FAILLY Pierre-Louis-Charles-Achille de

avant 1889

FAILLY (RENɹ-LOUIS-CHARLES-ACHILLE DE), sénateur du Second Empire, né à Rozoy-sur-Serre (Aisne) le 21 janvier 1810, d'une famille d'ancienne noblesse ruinée par la Révolution, entra à l'École de Saint-Cyr en 1826, en sortit, avec le numéro 17, en 1828, comme sous-lieutenant au 35^e de ligne, se fit remarquer à la prise d'Alger, passa lieutenant le 20 décembre 1830, capitaine le 30 avril 1837, et capitaine adjudant-major le 28 février 1839. Il entra avec ce grade au 7^e chasseurs à pied (29 octobre 1840), puis au 8^e (1^er décembre), devint officier d'ordonnance du roi (20 mars 1841), chef de bataillon au 68^e de ligne (3 juillet 1843), commandant du 2^e bataillon de chasseurs à pied (14 avril 1844), lieutenant-colonel au 49^e de ligne (10 juillet 1848), et (20 novembre) commandant de l'école de tir de Toulouse. Il rentra, au 49^e en avril 1850, fut nommé colonel du 20^e (8 août 1851), et fit avec lui campagne en Afrique pendant trois ans. Envoyé en Crimée (1^er avril 1854), il fut nommé général de brigade à la bataille de l'Alma (29 août), et fit partie de l'état-major du général Canrobert. Après la bataille de Balaklava, il commanda à Constantinople, revint devant Sébastopol en décembre, se distingua à l'attaque du Mamelon-Vert et à la bataille de la Tchernaïa, et fut cité à l'ordre du jour de l'armée. Le soir de l'assaut de Malakoff (22 septembre 1855), il mérita d'être promu général de division. A son retour en France, il fut nommé aide-de-camp de l'empereur (12 mai 1856), commanda, dans la guerre d'Italie (1859), la 3^e division du 4^e corps, se battit courageusement à Solferino et eut un cheval tué sous lui. Il fut chargé, lors du dernier mouvement garibaldien (1867), du commandement du corps expéditionnaire envoyé à Rome pour protéger le pape. Il expérimenta en cette circonstance, l'invention, nouvelle alors, du fusil Chassepot, et rendit compte des résultats dans un rapport dont une phrase est restée célèbre: « Les chassepots, écrivait-il, ont fait merveille. » Après la bataille de Mentana (novembre 1867), qui obligea les Garibaldiens à évacuer le pays et à se disperser, le général de Failly, revenu en France, fut nommé sénateur (12 mars 1868). Promu, en 1869, commandant du 3^e corps d'armée à Nancy, il fut placé, lors de la déclaration de guerre à la Prusse, à la tête du 5^e corps (juillet 1870). Son rôle dans la campagne franco-allemande fut peu brillant. Les troupes du général, placées entre le corps de Mac-Mahon et celui de Frossard, étaient destinées à se porter rapidement au secours de l'un ou de l'autre en cas de besoin. Or, dans la journée du 5 août, ce fut eu vain que le maréchal de Mac-Mahon fit appel, par dépêche, à toute la diligence de M. de Failly : celui-ci arriva trop tard pour pouvoir lui porter secours. Après la reconstitution de l'armée de Châlons, M. de Failly se laissa surprendre, à la tête de son corps d'armée (30 août 1870), par le général allemand Von der Thann et éprouva des pertes sensibles. Fait prisonnier à Sedan le 1^er septembre, il fut interné en Allemagne jusqu'à la paix. Depuis, il est resté en disponibilité. M. de Failly a publié une justification de sa conduite et de ses opérations dans une brochure parue à Bruxelles en 1871 : Campagne de 1870. Chevalier de la Légion d'honneur en 1842, grand-officier (5 août 1859), décoré de la médaille militaire (janvier 1869) et d'un grand nombre d'ordres étrangers.2

¹ Léonce de Brotonne, Les sénateurs du Consulat et de l'Empire. Tableau historique des Pairs de France (1789, 1814-1848). Les sénateurs du Second Empire. Paris, E. Charavay, 1895, p. 318 : Pierre-Louis-Charles-Achille de.

2 Ibid., décédé le 5 novembre 1892 au château de La Chenoye, commune de Cuise-la-Motte (Oise).

Extrait du « Dictionnaire des Parlementaires français », Robert et Cougny (1889)