser, dans les prochaines lois de finances, le chapitre 37-91 pour permettre au Parlement une meilleur lisibilité budgétaire lors du vote de ces crédits.
Telles sont, monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, les quelques observations que m'a inspirées ce budget.
Je rappelle que, compte tenu, notamment, de l'amélioration en cours de la transparence des informations relatives aux organismes financés par ce budget, la commission des finances vous propose d'adopter, mes chers collègues, le budget des services généraux du Premier ministre. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste, du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.)
M. le président. La parole est à M. le ministre délégué.
M. François Loos, ministre délégué au commerce extérieur. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, nous examinons ce soir les budgets des services généraux du Premier ministre pour ce qui concerne les agrégats « administration générale » et « autorités administratives indépendantes », du Commissariat général au Plan, des Journaux officiels, du Conseil économique et social et du SGDN, le secrétariat général de la défense nationale. En l'occurrence, il s'agit des services généraux du Premier ministre.
Le projet de budget des services généraux du Premier ministre pour 2003 s'établit à quelque 1 143 millions d'euros, en diminution de 1,9 % par rapport à l'année dernière.
Je ne présenterai que les crédits des deux derniers agrégats susmentionnés.
L'agrégat « administration générale » recouvre des actions et activités très diverses. Tout d'abord, il comprend les crédits nécessaires au fonctionnement, aux rémunérations et aux moyens matériels des cabinets ministériels et des services. Il comprend également des crédits d'actions et d'investissement.
S'agissant de cet agrégat, les crédits passent de 292,26 millions d'euros à 301,39 millions d'euros.
L'augmentation modérée des crédits du titre III, 2 % en valeur absolue et 1,86 % à structure constante, s'explique, en particulier, par un ajustement des moyens de fonctionnement, notamment en raison du développement de l'administration électronique, ainsi que par la mise en place des moyens nécessaires au fonctionnement de l'Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique en France métropolitaine et dans les départements et territoires d'outre-mer.
Pour le titre IV, les moyens publics alloués à l'IFRI sont renforcés de 7,5 % et ceux qui sont consacrés à l'IRIS sont consolidés.
Un effort très notable est fait en faveur des crédits d'investissement, qui progressent de 44,7 %. L'effort d'investissement de l'Etat reprend de façon significative en faveur des cités administratives, avec une hausse de 64 %, après un relâchement de l'effort consenti dans ce domaine en 2002.
Les crédits de l'agrégat « autorités administratives indépendantes » augmentent de 7,75 %.
La croissance la plus significative concerne le budget du Médiateur, avec 20,56 %. Ces moyens nouveaux permettront de financer, en particulier, les dépenses liées au développement des délégués de proximité présents dans les départements et les dépenses liées à la croissance de l'activité de la médiature.
Les crédits du Conseil supérieur de l'audiovisuel augmentent, pour leur part, de 4,28 %, notamment pour financer les travaux de planification nécessaires à la mise en place de la télévision numérique terrestre et certaines dépenses de rémunération.
Enfin, des moyens sont inscrits pour la mise en place d'une nouvelle autorité administrative indépendante : la Commission nationale du débat public. Le budget de cette institution nouvelle est fixé à 0,6 million d'euros, la moitié de cette somme étant financée par transfert du budget du ministère de l'écologie et du développement durable.
Après cette présentation générale du budget des services généraux du Premier ministre, je voudrais répondre aux observations et aux questions de M. le rapporteur spécial.
Tout d'abord, vous nous interrogez sur la pertinence du rattachement des crédits de remboursement d'exonération de redevance au budget des services généraux du Premier ministre, ces crédits, eu égard à leur objet, pouvant relever du budget de la solidarité.
Les remboursements d'exonération de redevance, qui, certes, ne sont pas étrangers à une logique d'aide à caractère social, représentent effectivement une part relative très importante du budget des services généraux du Premier ministre, à savoir 39,2 %.
Néanmoins, les crédits de remboursements d'exonération de redevance ainsi que ceux qui sont relatifs à la presse écrite participent surtout de la politique de la communication, qui relève de la compétence de la direction du développement des médias, direction des services généraux du Premier ministre mise à disposition du ministre de la culture et de la communication.
Votre deuxième question portait sur l'amélioration de l'information du Parlement en ce qui concerne les commissions et instances placées auprès du Premier ministre ou des ministres.
Les dispositions nouvelles de l'article 112 de la loi de finances pour 1996 introduites par la dernière loi de finances rectificative prévoient que devront figurer dans cette annexe en particulier des informations sur le coût de ces entités et sur leur fonctionnement.
Au-delà de la nécessaire amélioration de l'information communiquée à la représentation nationale sur les entités administratives existantes qui peuvent donner une impression de complexité et de manque de transparence, il convient de souligner que le Premier ministre vient de demander, voilà quelques semaines, au secrétaire général du Gouvernement de procéder à un réexamen approfondi des missions des instances, quelle que soit leur appellation - mission, commission, comité -, qui lui sont rattachées. Le Premier ministre a d'ailleurs précisé dans la lettre de mission que le rattachement au Premier ministre doit présenter un caractère exceptionnel.
La prochaine annexe jaune devrait donc non seulement comporter les informations nouvelles prescrites par la dernière loi de finances rectificative, mais également traduire les résultats de ce réexamen approfondi actuellement mené.
Enfin, monsieur le rapporteur, vous nous interrogez sur le niveau de suffisance des crédits inscrits sur le chapitre 37-91, relatifs aux fonds compte tenu des consommations.
Les crédits inscrits sur ce chapitre correspondent à un niveau d'activité normale des services concernés. Le Gouvernement estime indispensable, dans le cadre d'une gestion étroite de ces fonds, d'effectuer des abondements spécifiques en gestion dès lors qu'une opération spéciale doit être financée. (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. Je vous rappelle que les crédits inscrits à la ligne « Services généraux du Premier ministre » seront mis aux voix le jeudi 5 décembre, à la suite des crédits relatifs à la fonction publique.

ÉTAT B



M. le président. « Titre III : 24 151 649 euros. »