LAGRANGE Armand-Charles-Louis Lelièvre

avant 1889

LAGRANGE (ARMAND-CHARLES-LOUIS LELIÈVRE, MARQUIS DE), pair de France,

sénateur du Second Empire, né à Paris le 21 mars 1783, mort à Paris le 31 juillet 1864, s'engagea, en 1800, aux hussards volontaires (ou de Bonaparte), passa bientôt après au 9^e dragons commandé par Sébastien, devint rapidement sous-lieutenant et fut blessé à Marengo. Il accompagna ensuite Sébastiani, dont il était devenu l'officier d'ordonnance, à Constantinople en 1802, puis en Syrie, en Allemagne et dans le Tyrol. Lieutenant, le 15 juillet 1803, et aide-de-camp de Berthier, il eut à remplir une mission auprès du roi de Bavière, fut promu capitaine au 23^e chasseurs à cheval, décoré après Austerlitz, fit la campagne de Prusse, assista à Eylau, et devint, à la suite de cette bataille, chef d'escadron au 9^e hussards. Adjudant- commandant attaché au service des quartiers-maîtres après Tilsitt, il fut chargé de porter la nouvelle de la paix à plusieurs cours d'Allemagne. A Bayonne, où on l'envoya ensuite, il dut s'occuper de l'organisation des troupes de l'armée d Espagne, et reçut en récompense le titre de baron de l'Empire. En 1809, à l'armée du Danube, il se signala à Ratisbonne, à Eckmüll, à Essling et à Wagram. A cette dernière bataille il fut blessé en chargeant l'artillerie autrichienne. Proposé, à 26 ans, pour le grade de général de brigade, il ne fut pas agréé par l'empereur qui écrivit en face de son nom : « Trop jeune », et qui le nomma officier de la Légion d'honneur et comte de l'Empire (26 avril 1810), avec un majorat de 10.000 francs. Quel que temps auparavant, en qualité d'écuyer de 1'empereur et d'aide-de-camp du prince de Neufchâtel et de Wagram, il avait accompagné Berthier à Vienne, lorsque celui-ci alla demander pour Napoléon la main de l'archiduchesse Marie-Louise. Général de brigade le 31 janvier 1812, il reçut le commandement d'une brigade de cuirassiers, à la tête de laquelle il fit la campagne de Russie; lors de la retraite, il prit rang, avec ce qui lui restait d'hommes valides, dans « l'escadron sacré », et devint commandant du quartier général impérial. Durant la campagne de Saxe, il dirigea d'abord les avant-gardes de cavalerie du corps de Macdonald, puis fit partie du corps de cavalerie de réserve, assista à Wittemberg et à Leipzig, et contribua à la victoire de Hanau, qui lui valut les insignes de commandeur de la Légion d'honneur (30 novembre 1813). En 1814, il commanda une partie de la jeune garde à Essonne, assista au combat de la Fère-Champenoise, et se battit, avec Moncey, à la barrière de Clichy. Après l'abdication, il fut envoyé, par ordre du général Dupont, ministre de la Guerre, au-devant de Louis XVIII, qui le nomma lieutenant général (4 juin 1814), chevalier de Saint-Louis et commandant en second d'une compagnie des mousquetaires. Au retour de l'île d'Elbe, l'empereur lui confirma son grade de général de division. Resté sans emploi pendant la seconde Restauration, il fut nommé, après les événements de juillet 1830, inspecteur d'infanterie et de cavalerie, pair de France le 11 octobre 1832, et, grand officier de la Légion d'honneur (1837). Mis d'office à la retraite comme général le 8 juin 1848, il était encore dans la 2^e section de l'état-major général, quand l'empereur Napoléon III le nomma sénateur, le 14 novembre 1859; il siégea jusqu'à sa mort dans la majorité dynastique.

Extrait du « Dictionnaire des Parlementaires français », Robert et Cougny (1889)