Mme la présidente. Mes chers collègues, avant de donner la parole aux orateurs et pour votre bonne information, je vous indique que 64 amendements sont à examiner sur cette mission. Je vous rappelle que la conférence des présidents a fixé la durée maximale de la discussion à deux heures.

Compte tenu de l'organisation de la journée, nous pourrions prévoir quarante-cinq minutes de discussion supplémentaire pour terminer son examen aux alentours de dix-huit heures quinze et passer ensuite à la mission « Outre-mer ».

Au-delà de cet horaire, conformément à l'organisation de nos travaux décidée par la conférence des présidents et en accord avec la commission des finances, la suite de l'examen de cette mission sera reportée à dimanche.

En outre, la conférence des présidents, qui s'est réunie hier, mercredi 3 décembre, a décidé que, lorsque le nombre d'amendements déposés ne paraissait pas pouvoir garantir leur examen serein dans les délais impartis, les temps de parole seraient fixés, sur proposition de la commission des finances, à une minute.

S'agissant de la présente mission, même avec les marges que nous avons dégagées, le nombre d'amendements à examiner rapporté à la durée dont nous disposons aujourd'hui nous conduit à devoir observer un rythme de 35 amendements par heure, ce qui est élevé.

Aussi, afin de nous donner toutes les chances de terminer aujourd'hui l'examen de cette mission et en application de la décision de la conférence des présidents, les durées d'intervention seront fixées à une minute.

Sport, jeunesse et vie associative (suite)

Mme la présidente. Mes chers collègues, je vous rappelle que le temps de parole attribué à chaque groupe pour chaque unité de discussion comprend le temps d'intervention générale et celui de l'explication de vote. Par ailleurs, le Gouvernement dispose au total de dix minutes pour intervenir.

Dans la suite de la discussion, la parole est à M. Ahmed Laouedj. (Applaudissements sur les travées du groupe RDSE.)

M. Ahmed Laouedj. Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, faire un budget, c'est faire des choix. Or, avec cette mission « Sport, jeunesse et vie associative », le Gouvernement fait le choix de l'austérité au détriment de celles et de ceux qui permettent à notre cohésion sociale de tenir encore debout : les jeunes et le tissu associatif.

Entre 2025 et 2026, les crédits de la mission donnent l'illusion d'une légère progression budgétaire, avec une hausse de 1,9 % en autorisations d'engagement. Mais cette façade masque une réalité beaucoup plus préoccupante : les crédits de paiement chutent de 17,5 %, passant de 1,49 milliard à 1,23 milliard d'euros.

L'État investit dans l'exceptionnel, mais se désengage du quotidien : soutien à la jeunesse, à la vie associative, à l'éducation populaire et au sport pour tous.

En ce qui concerne la jeunesse et la vie associative, la baisse de 26 % du programme 163 est particulièrement alarmante : suppression du SNU, réduction de plus de 100 millions d'euros pour le service civique, extinction des colos apprenantes.

La jeunesse n'est pas un coût : elle est un investissement. En la négligeant, on fabrique des renoncements et cela se traduira très concrètement.

Le service civique doit rester un levier d'engagement et d'émancipation, particulièrement là où les perspectives sont plus limitées.

En Seine-Saint-Denis, où les associations portent à bout de bras la solidarité, l'éducation populaire et l'accompagnement des jeunes, ces coupes auront un effet direct.

Déjà fragilisées par l'inflation, l'augmentation des charges et la précarité des financements, nombreuses sont les associations qui peinent à maintenir leurs actions : plus d'une sur trois a dû réduire son activité, alors qu'elles sont en première ligne face à des besoins croissants.

Ce n'est pas aux associations de payer la facture de l'austérité.

C'est pourquoi le groupe RDSE a déposé plusieurs amendements qui seront défendus au cours de notre discussion.

Ces amendements visent : à garantir un nombre suffisant de missions de service civique, afin que l'engagement demeure une véritable opportunité pour nos jeunes ; à sécuriser le financement des petites associations, notamment dans les quartiers prioritaires ; à soutenir les collectivités locales dans la rénovation et la modernisation des équipements sportifs de proximité ; enfin, à assurer la stabilité du fonds pour le développement de la vie associative (FDVA) à hauteur de 50 millions d'euros, pour soutenir durablement la vie associative dans nos territoires.

Ces propositions ne bouleversent pas l'équilibre budgétaire, elles visent simplement à corriger les angles morts les plus criants et à ne pas laisser les acteurs de terrain devenir la variable d'ajustement des restrictions budgétaires.

Du côté du sport, les crédits reculent également, et la fin du plan « Génération 2024 » affaiblit la capacité des collectivités locales à entretenir les équipements qui permettent au plus grand nombre de pratiquer.

Exclure les 6-13 ans du Pass'Sport réduit l'accès à la pratique sportive dans les familles modestes, alors que le sport reste un enjeu de santé publique et d'inclusion.

En conclusion, la baisse brutale des crédits de cette mission révèle un choix politique que nous ne pouvons pas cautionner : un désengagement massif de l'État là où les besoins sont les plus criants. Cela signifie, très concrètement, moins de moyens pour accompagner, former, intégrer et prévenir.

En Seine-Saint-Denis, territoire jeune, populaire et riche d'initiatives, cette contraction budgétaire aura des conséquences directes : des projets annulés, des portes qui ferment, des opportunités manquées pour celles et ceux qui devraient être au cœur de nos priorités.

En l'état, si cette mission n'est pas sérieusement rééquilibrée, je voterai contre. Certains de mes collègues du groupe RDSE s'abstiendront, mais tous partagent le même constat : ce budget n'est pas à la hauteur de l'enjeu républicain que représente notre jeunesse.

L'avenir d'un pays se mesure d'abord à ce qu'il investit dans sa jeunesse. Je continuerai donc à défendre, avec constance, des politiques publiques qui accompagnent, qui protègent et qui émancipent. (Applaudissements sur les travées du groupe RDSE, ainsi que sur des travées du groupe SER.)

Mme la présidente. La parole est à M. Claude Kern. (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)

M. Claude Kern. Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, véritable quadrature du cercle, les arbitrages budgétaires à venir devront concilier ambition sportive, responsabilité financière et soutien aux dynamiques territoriales.

Le projet de loi de finances prévoit une baisse de 17 % des crédits du sport, de la jeunesse et de la vie associative, soit un budget en net recul pour ces deux missions. Pourtant, la période nécessite un signal fort, ainsi qu'un accompagnement prégnant de la puissance publique.

En ce qui concerne le budget consacré à la jeunesse et à la vie associative, la chute de 26 % des crédits de ce programme est particulièrement préoccupante.

Malgré la préservation des crédits en faveur des associations, celles-ci continuent de survivre dans un système à bout de souffle, qui réclame urgemment une refonte profonde : il faut sortir de la logique d'appels à projets et instaurer enfin des subventions pluriannuelles, stables et prévisibles, pour rendre le modèle économique plus performant sans obérer l'autonomie des collectivités territoriales.

Il est primordial de maintenir une solide politique de soutien à la vie associative et au bénévolat, véritable « marque de fabrique française », mais qui accuse aujourd'hui un tassement sans précédent.

Il faut capitaliser le formidable élan qu'ont provoqué les derniers jeux Olympiques en matière de volontariat et accompagner cette dynamique de l'engagement, tout en sécurisant le financement de la vie associative face aux baisses de subventions, notamment des collectivités territoriales qui, cette année, sont particulièrement touchées. Elles financent pourtant près de trois fois plus les associations que l'État.

C'est la vie même de nos territoires qui sera atteinte par les impacts délétères de ces mesures.

C'est grâce au bénévolat, qui est aujourd'hui en crise, et aux lourds investissements nécessaires à la réhabilitation des équipements sportifs structurants qu'il sera possible de développer efficacement et de démocratiser la pratique sportive.

Nous pouvons faire confiance aux collectivités territoriales qui sont inventives pour trouver des solutions : elles répondront présent, comme elles l'ont toujours fait. Néanmoins, cela ne vous exonère pas, madame la ministre, de votre responsabilité face à ce défi.

Quant aux jeunes, ils paient le prix fort de décisions qui semblent déconnectées de la réalité. Coupes massives dans le service civique et dans le plan « 1 jeune, 1 mentor », disparition des colos apprenantes : vous amputez substantiellement des leviers pourtant reconnus d'insertion, de mixité, de sociabilité.

Autant de signaux négatifs alors que la santé mentale des jeunes, pourtant grande cause nationale en 2025, continue à se dégrader dangereusement.

La cohésion autour des valeurs de la République et la mixité sociale doivent être repensées au sein d'une politique globale beaucoup plus ciselée pour la jeunesse dans son ensemble.

Nous attendons donc rapidement vos retours quant à vos futurs projets pour proposer une offre d'aide plus lisible, rationnelle et efficace en direction de la jeunesse.

Concernant le programme « Sport », en baisse de 18 % en autorisations d'engagement et de 6,5 % en crédits de paiement, hors taxes affectées, c'est clairement un réel mauvais coup : le compte n'y est pas, madame la ministre !

Le budget des prochains jeux Olympiques et Paralympiques (JOP) qui va monter en puissance dans la perspective de 2030, ne doit pas occulter l'importance de nombreux sujets qui méritent une attention particulière.

Le fonctionnement de l'ANS mérite d'être examiné cinq, ans après sa création. Son action manque de lisibilité, ses conférences régionales sont quasi invisibles, et sa suppression a même été proposée dans un rapport sénatorial.

Nous devons donc nous concentrer de manière pragmatique sur les priorités : sport pour tous, santé, inclusion, pratique quotidienne et non pas uniquement recherche de performances. La gouvernance actuelle de l'ANS mériterait d'être repensée.

Il serait plus clair pour tout le monde et plus économe de privilégier une déconcentration des crédits à un échelon de proximité plus pertinent ; vous avez évoqué le département, nous approuvons cette proposition. Pouvez-vous vous y engager aujourd'hui ?

Il est aujourd'hui nécessaire de s'inscrire dans une politique sportive plus lisible et efficace et d'éviter les ambiguïtés entre missions de l'État, de l'ANS et des collectivités territoriales, lesquelles financent déjà l'essentiel du sport dans notre pays.

J'en viens au financement des équipements sportifs. Pendant que l'État se désengage, les budgets locaux s'effritent, les collectivités territoriales sont essorées et les besoins explosent. Certes, le plan « 5 000 équipements » paraît être un succès, et nous en saluons les résultats.

Néanmoins, si l'on n'apporte pas de garanties durables pour moderniser et rénover les infrastructures, ce sont des millions de pratiquants que nous laisserons tomber.

Il est crucial d'apporter des garanties aux collectivités territoriales pour faciliter la mise en œuvre d'une vision sportive dynamique ; nous attendons vos engagements…

Vous le savez, madame la ministre, ces enjeux sont essentiels pour la pratique du sport pour tous. Alors que dire des décisions récentes ? Une baisse de 60 % des crédits de cette action, la suppression des deux heures supplémentaires de sport au collège, l'exclusion des 6-13 ans du Pass'Sport… Comment prétendre démocratiser le sport après les Jeux de Paris tout en sabrant les moyens qui permettent d'en ouvrir l'accès ?

Loin d'être des ajustements, ces mesures sont des reculs sociaux, sanitaires, éducatifs. C'est un véritable coup dur pour l'avenir sportif et la cohésion sociale de notre pays. Résultat, on fait des économies de façade, mais l'impact délétère sera massif.

La stratégie nationale sport-santé a pourtant bien été lancée, mais que les décisions prises sont paradoxales, ce qui interroge quant à sa mise en œuvre effective.

Une évidence s'impose : les paris sportifs, qui génèrent des profits colossaux, doivent contribuer davantage.

Des solutions raisonnables permettraient d'augmenter les crédits alloués à ces programmes sans affaiblir d'autres secteurs : lutte contre le piratage sportif, réorientation de la taxe Buffet et de la taxe sur les paris sportifs, ou encore hausse du FDVA. Il est temps de se positionner courageusement et d'envisager des solutions qui auront réellement des conséquences sur tout le secteur.

Pour conclure, comme vous l'aurez compris, madame la ministre, nous suivrons avec attention la position du Gouvernement sur toutes ces questions. À moins de signaux forts de votre part en faveur d'une réelle préservation des objectifs et de leur cohérence, le groupe Union Centriste, au nom duquel j'interviens aujourd'hui, se ralliera aux conclusions défavorables des rapporteurs. (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)

M. Pierre Ouzoulias. Très bien !

Mme la présidente. La parole est à M. Dany Wattebled. (Applaudissements sur les travées des groupes INDEP et UC. – M. Patrick Kanner applaudit également.)

M. Dany Wattebled. Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, la mission « Sport, jeunesse et vie associative » est essentielle en matière de lien social et de cohésion. Les crédits qui lui sont affectés permettent de soutenir nos associations, le monde du sport, mais aussi des politiques nécessaires pour notre jeunesse.

C'est donc avec une attention particulière que nous examinons chaque année cette mission. Je tiens d'ailleurs à saluer le travail mené par les rapporteurs au Sénat et à l'Assemblée nationale.

Les programmes consacrés au sport, à la jeunesse et à la vie associative ont fait l'objet d'avis défavorables de la part de la commission de la culture, de l'éducation, de la communication et du sport. Et pour cause : ils voient leurs crédits baisser.

Ainsi, pour 2026, les crédits du programme « Sport » diminuent de 6,5 % par rapport à 2025.

Ceux du programme « Jeunesse et vie associative » baissent de 221 millions d'euros. Cette baisse est liée à différents facteurs. On note une diminution des crédits affectés à des politiques comme le service civique ou le plan « 1 jeune, 1 mentor ». Mais c'est surtout la suppression du service national universel qui explique la baisse importante des crédits affectés au programme. Pour rappel, celui-ci avait mobilisé 65 millions d'euros pour l'exercice 2025.

Lors de l'examen de la mission au sein de la commission de la culture, nombre de nos collègues, dont le rapporteur pour avis lui-même, ont déploré que ces crédits n'aient pas été réaffectés à d'autres actions du programme. À mon sens, le principal problème n'est pas celui-là. Nous devons réaliser des économies, c'est un fait et il faut le dire. La suppression d'un dispositif est toujours une occasion de le faire, et il n'y a pas lieu d'en rougir. De plus, la mise en place prochaine du service militaire volontaire nécessitera forcément le déploiement de nouveaux moyens.

En revanche, je regrette la diminution de 15 %, par rapport à 2025, des montants affectés au plan « 1 jeune, 1 mentor ». Ce plan est passé de 72 000 à 135 000 jeunes accompagnés entre 2021 et 2024. Il a notamment bénéficié à plusieurs milliers de jeunes relevant de l'aide sociale à l'enfance.

Très concrètement, il répond à des besoins clairs, comme le relève un rapport paru en juin 2025 de l'Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire. De fait, il me paraît difficile d'en réduire les crédits, mais des économies sont nécessaires et doivent être menées.

Pour en revenir au programme « Sport », celui-ci enregistre une diminution de ses crédits par rapport à 2025.

Plusieurs mesures permettant de faire des économies sont actées dans ce programme. Je pense, entre autres, à la clôture du plan « Génération 2024 », le nombre d'équipements prévu ayant été atteint. Mais les économies résultent aussi de la baisse des montants affectés à deux dispositifs d'aide au développement de la pratique sportive des jeunes : le Pass'Sport et les deux heures supplémentaires de sport au collège. Est-ce cela l'héritage des jeux Olympiques ?

Je suis, par ailleurs, assez circonspect au sujet de la taxe Buffet, dont le rendement sera forcément touché par les évolutions du marché des droits audiovisuels sportifs. Ce rendement n'a cessé de baisser depuis 2021. Il passerait de 59 millions d'euros il y a cinq ans, à 44 millions d'euros pour 2026. Or je tiens à rappeler que la taxe Buffet vise à encourager le sport amateur, qui en a plus que besoin au regard de la situation actuelle et des bénéfices qu'il apporte.

Enfin, la mission « Sport, jeunesse et vie associative » prévoit une montée en puissance nécessaire du programme consacré aux jeux Olympiques et Paralympiques de 2030.

Nous alertons néanmoins sur la nécessité d'associer au mieux les territoires à l'organisation de ce grand moment. Hier, le conseil départemental de Savoie a suspendu sa participation aux réunions d'organisation des Jeux en raison du manque de visibilité et de consultation.

Mes chers collègues, en définitive, même si elles sont difficiles à assumer, le groupe Les Indépendants salue les diminutions de crédits réalisées dans le cadre de cette mission.

Sous réserve des amendements qui pourraient être adoptés durant l'examen de la mission, il votera en faveur de ces crédits. À titre personnel cependant, je soutiens les amendements qui prévoient 40 millions d'euros supplémentaires dans le programme dédié à la jeunesse et à la vie associative pour rehausser le budget affecté au service civique. (Applaudissements sur les travées du groupe INDEP.)

Mme la présidente. La parole est à M. Michel Savin. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Michel Savin. Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, je limiterai mon intervention au programme « Sport », mes collègues Béatrice Gosselin et Anne Ventalon intervenant plus tard sur le programme « Jeunesse et vie associative ».

Après un budget pour 2025 déjà en forte baisse, nous assistons cette année encore à une diminution des crédits en faveur du sport. Le projet de loi de finances pour 2026 présenté par le Gouvernement poursuit sans nuance cette trajectoire descendante. Pourtant, le Président de la République s'était engagé à maintenir les moyens du sport jusqu'à la fin de son quinquennat. L'ambition affichée de faire du sport un enjeu national est définitivement abandonnée.

Nous sommes bien conscients que la situation budgétaire du pays nous impose de faire des efforts, mais ces derniers doivent rester réalistes et proportionnés. L'ampleur de la réduction des crédits du programme 219 « Sport » est incompréhensible, d'autant plus que cette mission ne représente qu'une part infime – 0,09 % ! – du budget général de l'État. Les coupes sont pourtant massives et les prévisions pour les exercices suivants ne font que confirmer cette tendance inquiétante.

La baisse se concentre essentiellement sur l'action n° 01 « Promotion du sport pour le plus grand nombre », dont les crédits diminuent de 50 % en autorisations d'engagement et de 25 % en crédits de paiement. N'oublions pas non plus les gels, surgels et annulations de crédits survenus au cours de l'année 2025 sans débat ni avis du Parlement, pour plus de 140 millions d'euros. Au-delà du désintérêt manifeste de l'exécutif pour le sport, il y a là un mépris démocratique.

Dans cette période d'entre deux jeux Olympiques et Paralympiques, le désengagement de l'État en matière d'équipement sportif et de soutien à la jeunesse envoie un signal profondément préoccupant. L'abandon du plan « Génération 2024 » fragilise encore davantage les collectivités territoriales, qui assument pourtant l'essentiel des charges de construction, de rénovation et d'entretien des équipements. Nos piscines sont vieillissantes, pour ne pas dire dégradées, mais chaque année nous attendons le bilan des noyades pour nous en émouvoir.

Alors que le Président de la République affirmait qu'il est absolument clé d'investir dans les infrastructures sportives, le sport et la formation, les crédits d'investissement structurants sont aujourd'hui tout simplement supprimés. Que vaut encore la parole présidentielle ?

Ce budget porté par le Gouvernement n'est pas une erreur ; c'est un renoncement. Les gymnases, les piscines, les pistes d'athlétisme se détériorent faute de capacités d'investissement suffisantes des collectivités territoriales. L'État doit demeurer un partenaire privilégié de nos territoires afin d'offrir à nos jeunes, à nos associations et aux acteurs du sport une politique ambitieuse en faveur du sport pour le plus grand nombre.

Madame la ministre, le Sénat est une nouvelle fois venu au secours du mouvement sportif en adoptant lors de l'examen de la première partie du budget un amendement que j'ai défendu, qui vise à réinjecter 50 millions d'euros dans le programme « Sport » en faveur de l'investissement dans les équipements sportifs de nos collectivités territoriales.

Toutefois, l'avis défavorable que le Gouvernement a émis sur cet amendement nous inquiète. Madame la ministre, la balle est désormais dans votre camp. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme la présidente. La parole est à M. Dominique Théophile. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

M. Dominique Théophile. Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, dix-huit mois après la clôture de jeux Olympiques et Paralympiques unanimement salués, nous aurions pu et dû mieux capitaliser sur l'élan exceptionnel qu'ils ont suscité. Ce rendez-vous devait être un tremplin durable, mais, hélas ! l'essai n'a pas été pleinement transformé : j'en éprouve un profond regret.

Si le budget des sports ne représente que 0,3 % de celui de l'État, il est l'un de ces petits budgets qui portent de grandes ambitions : celles de nos athlètes, de nos associations, de nos jeunes. C'est précisément parce que ce budget est modeste qu'il doit être calibré avec soin.

Or, cette année, le budget présenté dans le projet de loi de finances ne paraît pas à la hauteur des ambitions sportives que la Nation s'est fixées. Les programmes « Sport » et « Jeunesse et vie associative » voient leurs crédits respectifs diminuer de 6,5 % – soit de 39 millions d'euros – et de 25 %. Bien que ces diminutions s'expliquent en partie par la fin du plan « Génération 2024 », la suppression du service national universel, ou encore la révision du Pass'Sport, elles nous interpellent.

Le Pass'Sport, dispositif essentiel dans les territoires, notamment en outre-mer, voit le montant de son allocation passer de 50 euros à 70 euros, ce qui constitue un signal positif. Toutefois, nous nous interrogeons au sujet de son recentrage sur les 14-17 ans et de la baisse des crédits qui lui sont affectés. Pour préserver ses effets auprès du plus grand nombre et assurer son accessibilité, nous défendrons un amendement visant à maintenir les crédits de l'année dernière.

Le RDPI salue la légère augmentation de la dotation de l'Agence nationale du sport, acteur central du soutien au mouvement sportif, destinée à favoriser l'innovation et l'achat d'équipements de haut niveau. Toutefois, après cinq années de fonctionnement, une réflexion sur l'évolution de cette agence apparaît nécessaire afin d'assurer sa pleine efficacité.

Le programme 385 « Jeux olympiques et paralympiques d'hiver 2030 », pour sa part, accompagne la montée en puissance des Jeux de 2030. Cette perspective importante mérite une planification rigoureuse et continue.

Pour ce qui concerne le programme « Jeunesse et vie associative », la baisse des crédits s'explique en grande partie par la suppression du SNU. Le service civique, appelé à devenir plus formateur et plus exigeant, voit néanmoins son objectif d'accueil réduit à 100 000 volontaires. Nous saluons l'ambition d'améliorer la qualité de ce service, mais, là encore, il semblait possible d'attribuer plus de crédits pour maintenir la quantité de personnes accueillies.

De même, le plan « 1 jeune, 1 mentor », amputé de 15 % de ses crédits, est fragilisé. Notre groupe a déposé un amendement visant à préserver sa dynamique, tant les résultats qu'il a obtenus sont probants.

Nous saluons enfin la stabilisation des crédits dédiés au FDVA, pilier essentiel du tissu associatif local.

Permettez-moi de dire un mot essentiel de l'outre-mer, où le sport constitue un enjeu social, éducatif et presque identitaire. Je tiens à le rappeler, nous attendons l'application concrète des préconisations du rapport sur les politiques publiques du sport dans les outre-mer que j'ai remis à la ministre des sports en juin 2023. Ces préconisations ne doivent pas rester théoriques ; elles constituent une véritable feuille de route pour réduire les fractures territoriales en matière d'accès au sport.

Il est vrai que ce budget comporte des avancées et que nous partageons ses priorités, mais il reste en deçà de l'élan que la France aurait pu entretenir après les jeux Olympiques et Paralympiques. Sous réserve des mesures correctives qu'il défendra, le groupe RDPI votera les crédits de la mission « Sport, jeunesse et vie associative ». Après des jeux Olympiques fortement appréciés dans le monde entier, le sport français mérite bien plus. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

Mme la présidente. La parole est à Mme Colombe Brossel. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)

Mme Colombe Brossel. Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, investir dans le sport, la jeunesse, l'éducation populaire et l'engagement associatif, ce n'est pas financer des dépenses accessoires ; c'est donner à chaque jeune, à chaque habitant, quel que soit son milieu, les moyens de grandir et de s'engager.

C'est aussi soutenir le tissu associatif qui agit, directement ou indirectement, au bénéfice de tous partout dans le pays. C'est lui qui permet l'émancipation ou compense les fragilités en parvenant à tisser du lien social et en devant, de plus en plus souvent, réparer ce que les politiques publiques n'ont su ni prévenir ni guérir.

De toute évidence, cette mission ne bénéficie pas des moyens qu'elle mérite. Le budget présenté est loin d'être à la hauteur des ambitions parfois affichées en conférence de presse, mais surtout loin des besoins que font remonter les acteurs de terrain.

Que dire des coups de rabot imposés à l'Agence du service civique ? Le Gouvernement propose de priver 40 000 jeunes d'une expérience d'engagement saluée tant par les volontaires que par les organismes et les associations qui les accueillent.

Plusieurs de nos collègues l'ont déjà indiqué, les colos apprenantes lancées en 2020, dont plus de 80 000 enfants souvent issus des milieux populaires bénéficient chaque année, sont purement et simplement annulées. Cette suppression s'inscrit dans un mouvement plus large : les crédits consacrés à la jeunesse et à l'éducation populaire baissent de plus de 23 %. Le recul est massif.

Le désengagement touche également le plan « 1 jeune, 1 mentor ». Aujourd'hui, alors que seul un jeune en ayant besoin sur dix en bénéficie, le Gouvernement propose de réduire de 13 000 le nombre de ses bénéficiaires. Pourtant, il a lancé en 2025 un nouvel appel à projets pour que les associations élargissent leur terrain d'intervention. Celles-ci ont répondu aux attentes et aujourd'hui, en pleine contradiction, en pleine incohérence, le Gouvernement choisit de fragiliser l'ensemble du dispositif.

Madame la ministre, ces coups de rabot ne sont pas anecdotiques. Ils viennent s'additionner à ceux qui ont été décidés l'an passé ou en cours d'exercice. Le 11 octobre dernier, plus de 300 actions ont eu lieu partout en France à l'appel du mouvement associatif pour dénoncer les coupes budgétaires. En 2024, les associations perdaient déjà 2,2 milliards d'euros ; en 2026, elles risquent de perdre 1 milliard d'euros supplémentaires.

Nous refusons de laisser cette dérive budgétaire se poursuivre alors que 90 000 emplois sont en jeu dans le secteur associatif et que les collectivités territoriales, elles-mêmes exsangues, sont obligées de limiter, voire de réduire leurs financements.

La mobilisation du mouvement associatif, le 11 octobre dernier, envoyait un signal d'alerte clair. Manifestement, le Gouvernement n'a pas voulu entendre ce message des salariés et de l'ensemble des bénévoles qui tiennent et font vivre ce pays.

Le groupe socialiste, lui, a décidé de les écouter. Il partage ainsi la position du rapporteur pour avis de la commission de la culture. Il défendra, au cours de l'examen des crédits de la mission, plusieurs amendements ; j'espère que certains au moins seront adoptés, car je sais qu'ils sont largement partagés par d'autres groupes. (Applaudissements sur les travées des groupes SER et CRCE-K.)