- État civil :
- Né le 8 mars 1908
Décédé le 5 septembre 1991
Ancien sénateur de la Communauté
Accéder à la notice de Raymond DRONNE sous la IVe République
Elu le 8 juillet 1959
Fin de mandat le 16 mars 1961
Assemblée nationale de la République francaise
Groupe de l'union pour la Communauté
Membre de la commission des transports et télécommunications
Député de l'Assemblée nationale française
Député de l'Assemblée nationale française
1940-1958
DRONNE (Raymond)
Né le 8 mars 1908 à Mayet (Sarthe)
Décédé le 5 septembre 1991 à Neuilly (Hauts de Seine)
Conseiller de la République de la Sarthe de 1948 à 1951
Député de la Sarthe de 1951 à 1958
Raymond Dronne est issu d'une famille de cultivateurs et de meuniers installée depuis plusieurs siècles en Sarthe dans la région d'Ecommoy et de Magel. C'est du reste dans ces deux communes qu'il fait ses études primaires avant de fréquenter le lycée du Mans et les universités de Leipzig et de Berlin. Diplômé de l'Ecole libre des sciences politiques, docteur en droit de la faculté de Paris, il devient administrateur des colonies en 1937.
La deuxième guerre mondiale le trouve adjoint au responsable des services civils au Cameroun. Il est mobilisé sur place. Refusant l'armistice, il se rallie à la France libre et se place en août 1940 sous les ordres de Leclerc dont il raconte la fabuleuse épopée dans son livre Le serment de Koufra, publié en 1965, sans se mettre en scène bien qu'il ait participé aux campagnes du Gabon, du Fezzan, de Tripolitaine et de Tunisie où il est grièvement blessé. Avec la Deuxième division blindée, il retrouve la métropole en juin 1944. Dans La libération de Paris publié en 1970, il raconte les semaines de combats et d'espoir qui précèdent son entrée dans la capitale le 24 août. Après que la Deuxième division blindée eût reçu l'ordre de marcher sur Paris, le capitaine Dronne, à la tête de deux sections du Tchad sur half-tracks, essaie de déborder le dispositif ennemi par l'est lorsque Leclerc, exaspéré de la lenteur de la progression, lui donne l'ordre de foncer droit sur Paris en prenant au passage les renforts qu'il trouvera. C'est ainsi qu'il entre dans Paris par la porte d'Italie et gagne le plus rapidement possible l'Hôtel de Ville où les Parisiens et les principaux responsables de la Résistance présents, acclament l'arrivée du premier officier français libre. Il gagne ensuite la préfecture de police où se trouvent rassemblés le préfet Luizet, le général Chaban-Delmas, le délégué général Parodi et son jeune collaborateur Félix Gaillard qui, prenant conscience de sa fatigue après de durs combats, lui fait couler un bain dans la baignoire du préfet ! Le lendemain, le capitaine prend l'initiative de soustraire à l'ennemi le central téléphonique des Archives, enjeu important pour coordonner l'insurrection parisienne. Ses actes de courage lui valent de devenir officier de la Légion d'Honneur et Compagnon de la Libération. Il est, en outre, titulaire de la Croix de guerre avec six palmes et de la Médaille de la Résistance.
Après la campagne d'Allemagne qui le mène jusqu'à Berchtesgaden, il suit le général Leclerc de Hauteclocque en Indochine où il commande un bataillon du groupement de marche de la Deuxième division blindée en 1945 et 1946. Démobilisé en 1947, en attente d'une affectation dans l'administration coloniale, il se lance dans la vie politique « par dégoût et par révolte de ce que j'avais vu et subi là-bas » (en Indochine), devait-il écrire dix ans plus tard. Il est ainsi élu successivement conseiller municipal sur une liste R.G.R. - Indépendants-M.R.P., puis maire de sa région natale, Ecommoy en 1947, et conseiller de la République R.P.F. en 1948. Dans sa profession de foi, il place les grands électeurs de la Sarthe devant les deux termes d'une seule alternative : de Gaulle ou Thorez, la liberté ou la servitude. Comme il y a eu Gambetta, Poincaré ou Clémenceau pour incarner à des moments critiques de son histoire la volonté de salut et d'unité de la France, il faut que « de Gaulle n'arrive pas trop tard pour sauver une seconde fois la France et la République ». Cette idée conduit son action pendant toute la IVe République.
Au Palais du Luxembourg, Raymond Dronne s'inscrit au groupe d'Action démocratique et républicaine et à l'intergroupe du R.P.F. Il intervient fréquemment dans les domaines qui relèvent de la compétence des commissions dont il est membre (outre-mer et suffrage universel) sans négliger les questions militaires et la défense des intérêts de ses administrés. Ainsi en 1949 et en 1951, s'inquiète-t-il de l'écoulement de la production de chanvre. En 1949, le député de la Sarthe demande, dans une question orale au ministre des Anciens combattants, d'annuler l'arrêté portant dissolution du centre interdépartemental du ministère des anciens combattants et du centre de réforme fixés au Mans.
Le 17 juin 1951, aux élections à la deuxième Assemblée nationale de la IVe République, le sénateur gaulliste, conseiller général depuis 1949, conduit la liste R.P.F. dans le département de la Sarthe. Concluant leur profession de foi par la phrase « Vous sortirez les sortants », les candidats gaullistes font campagne sur le bilan des partis de la Troisième force, dénoncent le laïcisme de combat de la S.F.I.O. et dénient au M.R.P. la position de principal défenseur de l'école privée. Avec 48 142 voix sur 180 837 suffrages exprimés, leur liste arrive largement en tête et obtient deux élus grâce à l'absence d'apparentement entre les listes gouvernementales.
Raymond Dronne, abandonnant le Luxembourg pour le Palais Bourbon, est nommé membre de la Commission des territoires d'outre-mer (1951-1954) qui le désigne le 25 mai 1954 pour participer aux travaux de la Commission chargée d'examiner les problèmes intéressant les Etats associés d'Indochine, de la Commission du suffrage universel (1951-1955) et de la Commission des affaires étrangères (1955).
Au cours de la législature, le nouvel élu s'affirme comme l'un des députés les plus actifs de l'Assemblée et comme le porte-parole des gaullistes hostiles à toute idée de compromission avec le régime.
Parmi les cinq propositions de loi qu'il dépose, citons : le 5 février 1952, la proposition autorisant le Gouvernement à conférer la dignité de maréchal de France au général Leclerc de Hauteclocque ; le 13 novembre 1952, la proposition tendant à permettre aux Français résidant dans les Etats associés d'Indochine, d'être représentés à l'Assemblée nationale ; parmi les huit propositions de résolution : en 1953, la demande de révision du titre VIII et des articles 13, 51 et 90 de la Constitution, et quatre propositions relevant de la défense des paysans de la Sarthe. Ainsi, le 23 octobre 1952, invite-t-il le Gouvernement à accorder immédiatement un contingent supplémentaire d'alcool d'Etat en vue de favoriser l'écoulement de la récolte excédentaire de pommes à cidre de l'année en cours, et, d'autre part, à prendre toutes mesures en vue d'assurer à l'avenir des débouchés normaux et constants aux récoltes de pommes à cidre.
Les interventions de l'ancien Français libre, administrateur des colonies, portent sur la réforme de la Constitution, la défense des productions textiles et pour l'essentiel, sur l'Union française. En continuité directe avec son action au Conseil de la République, il intervient à plusieurs reprises sur la création d'un état indépendant de Libye. Le 5 juin 1952, il résume ses précédentes interventions en rappelant que la création de cet état est non seulement arbitraire mais aussi prématurée ; elle menace la sécurité de l'Afrique du Nord. La France doit garder ses garnisons dans les oasis du Fezzan et négocier des rectifications de frontières pour conserver Ghadanès et Ghât au nom de l'antériorité de notre présence sur les Anglais et les Italiens. Pour ne pas avoir obtenu ces garanties, au cours de la législature suivante, Raymond Dronne demande, le 22 novembre 1956, de surseoir à la ratification du traité d'amitié signé entre la France et la Libye.
Cependant, c'est surtout sur l'Indochine qu'il intervient fréquemment pour réclamer la définition d'une politique indochinoise dans le cadre de l'Union française qui permettrait de mettre un terme à la guerre. En 1952, il réitère, le 10 avril, son désir de voir nommer en Indochine un grand chef militaire et condamne la censure qui ne laisse passer que les fausses nouvelles ; regrette, le 24 octobre, l'absence de débat au Parlement car il n'est pas possible de « continuer sans espoir une guerre sans fin ». L'Indochine détermine sa position à l'égard des gouvernements. Le 21 mai 1953, lors de la discussion du projet de loi relatif au redressement financier présenté par René Mayer, Raymond Dronne, s'exprimant à titre personnel, aurait voté pour le projet de loi si la question de confiance n'avait été posée, confiance qu'il ne peut accorder car René Mayer est favorable au « néfaste traité » de la C.E.D., n'a rien fait en Indochine alors même que la mort de Staline offrait des possibilités de négociations sur les grands problèmes en suspens en Europe et en Asie. « Vous vous êtes contenté d'être, non pas le brillant second, mais le terne satellite de la politique américaine » poursuit-il. Néanmoins, parce qu'il ne sert à rien de remplacer un ministère Mayer-Queuille-Bidault-Pleven par un ministère Pleven-Bidault-Queuille-Mayer, en attendant qu'une majorité stable puisse se dégager sur un programme de salut public, il s'abstient lors du vote qui renverse le gouvernement. Il conserve la même attitude de vote le 4 juin 1953 lors de l'investiture de Pierre Mendès-France en ne lui cachant pas que son nom évoque le spectre d'une politique d'abandon. En revanche, il appartient à la minorité de l'Assemblée qui vote l'investiture de Georges Bidault le 10 juin. Au terme de la plus longue crise de la IVe République, il n'est pas opposé à l'arrivée de Josept Laniel à l'Hôtel Matignon sans pour autant approuver la participation de cinq parlementaires U.R.A.S. au Gouvernement. Il ne tarde d'ailleurs pas à interpeller le Gouvernement sur sa politique indochinoise. Le 23 juillet, il note que la politique suivie par les gouvernements qui se sont succédés depuis 1946 a été « celle du chien crevé au fil de l'eau ». Il faut en finir avec la guerre, dignement, le « drapeau haut » en mettant en oeuvre tous les moyens qui permettent de faire la paix en sauvegardant la présence de l'Indochine dans une Union française à caractère fédéral. Après la chute de Dien-Bien-Phû, Raymond Dronne se livre, le 11 mai et surtout le 1er juin 1954, à un véritable réquisitoire contre le Gouvernement et plus particulièrement contre le ministre de la Défense nationale, René Pleven. « Dien-Bien-Phû est l'aboutissement tragique d'une longue cascade d'erreurs, d'illusions, d'impuissances et de mensonges », déclare-t-il avant de reprocher au Gouvernement de ne pas avoir mis tout en oeuvre pour sauver le camp retranché de l'asphyxie. Compte tenu de la gravité de la situation, il réclame la dissolution de l'Assemblée précédée du vote d'une loi électorale instituant un scrutin majoritaire.
Le 17 juin 1954, Raymond Dronne investit Pierre Mendès-France président du Conseil non sans exprimer des réserves sur sa politique outre-mer ; aussi ne prend-il pas part au vote des accords de Genève. Le député de la Sarthe proteste à plusieurs reprises contre la cession des établissements français de l'Inde à l'Union indienne et s'oppose à la politique mise en oeuvre dans les protectorats par le député de l'Eure.
Le 3 décembre 1954, il interpelle le Gouvernement sur « l'affaire des fuites ». « Nos combattants (en Indochine), déclare-t-il, ont été poignardés dans le dos (...) par les hommes du parti communiste ». La trahison révèle la pénétration communiste dans les rouages de l'administration, les immixtions étrangères, l'impuissance de l'exécutif, en un mot la dégradation de l'autorité de l'Etat. Raymond Dronne termine son intervention en s'en prenant directement au ministre de l'Intérieur, François Mitterrand : « Le grand républicain que vous prétendez être a un passé trop fluctuant pour pouvoir inspirer ce sentiment qui ne se commande pas, qui est en quelque sorte un élan instinctif et qui s'appelle confiance ». En conclusion, il déclare à Pierre Mendès-France : « Je ne combats point l'ensemble de votre politique dont certains aspects me plaisent, par exemple le redressement que vous avez opéré en politique étrangère. En revanche, d'autres aspects de votre politique m'inquiètent. On a le sentiment que vous êtes en train de lâcher partout outre-mer et de brader, après les Indes, toute l'Union française ». En conséquence de quoi, Raymond Dronne, à l'issue du débat sur la politique en Afrique du Nord, refuse la confiance au Gouvernement le 4 février 1955.
Dès lors, l'Afrique du Nord devient son principal centre d'intérêt, ce qui le conduit, le 31 octobre 1955 à proposer pour l'élection de l'Assemblée nationale, un scrutin majoritaire a deux tours dans un cadre plus large que l'arrondissement, scrutin qui permettrait de dégager une majorité pour effectuer une réforme des institutions, préalable nécessaire au maintien de l'Union française.
Le 2 janvier 1956, Raymond Dronne, à la tête d'une liste des Républicains sociaux apparentée aux listes M.R.P. et R.G.R.-C.N.I., se présente à nouveau dans la Sarthe aux suffrages de ses concitoyens. Dans sa profession de foi, il renouvelle sa confiance au général de Gaulle et en appelle à une réforme de l'Etat ainsi qu'à la création d'une véritable communauté française car « la perte de l'Afrique, dont nous sommes menacés, ferait de la France un tout petit pays, incapable de maintenir son indépendance, et elle réduirait au chômage total un Français sur quatre ». Il présente, en outre, aux habitants de ce département rural, Christian Pineau, son principal adversaire, comme « le principal inspirateur de la mesure prise par M. Mendès-France dans le décret restreignant le privilège des bouilleurs de cru ». Bien que la campagne électorale soit courte, Raymond Dronne anime plusieurs réunions électorales sur le thème « le système est incapable de sauver l'Algérie française », notamment dans le Nord, à Marseille ou bien encore dans la Nièvre où il porte la contradiction à François Mitterrand. Dans la Sarthe, la présence de dix listes fait que les cinq sièges sont répartis à la représentation proportionnelle. Avec 18 525 voix sur 197 487 suffrages exprimés, Raymond Dronne sauve de justesse son siège mais abandonne celui d'André Gaubert à la liste poujadiste.
Dans la nouvelle Assemblée, Raymond Dronne s'apparente cette fois-ci au groupe des Républicains sociaux. En qualité de membre de la Commission des affaires étrangères, il dépose sur le bureau de l'Assemblée plusieurs rapports et propositions de résolution parmi lesquelles, le 6 mars 1957, une proposition invitant le Gouvernement à reconnaître la République populaire de Chine et le 18 juin 1957, une proposition proposant la création d'un conseil des premiers ministres de l'Europe et d'une assemblée européenne unique composée des représentants des parlements nationaux.
A nouveau, ses interventions portent sur les problèmes agricoles intéressant son département et sur l'Afrique du Nord.
Au cours du débat concernant l'attribution des pouvoirs spéciaux en Algérie, il fait part de ses plus extrêmes inquiétudes de voir l'Afrique du Nord glisser vers la sécession, aussi ne prend-il pas part au vote. Le 31 mai 1956, il interpelle le Gouvernement sur sa politique d'abandon des protectorats qui menace la position de la France en Algérie. Perdre l'Algérie, c'est perdre l'Afrique noire. « Réduite au petit hexagone européen (...), la France connaîtra la misère, l'amertume de l'humiliation nationale, la colère et la révolte. Ce serait, pour les communistes, l'occasion inespérée de s'emparer du pouvoir ». Le 27 mars 1957, il refuse la confiance au gouvernement Mollet et appelle à nouveau à la constitution d'un gouvernement de salut national. Le 3 juillet 1957, lors du débat sur la ratification des traités instituant la C.E.E. et l'Euratom, il dépose une motion préjudicielle car il préfère « l'association des souverainetés » à la supranationalité et une Europe élargie à l'Europe des six qui ne serait que la renaissance du Saint Empire romain. « J'ai la conviction profonde, prophétise-t-il, que le marché commun et l'Euratom seraient un désastre pour la France. J'ai aussi la conviction profonde qu'ils porteraient un coup mortel à la construction d'une Europe unie ». Résolument dans l'opposition au régime, le 5 novembre 1957, lors du débat sur la présentation du gouvernement Gaillard, il réclame une réforme électorale et une refonte profonde des institutions ainsi que la dissolution car « cette nuit la France aura un ministère, elle n'aura pas encore de vrai Gouvernement ». A la suite du bombardement du village tunisien de Sakhiet, il interpelle le 27 mars le Gouvernement sur la menace d'internationalisation du conflit algérien qui résulterait de l'acceptation de la mission des bons offices.
Dans son livre La révolution d'Alger, édité au début de l'été 1958, le colonel Dronne raconte, comment après le 13 mai, il fut l'un des rares parlementaires qui réussit à gagner Alger. Parti secrètement de Genève le 18 mai, il retrouva Delbecque et Neuwirth dans la capitale algérienne. Dès le 19 mai, il adresse à Pierre Pflimlin, sur les ondes de Radio-Luxembourg, un message pour lui demander de se retirer devant un « gouvernement de salut public dirigé par le général de Gaulle ». Le retour de celui-ci étant acquis le 28 mai, Raymond Dronne quitte Alger pour Paris le 30 mai. Le 1er juin, le député de la Sarthe entre dans l'hémicycle au début du vote de confiance au général de Gaulle. « L'entrée de Massu ou du spoutnik aurait produit le même effet », écrit-il non sans exactitude dans son livre. Il est hué par une partie de l'Assemblée, les députés communistes se placent devant les urnes. Pour éviter un incident majeur, il renonce à voter pour le seul homme « capable de maintenir autour de la France, dans un cadre nouveau, ce qu'on appelait avant-guerre l'Empire ».
Néanmoins, laissant place au doute que lui inspirent les premières déclarations du dernier président du Conseil, le compagnon de la Libération clôt son livre par une exhortation : « Mais, de grâce, que le général de Gaulle et son gouvernement ne déçoivent pas l'Algérie, elle vient de se donner à la France dans un immence élan d'espérance et de foi ».
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