M. Guillaume Gontard. Cet amendement porte lui aussi sur la souveraineté alimentaire.
Notre souveraineté alimentaire se construit non pas contre celle des pays tiers, mais évidemment avec elle.
Du fait de leurs engagements régionaux et internationaux, la France et l’ensemble des États membres de l’Union européenne sont soumis à des obligations extraterritoriales et doivent s’assurer à la fois de respecter les droits humains et de ne pas porter atteinte aux droits humains dans d’autres pays ; de protéger les populations des violations des droits humains, notamment en s’assurant que les acteurs économiques de la chaîne alimentaire qui opèrent sur le marché international ou à l’étranger ne portent pas atteinte aux droits humains, en particulier les droits des paysans, le droit à l’alimentation des populations et les droits environnementaux ; de participer à la réalisation des droits humains à l’échelon international en mettant en œuvre des politiques de développement et une coopération internationale conformes et adaptées.
Par ailleurs, nous ne comprenons absolument pas la vision de notre rapporteur, qui, de manière antithétique, propose d’améliorer tout à la fois la compétitivité et la coopération agricole.
Cette référence à la compétitivité est parfaitement incongrue dans un alinéa relatif à la coopération internationale en matière alimentaire.
M. le président. L’amendement n° 300 rectifié ter, présenté par MM. Tissot et Montaugé, Mme Artigalas, MM. Bouad, Cardon, Mérillou, Michau, Pla, Redon-Sarrazy, Stanzione et Kanner, Mmes Bélim, Bonnefoy et Espagnac, MM. Jacquin et Kerrouche, Mme Monier, MM. Uzenat, Vayssouze-Faure, M. Weber, Lurel, Gillé et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :
Alinéa 23
Supprimer les mots :
nécessaires à la sécurité alimentaire mondiale
La parole est à M. Christian Redon-Sarrazy.
M. Christian Redon-Sarrazy. L’alinéa 23 précise que l’une des finalités de nos politiques publiques doit être la recherche de l’amélioration de notre compétitivité agricole pour soutenir les capacités exportatrices de la France nécessaires à la sécurité alimentaire mondiale.
Si nous souscrivons à la nécessité que la France reste une puissance exportatrice forte sur la scène mondiale, avec des filières de renom et d’exception participant clairement à notre rayonnement à l’international et, surtout, à l’équilibrage de notre balance commerciale extérieure, nous nous interrogeons toutefois sur le fait que notre pays ait vocation à assurer la sécurité alimentaire mondiale et, surtout, qu’il en ait la capacité.
Je crains que nous ne nous trompions ici d’objectif.
Si la France doit apporter sa pierre à cet édifice de recherche de sécurité alimentaire mondiale, nous n’estimons pas pour autant qu’il faille l’inscrire en l’état dans la loi, au risque de vouloir produire toujours plus, quelles qu’en soient les conditions.
Par cet amendement, nous appelons à en rester à une rédaction plus sobre et réaliste, en précisant que nos politiques publiques visent à préserver nos capacités exportatrices et à maîtriser et réduire notre dépendance aux exportations.
M. le président. L’amendement n° 804, présenté par le Gouvernement, est ainsi libellé :
Alinéa 23
1° Remplacer le mot :
nécessaires
par le mot :
contribuant
2° Compléter cet alinéa par les mots :
dans le respect des règles du marché intérieur de l’Union européenne et des engagements internationaux
La parole est à Mme la ministre.
Mme Annie Genevard, ministre. Cet amendement vise à sécuriser l’alinéa 23 en rappelant le cadre fixé par les règles du marché intérieur européen.
On l’a dit, la France, à elle seule, ne peut pas garantir la sécurité alimentaire mondiale. Afin de mieux refléter le rôle de notre pays dans cet enjeu global, nous proposons de remplacer le terme « nécessaires » par celui de « contribuant ».
J’en profite pour donner l’avis du Gouvernement sur les autres amendements en discussion commune.
Je tiens à préciser que je suis attachée au maintien de la référence à la nécessaire compétitivité de notre agriculture à l’international.
Messieurs les sénateurs, vous avez considéré, tout à l’heure, que ce qui importait était de satisfaire aux besoins en alimentation de la population nationale et que la dimension exportatrice était, au fond, secondaire.
Pour ce qui me concerne, je considère que l’exportation, c’est de l’activité en France, de la production de richesse en France, du rayonnement de la France à l’étranger.
Par conséquent, cette notion de compétitivité n’est pas indécente ; elle n’est pas infondée. Au contraire, il faut l’assumer !
Pour notre part, nous assumons la dimension de compétitivité de l’agriculture française et estimons qu’il faut se réjouir qu’elle se traduise par des exportations.
C’est la raison pour laquelle je demande le retrait de ces amendements, au profit de celui du Gouvernement.
M. le président. L’amendement n° 301 rectifié ter, présenté par MM. Tissot et Montaugé, Mme Artigalas, MM. Bouad, Cardon, Mérillou, Michau, Pla, Redon-Sarrazy, Stanzione et Kanner, Mmes Bélim, Bonnefoy et Espagnac, MM. Jacquin et Kerrouche, Mme Monier, MM. Uzenat, Vayssouze-Faure, M. Weber, Lurel, Gillé et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :
Alinéa 23
après les mots :
sécurité alimentaire mondiale
insérer les mots :
sans nuire à notre souveraineté alimentaire et en priorisant l’autonomie alimentaire des territoires
La parole est à M. Franck Montaugé.
M. Franck Montaugé. Il s’agit d’un amendement de repli par rapport à l’amendement n° 300 rectifié ter.
Si l’on inscrit dans la loi qu’il faut soutenir les capacités exportatrices de la France, dans l’objectif de contribuer à la sécurité alimentaire mondiale, nous ne voulons pas que cet objectif soit entendu comme une course au productivisme à tous crins.
Notre amendement tend ainsi à préciser que l’objectif de soutien des capacités exportatrices de notre pays ne doit en aucun cas nuire à notre souveraineté alimentaire nationale et à l’autonomie alimentaire de nos territoires.
M. le président. Quel est l’avis de la commission ?
M. Laurent Duplomb, rapporteur. La commission émet un avis défavorable sur tous ces amendements, qui soit vont à l’encontre de la rédaction prévue par la commission, soit ajoutent des éléments qui existent déjà ou qui n’ont pas lieu d’être.
Ainsi, l’amendement du Gouvernement vise à rappeler la nécessité de respecter le marché intérieur et nos engagements internationaux. Ce n’est pas nécessaire ! Cette obligation s’impose systématiquement.
De même, l’amendement n° 301 rectifié ter tend à rappeler que la France ne doit pas nuire à la sécurité alimentaire et à ses partenaires commerciaux. Cet objectif va de soi !
M. le président. Je rappelle que l’avis du Gouvernement est défavorable sur l’ensemble des amendements en discussion commune.
Je mets aux voix l’amendement n° 714 rectifié.
(L’amendement n’est pas adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l’amendement n° 300 rectifié ter.
(L’amendement n’est pas adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l’amendement n° 301 rectifié ter.
(L’amendement n’est pas adopté.)
M. le président. Je suis saisi de deux amendements faisant l’objet d’une discussion commune.
L’amendement n° 99 rectifié, présenté par MM. Cabanel et Bilhac, Mme M. Carrère, MM. Daubet, Fialaire, Gold, Grosvalet et Guiol, Mme Jouve, MM. Laouedj et Masset, Mme Pantel et M. Roux, est ainsi libellé :
Après l’alinéa 22
Insérer un alinéa ainsi rédigé :
« …° En orientant les politiques alimentaires, dans le respect de la programmation pluriannuelle de l’agriculture française, de la stratégie nationale pour la biodiversité et de la stratégie nationale bas carbone définie à l’article L. 222-1 B du code de l’environnement ;
La parole est à M. Michel Masset.
M. Michel Masset. Cet amendement d’Henri Cabanel a pour objet de remédier à une omission dans les différentes finalités des politiques traduisant les priorités en matière de souveraineté alimentaire, en y ajoutant le respect de la stratégie nationale bas-carbone, aux côtés de la stratégie nationale pour la biodiversité.
M. le président. L’amendement n° 565, présenté par MM. Salmon et Gontard, Mme Guhl, MM. Jadot, Benarroche, G. Blanc, Dantec, Dossus et Fernique, Mme de Marco, M. Mellouli et Mmes Ollivier, Poncet Monge, Senée, Souyris et M. Vogel, est ainsi libellé :
Après l’alinéa 30
Insérer un alinéa ainsi rédigé :
« …° D’orienter les politiques alimentaires, dans le respect de la stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat définie au III de l’article L. 1, de la stratégie nationale bas carbone définie à l’article L. 222-1 B du code de l’environnement et de la stratégie nationale pour la biodiversité ;
La parole est à M. Daniel Salmon.
M. Daniel Salmon. Cet amendement vise à préciser que les politiques alimentaires doivent être orientées de manière à atteindre les objectifs fixés par la stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat (Snanc), comme dans le texte issu des travaux de l’Assemblée nationale, mais aussi la stratégie nationale bas-carbone, ainsi que la stratégie nationale pour la biodiversité, largement absente, afin de reconnaître le rôle essentiel de ces dernières dans l’engagement de l’indispensable transition environnementale.
À l’heure où la filière bio connaît une crise sans précédent, plusieurs engagements ont été pris par les pouvoirs publics, dont le déploiement de la stratégie nationale biodiversité 2030, qui en constitue un pan essentiel, puisqu’elle prévoit que la part de la surface agricole utile de la France sera portée à 21 % à l’horizon 2030, contre 10 % actuellement.
Il nous paraît nécessaire d’intégrer ces politiques publiques à l’article 1er pour refléter l’importance de ces piliers fondamentaux de la politique environnementale.
Il s’agit là, bien entendu, d’un élément central pour notre souveraineté alimentaire. En effet, lorsque nous aurons perdu l’ensemble des pollinisateurs, c’est 30 % de notre production qui disparaîtra également !
M. le président. Quel est l’avis de la commission ?
M. Laurent Duplomb, rapporteur. La commission émet un avis défavorable sur l’amendement n° 99 rectifié, qui est satisfait par l’article L. 4 du code rural et de la pêche maritime que nous n’avons pas modifié.
Elle est également défavorable à l’amendement n° 565, la stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat étant l’objet du III de l’article L. 1 du même code, que nous n’avons pas modifié non plus.
M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ?
Mme Annie Genevard, ministre. Les dispositions de l’amendement n° 99 rectifié recoupent celles de la loi portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets, dite Climat et Résilience. Par définition, la Snanc tient compte des objectifs climatiques. Par conséquent, le Gouvernement demande le retrait de cet amendement ; à défaut, il émettra un avis défavorable.
Monsieur Salmon, l’amendement du Gouvernement prenait en compte votre proposition, puisqu’il avait pour objet d’intégrer l’ensemble des actions à conduire dans le cadre de la politique de l’alimentation tout en contribuant à un objectif plus global de souveraineté alimentaire. Cette politique a notamment pour finalité d’assurer à la population l’accès à une alimentation sûre, saine, diversifiée, produite de façon durable. Hélas ! le rapporteur et la majorité de cette assemblée se sont prononcés défavorablement sur notre amendement.
Par conséquent, le Gouvernement émet un avis défavorable sur l’amendement n° 565.
M. le président. La parole est à M. Daniel Salmon, pour explication de vote.
M. Daniel Salmon. La France est tout de même assez cynique : l’alinéa 24 mentionne le principe de réciprocité, alors que nous continuons à exporter, à hauteur d’à peu près 7 000 tonnes par an, des pesticides interdits dans le monde entier, produits dans des usines bien françaises et provoquant des rejets très importants dans nos eaux – des articles sont parus sur le sujet.
On envoie des pesticides interdits à l’autre bout du monde, notamment au Brésil, et, quand on importe des produits issus de ces pays, on se dit surpris de récupérer des résidus… Et que dire des populations que l’on empoisonne !
Avant de parler de principe de réciprocité, il faudrait déjà commencer par être un peu plus exigeant sur nos exportations ! Ce qui est interdit en Europe ne devrait pas être exporté à l’autre bout du monde. C’est une question de responsabilité.
M. le président. Mes chers collègues, nous allons interrompre nos travaux pour quelques instants.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à dix-huit heures quarante-cinq, est reprise à dix-huit heures cinquante.)
M. le président. La séance est reprise.
Je suis saisi de quatre amendements faisant l’objet d’une discussion commune.
L’amendement n° 727 rectifié, présenté par M. Lahellec, Mme Margaté, M. Gay et les membres du groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste – Kanaky, est ainsi libellé :
Alinéa 24
Rédiger ainsi cet alinéa :
« 4° De protéger les filières agricoles des concurrences déloyales en utilisant les clauses de sauvegarde activables dans l’accord général sur les tarifs douaniers et le commerce ainsi que dans les accords bilatéraux dont la France ou l’Union européenne sont parties, sans exclusion d’autres dispositifs dérogatoires au droit de la concurrence,
La parole est à M. Gérard Lahellec.
M. Gérard Lahellec. Par cet amendement, nous proposons d’utiliser tous les instruments disponibles pour protéger les filières agricoles des concurrences déloyales.
M. le président. L’amendement n° 563, présenté par MM. Salmon et Gontard, Mme Guhl, MM. Jadot, Benarroche, G. Blanc, Dantec, Dossus et Fernique, Mme de Marco, M. Mellouli et Mmes Ollivier, Poncet Monge, Senée, Souyris et M. Vogel, est ainsi libellé :
Alinéa 24
Rédiger ainsi cet alinéa :
« 4° De veiller à garantir que les produits alimentaires issus d’importations respectent les normes sociales, sanitaires, environnementales et relatives au bien-être animal en vigueur dans l’Union européenne ;
La parole est à M. Daniel Salmon.
M. Daniel Salmon. Cet amendement vise à renforcer la rédaction de l’alinéa 24, qui reste insuffisamment ambitieuse au regard des enjeux de protection des agriculteurs contre la concurrence déloyale des produits importés moins-disants d’un point de vue social, environnemental et sanitaire.
Alors que les normes de production dans les pays tiers autorisent des produits interdits dans l’Union européenne – pesticides, hormones de croissance, etc. –, dans un contexte de hausse des importations et alors que la protection des consommateurs est essentielle, la mise en place de mesures miroirs à l’échelle européenne est plus que nécessaire.
Je sais que cette nécessité fait consensus sur l’ensemble de nos travées, à la réserve près de nos exportations de pesticides interdits, que je viens d’évoquer.
Cet amendement vise à ce que la politique agricole se dote d’outils permettant de garantir que les produits alimentaires issus d’importations respectent les normes sociales, sanitaires, environnementales et relatives au bien-être animal en vigueur dans l’Union européenne.
Alors que la nécessaire mise en place des mesures miroirs à l’échelle européenne annoncée par le Gouvernement ne semble pas se concrétiser, il est essentiel de réaffirmer l’importance de cet objectif.
M. le président. L’amendement n° 718, présenté par MM. Lahellec et Gay, Mme Margaté et les membres du groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste – Kanaky, est ainsi libellé :
Alinéa 24
1° Au début
Insérer une phrase ainsi rédigée :
De promouvoir la reconnaissance d’une exception agricole dans les négociations commerciales internationales, fondée sur l’importance essentielle de l’agriculture pour les sociétés humaines et la nécessité de préserver la diversité alimentaire et agricole ainsi que celle des écosystèmes, notamment avec l’arrêt de la conclusion d’accords de libre-échange et
2° Après les mots :
libre-échange
Insérer les mots :
au rétablissement de mécanismes de régulation publics des marchés agricoles au niveau européen et international,
La parole est à M. Gérard Lahellec.
M. Gérard Lahellec. Les biens alimentaires ne sont pas des biens comme les autres.
Dans le terme « agriculture », il y a « culture », et, comme la culture, l’agriculture ne doit pas être une simple marchandise ! C’est l’un des piliers de notre souveraineté.
Néanmoins, je ne veux pas refaire maintenant le débat que nous avons eu hier soir, notamment à propos du poulet brésilien. C’est la raison pour laquelle je retire cet amendement.
M. le président. L’amendement n° 718 est retiré.
L’amendement n° 91 rectifié, présenté par MM. Cabanel et Bilhac, Mme M. Carrère, MM. Daubet, Fialaire, Gold et Grosvalet, Mme Guillotin, M. Guiol, Mme Jouve, MM. Laouedj et Masset, Mme Pantel et M. Roux, est ainsi libellé :
Alinéa 24
Remplacer le mot :
comparables
par les mots :
n’allant pas au-delà des exigences minimales des normes européennes
La parole est à M. Michel Masset.
M. Michel Masset. Cet amendement a pour objet de préciser que des accords de libre-échange ne peuvent être conclus s’ils ne respectent pas les exigences minimales des normes européennes et françaises, notamment en matière environnementale, sociale et sanitaire, afin qu’ils n’apportent pas une concurrence déloyale à nos agriculteurs en permettant l’écoulement de denrées qui ne respectent pas les méthodes de production européennes et françaises.
Cette précision apportée aux dispositions prévues à l’article 1er sur les accords de libre-échange semble essentielle dès lors que la Commission européenne s’apprête à faire ratifier par le Parlement son accord sur le Mercosur.
Je rappelle, d’ailleurs, que le RDSE a déposé, au mois d’octobre 2024, une proposition de résolution visant à réaffirmer et à clarifier son opposition ferme à la conclusion de cet accord, négocié dans la plus grande opacité.
M. le président. Quel est l’avis de la commission ?
M. Laurent Duplomb, rapporteur. L’alinéa 24 affirme déjà tout ce que réclament les auteurs de ces amendements. Je ne vois donc pas l’intérêt d’en rajouter.
Avis défavorable.
M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ?
Mme Annie Genevard, ministre. À l’alinéa 24, il est déjà question d’un degré élevé d’exigence en matière de normes sociales, environnementales, sanitaires, relatives au bien-être animal, toujours plus protectrices envers les consommateurs et préservant des modèles et des filières agricoles.
Je crois, comme M. le rapporteur, que tout est dit.
La rédaction issue de la commission des affaires économiques me semble à la fois opérationnelle et lisible.
Pour ces raisons, le Gouvernement émet un avis défavorable sur ces amendements.
M. Vincent Louault. Très bien !
M. le président. L’amendement n° 805, présenté par le Gouvernement, est ainsi libellé :
Alinéa 25
Remplacer les mots :
en luttant
par les mots :
en contribuant à la lutte
La parole est à Mme la ministre.
Mme Annie Genevard, ministre. Je propose une légère modification afin de rendre le texte conventionnel.
Il s’agit de remplacer « en luttant contre la faim dans le monde » par « en contribuant à la lutte contre la faim dans le monde », considérant que la France ne peut à elle seule garantir la sécurité alimentaire mondiale et lutter contre la faim dans le monde.
M. le président. Quel est l’avis de la commission ?
M. Laurent Duplomb, rapporteur. Avis favorable.
M. le président. L’amendement n° 417 rectifié ter, présenté par MM. Montaugé et Tissot, Mme Artigalas, MM. Bouad, Cardon, Mérillou, Michau, Pla, Redon-Sarrazy, Stanzione et Kanner, Mmes Bélim, Bonnefoy et Espagnac, MM. Jacquin et Kerrouche, Mme Monier, MM. Uzenat, Vayssouze-Faure, M. Weber, Lurel, Gillé et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :
Après l’alinéa 25
Insérer un alinéa ainsi rédigé :
…° D’organiser un maillage territorial d’abattoirs de proximité sur le territoire national pour chaque filière d’élevage concernée, en soutenant notamment le développement de structures multi-espèces ;
La parole est à M. Franck Montaugé.
M. Franck Montaugé. Cet amendement vise à préciser les finalités de nos politiques publiques agricoles, en abordant la question de la présence des abattoirs dans nos territoires.
Face à l’évolution des besoins, il est essentiel d’investir dans la rénovation et la restructuration de ces infrastructures pour qu’elles restent viables, fonctionnelles et adaptées aux défis de demain.
Des démarches de ce type sont en cours, comme dans mon département, à Auch. Elles devraient être soutenues dans l’ensemble du territoire national, en particulier dans les territoires de polyculture-élevage.
Je précise que les abattoirs doivent être mono-espèce ou multi-espèces en fonction des élevages que l’on trouve sur les territoires.
Leur rénovation est une condition sine qua non de la poursuite du développement des filières animales, qui concourent également à notre souveraineté nationale.
M. le président. Quel est l’avis de la commission ?
M. Laurent Duplomb, rapporteur. Avis défavorable.
M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ?
Mme Annie Genevard, ministre. Monsieur le sénateur, votre demande est légitime, mais satisfaite.
En effet, un plan d’action global pour consolider le maillage en abattoirs de boucherie a été lancé en 2023. Il est actuellement décliné territoire par territoire.
En conséquence, le Gouvernement demande le retrait de cet amendement ; à défaut, il émettra un avis défavorable.
M. le président. La parole est à M. Franck Montaugé, pour explication de vote.
M. Franck Montaugé. Les boucheries ne sont pas seules concernées. Pensons aussi aux filières ovine, caprine et porcine. Nous avons intérêt à développer sur le territoire des abattoirs multi-espèces pour répondre aux attentes. Derrière, il y a des emplois.
M. le président. Je mets aux voix l’amendement n° 417 rectifié ter.
(L’amendement n’est pas adopté.)
M. le président. L’amendement n° 691, présenté par MM. Gontard et Salmon, Mme Guhl, MM. Jadot, Benarroche, G. Blanc, Dantec et Fernique, Mme de Marco, M. Mellouli et Mmes Ollivier, Poncet Monge, Senée, Souyris et M. Vogel, est ainsi libellé :
Alinéa 26
Supprimer les mots :
techniques et scientifiques
La parole est à M. Guillaume Gontard.
M. Guillaume Gontard. Comme chacun le sait, notre modèle de développement se trouve à la croisée des chemins : l’évolution économique ne suit plus de manière linéaire le progrès technologique. Je ne vous apprends pas que la croissance est un outil limité…
Face au retard important que nous avons accumulé en matière de protection de l’environnement, il n’est pas viable de limiter nos actions d’adaptation au changement climatique, qui reste le plus grand défi du siècle, à des solutions « techniques et scientifiques », puisque c’est bien à cela que vous le réduisez à l’alinéa 26. Il est totalement illusoire d’envisager une réponse à partir de ces seuls outils !
Par conséquent, nous tenons à supprimer ces deux termes. Évidemment, la technique participera de la solution, mais ne pas prendre en considération l’agroécologie est une vision quelque peu obtuse ! Nous devons adapter nos cultures à la pluviométrie et à l’état de nos sols, ainsi qu’adopter une certaine sobriété. En somme, le technosolutionnisme ne pourra pas suffire. Placer une telle restriction dans notre droit est donc dangereux.
M. le président. Quel est l’avis de la commission ?
M. Laurent Duplomb, rapporteur. C’est justement grâce à la recherche et à l’innovation que nous pourrons réduire l’usage de certains produits phytosanitaires. Nier cette évidence témoigne d’une vision inexacte de l’avenir de notre agriculture.
Par conséquent, la commission émet un avis défavorable sur cet amendement.
M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ?
Mme Annie Genevard, ministre. Je partage l’idée selon laquelle l’adaptation de l’agriculture au changement climatique doit s’appuyer sur un panel diversifié d’outils. Toutefois, la terminologie retenue par la commission des affaires économiques, à savoir la « recherche de solutions techniques et scientifiques », paraît suffisamment large pour couvrir la diversité des réponses envisagées.
Le Gouvernement émet un avis défavorable sur cet amendement.
M. le président. La parole est à M. Daniel Salmon, pour explication de vote.
M. Daniel Salmon. Nous parlons beaucoup de souveraineté. Je pense pourtant que nous sommes en train de l’hypothéquer en embrassant la technologie, d’autant que celle-ci est de plus en plus importée. Imaginez tous ces drones qui fonctionneront à partir de logiciels venus d’autres pays !
Même si, heureusement, nous avons évité les plants génétiquement modifiés, les nouvelles technologies génomiques accroîtront elles aussi la dépendance de notre agriculture. Auparavant, nous réutilisions les semences, à présent, il faut les racheter systématiquement. Nous nous tournons toujours vers des solutions qui nous rendent prisonniers et qui altèrent notre souveraineté !
Nous ne nous opposons pas à la technologie.
M. Laurent Duplomb, rapporteur. Ce n’est pas ce que nous avons dit !
M. Daniel Salmon. Certes, celle-ci peut jouer un rôle important, mais nous nous reposons uniquement sur elle et oublions que ce sont les pratiques agronomiques qui nous aideront à surmonter nos handicaps.
Attention à l’abandon de souveraineté en nous jetant dans les bras de la technologie ! (M. le rapporteur fait non de la tête.)
Monsieur le rapporteur, je vois que vous secouez la tête.
Vous souvenez-vous du début de l’invasion de l’Ukraine ? Des tracteurs ont été volés par les Russes avant d’être bloqués peu de temps après parce que le constructeur américain en avait la possibilité.
En outre, nous connaissons des vols de GPS sur les tracteurs. Bientôt, l’agriculture sera dépendante des satellites.
Eu égard au contexte géopolitique, je peux vous assurer que ce constat ne me rassure guère.