- État civil :
- Né le 18 avril 1902
Décédé le 13 octobre 1974
Ancien sénateur de la Communauté
Elu le 8 juillet 1959
Fin de mandat le 16 mars 1961
Sénat de la République francaise
Aucun groupe
Membre de la commission des affaires économiques
Ve République (Extrait du Dictionnaire des parlementaires français)
1940-1958
LAFLEUR (Henri)
Né le 18 avril 1902 à Nouméa (Nouvelle-Calédonie)
Décédé le 13 octobre 1974 à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine)
Conseiller de la République puis sénateur de la Nouvelle-Calédonie de 1947 à 1955
Henri Lafleur naît le 18 avril 1902 à Nouméa en Nouvelle-Calédonie. De son père, modeste fonctionnaire, il gardera toute sa vie l'habitude d'une grande simplicité. De sa mère, d'origine méditerranéenne, il conservera un tempérament méridional, le geste chaleureux, enveloppant, qui traduit le bonheur de vivre et un tempérament de lutteur.
Après ses études secondaires, il entre comme maître d'étude au collège Lapérouse. Il participe à la rédaction du journal La France Australe, où il assume la chronique sportive, fondant lui-même plus tard une ligue de foot ball, son sport de prédilection. Vers 1925, il assume la direction du journal Le Démocrate, organe du parti républicain démocrate.
Mais cet homme ardent ne peut se contenter d'une vie sédentaire. Très vite, il pense que son île peut produire autre chose que de la nacre et du santal. Piolet au poing, animé d'un véritable tempérament de chercheur, il va la parcourir et découvrir des régions de grandes richesses minières. Dès lors, la vie d'Henri Lafleur se confond avec la forêt et avec la mine. Exploitant de bois dans le sud du territoire, en association avec André Castex, exploitant de minerais, actionnaire et administrateur de diverses sociétés, il bâtit petit à petit un véritable empire qui prend une exceptionnelle importance avec l'évolution de la civilisation industrielle où la demande de métaux rares se fait chaque jour plus grande. Le mot de nickel, qui s'associe bien vite au nom de la Nouvelle-Calédonie, évoque une grande partie de l'oeuvre de sa vie.
Dès avant la guerre de 1939-1945, Henri Lafleur s'intéresse à la vie politique. Il se porte candidat aux élections au conseil général de 1938, en promettant de collaborer avec les conseillers généraux qui le précèdent au conseil et de poursuivre l'oeuvre qu'ils ont commencée. Il ne se réclame d'aucune doctrine politique, souhaitant avant tout s'attacher au développement économique et social du territoire. Il est élu au conseil général le 21 août 1938, en remplacement de Femand Collardeau, avocat-défenseur à Nouméa. Il y siège jusqu'à sa dissolution, en décembre 1940, par ordonnance signée du Gouverneur Sautot, agissant par délégation du chef de la France libre, après le ralliement de la Nouvelle-Calédonie au général de Gaulle. Le conseil général est alors remplacé par un conseil d'administration dont les membres sont choisis par le gouverneur.
En 1947, lorsque les institutions républicaines sont rétablies, il siège de nouveau au conseil général.
Henri Lafleur est élu au Conseil de la République le 28 janvier 1947. Il sera réélu en 1948, mais battu en 1955, puis réélu en 1959, en septembre 1965 et en septembre 1974.
Dès son arrivée au Palais du Luxembourg en 1947, il est nommé à la commission de la France d'outre-mer avant d'en devenir le président en 1951. Il siège également à la commission de la production industrielle en 1948. Son activité au Sénat est orientée tout naturellement vers les problèmes intéressant les territoires d'outre-mer. En tant que rapporteur, il intervient sur le retrait du privilège d'émission de la banque d'Indochine et sur des questions budgétaires. Il participe aux nombreux débats qui engagent l'avenir de ces territoires : projet de loi relatif à l'exploitation des substances utiles aux recherches atomiques, projet de loi relatif au régime de l'interdiction de séjour en Nouvelle-Calédonie, projet de loi conférant aux îles Wallis-et-Futuna le statut de territoire d'outrer-mer. Il intervient, en tant que rapporteur, dans les discussions sur le plan de développement économique et social et, plus particulièrement, sur ses aspects outre-mer. Il incite notamment à ce que chacune des parties de l'Union française soit complémentaire de l'autre et met en avant la notion de « marché commun ». Enfin, il rapporte devant le Conseil l'important code du travail dans les territoires d'outre-mer.
Soucieux du développement économique des pays d'outre-mer, il n'en marque pas moins son souci de les voir évoluer politiquement et intervient fréquemment dans les discussions portant sur ce sujet : projet de loi relatif à l'assemblée représentative des Etablissements français de l'Océanie, projet de loi relatif aux institutions territoriales et régionales du Togo. Il prend en outre l'initiative de déposer plusieurs propositions de résolution, dont une tendant à la création d'une commission de coordination chargée de l'étude des problèmes économiques dans le cadre de l'Union française.
Cette intense activité parlementaire s'interrompt en 1955 lorsque Henri Lafleur n'est pas réélu au Conseil de la République. Elle reprendra néanmoins après les élections sénatoriales de 1959 et se poursuivra jusqu'à son décès en 1974.
Ve République
LAFLEUR (Henri, Francique)
Né le 18 avril 1902 à Nouméa (Nouvelle-Calédonie)
Décédé le 13 octobre 1974 à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine)
Conseiller de la République puis sénateur de Nouvelle-Calédonie de 1947 à 1955, et de 1959 à 1974
(Voir première partie de la biographie dans le dictionnaire des parlementaires français 1940-1958, tome V, pp. 33-34)
Henri Lafleur retrouve son siège de sénateur le 26 avril 1959. Son soutien au général de Gaulle, à l'été 1958 en Nouvelle-Calédonie, se double d'une hostilité à l'Assemblée territoriale suspecte de tendances indépendantistes exprimées par l'Union calédonienne. Bien que farouche partisan de l'autorité du haut-commissaire au sein du Conseil de gouvernement, il n'obtient pas l'investiture gaulliste de l'Union pour la nouvelle République (UNR). Ses 33 voix du premier tour, obtenues sur un total de 67 inscrits et votants, devancent les candidats de l'Union calédonienne et de l'UNR. Il passe au second tour avec 38 voix. Candidat isolé le 26 septembre 1965, il recueille d'emblée 46 voix sur 80 inscrits et 79 votants. Il confirme sa popularité le 22 septembre 1974. De nouveau candidat isolé, il améliore encore son résultat par rapport à l'Union calédonienne, avec 135 suffrages sur 255 exprimés et 254 votants.
Henri Lafleur rejoint le groupe des Républicains indépendants le 30 avril 1959. Deux commissions permanentes l'accueillent : les affaires culturelles du 6 mai 1959 à octobre 1961 puis à partir du 8 octobre 1968, et les affaires économiques du 5 octobre 1961 à octobre 1968. Le 8 juillet 1959, il est élu sénateur de la Communauté puis, le 7 juin 1960, membre titulaire du conseil de surveillance de la Caisse centrale de coopération économique. Par contre, pour rester sénateur, il cesse d'appartenir à l'Assemblée territoriale en 1959. Réélu à celle-ci par la première circonscription de Nouvelle-Calédonie en avril 1962, il en démissionne définitivement le 20 septembre 1971 ce qui permet à son suppléant et futur successeur au Sénat Lionel Cherrier et à son fils Jacques d'y entrer. L'exercice de ce mandat l'éloigne de la métropole en 1964 et en 1967.
Le travail parlementaire d'Henri Lafleur est principalement consacré aux questions ultramarines. On le voit presque tous les ans intervenir lors de la discussion du projet de loi de finances pour les territoires d'outre-mer. Il accorde ensuite une attention particulière aux statuts juridiques de ce qu'il aime à appeler la « France d'outre-mer » (14 novembre 1965). Enfin, il s'intéresse au développement économique de son île.
Ses interventions, lors de l'examen du budget des territoires d'outre-mer, évoquent, bien sûr, la Nouvelle-Calédonie. Quatre préoccupations reviennent au cours d'exposés brefs mais qui en appellent toujours à la conjoncture politique, économique et sociale qu'il connaît bien. Ainsi, en 1959-1960, le territoire attend un statut après la victoire massive du OUI au référendum constitutionnel de 1958. Les années 1962-1963 et 1965-1966 sont marquées par la récession minière. En 1973, le déficit budgétaire de l'île et les incertitudes monétaires internationales assombrissent la fin de son mandat sénatorial. De l'Etat, Henri Lafleur attend un effort financier global (20 novembre 1961), nécessaire pour diversifier l'économie et développer les productions de céréales, de sucre de canne et l'élevage (14 novembre 1965), impératif pour équiper en infrastructures (routes, aérogare, téléphone, logements salubres le 7 décembre 1969, routes, ports et extension de l'hôpital de Nouméa le 29 novembre 1970) et fondamental pour assurer l'avenir de l'industrialisation le 6 décembre 1971. Le 26 novembre 1973, lors sa dernière intervention, au terme d'une année marquée par la crise, la sècheresse, la pénurie de viande et le boycott australien à la suite des essais nucléaires français dans le Pacifique, il remercie le Gouvernement de son aide exceptionnelle de 1,8 milliards de francs CFP. Afin de permettre l'avancée de ces projets, Henri Lafleur réclame en 1963 et 1965 la création, au Sénat, d'une commission permanente relative à l'outre-mer. Son troisième centre d'intérêt reste l'extraction du nickel. Dès le 12 décembre 1959, il demande de subventionner la société Le Nickel laquelle, précise-t-il le 27 novembre 1966, représente 95% de l'économie îlienne. Le ministre refuse sa proposition d'implanter des sociétés étrangères en association avec des partenaires français le 27 novembre 1966. Afin de réguler la surproduction, Henri Lafleur propose la création d'une réserve stratégique le 6 décembre 1971, la mise en place d'une autre société d'exploitation le 25 novembre 1972 et il s'interroge le 26 novembre 1973 : « quel sera l'avenir minier de la Nouvelle-Calédonie... ? » D'autres problèmes conjoncturels qui détériorent le climat social calédonien étayent son argumentation : le rapatriement des travailleurs vietnamiens (12 décembre 1959 et 20 novembre 1961), le service militaire effectué dans l'île par les Calédoniens afin d'éviter la pénurie de main d'oeuvre (25 novembre 1960 et 20 novembre 1961), un plan d'équipement général (20 novembre 1961).
Le sénateur de Nouvelle-Calédonie parle aussi au nom d'autres territoires du Pacifique avant que ceux-ci ne soient représentés au Parlement (1959-1963). Wallis-et-Futuna bénéficient de son attention pour leur statut politique et administratif à fixer (12 décembre 1959 et 20 novembre 1961), pour la modernisation du réseau postal, pour l'eau potable et pour la réalisation de bâtiments scolaires en 1963 - intervention faite en l'absence du sénateur Henry Loste retenu par la session de l'Assemblée territoriale de l'archipel. Les Nouvelles-Hébrides sont évoquées à propos du rapatriement des travailleurs asiatiques, le 20 novembre 1961, et pour l'aide que demande l'île de Tongoa ravagée par un cyclone, le 27 novembre 1963.
Henri Lafleur veille au statut de la Nouvelle-Calédonie. Rester français, refuser toute autonomie, acquérir plus de libertés et tenir compte des particularismes locaux caractérisent son oeuvre législative. S'il réclame souvent la « générosité de la mère patrie » (28 novembre 1960), s'il rappelle « l'attachement inébranlable de nos îles à la mère patrie » (27 novembre 1963), Henri Lafleur espère aussi moins de dirigisme de la part de la métropole. Le 18 mai 1960, lors de la discussion du projet de loi constitutionnelle tendant à compléter les dispositions du titre XII de la Constitution, il plaide en faveur d'une décentralisation des pouvoirs et d'un accroissement des libertés locales. Le 18 mai 1961, dans la discussion générale autour des cinq projets de loi conférant aux îles Wallis-et-Futuna le statut de territoire d'outre-mer, ses félicitations vont au Gouvernement lequel a eu « l'opportunité de doter chaque territoire d'une organisation et d'institutions qui lui soient propres et qui correspondent exactement à son degré d'évolution politique et à ses composantes ethniques... » Ses amendements renforcent le pouvoir du haut-commissaire. Son hostilité à l'Union calédonienne explique son soutien au ministre pour rejeter, par un projet de loi, les délibérations de l'Assemblée territoriale. Il rapporte lui-même le texte le 30 novembre 1961. Le 13 décembre 1963, le projet de loi portant réorganisation du Conseil de gouvernement reçoit son approbation. Il se prononce alors en faveur d'un nombre limité de membre (cinq) aux attributions collégiales sous l'autorité du haut-commissaire.
Plusieurs amendements libéraux proposés au projet de loi d'orientation agricole en deuxième lecture le 19 juillet 1960 et au projet de loi modifiant la règlementation minière en Nouvelle-Calédonie en 1968 encouragent le développement économique. Membre titulaire de la commission mixte paritaire chargée de proposer un texte sur les dispositions restant en discussion de ce texte le 17 décembre 1968, il le refuse le 20 décembre. Le 25 novembre 1972, il demande la modification de cette loi qui prive « notre assemblée territoriale d'un certain nombre de pouvoirs qu'elle détenait en matière minière, fiscale et domaniale. » Par ailleurs, le projet de loi relatif à la modification du régime de l'adoption et de la législation adoptive dans les territoires d'outre-mer reçoit son approbation le 18 mai 1961 et il rapporte le projet de loi relatif aux droits de douane d'importation du café torréfié le 30 novembre suivant. Enfin, à la conférence des présidents, le 7 décembre 1961, Henri Lafleur souhaite ajouter à l'ordre du jour l'examen du projet de loi sur l'extension de l'amnistie dans les territoires d'outre-mer.
Membre de la majorité présidentielle, Henri Lafleur soutient le pouvoir gaulliste dont il attend avec impatience les efforts envers son île. Il se montre proche du président Valéry Giscard d'Estaing auquel il apporte, en 1974, son « soutien le plus total et le plus loyal. » Sous la Ve République, il vote pour le projet de loi autorisant le Gouvernement à prendre certaines mesures relatives au maintien de l'ordre, à la sauvegarde de l'Etat, à la pacification et à l'administration de l'Algérie le 3 février 1960, pour le projet de loi portant réforme des régimes matrimoniaux le 11 mai 1965, pour la proposition de loi relative à la régulation des naissances le 5 décembre 1967, pour le projet de loi portant création et organisation des régions le 9 juin 1972, pour le projet de loi d'orientation du commerce et de l'artisanat le 21 novembre 1973 et pour le projet de loi tendant à fixer à dix-huit ans l'âge de la majorité le 18 juin 1974.
Henri Lafleur décède subitement après une courte hospitalisation. Le 5 novembre 1974, le Sénat écoute son éloge funèbre prononcé par le vice-président André Méric. C'est d'abord un des plus anciens sénateurs, élu en 1947, qui disparaît. Ses nombreuses qualités humaines, « gestes chaleureux », « allure dynamique et sportive », « accueil ouvert », « tempérament du lutteur » rappellent l'origine méditerranéenne de sa mère. Très attaché à son île et à la France, il personnifiait, au Sénat, « un symbole de loyauté, de courage et de jeunesse », celui d'« un homme heureux que la vie a comblé mais qui avait toujours gardé la tête froide. » L'industriel aventureux confiait à un fonctionnaire du Sénat, peu avant de mourir, qu'il avait l'intention de partir à la recherche d'un filon de pépites d'or dans une rivière nord-calédonienne. Le ministre de l'Economie et des finances, Jean-Pierre Fourcade, associe le gouvernement à cet hommage et la séance est suspendue quelques instants en signe de deuil. Chevalier de la Légion d'honneur, Henri Lafleur était aussi grand officier de la Grande Comore. Veuf, il laisse trois enfants dont son fils Jacques qui sera député de Nouvelle-Calédonie de 1978 à 2007. L'avenue de la Victoire à Nouméa a été rebaptisée en son honneur avenue de la Victoire-Henri Lafleur. Le 13 juin 1997, un timbre commémore le premier sénateur de Nouvelle-Calédonie et son quart de siècle d'activité parlementaire.
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