M. le président. La parole est à M. Ahmed Laouedj, pour la réplique.
M. Ahmed Laouedj. Je vous remercie, madame la ministre. J’espère que les habitants de la Seine-Saint-Denis et de l’Île-de-France pourront profiter de cette belle aventure que représente pour notre pays l’organisation des jeux Olympiques.
M. le président. La parole est à M. Didier Rambaud.
M. Didier Rambaud. Madame la ministre, organiser des jeux Olympiques et Paralympiques exige des investissements colossaux en matière d’infrastructures.
Au-delà du village olympique, inauguré la semaine dernière par le Président de la République, pouvez-vous nous indiquer, madame la ministre, quelles sont les infrastructures qu’il reste à bâtir, afin d’accueillir dans des conditions optimales les 10 500 athlètes internationaux ?
Mes chers collègues, se demander si la France est prête pour ces JO, c’est également s’interroger sur leur héritage en matière de réutilisation des infrastructures.
Or l’histoire démontre, hélas ! que l’héritage des infrastructures pose parfois des difficultés. Je pense aux fameux « éléphants blancs », ces infrastructures à l’envergure prestigieuse qui, au lendemain des Jeux, se révèlent en définitive plus coûteuses que bénéfiques et dont l’exploitation ou l’entretien devient un fardeau financier.
Il en est de nombreux exemples : le site de canoë-kayak utilisé lors des Jeux d’Athènes, ceux de 2004 ; la salle de volley-ball des Jeux de Pékin, ceux de 2008 ; le centre aquatique des Jeux de Rio, ceux de 2016. En tant qu’Isérois, j’aurais beau jeu d’évoquer les sites des Jeux d’hiver de 1968, qui tombèrent en friche après l’événement, notamment le fameux tremplin de Saint-Nizier-du-Moucherotte ou l’anneau de vitesse de Grenoble. Voilà autant d’exemples de sites abandonnés sitôt les Jeux clos.
Si le Comité international olympique (CIO) estime que 85 % des sites olympiques permanents construits entre les éditions d’Athènes, en 1896, et de Pyeongchang, en 2018, sont aujourd’hui utilisés, 11 % de ces sites n’existent plus et 4 % d’entre eux sont fermés, inactifs ou abandonnés.
Madame la ministre, puisque les Jeux de Paris se veulent exemplaires, pouvez-vous nous assurer qu’aucun éléphant blanc ne verra le jour ?
Enfin, ces Jeux sont également, et doivent être, ceux de tous les Français, car de nombreux territoires accueilleront des entraînements et des compétitions sportives.
Madame la ministre, dans quelle mesure tous les territoires concernés pourront-ils eux aussi bénéficier de l’héritage des Jeux ?
M. le président. La parole est à Mme la ministre.
Mme Amélie Oudéa-Castéra, ministre des sports et des jeux Olympiques et Paralympiques. Je vous remercie de votre question, monsieur le sénateur Rambaud.
Depuis la conception, c’est-à-dire depuis la phase de candidature, nous sommes extrêmement attentifs à ce que, précisément, aucun éléphant blanc du type de ceux qui hantent les rues d’Athènes ou de Rio ne voie le jour.
Aussi avons-nous bâti cette candidature sur le principe suivant : 95 % d’infrastructures déjà existantes ou éphémères. Quant aux autres constructions, nous les livrerons en temps et en heure, qu’il s’agisse des nouvelles infrastructures – je pense au centre aquatique olympique ou à l’Arena Porte de la Chapelle, que nous avons inaugurée au mois de février dernier – ou des travaux permettant d’améliorer l’existant, au premier chef le Stade de France.
Nous avons à cœur, dans l’ensemble des territoires, d’utiliser et de mettre en valeur nos capacités sportives. Je pense aux près de mille centres de préparation aux Jeux qui verront les athlètes du monde entier s’entraîner au contact des populations.
J’étais récemment à Auxerre, où seront reçues les équipes chinoise d’escrime, libanaise de tir à l’arc, canadienne de rugby à sept ; la population locale est impatiente de voir ces équipes arriver, s’entraîner, monter en puissance dans leur préparation et incarner les Jeux.
Nous avons aussi à cœur, avec le relais de la flamme, la billetterie populaire, les clubs 2024 – quelque 250 fan zones réparties sur le territoire –, de faire en sorte que tout un pays vibre avec l’olympisme, étant entendu que nos Jeux sont d’ores et déjà les plus décentralisés de l’histoire, avec 73 collectivités hôtes.
Nous serons au rendez-vous de l’engagement territorial et nous serons au rendez-vous d’un héritage bien pensé, destiné à ériger la France en nation sportive.
M. le président. La parole est à M. Jean-Jacques Lozach.
M. Jean-Jacques Lozach. Madame la ministre, pour ce qui est de savoir si la France est prête à accueillir les jeux Olympiques et Paralympiques, le sentiment général est plutôt une impression de préparation satisfaisante ; ont été surmontés, notamment, les retards dus à la crise sanitaire des années 2020 et 2021 et à la guerre en Ukraine.
Tony Estanguet affirmait, le 31 décembre dernier : « On sera prêts pour les Jeux. » Émanant du président du Cojop, des propos contraires eussent été inquiétants. La France attend cet événement depuis un siècle ; le spectacle du 26 juillet prochain devra être le prélude de Jeux réussis, dont nos compatriotes seront fiers.
Quels doivent en être les ingrédients ? Une sécurité à toute épreuve ; soixante médailles françaises ; une exemplarité environnementale ; des Jeux socialement irréprochables ; un budget maîtrisé et transparent ; des équipements fonctionnels ; mais aussi des Jeux vraiment populaires, pierre de touche du succès de la compétition.
D’où ma question : les conditions sont-elles remplies pour faire de ces Jeux un événement impliquant le maximum de nos concitoyens et de nos territoires ?
Mon interrogation porte également sur le sens que nous souhaitons donner à cette manifestation. Sommes-nous prêts à assumer toutes les conséquences des JOP, notamment les vocations qu’ils feront naître au bénéfice des clubs ?
Comment relèverons-nous le défi que représenteront pour le mouvement sportif les trois millions de pratiquants supplémentaires revendiqués par le Président de la République d’ici à 2027 ?
Enfin, sommes-nous capables de faire des Jeux le catalyseur d’un projet sportif global plus ambitieux à l’horizon d’une vingtaine d’années, en termes d’emploi, de bénévolat, de sport scolaire ou d’enjeux sociétaux liés au handicap et à la sédentarité, au renforcement de la citoyenneté et à la lutte contre toutes les formes de discrimination et de violence ?
M. le président. La parole est à Mme la ministre.
Mme Amélie Oudéa-Castéra, ministre des sports et des jeux Olympiques et Paralympiques. Monsieur le sénateur Lozach, la richesse de votre question montre bien la multitude des dimensions sur lesquelles nous tâchons d’avoir un impact positif au travers de l’organisation des Jeux.
Nous faisons en sorte d’embarquer pleinement tous les territoires et tous les Français dans cette aventure. Tel est le sens du relais de la flamme olympique, qui va traverser 400 villes, et du relais de la flamme paralympique, qui va traverser 50 villes. Comme j’en ai eu la confirmation ce matin encore à Auxerre, la fête commencera là pour les collectivités concernées et pour les départements qui ont fait l’effort de s’embarquer dans ce relais.
La billetterie populaire va nous permettre d’emmener aux Jeux 400 000 personnes, dont 100 000 bénévoles du mouvement sportif.
Les clubs 2024, que j’ai évoqués, seront au nombre de 250 environ.
Le dispositif Ma classe aux Jeux, qui s’inscrit dans le cadre de la billetterie populaire, permettra aux professeurs de toute la France, y compris outre-mer, d’emmener leur classe vivre l’aventure des jeux Paralympiques ; au même moment, se mettront en place, dans les établissements scolaires, des « mini-clubs 2024 » où les élèves pourront vivre les valeurs de l’olympisme et fêter les exploits des athlètes.
Notre chemin vers les Jeux va s’organiser autour de temps forts : je pense à la semaine olympique et paralympique à l’école, début avril ; je pense au J-100, qui sera l’occasion de voir l’équipe tricolore commencer de se dessiner au gré des qualifications des uns et des autres ; je pense à la Journée olympique, le 23 juin, autre moment important, qui marquera, à peu de chose près, le J-1 mois.
L’essentiel, à tous points de vue, c’est aussi l’héritage : il convient que nous progressions dans la construction de la nation sportive. On recense déjà, depuis 2017, quelque 3,6 millions de pratiquants sportifs supplémentaires. Et nous nous sommes dotés des capacités – équipements, promotion des différentes composantes sportives – qui nous permettront de convaincre 3 millions de pratiquants supplémentaires à l’horizon de la fin de ce quinquennat et, ainsi, de faire de la France une nation sportive.
Grande cause nationale oblige, j’aurai à cœur que, avec le mouvement sportif – je lui écrirai spécifiquement en ce sens dans les tout prochains jours –, nous anticipions l’afflux de nouveaux licenciés que les exploits de nos athlètes tricolores ne manqueront pas de susciter.
M. le président. La parole est à M. Jean-Jacques Lozach, pour la réplique.
M. Jean-Jacques Lozach. J’ajouterai quelques mots pour exprimer un regret : nous venons de prendre connaissance du plan national d’économies de 10 milliards d’euros qui a été entériné par décret.
Or je constate que la mission budgétaire la plus affectée, proportionnellement aux crédits qui lui sont alloués, est malheureusement, derrière la mission « Aide publique au développement », la mission « Sport, jeunesse et vie associative » (M. Michel Savin acquiesce.), et cela en 2024, l’année même où le sport a été décrété « grande cause nationale » !
M. le président. La parole est à Mme Catherine Dumas.
Mme Catherine Dumas. Madame la ministre, la cérémonie d’ouverture des jeux Olympiques, qui se tiendra sur et autour de la Seine, est présentée depuis plus de deux ans comme une grande première et comme un événement grandiose.
Cependant, depuis quelques mois, le rêve ne cesse de se confronter à la réalité, c’est-à-dire aux nombreuses inquiétudes que l’organisation de cette cérémonie suscite chez les Parisiens. En effet, les modalités envisagées pour cette manifestation sont régulièrement remodelées, à l’image de la jauge de spectateurs, qui a été divisée de moitié, conformément, d’ailleurs, à une proposition faite par le groupe dont je suis membre au Conseil de Paris.
Par ailleurs, les risques d’effondrement de balcons, liés à une surcharge pendant l’événement, ont fait naître chez les Parisiens de nouvelles inquiétudes, qui nécessitent des réponses.
En ce qui concerne la cérémonie d’ouverture sur la Seine, qu’en est-il exactement du plan B, madame la ministre ? Et pouvez-vous nous rassurer sur la sécurité des millions de visiteurs qui assisteront au plus grand événement sportif du monde ?
Madame la ministre, pouvez-vous détailler la feuille de route du Gouvernement relative à l’organisation de la cérémonie d’ouverture et à l’ensemble des mesures de sécurité prévues à cette occasion comme pendant la totalité des jeux Olympiques ? (Mme Marie-Claire Carrère-Gée et MM. Alain Chatillon et Philippe Mouiller applaudissent.)
M. le président. La parole est à Mme la ministre.
Mme Amélie Oudéa-Castéra, ministre des sports et des jeux Olympiques et Paralympiques. Madame la sénatrice Dumas, cette cérémonie d’ouverture sur la Seine, événement sans précédent, sera grandiose ; elle représente incontestablement un défi organisationnel et sécuritaire majeur. Au reste, nous proportionnons nos efforts de préparation et d’anticipation et notre mobilisation collective à due concurrence.
Le ministre de l’intérieur est au Sénat cette après-midi pour confirmer le principe d’une jauge qui sera de 104 000 personnes sur les quais bas et de 222 000 personnes sur les quais hauts.
Pour sécuriser la cérémonie d’ouverture, 42 500 agents des forces de sécurité intérieure seront mobilisés, des gendarmes, des policiers, des agents de la brigade de recherche et d’intervention (BRI) et du Raid (Recherche, assistance, intervention, dissuasion), ainsi que des militaires, qui sécuriseront le quartier où mouilleront un certain nombre de bateaux, du côté d’Ivry-Charenton. Des brigades spéciales de plongeurs-démineurs mèneront toutes les opérations de déminage nécessaires.
Seront mobilisés de surcroît des milliers d’agents de sécurité privée, ainsi qu’un volant d’agents de police municipale, qui interviendront dans le cadre des périmètres de sécurité. Ces derniers, dont les cartes sont révélées cet après-midi même par le ministre de l’intérieur, permettront cette sécurisation dès huit jours avant la cérémonie d’ouverture.
Il y a là pour nous un enjeu extrêmement important. Différentes variables d’ajustement ont été prévues, dont aucune n’implique de renoncer à notre ambition.
Le Président de la République l’a dit : en cas d’accroissement très fort de la menace, qu’elle soit terroriste ou d’une autre nature, nous serions bien évidemment conduits à activer un plan B, que nous préparons dans les conditions de confidentialité requises.
M. le président. La parole est à Mme Catherine Dumas, pour la réplique.
Mme Catherine Dumas. Je vous remercie, madame la ministre, de votre réponse.
Je prends acte qu’un plan B est en préparation. J’espère qu’un certain nombre d’informations nous seront communiquées prochainement, parce que les jeux Olympiques doivent être une fête pour tous, et plus particulièrement pour les Parisiens, dont le quotidien sera plus que jamais rythmé et affecté par cet événement exceptionnel.
Nous appelons le Gouvernement à la plus grande vigilance, car c’est l’image de la France qui est en jeu. (Mmes Marie-Claire Carrère-Gée et Brigitte Devésa, ainsi que M. Alain Chatillon applaudissent.)
M. le président. La parole est à M. Pierre-Jean Verzelen. (M. Pierre Jean Rochette applaudit.)
M. Pierre-Jean Verzelen. Madame la ministre, ma question porte aussi sur la sécurité.
Au-delà, évidemment, du maintien de l’ordre, de la lutte contre le terrorisme et de la protection des biens et des personnes, qui seront assurés par les policiers, les gendarmes et les forces de sécurité, je souhaite vous parler de la sécurité civile, celle qui consistera à lutter contre les incendies ou à gérer les accidents et qui sera assurée par les pompiers, volontaires ou professionnels.
Si une prime de 1 900 euros a été annoncée pour les policiers et gendarmes qui assureront une permanence pendant les jeux Olympiques et les jeux Paralympiques, pour les pompiers, en revanche, il n’y a rien pour l’instant.
Pouvez-vous nous confirmer qu’il y aura une équité dans les primes versées aux uns et aux autres ?
J’en viens à ma seconde question : qui va payer ? Certes, les services départementaux d’incendie et de secours (Sdis) seront mobilisés, mais ce sera pour un événement très national ! C’est d’ailleurs la direction générale de la sécurité civile qui sollicite les Sdis, de manière qu’il y ait 700 pompiers en permanence à Paris et une centaine d’autres sur les sites des événements qui auront lieu un peu partout en France.
Bien évidemment, les pompiers sont ravis et enthousiastes à l’idée de participer à cet événement, mais les dépenses des Sdis seront-elles bien compensées par l’État ?
Madame la ministre, je souhaite que vous répondiez à mes deux questions.
M. le président. La parole est à Mme la ministre.
Mme Amélie Oudéa-Castéra, ministre des sports et des jeux Olympiques et Paralympiques. Monsieur le sénateur Verzelen, nous conduisons aujourd’hui le dialogue social, avec l’élaboration des plans de maintien de l’activité dans les administrations publiques et dans les ministères.
Cet effort repose sur une circulaire de cadrage signée par Élisabeth Borne en novembre dernier. Nous le mènerons jusqu’à la fin du mois de mars ou au début du mois d’avril, avant de consolider l’ensemble des réponses.
Bien évidemment, les pompiers sont au cœur de nos attentions et de celles du ministre de l’intérieur, qui l’a rappelé un peu plus tôt cette après-midi, en répondant à une question au Gouvernement qui lui a été posée à l’Assemblée nationale.
Il faut, je pense, distinguer deux situations.
Pour les pompiers qui relèvent de la fonction publique d’État – ainsi que vous l’avez rappelé, il en va ainsi pour un certain nombre d’entre eux, notamment ceux de Paris et de Marseille –, nous avons bien posé le principe d’une intégration pleine et entière dans les dispositifs de primes prévus par le ministère de l’intérieur.
Pour les autres équipes, les primes des pompiers relèvent, comme vous l’avez dit, de l’action des Sdis, donc des collectivités territoriales.
Nous avons sécurisé l’extension de certaines des dispositions des plans de maintien de l’activité, qui prévoient toute une série d’aménagements, à la fonction publique territoriale.
Pour le reste, notamment le volet indemnitaire, le dialogue social se poursuit. Nous devons le mener en étant conscients des sujétions spécifiques et de l’engagement particulier qui sera celui des pompiers.
Monsieur le sénateur, je tiens absolument à profiter de votre question pour les saluer, non seulement pour la contribution majeure qu’ils apporteront au secourisme au cœur de nos Jeux, mais également pour ce qui sera leur action en faveur de tous les Français, sur l’ensemble des territoires, en marge des Jeux, à l’été 2024.
M. le président. La parole est à M. Pierre-Jean Verzelen, pour la réplique.
M. Pierre-Jean Verzelen. Que les Sdis soient compensés financièrement pour tout ce que les jeux vont induire est un minimum !
Je reviens sur le sujet des primes. Le Sdis du département de l’Aisne, qui est évidemment celui que je connais le mieux, devra, en gros, mobiliser, chaque jour, 40 pompiers, volontaires ou professionnels, pour les jeux Olympiques. C’est très bien, et il les trouvera ; je le répète, tout le monde sera ravi de participer à cet événement national et très enthousiasmant.
En revanche, le minimum est que l’État compense les dépenses engagées par les Sdis pour les primes.
M. Michel Savin. C’est mal parti…
M. Pierre-Jean Verzelen. Mais j’imagine que nous aurons l’occasion d’y revenir.
M. le président. La parole est à M. Michel Laugier.
M. Michel Laugier. Madame la ministre, le décompte s’accélère : il nous reste 143 jours pour affiner les derniers détails de l’organisation des jeux Olympiques et Paralympiques (JOP). Ces quelques mois qui nous séparent de l’événement devront vous aider à parfaire votre plan de sécurisation.
Pourtant, à cinq mois de la cérémonie d’ouverture, des interrogations demeurent. La France, à l’instar des sportifs, s’est-elle suffisamment préparée ?
Permettez-moi de m’interroger, notamment s’agissant de la sécurité. Vous avez répondu tout à l’heure à ma collègue Catherine Dumas au sujet de la cérémonie d’ouverture, mais pouvez-vous assurer aujourd’hui aux Français et aux nombreux étrangers qui rallieront notre pays que leur sécurité sera assurée avec cette nouvelle jauge ?
Au reste, les Jeux ne sauraient se résumer à cette seule cérémonie, aussi grandiose soit-elle. Les Jeux, ce sont deux semaines de compétition sur 39 sites répartis sur l’ensemble du territoire hexagonal et ultramarin, sans oublier les onze jours de compétition paralympique.
Si la police et la gendarmerie sont rompues à la sécurisation des grands événements, avez-vous l’assurance que les réservistes appelés en renfort le seront suffisamment ?
Les nouveaux agents des entreprises de sécurité privées seront-ils en nombre suffisant, alors que les difficultés de recrutement n’épargnent pas ce secteur ? Et, une fois qu’ils auront été recrutés, avez-vous l’assurance que la formation qui leur sera dispensée ne sera pas au rabais ?
Par-delà l’aspect sécuritaire, quid de la surveillance des organisations environnementales radicales, qui excellent dans l’art de s’appuyer sur des événements relayés en mondovision pour médiatiser leurs actions ?
Enfin, comment comptez-vous déjouer les cyberattaques, dont les conséquences seraient désastreuses si elles parvenaient à pénétrer nos réseaux en ligne ? Alors que l’olympisme rayonnera sur la France, nous n’avons pas le droit à l’erreur. À la moindre faille, notre prestige de puissance organisatrice s’évanouirait pour longtemps !
Hélas, les récents vols de documents confidentiels ne sont pas encourageants… Aussi, je souhaite, pour paraphraser Coubertin, que nous sécurisions « plus vite, plus haut, plus fort ». (Marques d’approbation sur les travées des groupes UC et Les Républicains.)
M. Michel Savin. Très bien !
M. le président. La parole est à Mme la ministre.
Mme Amélie Oudéa-Castéra, ministre des sports et des jeux Olympiques et Paralympiques. Monsieur le sénateur Laugier, nous devons aux Français la sécurité que vous évoquez et nous faisons tout pour être pleinement au rendez-vous, dans l’ensemble des dimensions que vous avez pu citer.
Je veux rappeler que, au-delà de la mobilisation de 42 500 agents des forces de sécurité intérieure pour la cérémonie d’ouverture, il sera fait appel, en moyenne, à 30 000 policiers et gendarmes, ainsi qu’à 18 000 agents de sécurité privée – et même 22 000 au moment des pics.
Nous avons déployé, sur cet enjeu de la sécurité privée, un plan d’action totalement sans précédent. Celui-ci est mené, en Île-de-France, avec France Travail et sous la houlette du préfet de la région d’Île-de-France. Il nous a déjà permis d’enregistrer 16 700 entrées en formation, ainsi que le recrutement effectif de 10 700 agents de sécurité privée, alors même que s’achève la quatrième vague d’appels d’offres du Cojop.
Je veux souligner la mobilisation des réservistes – à hauteur d’environ 8 000 d’entre eux –, mais aussi d’environ 7 500 jeunes issus des écoles de police et de gendarmerie.
La mobilisation collective des forces de police est totale. Elle sera complétée par celle des effectifs des forces Sentinelle : quelque 10 000 d’entre eux patrouilleront sur le territoire français et à proximité des sites.
On le voit, ce concours de la force se fait en parfaite symbiose avec toutes les équipes de renseignements territoriaux, et une attention est portée à tous les types de menaces : la menace islamiste, la menace terroriste, mais aussi la menace explosive et la menace NRBC, c’est-à-dire nucléaire, radiologique, biologique et chimique.
L’ensemble de ces risques sont aujourd’hui suivis de très près et font même l’objet d’un certain nombre d’exercices d’anticipation ou de gestion des éventuelles crises.
M. le président. La parole est à M. Adel Ziane.
M. Adel Ziane. Madame la ministre, dans moins de quatre mois, les jeux Olympiques et Paralympiques vont attirer près de 15 millions de visiteurs dans notre pays.
Nous pensons que les infrastructures sportives et les logements seront prêts à temps. Nous avons pu le constater lors de la visite que nous avons effectuée jeudi dernier, aux côtés du Président de la République. Sur ce plan, si l’on se demande si la France sera prête, on peut répondre que nous serons à la hauteur, me semble-t-il.
Néanmoins, une question demeure : celle des transports en commun en Île-de-France.
Dans notre région, 68 % des emplois sont concentrés sur seulement 6 % de notre territoire. De nombreux actifs dépendent des transports en commun pour leurs déplacements. Je pense précisément aux habitants de Seine-Saint-Denis, souvent des travailleurs de première ligne, qui prennent les transports pour de longs trajets.
Si le Grand Paris Express, qui désenclavera notre département, est une promesse en cours de réalisation, vous savez, madame la ministre, que la situation des transports franciliens s’est fortement dégradée ces trois dernières années pour les 10 millions de voyageurs quotidiens : retards récurrents, quais bondés, lignes saturées.
À la fin de l’année 2023, cinq lignes de métro étaient encore sous le seuil de 90 % de régularité. La ligne 13, qui sera parfois amenée à vider et à remplir jusqu’à trois fois par jour le Stade de France, lorsque des épreuves s’y dérouleront, en fait partie.
Mes questions sont assez simples et précises.
Si ces lignes sont déjà en difficulté, pourront-elles répondre à l’afflux exceptionnel de voyageurs ? Quelles garanties le Gouvernement peut-il apporter pour renforcer le réseau, en matière tant de signalétique que de gestion de flux ?
Pouvez-vous nous apporter des précisions sur l’annonce, par Île-de-France Mobilités, de la mise en place d’une application éphémère, Transport Public Paris 2024, qui offrira un calculateur d’itinéraire pour répartir les flux sur l’ensemble du réseau, afin d’éviter les encombrements ?
Je note que cette application sera réalisée avec des acteurs du secteur privé, à savoir Google Maps et Citymapper. Pouvez-vous nous dire où en sont les discussions ?
Il est également prévu que les 10 000 athlètes bénéficient d’un réseau de navettes réservées sur le périphérique. Quid de la mise en place de ce réseau ? Sera-t-il suffisamment robuste ?
Enfin, si l’on raisonne en termes d’héritage, n’oublions pas que, à la fin des jeux Olympiques et Paralympiques, à la mi-septembre, il faudra aussi que le réseau puisse fonctionner pour l’ensemble des Franciliens.
M. le président. La parole est à Mme la ministre.
Mme Amélie Oudéa-Castéra, ministre des sports et des jeux Olympiques et Paralympiques. Je vous remercie, monsieur le sénateur Ziane, de votre question.
Nous faisons en sorte de répondre à l’enjeu des transports à travers tous nos programmes relatifs aux infrastructures. Je pense à la construction des prolongements au nord et au sud de la ligne 14, dont le pilotage automatisé vient d’être de nouveau sécurisé. Nous n’aurons pas de retard sur ce chantier, qui sera livré en juin prochain.
Des travaux sont menés dans les gares pour augmenter leurs capacités. C’est le cas de la gare du Nord et de la gare de Saint-Denis-Pleyel, mais aussi de la gare de la porte-Maillot, où ont lieu des travaux importants, en lien avec l’extension du tramway T3b.
Nous livrerons toutes ces infrastructures entre le printemps et le mois de juin prochain, en temps et en heure, dans le respect des coûts.
Quant à nos plans de transports, ils viseront précisément à encourager les usagers, les accrédités, les différents acteurs et les spectateurs qui se rendront sur les sites des épreuves à opter pour les meilleures combinaisons.
Oui, l’application d’Île-de-France Mobilités que vous avez mentionnée sera créée au mois d’avril. Elle permettra effectivement aux usagers qui sont familiers de ce genre de solutions numériques d’obtenir des recommandations d’itinéraires, grâce à un travail collaboratif mené avec Citymapper et les géants du digital.
Nous développons aussi le vélo, avec, en plus des 415 kilomètres de pistes cyclables, un renfort de 28 000 places de stationnement. Cela nous permettra de proposer aux usagers ce mode de transport, pour lequel je rappelle que nous avions déjà mis en place des aides spécifiques dans le cadre du plan Vélo.
Oui, il y aura bien 185 kilomètres de voies olympiques et paralympiques, par lesquelles les accrédités pourront aller jusqu’aux sites de compétition,…
M. le président. Il faut conclure, madame la ministre !