État civil :
Né le 15 mars 1899
Décédé le 17 décembre 1965

Elu le 8 juillet 1959
Fin de mandat le 16 mars 1961

Sénat de la République francaise

Groupe de l'Alliance pour l'unité de la Communauté et Gauche démocratique

Membre de la commission des transports et télécommunications

1940-1958  (Extrait du Dictionnaire des parlementaires français)
Ve République  (Extrait du Dictionnaire des parlementaires français)

1940-1958

PAUMELLE (Henri)

Né le 15 mars 1899 à Auffay (Seine-Inférieure, aujourd'hui Seine-Maritime)

Décédé le 7 décembre 1965 à Rouen (Seine-Maritime) (*)

Conseiller de la République puis sénateur de la Seine-Inférieure de 1946 à 1958

Henri Paumelle naît le 15 mars 1899, à Auffay en Seine-Inférieure. D'un fils de la terre, comme il aime à se qualifier, il a toutes les qualités. Du normand, la ductilité d'esprit, la modération et la sagesse. Du paysan de Bray, plateau aux riches herbages, la sociabilité et le bon sens pratique. Le certificat d'études primaires une fois obtenu, il commence à travailler comme cultivateur-herbager. En 1914, au moment où éclate la guerre, il s'engage volontairement. Il exerce différentes professions, un temps expert agricole, un autre agent général d'assurances. Dans ces postes, où comptent le bon sens et l'esprit de conciliation, Henri Paumelle acquiert une ample connaissances des hommes. Il est fait chevalier du mérite agricole.

Henri Paumelle débute dans la carrière politique en 1925, comme vice-président de la fédération départementale du parti radical-socialiste en Seine-Inférieure. Elu conseiller municipal de Saint Martin-Osmonville cette année là, il s'occupe des oeuvres sociales de la mairie. Il est ensuite successivement élu conseiller d'arrondissement de Neufchâtel-en-Bray en 1927, puis conseiller général de Saint-Saëns en 1931. Il est aussi président et vice-président de syndicats électriques, président du syndicat intercommunal de Neufchâtel, Londinières, Saint-Saëns, Bellecombre et Totes (Seine-Inférieure), et membre du conseil des familles des enfants assistés. En 1934, il milite pour la création des coopératives de blé.

La guerre éclate en 1939. En 1940, la France est occupée par l'armée allemande, Henri Paumelle entre dans la Résistance. En 1944, il est à la tête de la commission agricole du comité départemental de la Libération. Après la guerre, il est fait chevalier de la Légion d'honneur au titre de la Résistance, et se voit attribuer la croix de guerre avec palme.

En 1945, Henri Paumelle embrasse la profession de greffier de paix. Au même moment, il reprend son activité politique, au sein du parti radical-socialiste : réélu conseiller général du canton de Saint-Saëns, il est également président de la fédération radicale-socialiste de la Seine-Inférieure. Militant ardent, il acquiert une grande popularité dans les milieux ruraux.

Le 6 décembre 1946, Henri Paumelle est élu au Conseil de la République. A son arrivée au palais du Luxembourg, il rejoint le groupe du Rassemblement des gauches républicaines (RGR). Il est nommé membre de la commission de la reconstruction et des dommages de guerre, puis devient, au cours des ans, membre de la commission de la production industrielle et de la commission de la marine et des pêches. Il est aussi membre suppléant de la commission du travail et de la sécurité sociale et de la commission de la presse, de la radio et du cinéma. Enfin, à partir de 1951, Henri Paumelle est également vice-président de la commission de la reconstruction. A ce titre, il représente le Conseil de la République au sein du conseil d'administration de la caisse autonome de la Reconstruction. Il en avait réclamé la création depuis longtemps, pour venir en aide aux régions sinistrées par la guerre.

Au Conseil de la République, Henri Paumelle se préoccupe d'abord des sujets intéressant le monde agricole : en 1951, il invite ainsi le gouvernement à prendre toutes les dispositions nécessaires pour faire bénéficier les producteurs de blé d'une prime mensuelle et progressive de conservation. Cette proposition s'appuie sur la crainte que les organismes stockeurs soient dans l'impossibilité de recevoir tout le blé qui pourrait leur être livré. En février 1956, il dépose une proposition de résolution tendant à inviter le gouvernement à prendre les mesures immédiates afin que puissent être indemnisés les paysans agricoles de Seine-Maritime dont les récoltes ont été partiellement ou totalement détruites par les gelées.

Les problèmes relatifs à la guerre, ceux des anciens combattants ne lui sont pas non plus inconnus : en 1947, il intervient ainsi dans la discussion sur la réparation des dommages de guerre résultant, de fait, de l'annexion de certaines parties du territoire national, et en 1955, il prend part à la discussion du budget des anciens combattants et victimes de la guerre.

Enfin, il n'oublie pas la défense des plus déshérités, comme le prouve son intervention dans la discussion du projet de loi relatif à la reconduction de l'allocation temporaire aux personnes âgées en 1947. En 1957, il réaffirme son intérêt pour la question en déposant une proposition de résolution tendant à inviter le gouvernement à prendre les mesures nécessaires à l'application efficace de l'aide aux vieillards.

Il s'intéresse aussi à l'équipement des collectivités locales et plus spécialement à l'aide qu'il convient d'apporter aux communes rurales, trop souvent sous-équipées. En 1951, il intervient ainsi dans la discussion d'une proposition de loi relative à l'aménagement des lotissements défectueux. En 1957, sa proposition de résolution veut harmoniser le régime des subventions qui sont accordées aux communes rurales.

Ses interventions sont généralement brèves, mais claires, directes et généreuses. Souvent choisi comme rapporteur de la commission de la reconstruction, il est notamment amené à travailler en 1948 sur l'institution d'un fonds de garantie des risques de guerre sur stocks de céréales et de farines.

Les 2 et 3 juin 1958, Henri Paumelle vote pour le projet de loi relatif aux pleins pouvoirs et la révision constitutionnelle.

Parallèlement, son activité politique au niveau local a considérablement diminué, puisqu'en 1953, Henri Paumelle a retiré sa candidature de la mairie de Saint-Martin-Osmonville à l'issue du premier tour, et qu'il a été battu en 1958 aux élections cantonales de Saint-Saëns.

(*) Note de la division des Archives du Sénat : Décédé le 17 décembre 1965 à Rouen (Seine-Maritime)

Ve République

PAUMELLE (Henri)

Né le 15 mars 1899 à Auffay (Seine-Inférieure)

Décédé le 17 décembre 1965 à Rouen (Seine-Maritime)

Conseiller de la République puis sénateur de la Seine-Maritime de 1946 à 1965

En dépit de sa défaite aux élections cantonales d'avril et d'un contexte politique délicat pour la gauche non communiste, Henri Paumelle assure sa réélection au Conseil de la République à l'occasion du scrutin du 8 juin 1958. Chargé de conduire, dans la Seine-Maritime, une liste de Défense des institutions républicaines présentée conjointement par le parti radical et le parti socialiste SFIO, il doit pourtant faire face à la désaffection prononcée de l'opinion pour ces formations ainsi qu'à la montée en puissance de l'Union républicaine indépendante et sociale, rassemblant les indépendants et les gaullistes du département. Elu, il devient vice- président de la commission des affaires culturelles, quelques mois avant la mise en place des institutions de la Ve République.

Les élections du 26 avril 1959 ne bouleversent pas fondamentalement les rapports de force politique dans la Seine-Maritime : avec 367 voix sur 2 219 votants, la liste radicale et socialiste, dont Henri Paumelle assure une fois encore la direction, conserve le siège acquis en 1958. Elle ne parvient cependant pas à emporter le siège supplémentaire mis en jeu à l'occasion du scrutin, celui-ci revenant à la liste d'Action sociale et rurale conduite par Jean Lecanuet - qui retrouve par là-même un mandat parlementaire - sous l'étiquette du Mouvement républicain populaire (MRP). Henri Paumelle demeure donc dans l'hémicycle mais redevient simple membre de la commission des affaires culturelles, au sein de laquelle il siègera jusqu'à son décès en 1965. En juillet 1959, il est également élu membre de l'éphémère Sénat de la Communauté. S'il fait preuve d'une activité moindre que sous la IVe République, il continue de jouer un rôle important au sein de sa famille politique en tant que vice- président du groupe parlementaire de la Gauche démocratique.

Comme sous le régime précédent, ce sont les questions agricoles qui retiennent son attention et constituent l'essentiel de son travail parlementaire. Affaibli par des soucis de santé récurrents, il n'en poursuit pas moins un travail rigoureux qui prend corps dans des interventions brèves, mais incisives. Dans l'hémicycle, le sénateur se fait le porte-parole des très vives inquiétudes exprimées par les agriculteurs normands face à la politique conduite par le général de Gaulle et ses gouvernements. Les politiques d'orientation agricoles successives, visant à favoriser le passage d'une exploitation familiale de type traditionnel à une entreprise de type industriel, font l'objet d'une réception mitigée dans les rangs des sénateurs. La gauche non communiste en particulier aspire à se faire l'écho des manifestations violentes organisées par les paysans français entre 1960 et 1961. Avec nombre de ses collègues radicaux, Henri Paumelle dénonce le déni du pouvoir vis-à-vis des conséquences sociales de la politique de modernisation des campagnes. Aux impératifs de productivité et de rentabilité des exploitations, rappelés de manière ferme à l'occasion des débats de juin 1960 sur la question des investissements agricoles par le jeune secrétaire d'Etat aux finances de Michel Debré, Valéry Giscard d'Estaing, il oppose la prise en compte des difficultés quotidiennes de paysans lourdement endettés. S'appuyant sur sa longue expérience des milieux coopératifs, il rappelle que, derrière les structures du monde agricole, vivent et travaillent des hommes et des femmes. Dans une intervention non dénuée d'ironie, il insiste pour que le Gouvernement assure l'égalité d'accès au crédit public entre les départements agricoles et industriels : « Nous considérons que les subventions sollicitées doivent être accordées à tous et qu'il ne doit pas y avoir différents pourcentages pour les divers départements. Le même pourcentage devrait exister pour l'ensemble de la France, car tous les Français sont identiques. »

Si le dernier trait vise à susciter le rire dans les travées, il témoigne surtout d'un souci profond des hommes et de leur devenir. Une ligne de conduite à laquelle se tiendra le sénateur tout au long de l'exercice de son mandat. Lors de son retour aux affaires en 1963 suite à une absence de plus de deux ans due notamment à un grave accident de la circulation, Henri Paumelle poursuit sa lutte contre la politique agricole des gouvernements gaullistes. Ceci l'amène à s'opposer de nouveau, à l'occasion d'une discussion sur la redéfinition des baux ruraux, au représentant du Gouvernement, le secrétaire d'Etat au budget Robert Boulin. Comme Valéry Giscard d'Estaing en son temps, celui-ci se voit reprocher son occultation complète de la dimension sociale dans la conduite de la politique de modernisation. En exhortant le ministre à définir plus précisément ce qu'il entend par l'expression « d'exploitations viables » dont il a largement usé au cours de son intervention pour justifier l'inéluctable regroupement des petites exploitations, Henri Paumelle souligne en filigrane le refus de l'Etat gaullien de prendre en considération le sentiment de marginalisation vivement éprouvés par une majorité de paysans.

Le sénateur Paumelle se pose donc en opposant résolu du dépérissement des campagnes. Un combat qui se justifie non seulement par la défense de sa base électorale mais aussi par sa culture politique. Défenseur traditionnel de la petite paysannerie, le sénateur s'inscrit pleinement dans les préoccupations politiques des radicaux du début des années 1960. En dénonçant avec vigueur les lois d'orientation agricole gaulliennes, il poursuit un combat aussi vieux que l'existence de son parti. La question agricole explique également les affinités entretenues par le sénateur avec ses collègues de la SFIO. Ces derniers font preuve d'une sensibilité similaire à celle des radicaux sur la question, ce qui facilite le rapprochement entre les deux formations. Dans cette lutte commune menée contre la transformation « à marche forcée » des campagnes, le sénateur Paumelle use à plein de ses compétences techniques et de sa ténacité. Les débats en effet donnent parfois lieu à des échanges très vifs. Après avoir déploré l'absence du ministre de l'agriculture lors des débats - fait coutumier à l'époque et doléance récurrente des sénateurs de tous bords -, Henri Paumelle interpelle vivement Jean de Broglie, alors secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre, à l'occasion d'une question orale sur la politique agricole du Gouvernement. Dénonçant la surdité des pouvoirs publics face aux doléances du monde agricole, en particulier sur le plan fiscal, il conclut son intervention par une mise en garde sans appel : « ce n'est pas de cette façon que vous pourrez apporter un apaisement au monde agricole ». Ces critiques, déjà formulées en termes similaires l'année précédente en séance plénière, lui valent de nombreux applaudissements sur les bancs de la gauche non communiste. En dépit de ces attaques parfois vives, le sénateur ne se départit jamais d'un humour qui fait souvent mouche dans les travées du Palais du Luxembourg, à droite comme à gauche, et en fait un collègue particulièrement apprécié.

A partir de 1964 cependant, ses interventions se raréfient singulièrement. Son ultime prise de parole en séance, le 6 novembre 1964, ne porte paradoxalement pas sur les questions agricoles, mais sur une justification de son vote en faveur de la réforme du code des pensions civiles et militaires de retraite afin d'améliorer le sort de ces oubliés de la croissance des Trente Glorieuses. Une fois encore, la prise en compte de la dimension humaine du problème politique apparaît comme le guide le plus sûr de son action parlementaire.

Victime, le 7 décembre 1965, d'un accident de voiture près de Sainte-Geneviève-en-Bray, le sénateur de la Seine-Maritime s'éteint à Rouen le 17 décembre. Cette mort brutale « brisa net une existence si active, si pleine d'optimisme et de goût de vivre. », rappelle Gaston Monnerville dans le bel éloge funèbre prononcé en sa mémoire le 22 décembre 1965. C'est Roger Thiébault, militant SFIO, qui le supplée dans l'hémicycle. Une preuve supplémentaire du rapprochement entre radicaux et socialistes, unis dans la lutte contre le régime en place.

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