- État civil :
- Né le 2 avril 1815
Décédé le 4 juin 1859 - Profession :
- Général de division
-
Ancien sénateur du Second Empire
Elu le 14 juin 1858
Fin de mandat le 4 juin 1859
Ministre de l'Intérieur et de la Sûreté générale du 8 février 1858 au 14
juin 1858
avant 1889
ESPINASSE (ESPRIT-CHARLES-MARIE), sénateur du Second Empire et ministre, né à Castelnaudary (Aude) le 2 avril 1815, mort à Magenta (Italie) le 4 juin 1859, entra, en 1833, à l'école militaire de Saint-Cyr, devint lieutenant au 47e de ligne en Algérie, et, quand ce régiment fut rappelé en France, passa dans la légion étrangère. Il fit, comme capitaine, la campagne de l'Aurès, et, blessé grièvement au combat de Médiounez, fut sauvé par le duc d'Aumale, alors que ses soldats l'abandonnaient. Il s'attacha au duc, qui le fit nommer, en 1845, chef de bataillon aux zouaves; il passa, en 1848, au 22e léger, puis au 42e de ligne, et fit avec ce régiment la campagne de Rome. Colonel du 42e de ligne en juillet 1851, il prit, à la répression des troubles qui suivirent à Paris le coup d'État du 2 décembre, une part qui rendit son nom célèbre. La veille du coup d'État, le 42e de ligne était caserné dans les baraques de l'Esplanade des Invalides, occupées par des troupes qui étaient spécialement destinées à défendre l'Assemblée nationale, « A l'instant où cinq heures sonnaient à la grande horloge du dôme, les troupes .qui dormaient dans le camp baraqué des Invalides furent réveillées brusquement. L'ordre fut donné à voix basse dans les chambrées de prendre les armes en silence. Peu après, deux régiments, le sac au dos, se dirigeaient vers le palais de l'Assemblée. C'étaient le 6e et le 42e... M. de Persigny, qui avait apporté de l'Élysée au camp des Invalides l'ordre de prise d'armes, marchait en tête du 42°, à côté du colonel Espinasse. » (Victor Hugo, Histoire d'un Crime.) Trois jours auparavant, le colonel Espinasse s'était fait montrer en détail le Palais-Bourbon par un des questeurs, le général Le Flô, qu'il avait connu en Afrique. Les deux régiments se dirigèrent sur l'Assemblée; cinq minutes après avoir quitté les baraques des Invalides, le 42e, suivi à quelque distance du 6e qui avait pris par la rue de Bourgogne, débouchait rue de l'Université. « Le factionnaire, voyant venir la troupe, se mit en arrêt; à l'instant où il allait crier : Qui vive! L'adjudant-major lui saisit le bras, et, en sa qualité d'officier chargé de lever les consignes, lui ordonna de livrer passage au 42e; en même temps il commanda au portier ébahi d'ouvrir. La porte tourna sur ses gonds les soldats se répandirent dans l'avenue. Persigny entra et dit : C'est fait. L'Assemblée nationale était envahie. Au bruit des pas, le commandant Meunier accourut. -Commandant, lui cria le colonel Espinasse, je viens relever votre bataillon. Le commandant porta rapidement la main à ses épaules et arracha ses épaulettes; il tira son épée, la cassa sur son genou, jeta les deux tronçons sur le pavé, et, tout tremblant de désespoir, il cria d'une voix terrible : - Colonel, vous déshonorez le numéro du régiment! - C'est bon! C'est bon! dit Espinasse: On laissa ouverte cette porte de la présidence, mais toutes les autres entrées restèrent fermées. On releva tous les postes, on changea toutes les sentinelles, le bataillon de garde fut renvoyé au camp des Invalides, les soldats firent les faisceaux dans l'avenue et dans la cour d'honneur; le 42e, toujours en silence, occupa les portes du dehors, les portes du dedans, la cour, les salles, les galeries, les corridors, les couloirs; tout le monde dormait toujours dans le palais. » Lorsque les représentants parurent dans la salle des séances, un officier du 42e les somma de se disperser. Quelques mois après le coup d'État, Espinasse fut promu général de brigade; puis il entra dans la maison militaire de l'Empereur en qualité d'aide-de-camp. Lorsque la guerre fut déclarée à la Russie (1854), il commanda une brigade de la première division de l'armée d'Orient, fit une exploration malheureuse dans la Dobrutscha, et, atteint lui-même du choléra qui décimait ses soldats, vint rétablir sa santé en France. Au printemps de 1855, il rejoignit l'armée en Crimée et assista au combat de la Tchernaïa, ainsi qu'à l'assaut de Malakoff. Général de division le 29 août 1855, et grand-officier de la Légion d'honneur, M. Espinasse fut appelé, à la suite de l'attentat d'Orsini (14 janvier 1858), au ministère de l'intérieur, qui prit le nom de ministère de l'intérieur et de la sûreté générale. Il remplaçait M. Billault. Entré en fonctions le 8 février, le nouveau ministre expliqua dans une circulaire les motifs qui faisaient remettre entre les mains d'un militaire des fonctions purement civiles. Il choisit pour secrétaire général un universitaire, M. Léopold Monty, et signala son court passage aux affaires par des mesures de rigueur contre les républicains. Son dernier acte fut une tentative pour contraindre les
administrations hospitalières à échanger leurs biens-fonds contre des rentes sur l'État. L'opinion publique s'en émut, et l'empereur demanda au général sa démission de ministre. Celui-ci répondit (juin 1858) « qu'il ne comprenait pas qu'on pût confier les rênes à un autre qu'à l'homme que l'on sait capable de les resserrer d'une main vigoureuse. Écarter cet homme, c'est jeter à l'inquiétude publique un nouvel aliment, c'est la justifier par une sorte de versatilité et de faiblesse ». L'empereur insista, et la démission fut remise. Par décret du 14 juin de la même année, le général, remplacé au ministère par M. Delangle, fut nommé sénateur. Il reçut, en 1859, un commandement dans l'armée d'Italie, et fut tué, le 4 juin, à la bataille de Magenta.
Extrait du « Dictionnaire des Parlementaires français », Robert et Cougny (1889)
Extrait de la table nominative
Résumé de
l'ensemble des travaux parlementaire
de Esprit-Charles-Marie ESPINASSE
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