COM(2023) 645 final
du 16/10/2023
Contrôle de subsidiarité (article 88-6 de la Constitution)
Proposition de
règlement du Parlement européen et du Conseil relatif à la
prévention des pertes de granulés plastiques en vue de
réduire la pollution par les microplastiques
COM(2023) 645 final-
Texte E18346
Compte rendu de la réunion de la commission des affaires européennes du mercredi 11 décembre 2024
Pollution due aux rejets de granulés de plastique - Examen de la proposition de résolution européenne de Mme Marta de Cidrac et M. Michaël Weber
M. Jean-François Rapin, président. - Avant de procéder à l'examen de la proposition de résolution européenne visant à lutter contre la pollution due au rejet de granulés de plastique, je veux souhaiter la bienvenue à Sophie Briante Guillemont, qui est désormais membre de notre commission.
Le Gouvernement est tombé, mais nous poursuivons nos travaux, car l'Union européenne, elle, se remet en ordre de marche et reprend son activité. Le Conseil européen doit se réunir dans huit jours. Nous avions d'ailleurs prévu d'organiser un débat préalable demain, en séance, mais les travaux de notre assemblée ont été ajournés.
Pour rappel, les ministres démissionnaires ne peuvent être entendus au Parlement qu'à titre exceptionnel, lorsque la continuité de l'État est en jeu. Cela justifie donc la présence, ce jour, des ministres Armand et Saint-Martin devant la commission des finances du Sénat, en vue de l'examen du projet de loi spéciale.
Nous ne pourrons donc pas recevoir le ministre chargé de l'Europe, les conditions de démission du Gouvernement suivant l'adoption d'une motion de censure n'étant pas les mêmes qu'après la dissolution de l'Assemblée nationale en juin.
Nous avons bien tenté de trouver une autre modalité pour débattre du prochain Conseil européen. Nous avons ainsi sollicité le Représentant permanent de la France auprès de l'Union européenne, mais il est retenu au Conseil Justice et affaires intérieures (JAI), qui doit avoir lieu demain.
Le débat préalable au Conseil européen ne pourra donc pas se tenir, ce que je regrette. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle notre réunion de commission prévue demain a été déplacée à cet après-midi. Je vous prie de bien vouloir nous excuser pour cette modification de dernière minute, mais nous sommes contraints par la situation politique actuelle, qui évolue au jour le jour. Aussi, je vous demanderai d'être prudents quant à l'organisation de nos travaux la semaine prochaine.
Au sein du Conseil de l'Union européenne, les négociations avancent. Les États membres pourraient très prochainement parvenir à un accord sur une proposition législative de la Commission européenne visant à lutter contre la pollution due au rejet de granulés plastiques.
Cette lutte s'inscrit dans la stratégie d'ensemble de l'Union européenne pour réagir à la dégradation qu'a trop longtemps fait subir à notre environnement une évolution mal maîtrisée de nos modes de consommation et de production.
La présente proposition de résolution européenne porte sur la pollution résultant de microbilles, appelées aussi « larmes de sirène », qui s'échouent sur nos littoraux. Difficiles à ramasser, ces petits grains destinés à la production d'objets en plastique proviennent en grande partie de conteneurs perdus en mer par les cargos. Dans mon département, le Pas-de-Calais, nous les retrouvons très souvent sur nos plages, en vrac ou parfois dans des sacs arrachés.
D'après les estimations de la Commission européenne, jusqu'à 184 300 tonnes de granulés plastiques se sont échappées dans la nature en Europe, en 2019. Je remercie nos deux rapporteurs, Marta de Cidrac et Michaël Weber, d'avoir travaillé à nous éclairer sur cette proposition de règlement européen, mise sur la table il y a un an pour tenter de remédier à ce fléau.
Mme Marta de Cidrac, rapporteure. - Au cours des dernières années, nous avons constaté la multiplication de « marées blanches », celles par lesquelles des microbilles de plastique s'échouent sur les plages de la façade atlantique française et espagnole, du Finistère à la Gironde, en passant par la Galice. Ces granulés s'échappent très certainement de conteneurs perdus en mer par des navires.
Une telle pollution est difficile à traiter et il n'est pas aisé d'en retrouver les responsables. Elle cause des dommages importants à l'écosystème côtier et affecte directement l'attractivité des sites touristiques et les activités socioéconomiques des zones touchées.
Les opérations de nettoyage sont le plus souvent assurées par les collectivités territoriales, qui disposent de moyens humains et financiers insuffisants. Ainsi, comme l'a souligné l'Association nationale des élus du littoral (Anel), de nombreux échouements ne font l'objet d'aucune intervention. Quant au suivi de cette pollution, il repose essentiellement sur des initiatives locales, ce qui n'arrange pas les choses.
Les granulés plastiques sont utilisés comme matière première dans l'industrie pour la fabrication d'objets. Leur dispersion dans l'environnement se produit à la suite de pertes involontaires liées à des erreurs de manipulation et d'utilisation, ou à des accidents lors de leur transport par navire ou par camion - toutefois, les pollutions causées par des accidents routiers restent relativement rares. Ces granulés se retrouvent alors aux abords des sites industriels, le long des berges des cours d'eau et sur les plages, dans les milieux côtiers et marins.
Pourtant, ce type de pollution est largement évitable. La mise en place de bonnes pratiques de manipulation et de transport, tout au long de la chaîne d'approvisionnement, permet d'y remédier.
La proposition de règlement, présentée par la Commission européenne le 16 octobre 2023, vise à réduire cette pollution grâce à des mesures de prévention des pertes de granulés plastiques industriels. Elle exclut toute autre source de rejets non intentionnels de microplastiques. Ainsi, le cas des pneus est traité par le règlement Euro 7. Quant aux peintures et aux textiles synthétiques, ils relèvent, entre autres, de l'Ecodesign for Sustainable Products Regulation (ESPR), ou règlement sur l'écoconception des produits.
Cette proposition de règlement s'inscrit dans le cadre des réglementations déjà prises par l'Union européenne pour lutter contre la pollution plastique, en particulier celle des microplastiques, en cohérence avec le Pacte vert pour l'Europe. Ainsi, un objectif de réduction des microplastiques dans l'environnement de 30 % d'ici à 2030 a été fixé.
La proposition de règlement permettra de réaliser un quart des efforts en ce sens. Elle fait d'ailleurs écho aux négociations actuellement en cours en faveur d'un traité mondial pour lutter contre la pollution plastique, qui, pour l'heure, n'ont pas été conclusives.
Le texte de compromis, présenté lors de la session qui s'est tenue il y a huit jours à Busan, en Corée du Sud, prévoyait la mise en oeuvre par les parties prenantes de mesures destinées à prévenir, réduire et éliminer autant que possible les fuites et rejets de granulés plastiques dans l'environnement.
La proposition de règlement ne s'écrit pas sur une feuille vierge de tout principe ou recommandation. En effet, des recommandations de bonnes pratiques de manipulation et de transport ont déjà été formulées et adoptées x niveaux européen et international. Toutefois, leur mise en oeuvre par les opérateurs économiques et les transporteurs repose sur la bonne volonté. Il importe donc qu'un cadre plus contraignant soit adopté à l'échelon européen.
D'ailleurs, l'ensemble des parties prenantes - États membres, industriels, transporteurs et ONG - ont accueilli très favorablement la proposition de règlement ; les auditions que nous avons menées nous l'ont bien confirmé.
Les négociations au sein du Conseil européen ont commencé. Il est question d'adopter une orientation générale lors de la réunion des ministres de l'environnement, le 17 décembre prochain. Quant au Parlement européen, il s'est déjà prononcé sur cette proposition de législation, le 23 avril dernier. Les trilogues devraient donc débuter au premier semestre de l'année 2025.
Le texte vise à harmoniser et à renforcer, à l'échelon européen, les efforts de prévention déjà réalisés par l'industrie plastique et à créer des conditions de concurrence équitable entre les opérateurs économiques au sein du marché intérieur en leur imposant les mêmes mesures contraignantes.
Les mesures proposées par la Commission européenne s'inspirent de la recommandation sur les granulés plastiques industriels, adoptée en juin 2021, par les parties à la convention pour la protection du milieu marin de l'Atlantique du Nord-Est (Ospar). Elles suivent également les recommandations de l'Organisation maritime internationale (OMI), adoptées en mars 2024, et le programme européen Operation Clean Sweep (OSC), lancé en 2014 et mis en oeuvre volontairement par un certain nombre d'acteurs clés de l'industrie plasturgique.
Nous partageons l'ambition affichée par la Commission européenne de réduire les rejets non intentionnels de granulés plastiques dans l'environnement, à chaque étape de la chaîne de valeur.
Soulignons que la France a été pionnière dans l'adoption d'une législation visant à prévenir ces pertes. Pour l'instant, elle est le seul pays au monde à disposer d'un cadre juridique spécifique, depuis l'adoption de la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l'économie circulaire, dite loi Agec. Celui-ci s'applique, depuis le 1er janvier 2023, à l'ensemble des sites industriels produisant ou manipulant des granulés plastiques. Le cadre proposé par la Commission européenne s'en inspire, même s'il diffère sur certains points.
Vous le savez, l'Union européenne a placé la lutte contre la pollution plastique au coeur de ses politiques. La production plastique mondiale devrait continuer à augmenter au cours des prochaines années ; elle pourrait même tripler d'ici à 2060 si aucune mesure n'est prise. Nous le déplorons, le plastique est devenu omniprésent dans notre vie quotidienne, avec des effets significatifs sur notre environnement, en particulier sur les écosystèmes terrestres et marins, mais aussi sur la santé humaine et le climat.
Les granulés plastiques industriels sont des microplastiques dits primaires, dont les caractéristiques sont spécifiques. Ce sont des matières plastiques composées de polymères et d'additifs et commercialisées sous différentes tailles, couleurs et formes. Solides, persistants et souvent flottants, ces granulés se disséminent facilement dans l'environnement, dans les milieux aquatiques et marins, s'ils ne sont pas correctement gérés.
Une étude montre qu'ils sont majoritaires parmi les types de microplastiques les plus souvent retrouvés sur les littoraux français. Leur petite taille rend aussi leur récupération très difficile. Leur dispersion a des incidences non seulement sur les écosystèmes, puisqu'elle modifie les habitats et menace les espèces, mais aussi sur la biodiversité, les microplastiques étant ingérés par la faune. Elle affecte également la santé humaine, en contaminant la chaîne alimentaire, et contribue au changement climatique, dans la mesure où les granulés plastiques émettent des gaz à effet de serre à chaque étape de leur cycle de vie.
M. Michaël Weber, rapporteur. - Selon les données de la Commission européenne, entre 52 000 et 184 000 tonnes de granulés plastiques, soit l'équivalent de 2 100 à 7 300 chargements de camion, sont perdues annuellement au sein de l'UE. Nous ne disposons pas d'évaluation pour la France, mais nous savons que ces granulés constituent la troisième plus grande source de microplastiques non intentionnels libérés dans l'environnement en Europe, après les rejets issus de peintures et des pneumatiques.
La proposition de règlement permettrait de réduire les pertes de 54 % à 74 % par rapport à la situation de référence. Elle s'articule autour de plusieurs éléments : d'abord, elle concerne toute la chaîne d'approvisionnement ; ensuite, elle édicte une obligation générale d'éviter les pertes de granulés, ainsi qu'une obligation de certification pour les opérateurs les plus importants et de déclaration pour les autres ; enfin, elle repose sur une méthodologie harmonisée d'estimation des pertes, élaborée par des organismes de normalisation.
Il est prévu que les États membres adoptent des sanctions en cas de non-respect de ces dispositions.
La proposition de règlement pose une obligation générale de prévention des pertes de granulés plastiques pour tous les opérateurs économiques manipulant plus de 5 tonnes de granulés par an, ainsi que pour les transporteurs de l'Union européenne et des pays tiers, sans limites de seuil. Elle prévoit des procédures et des équipements spécifiques destinés à prévenir la perte et la dispersion des granulés plastiques à toutes les étapes de la chaîne d'approvisionnement.
Le texte impose également aux opérateurs économiques de mener, selon l'ordre suivant, des actions de prévention, de confinement et de nettoyage. Ils doivent ainsi élaborer, tenir à jour et communiquer un plan d'évaluation des risques par installation, avec une cartographie et une minimisation des risques, et procéder à une autodéclaration de respect des exigences auprès de l'autorité compétente de l'État membre.
Ces exigences entraîneront des coûts de mise en conformité, mais ceux-ci devraient être limités : la mise en oeuvre de meilleures pratiques de gestion est peu onéreuse par rapport au chiffre d'affaires du secteur, d'autant que cela réduira de façon significative les pertes de granulés.
Comme ils nous l'ont indiqué lors de leur audition, les industriels de la plasturgie sont largement favorables à ces mesures, car elles ont l'avantage de réduire le gaspillage de la matière première et contribuent à améliorer leur image de marque environnementale auprès d'un public aujourd'hui très sensible à ces questions.
Le seuil proposé par la Commission européenne et les exigences relatives aux bonnes pratiques, déjà respectées par un grand nombre d'entreprises européennes de la plasturgie, sont en cohérence avec la législation française. Selon nous, ce sont des critères déterminants pour atteindre l'objectif de réduction de la pollution par les microplastiques.
Il est essentiel de cibler à la fois les sites industriels les plus importants et ceux de plus petite taille, qui rencontrent parfois des difficultés dans la mise en place des bonnes pratiques de manipulation des granulés. En ce sens, nous nous félicitons que des initiatives soient prévues pour aider les petites et moyennes entreprises (PME).
En outre, nous sommes très satisfaits que la proposition de règlement intègre dans son champ d'application l'ensemble des transporteurs circulant dans l'Union européenne, ce qui n'est d'ailleurs pas le cas dans le dispositif français. Toutefois, la Commission européenne ne prévoit pas l'intégration du transport maritime.
Les discussions en cours au sein du Conseil européen sur cette restriction pourraient aboutir à des avancées positives. Compte tenu de la croissance du transport de granulés plastiques par voie maritime et des risques majeurs d'accidents en mer, il nous semble essentiel d'établir des mesures contraignantes pour ce mode de transport à l'échelon européen. Les littoraux français, y compris ceux des régions ultrapériphériques (RUP), sur lesquels pèsent aussi des menaces de fuites de granulés plastiques, bénéficieraient ainsi d'une meilleure protection.
Néanmoins, il nous semble que certaines dispositions, en s'écartant du dispositif mis en place à l'échelle nationale, atténuent la portée du texte et son ambition. La Commission européenne propose de fixer des obligations allégées pour les micros et petites entreprises ainsi que les moyennes et grandes entreprises exploitant des installations qui manipulent moins de 1 000 tonnes de granulés par an.
Ces entreprises ne seraient donc soumises à aucune obligation de certification et devraient seulement établir une autodéclaration de respect des exigences. De même, elles n'auraient ni l'obligation de procéder à des évaluations internes ni celle d'établir un programme de sensibilisation et de formation.
Le seuil d'assujettissement à l'obligation de certification nous semble trop élevé compte tenu de la structure de l'industrie plasturgique française, qui repose essentiellement sur des petites entreprises. En effet, 80 % des entreprises françaises manipulant des granulés plastiques sont des PME et 50 % d'entre elles emploient moins de dix salariés. D'après la direction générale de la prévention des risques (DGPR) du ministère de la transition écologique, le nombre d'entreprises susceptibles d'être couvertes par le règlement serait donc bien plus faible par rapport au nombre d'entreprises soumises au dispositif français.
Par ailleurs, un seuil de certification trop élevé risquerait d'augmenter la charge des autorités compétentes pour l'inspection des installations des opérateurs économiques simplement soumis à déclaration. C'est pourquoi nous recommandons de l'abaisser : il serait ainsi plus en phase avec la législation française.
En outre, nous considérons que des règles identiques doivent s'appliquer à toutes les entreprises, quelle que soit leur taille, uniquement en fonction du volume de granulés manipulés. C'est la raison pour laquelle nous ne sommes pas favorables à l'exemption de certaines obligations dont bénéficieraient les petites entreprises manipulant plus de 1 000 tonnes de granulés par an.
Au sein du Conseil européen, la France défend la possibilité de maintenir son dispositif national, le considérant plus ambitieux, en particulier en ce qui concerne les obligations imposées aux opérateurs économiques. Elle souhaiterait ne pas avoir à modifier les dispositions législatives déjà en vigueur. Elle aurait obtenu des assurances en ce sens ; l'article 193 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (TFUE) permet aux États membres d'adopter, sous certaines conditions, des mesures de protection de l'environnement plus strictes que celles qui sont édictées par l'Union européenne.
En tout état de cause, il nous semble nécessaire d'assurer un contrôle rigoureux du respect des bonnes pratiques, tout en accompagnant les entreprises dans cette démarche. C'est pourquoi nous préconisons un renforcement des exigences en matière d'autoévaluation pour les entreprises non soumises à l'obligation de certification par un tiers.
Par ailleurs, nous estimons que l'obligation d'établir un programme de sensibilisation et de formation ne saurait, en aucun cas, faire l'objet d'une exemption. La formation des personnels est un facteur essentiel pour l'application de mesures de prévention.
Nous considérons également que la définition proposée pour les granulés plastiques industriels doit couvrir toutes les formes et tailles, y compris les plus petites. Les poudres, les paillettes et les flocons devraient ainsi être concernés.
Enfin, nous proposons de renforcer les exigences en matière d'emballages. Leur robustesse contribue, en effet, à prévenir les fuites de granulés dans l'environnement, en particulier lors des accidents en mer.
Telles sont les observations que nous avons souhaité formuler ; elles sont rassemblées dans la proposition de résolution européenne que nous vous soumettons aujourd'hui. Nous sommes très sensibles à ce sujet et, selon nous, la lutte contre la pollution plastique doit être une priorité dans la conduite des politiques nationales et européennes.
M. Jean-François Rapin, président. - Je remercie la rapporteure d'avoir cité l'Anel, dont j'ai été le président entre 2012 et 2022. Je me souviens que nous avions lancé une opération à l'échelle européenne pour lutter contre la pollution des microbilles plastiques, avec les grandes navigatrices Catherine Chabaud et Maud Fontenoy. C'est la preuve que cette pollution était déjà un objet de préoccupation émergent à l'époque.
Je suis triste de constater qu'il a fallu attendre presque douze ans pour que des dispositions soient enfin proposées par la Commission européenne pour lutter contre ce fléau. Toutefois, je suis fier de savoir que nous y avons contribué et me félicite que nous soyons près de les adopter. C'est notamment pourquoi j'applaudis le travail de nos rapporteurs.
Encore une fois, il s'agit d'une pollution d'ampleur. On retrouve ces microbilles sous toutes leurs formes sur le littoral. Elles sont parfois érodées par la mer, ce qui signifie qu'elles se trouvent dans l'eau depuis très longtemps.
Mme Christine Lavarde. - Les dispositions envisagées par l'Union européenne s'appliquent-elles à tous les bateaux qui transitent dans les eaux sous gouvernance d'un État membre ? Le cas échéant, que fait-on des paquebots complètement rouillés détenus par les armateurs non européens ?
La Commission européenne défend-elle ce sujet auprès des instances internationales de régulation du transport maritime ? Il conviendrait de ne pas aboutir à un système à deux vitesses avec, d'une part, des dispositions très contraignantes pour les armateurs européens et, d'autre part, un dispositif réservé aux autres transporteurs. Si l'objectif est de préserver la qualité des eaux, il est impératif que la réglementation prévue s'applique à tout le monde.
M. Jacques Fernique. - Je constate que la proposition de règlement européen va dans le sens du dispositif français, qui est précurseur dans la lutte contre la pollution des microplastiques.
Je me réjouis que la proposition de résolution européenne recommande d'intégrer le transport maritime et de tenir compte non pas de la nature des entreprises plasturgistes, d'autant que nos entreprises sont de petite taille, mais du volume de granulés. Les programmes de formation et de sensibilisation sont nécessaires, bien évidemment. Quant à la clarification de la définition des granulés, elle permettrait de mieux combattre les dégâts constatés, notamment ceux qui sont causés par les poussières.
Quels sont les intérêts qui résistent à cette réglementation, alors qu'elle a pour seule fin de lutter contre le rejet non intentionnel d'un volume considérable de plastique dans l'environnement ? Les industriels n'ont aucun avantage à perdre ainsi de la matière. Certes, la mise en place de bonnes pratiques coûte de l'argent et suppose d'accomplir un certain nombre d'efforts. On peut donc comprendre que les transporteurs fassent parfois preuve de négligence.
L'objectif de réduire de 30 % les rejets de microplastiques d'ici à 2030 me semble bien ambitieux, d'autant que, comme vous l'avez rappelé, cette proposition ne doit permettre de parcourir qu'un quart du chemin. Nous sommes donc loin d'avoir réglé le problème !
Les négociations à Busan portaient-elles, entre autres, sur les rejets non intentionnels de microplastiques ? Force est de constater qu'elles ont été un échec puisqu'aucun accord n'a été trouvé pour réduire les trajectoires d'augmentation de la pollution plastique.
Enfin, lors de l'élaboration de la présente proposition de règlement, la question de l'échelle des sanctions a été débattue. Avez-vous des éléments à nous communiquer sur ce sujet ?
Mme Marta de Cidrac, rapporteure. - Cette proposition de règlement européen est essentiellement un texte préventif, qui vise à éviter autant que possible les déversements non intentionnels de granulés plastiques. L'ensemble des transporteurs, européens et non européens, sont bien évidemment concernés.
En tant que Français, nous sommes particulièrement sensibles à cette pollution, vu que nous possédons le deuxième plus grand espace maritime du monde, grâce à nos RUP. Par définition, de très nombreuses côtes sont concernées par le travail de l'Anel.
À l'origine, le transport maritime n'était pas inclus dans la proposition de règlement. Il a été finalement pris en compte à la demande d'un certain nombre d'États membres, dont la France, afin de prévenir la pollution en mer. La présente proposition de résolution européenne met ainsi l'accent sur notre volonté d'inclure le transport maritime.
Par ailleurs, nous nous sommes interrogés sur la nécessité d'introduire des éléments concrets dans le système de sanctions. Il est tout de suite apparu difficile d'identifier l'auteur de l'infraction de façon flagrante, même si celle-ci a été causée de manière non intentionnelle. D'où l'aspect préventif du futur règlement européen. En ce sens, nous considérons que les transporteurs devraient s'efforcer d'améliorer la qualité des emballages, afin qu'ils résistent mieux aux tempêtes, aux accidents routiers et à tout déversement non intentionnel.
M. Michaël Weber, rapporteur. - La législation française est mieux-disante par rapport à la proposition de règlement européen. La Commission européenne s'est inspirée du modèle français, notamment en ce qui concerne les exigences qui s'appliquent aux opérateurs économiques. Nous nous sommes interrogés sur les sanctions possibles et avons confronté la pertinence de l'évaluation à celle de l'autoévaluation - d'ailleurs, nous n'avons pas tout à fait tranché ce point.
Le problème principal est celui de la perte de conteneurs en mer, qui ne permet aucune traçabilité des microplastiques. Il est donc difficile de retrouver l'entreprise responsable, surtout que les microbilles se trouvent déjà en mer depuis un certain temps lorsque la pollution est constatée.
On observe, en effet, quelques résistances à la mise en place d'une nouvelle réglementation. L'amélioration des emballages, notamment, représente un coût pour les industriels. Toutefois, il serait vite amorti vu la quantité considérable de granulés plastiques perdus. Néanmoins les industriels entrent dans les discussions et acceptent les règles du jeu, même si l'on peut considérer qu'elles sont insuffisantes.
Pour rappel, la dernière grande pollution aux microbilles plastiques est survenue en mai dernier, à Langres, en Haute-Marne. Cette pollution pouvant survenir aussi bien à l'intérieur des terres que sur le littoral, nous insistons sur la nécessité de renforcer les emballages.
M. Jean-François Rapin, président. - La Commission européenne a-t-elle prévu de mettre en place des sanctions financières ?
Mme Marta de Cidrac, rapporteure. - L'ensemble des acteurs, à commencer par l'industrie de la plasturgie, se sont rendu compte qu'il était temps de lutter contre cette pollution et de faire preuve de vertu. Voilà pourquoi cette proposition de résolution européenne a été accueillie favorablement, même si tout le monde est conscient qu'elle ne permettra pas, à elle seule, de résoudre le problème.
Je le reconnais, l'objectif de réduire de 30 % la pollution des microbilles plastiques d'ici à 2030 est ambitieux, mais il ne pourra pas être atteint par ce seul règlement. Celui-ci vise surtout à alerter les acteurs sur les risques de pollution liés aux granulés plastiques et la façon dont ils peuvent être évités.
Puisque le dispositif français est mieux-disant, nous avons préconisé d'abaisser le seuil à partir duquel la certification est obligatoire, mais aussi de revoir les modalités d'exemption aux obligations afin que celles-ci s'appliquent non pas en fonction de la taille de l'entreprise, mais du volume de granulés manipulés. En effet, ce n'est pas parce qu'une entreprise est petite qu'elle n'est pas responsable de pollutions massives.
Du reste, nous avons réfléchi à mieux définir la granulométrie et avons considéré les sanctions possibles, en évoquant, sans nous prononcer, le sujet de la mise à contribution des assurances souscrites par les transporteurs. Il s'agit surtout d'infliger des amendes en fonction de la gravité du non-respect des obligations par les opérateurs et les transporteurs.
Dans la proposition de résolution européenne, nous n'introduisons pas la notion de sanction en tant que telle ; nous nous basons sur ce qui existe déjà en la matière.
M. Jean-François Rapin, président. - En France, nous n'aimons pas l'impôt fléché. Cependant, au niveau européen, nous pourrions nous poser la question de ce qui est fait des amendes. On pourrait envisager un fléchage des sanctions perçues vers le budget bénéficiant à l'environnement. Il y a peut-être un principe de non-affectation mais, parfois, l'impôt doit avoir une certaine visibilité, notamment sur un sujet sensible comme celui que nous évoquons, dont l'impact sur l'environnement est indéniable.
Mme Marta de Cidrac, rapporteure. - Nous y avons songé. Cependant, il faut replacer cette question dans un contexte global. C'est sur la production de plastique et l'augmentation de son volume qu'il nous faut être particulièrement exigeants. Ces granulés ne sont que de la matière première destinée à la plasturgie. Ce texte est important parce qu'il montre à quel point la non-intentionnalité peut aussi causer des dommages importants. Nous nous sommes inscrits dans cette démarche, qui n'est sûrement pas suffisante. L'avantage du texte est de faire consensus.
M. Christophe-André Frassa. - L'affectation des amendes existe dans notre droit et serait permise par l'Union européenne. Ce serait efficace, intelligent et intelligible, pour ceux qui les payent et pour ceux qui subissent les dommages liés aux microplastiques. Ces derniers pourraient bénéficier d'une réparation, qui passerait par un fonds dédié ou le budget pour l'environnement de l'Union. L'ensemble serait lisible - dégâts, punition, réparation - et il s'agirait d'une piste intéressante.
Mme Marta de Cidrac, rapporteure. - Dans l'état actuel du texte, je ne sais pas si nous pouvons introduire ce type de disposition. Nous nous étions posé la question puisque, quand des granulés se déversent sur nos côtes, les communes et les collectivités prennent en charge le coût des opérations de nettoyage. C'est donc le contribuable qui paye et il faut mener une réflexion sur ce sujet. Le texte est loin d'être parfait, mais il va dans le bon sens et permet d'embarquer l'ensemble des acteurs concernés.
M. Michaël Weber, rapporteur. - Le parti pris de considérer la législation française comme un exemple représente déjà un pas énorme, y compris pour les responsables des organismes que nous avons entendus, qui étaient plutôt satisfaits de la proposition européenne, y trouvant des avantages.
M. Jacques Fernique. - J'ai été frappé par l'importance des volumes estimés de ces rejets non intentionnels mais aussi par la fourchette très large : de l'équivalent de 2 100 camions à plus de 7 000. La proposition de règlement permettra-t-elle d'adopter une méthodologie valide afin de produire une estimation plus fiable de ces pertes ?
M. André Reichardt. - J'ai aussi été étonné par l'importance des volumes concernés, particulièrement par les pertes de conteneurs en mer.
Par ailleurs, avez-vous travaillé sur ce qui se passe en dehors de l'Union en la matière ?
M. Michaël Weber, rapporteur. - Nous ne nous sommes pas vraiment penchés sur ce qui se passe ailleurs.
Nous avons aussi été frappés par l'ampleur de la fourchette. Les dispositions proposées permettront de connaître un peu mieux les volumes concernés. Le suivi sera amélioré et des estimations sont prévues dans le cadre d'une méthodologie normalisée. Je précise que les conteneurs de granulés sont plutôt placés en hauteur et ont donc plus tendance à tomber, quand les bateaux sont secoués. Lors de nos auditions, nous avons appris qu'il existe des solutions faciles à mettre en oeuvre pour éviter ces pertes.
Mme Marta de Cidrac, rapporteure. - Nous n'avons pas entendu d'acteurs internationaux en tant que tels. Cependant, la méthode proposée concerne l'ensemble des opérateurs et des transporteurs au sein de l'Union européenne.
Je précise que les ONG estiment que ce texte va dans le bon sens. Se montrer immédiatement très exigeants et contraignants risque de braquer les acteurs et de nous empêcher d'avancer. Cette proposition de résolution européenne s'inscrit dans une trajectoire vertueuse, qui permettra d'autres avancées autour de cette thématique.
La commission adopte, à l'unanimité, la proposition de résolution européenne, disponible en ligne sur le site du Sénat.
Proposition de résolution
européenne sur la proposition de règlement du Parlement
européen et du Conseil relatif à la prévention des pertes
de granulés plastiques en vue de réduire la pollution par les
microplastiques Le Sénat, Vu l'article 88-4 de la Constitution, Vu l'article 192 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, Vu la recommandation 2021/06 de la Convention pour la protection du milieu marin de l'Atlantique du Nord-Est (OSPAR) sur les granulés plastiques dans le milieu marin, Vu les recommandations de l'Organisation maritime internationale (OMI) pour le transport maritime de granulés de plastique, approuvées par le Comité de la protection du milieu marin, les 18-22 mars 2024, Vu la directive 2004/35/CE du Parlement européen et du Conseil du 21 avril 2004 sur la responsabilité environnementale en ce qui concerne la prévention et la réparation des dommages environnementaux, Vu la communication de la Commission au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et social européen et au Comité des régions intitulée « Une stratégie européenne sur les matières plastiques dans une économie circulaire », COM(2018) 028 final, Vu la communication de la Commission au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et social européen et au Comité des régions intitulée « Le pacte vert pour l'Europe », COM(2019) 640 final, Vu la communication de la Commission au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et social européen et au Comité des régions intitulée « Un nouveau plan d'action pour une économie circulaire - Pour une Europe plus propre et plus compétitive », COM(2020) 98 final, Vu la communication de la Commission au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et social européen et au Comité des régions intitulée « Cap sur une planète en bonne santé pour tous. Plan d'action de l'UE : Vers une pollution zéro dans l'air, l'eau et les sols », COM(2021) 400 final, Vu la communication de la Commission au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et social européen et au Comité des régions du 17 novembre 2021 intitulée « Stratégie de l'UE pour la protection des sols à l'horizon 2030 - Récolter les fruits de sols en bonne santé pour les êtres humains, l'alimentation, la nature et le climat », COM(2021) 699 final, Vu la directive 94/62/CE du Parlement européen et du Conseil du 20 décembre 1994 relative aux emballages et aux déchets d'emballages, Vu la directive 2008/56/CE du Parlement européen et du Conseil du 17 juin 2008 établissant un cadre d'action communautaire dans le domaine de la politique pour le milieu marin, Vu la directive 2008/98/CE du Parlement européen et du Conseil du 19 novembre 2008 relative aux déchets et abrogeant certaines directives, Vu la directive 2010/75/UE du Parlement européen et du Conseil du 24 novembre 2010 relative aux émissions industrielles (prévention et réduction intégrées de la pollution), Vu la directive (UE) 2019/904 du Parlement européen et du Conseil du 5 juin 2019 relative à la réduction de l'incidence de certains produits en plastique sur l'environnement, Vu le règlement (UE) de la Commission modifiant l'annexe XVII du règlement (CE) n° 1907/2006 du Parlement européen et du Conseil concernant l'enregistrement, l'évaluation et l'autorisation des substances chimiques, ainsi que les restrictions applicables à ces substances (REACH), en ce qui concerne les microparticules de polymère synthétique, Vu le règlement (UE) 2024/1781 du Parlement européen et du Conseil du 13 juin 2024 établissant un cadre pour la fixation d'exigences en matière d'écoconception pour des produits durables, modifiant la directive (UE) 2020/1828 et le règlement (UE) 2023/1542 et abrogeant la directive 2009/125/CE, Vu la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil relatif à la réception par type des véhicules à moteur et de leurs moteurs, ainsi que des systèmes, des composants et des entités techniques distinctes destinés à ces véhicules, en ce qui concerne leurs émissions et la durabilité de leurs batteries (Euro 7), et abrogeant les règlements (CE) n 715/2007 et (CE) n 595/2009, COM(2022) 586 final, Vu la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil relatif à la prévention des pertes de granulés plastiques en vue de réduire la pollution par les microplastiques, COM(2023) 645 final, Vu la loi n° 2020-105 du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l'économie circulaire, en particulier son article 83, Vu le décret n° 2021-461 du 16 avril 2021 relatif à la prévention des pertes de granulés de plastiques industriels dans l'environnement, Vu la proposition de loi du Sénat n° 164 (2020-2021) visant à lutter contre le plastique, présentée par Mme Angèle PRÉVILLE et plusieurs de ses collègues, déposée le 30 novembre 2020, Vu le rapport d'information du Sénat n° 217 (2020-2021) de Mme Angèle PRÉVILLE, sénatrice, et de M. Philippe BOLO, député, fait au nom de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques, « Pollution plastique : une bombe à retardement ? », déposé le 10 décembre 2020, Vu le rapport du Sénat n° 411 (2020-2021) de Mme Martine FILLEUL, fait au nom de la commission de l'aménagement du territoire et du développement durable, sur la proposition de loi visant à lutter contre les plastiques, déposé le 3 mars 2021, Vu la résolution européenne du Sénat n° 635 (2022-2023) du 24 mai 2023 sur la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil relatif à la réception par type des véhicules à moteur et de leurs moteurs, ainsi que des systèmes, des composants et des entités techniques distinctes destinés à ces véhicules, en ce qui concerne leurs émissions et la durabilité de leurs batteries (Euro 7), et abrogeant les règlements (CE) n° 715/2007 et (CE) n° 595/2009, COM(2022) 586 final, Vu la résolution européenne du Sénat n° 146 (2023-2024) du 5 juillet 2024 sur la proposition de directive du Parlement européen et du Conseil relative à la surveillance et à la résilience des sols (directive sur la surveillance des sols), COM(2023) 416 final, Vu le rapport d'information du Sénat n° 141 (2024-2025) de M. Philippe BOLO, député, fait au nom de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques, sur les impacts des plastiques sur la santé humaine, déposé le 14 novembre 2024, Concernant l'objectif global de la proposition de règlement Considérant que les microplastiques constituent une source importante de pollution de l'environnement, et que les rejets non intentionnels de granulés de plastiques représentent la troisième source de pollution par les microplastiques primaires dans l'Union européenne ; Considérant que les granulés plastiques disséminés dans les milieux aquatiques et terrestres sont susceptibles de causer des dommages significatifs à la biodiversité, aux écosystèmes, à la chaîne alimentaire ainsi qu'au climat et à la santé humaine ; Considérant que la pollution des littoraux et des milieux marins a des incidences négatives sur les activités économiques des zones côtières telles que l'agriculture, la pêche ou le tourisme, et que les collectivités territoriales disposent de moyens et de ressources financières limités pour faire face à ce type de pollution ; Considérant que cette source de pollution, une fois produite, est très difficile à traiter et à éliminer en raison de la petite taille, de la facilité de dispersion et de la persistance dans l'environnement des granulés de plastique ; Considérant que l'Union européenne s'est fixé un objectif de réduction de la pollution par les microplastiques de 30 % d'ici à 2030 dans le cadre du plan d'action « zéro pollution », et que les mesures proposées par la Commission européenne concernant les pertes de granulés de plastique dans l'environnement devraient contribuer à hauteur d'un quart de cet objectif ; Soutient l'objectif de prévenir et réduire la pollution par les microplastiques dans l'environnement et la nécessité de prendre des mesures efficaces pour prévenir les pertes et les fuites de granulés plastiques industriels dans l'environnement tout au long de la chaîne d'approvisionnement ; Considère que les dispositions proposées par la Commission sont de nature à créer un cadre favorable à la prévention et à la réduction de la pollution par les microplastiques dans l'environnement ; Rappelle son soutien au principe du pollueur-payeur et déplore que les collectivités territoriales soient le plus souvent contraintes d'assumer le coût du nettoyage et des dommages causés localement en raison des difficultés à identifier le pollueur, en particulier dans le cas des pertes de conteneurs de granulés plastiques en mer ; Demande une meilleure prise en compte du coût que représente la réparation des dommages causés à l'environnement par la pollution, en particulier des plastiques et microplastiques ; Souligne la nécessité d'aboutir à la signature d'un traité mondial sur la pollution par les plastiques, qui incluent les microplastiques, afin notamment d'impliquer l'ensemble des pays et acteurs du secteur de la plasturgie dans la prévention des pertes de granulés de plastique dans l'environnement ; Concernant l'approche générale retenue par la Commission européenne dans la proposition de règlement Considérant que les rejets dans l'environnement de granulés de plastique résultent, d'une part, de pertes opérationnelles liées à de mauvaises manipulations le long de la chaîne de production et d'utilisation et, d'autre part, de pertes accidentelles lors de leur transport, qu'il soit terrestre, ferroviaire ou maritime, et sont donc évitables par la mise en oeuvre de mesures de prévention ; Considérant les règles déjà adoptées par l'Union européenne pour réduire la dispersion des microplastiques dans l'environnement ; Considérant que la Commission européenne propose de les compléter en instaurant une obligation générale de prévention des pertes de granulés de plastique pour l'ensemble des opérateurs économiques, les transporteurs de l'UE et les transporteurs de pays tiers ; Considérant que la proposition de règlement européen s'appuie sur les recommandations déjà adoptées par la Convention pour la protection de l'environnement maritime de l'Atlantique Nord-Est (OSPAR) et de l'organisation maritime internationale (OMI), qui visent à lutter contre la pollution plastique des milieux marins et prévenir les déversements accidentels de granulés plastiques en mer ; Considérant que l'approche retenue par la Commission européenne est largement inspirée par la législation adoptée par la France, dans le cadre de la loi du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l'économie circulaire, qui instaure un dispositif spécifique afin de prévenir les pertes non-intentionnelles de granulés de plastique dans l'environnement ; Approuve l'initiative de la Commission européenne visant à établir un cadre réglementaire harmonisé concernant l'ensemble des activités liées à l'utilisation de granulés de plastique, que ce soit la production, le chargement, la manutention, le stockage, le recyclage ou le transport ; Estime que l'harmonisation des règles au niveau européen est essentielle pour garantir une protection plus efficace de l'environnement et des conditions de concurrence équitables entre opérateurs au sein du marché intérieur de l'UE ; Salue le fait que la proposition de règlement prévoit des obligations applicables, comme dans le dispositif français, à tous les opérateurs économiques manipulant plus de cinq tonnes de granulés de plastique industriels par an et prévoit des exigences équivalentes pour les transporteurs européens et ceux de pays tiers ; Concernant l'intégration du secteur maritime au champ d'application du règlement Considérant que les déversements accidentels de granulés de plastique dans l'environnement se produisent le plus souvent lors de leur transport, en particulier par voie maritime, et que le transport maritime est un acteur important de la chaîne d'approvisionnement des granulés de plastique dans l'Union européenne ; Considérant que la perte de conteneurs en mer représente une source grave de pollution marine, avec des répercussions néfastes sur les écosystèmes marins et qu'il est difficile, dans la plupart des cas, d'en établir les responsabilités, comme l'illustrent les récents épisodes de déversement de granulés sur les plages françaises et espagnoles ; Considérant l'absence de cadre règlementaire contraignant pour le secteur du transport maritime qui représente pourtant plus des deux tiers du transport de marchandises dans l'Union européenne et dont l'activité devrait continuer de croître ; Estime nécessaire que le champ d'application du règlement soit étendu à tous les modes de transport, y compris maritime, en l'absence de recommandations contraignantes établies par l'Organisation maritime internationale, dans le respect du droit international ; Préconise que les dispositions du règlement s'appliquent à l'ensemble des navires à destination ou au départ de ports européens, indépendamment de leur pavillon ; Souligne que l'inclusion du transport maritime dans le champ du règlement permettra de contribuer à une meilleure protection des zones géographiques maritimes, notamment autour des régions ultrapériphériques (RUP), qui sont les plus exposées aux risques de pollution liée aux fuites de granulés de plastiques ; Concernant les exigences applicables aux entreprises du secteur de la plasturgie Considérant que les transformateurs et fabricants européens des plastiques sont déjà engagés dans des actions de prévention des pertes et fuites de granulés de plastique, notamment dans le cadre du programme « Operation Clean Sweep » ; Se félicite que les exigences proposées par la Commission européenne s'inspirent des principes et méthodes déjà mis en oeuvre par les opérateurs économiques de la plasturgie sur la base du volontariat ; Estime cependant nécessaire de rendre juridiquement contraignantes les recommandations élaborées par les parties à la Convention pour la protection du milieu marin de l'Atlantique du Nord-Est (OSPAR) et à l'OMI au niveau européen ; Fait valoir que les coûts de mise en conformité pour les acteurs du secteur devraient être limités en raison des mesures qu'ils ont déjà mises en place et du gain économique que la réduction des pertes de granulés devrait représenter pour eux ; Concernant les exigences allégées pour les petites et moyennes entreprises Considérant que la Commission européenne prévoit un allégement de certaines dispositions, en particulier l'obligation de certification par un tiers au profit de l'auto-déclaration, pour les petites entreprises ainsi que pour les moyennes et grandes entreprises manipulant moins de 1 000 tonnes de granulés de plastique par an ; Considérant que l'article 193 du traité de fonctionnement de l'Union européenne ne fait pas obstacle à l'adoption par les États membres de mesures de protection environnementale plus strictes que celles prévues par la règlementation européenne ; Considérant que le secteur de la plasturgie en France est principalement composé de petites et moyennes entreprises ; Doute de l'opportunité, sur le plan opérationnel et compte tenu des considérations environnementales, des exemptions envisagées par la Commission européenne, susceptibles de bénéficier à des opérateurs économiques manipulant des volumes importants de granulés plastiques et d'éviter donc certaines obligations à un nombre important d'entreprises en France ; Estime que la taille de l'entreprise ne doit pas être un critère déterminant pour l'application des obligations posées par la proposition de la Commission européenne et appelle à retenir le volume de granulés manipulés annuellement comme seul critère ; Propose que les exemptions aux obligations de certification, d'évaluations internes, de réunions de gestion et de réalisation d'un programme de sensibilisation et de formation soient mieux encadrées ; Demande à cet égard que les petites entreprises manipulant plus de 1 000 tonnes de granulés par an ne soient pas exemptées desdites obligations ; Considère, en tout état de cause, que le seuil d'assujettissement à l'obligation de certification que la Commission propose de fixer à 1 000 tonnes de granulés manipulés par an, apparaît trop élevé compte tenu des enjeux environnementaux, et préconise de l'abaisser à un niveau plus proche de celui retenu en droit français ; Recommande que le règlement européen reprenne les dispositions du dispositif déjà mis en oeuvre par la France, et prévoie en particulier son application à l'ensemble des opérateurs économiques manipulant plus de 5 tonnes de granulés plastiques par an ; Souligne qu'un contrôle rigoureux est nécessaire pour s'assurer du respect des exigences en matière de pertes et fuites de granulés de plastiques et rappelle, à ce titre, le rôle et l'importance des inspections régulières par les autorités compétentes ; Préconise un renforcement du contrôle du respect des exigences pour les entreprises soumises à l'auto-déclaration, qui pourrait notamment être assuré dans le cadre d'un audit externe ; Recommande de renforcer les opérations d'inspection sur les sites industriels afin de vérifier le respect des dispositions du règlement ; Estime nécessaire que l'ensemble des exploitants et du personnel impliqués dans la manipulation des granulés plastiques soient formés aux bonnes pratiques, à la gestion des déversements et au respect des règles et que, par conséquent, l'obligation d'établir un programme de sensibilisation et de formation s'applique à l'ensemble des entreprises relevant du champ d'application du règlement ; Concernant la définition des granulés de plastique et l'élaboration de bonnes pratiques de gestion Considérant la nécessité de maintenir un haut niveau d'exigences en matière de prévention des pertes de granulés de plastiques dans l'environnement ; Considérant les risques de fuite de granulés plastiques dans l'environnement, en particulier en mer, que ce soit dans des conditions normales de transport, en cas d'intempéries météorologiques ou d'accidents, et leurs incidences négatives ; Demande que la définition des granulés de plastique industriels soit suffisamment précise pour inclure toutes les formes et tailles de granulés de plastique industriels, y compris les plus petites que sont les poudres, les paillettes et les flocons ; Préconise l'application des mesures établies par l'Organisation maritime internationale concernant le protocole d'étiquetage et de notification pour les conteneurs de granulés plastiques, ainsi que le renforcement des exigences en matière d'emballage ; Estime que l'interdiction du transport en vrac devrait faire l'objet de travaux dans le cadre de l'Organisation maritime internationale ; Invite le Gouvernement à défendre cette position au sein du Conseil de l'Union européenne. |
Examen dans le cadre de l'article 88-4 de la Constitution
Texte déposé au Sénat le 23/11/2023Ce texte a fait l'objet de la proposition de résolution : Proposition de résolution européenne sur la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil relatif à la prévention des pertes de granulés plastiques en vue de réduire la pollution par les microplastiques - COM(2023) 645 final (2024-2025) : voir le dossier legislatif
Proposition de
règlement du Parlement européen et du Conseil relatif à la
prévention des pertes de granulés plastiques en vue de
réduire la pollution par les microplastiques
COM(2023) 645 final-
Texte E18346
Compte rendu de la réunion de la commission des affaires européennes du 11 mercredi 11 décembre 2024
Pollution due aux rejets de granulés de plastique - Examen de la proposition de résolution européenne de Mme Marta de Cidrac et M. Michaël Weber
M. Jean-François Rapin, président. - Avant de procéder à l'examen de la proposition de résolution européenne visant à lutter contre la pollution due au rejet de granulés de plastique, je veux souhaiter la bienvenue à Sophie Briante Guillemont, qui est désormais membre de notre commission.
Le Gouvernement est tombé, mais nous poursuivons nos travaux, car l'Union européenne, elle, se remet en ordre de marche et reprend son activité. Le Conseil européen doit se réunir dans huit jours. Nous avions d'ailleurs prévu d'organiser un débat préalable demain, en séance, mais les travaux de notre assemblée ont été ajournés.
Pour rappel, les ministres démissionnaires ne peuvent être entendus au Parlement qu'à titre exceptionnel, lorsque la continuité de l'État est en jeu. Cela justifie donc la présence, ce jour, des ministres Armand et Saint-Martin devant la commission des finances du Sénat, en vue de l'examen du projet de loi spéciale.
Nous ne pourrons donc pas recevoir le ministre chargé de l'Europe, les conditions de démission du Gouvernement suivant l'adoption d'une motion de censure n'étant pas les mêmes qu'après la dissolution de l'Assemblée nationale en juin.
Nous avons bien tenté de trouver une autre modalité pour débattre du prochain Conseil européen. Nous avons ainsi sollicité le Représentant permanent de la France auprès de l'Union européenne, mais il est retenu au Conseil Justice et affaires intérieures (JAI), qui doit avoir lieu demain.
Le débat préalable au Conseil européen ne pourra donc pas se tenir, ce que je regrette. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle notre réunion de commission prévue demain a été déplacée à cet après-midi. Je vous prie de bien vouloir nous excuser pour cette modification de dernière minute, mais nous sommes contraints par la situation politique actuelle, qui évolue au jour le jour. Aussi, je vous demanderai d'être prudents quant à l'organisation de nos travaux la semaine prochaine.
Au sein du Conseil de l'Union européenne, les négociations avancent. Les États membres pourraient très prochainement parvenir à un accord sur une proposition législative de la Commission européenne visant à lutter contre la pollution due au rejet de granulés plastiques.
Cette lutte s'inscrit dans la stratégie d'ensemble de l'Union européenne pour réagir à la dégradation qu'a trop longtemps fait subir à notre environnement une évolution mal maîtrisée de nos modes de consommation et de production.
La présente proposition de résolution européenne porte sur la pollution résultant de microbilles, appelées aussi « larmes de sirène », qui s'échouent sur nos littoraux. Difficiles à ramasser, ces petits grains destinés à la production d'objets en plastique proviennent en grande partie de conteneurs perdus en mer par les cargos. Dans mon département, le Pas-de-Calais, nous les retrouvons très souvent sur nos plages, en vrac ou parfois dans des sacs arrachés.
D'après les estimations de la Commission européenne, jusqu'à 184 300 tonnes de granulés plastiques se sont échappées dans la nature en Europe, en 2019. Je remercie nos deux rapporteurs, Marta de Cidrac et Michaël Weber, d'avoir travaillé à nous éclairer sur cette proposition de règlement européen, mise sur la table il y a un an pour tenter de remédier à ce fléau.
Mme Marta de Cidrac, rapporteure. - Au cours des dernières années, nous avons constaté la multiplication de « marées blanches », celles par lesquelles des microbilles de plastique s'échouent sur les plages de la façade atlantique française et espagnole, du Finistère à la Gironde, en passant par la Galice. Ces granulés s'échappent très certainement de conteneurs perdus en mer par des navires.
Une telle pollution est difficile à traiter et il n'est pas aisé d'en retrouver les responsables. Elle cause des dommages importants à l'écosystème côtier et affecte directement l'attractivité des sites touristiques et les activités socioéconomiques des zones touchées.
Les opérations de nettoyage sont le plus souvent assurées par les collectivités territoriales, qui disposent de moyens humains et financiers insuffisants. Ainsi, comme l'a souligné l'Association nationale des élus du littoral (Anel), de nombreux échouements ne font l'objet d'aucune intervention. Quant au suivi de cette pollution, il repose essentiellement sur des initiatives locales, ce qui n'arrange pas les choses.
Les granulés plastiques sont utilisés comme matière première dans l'industrie pour la fabrication d'objets. Leur dispersion dans l'environnement se produit à la suite de pertes involontaires liées à des erreurs de manipulation et d'utilisation, ou à des accidents lors de leur transport par navire ou par camion - toutefois, les pollutions causées par des accidents routiers restent relativement rares. Ces granulés se retrouvent alors aux abords des sites industriels, le long des berges des cours d'eau et sur les plages, dans les milieux côtiers et marins.
Pourtant, ce type de pollution est largement évitable. La mise en place de bonnes pratiques de manipulation et de transport, tout au long de la chaîne d'approvisionnement, permet d'y remédier.
La proposition de règlement, présentée par la Commission européenne le 16 octobre 2023, vise à réduire cette pollution grâce à des mesures de prévention des pertes de granulés plastiques industriels. Elle exclut toute autre source de rejets non intentionnels de microplastiques. Ainsi, le cas des pneus est traité par le règlement Euro 7. Quant aux peintures et aux textiles synthétiques, ils relèvent, entre autres, de l'Ecodesign for Sustainable Products Regulation (ESPR), ou règlement sur l'écoconception des produits.
Cette proposition de règlement s'inscrit dans le cadre des réglementations déjà prises par l'Union européenne pour lutter contre la pollution plastique, en particulier celle des microplastiques, en cohérence avec le Pacte vert pour l'Europe. Ainsi, un objectif de réduction des microplastiques dans l'environnement de 30 % d'ici à 2030 a été fixé.
La proposition de règlement permettra de réaliser un quart des efforts en ce sens. Elle fait d'ailleurs écho aux négociations actuellement en cours en faveur d'un traité mondial pour lutter contre la pollution plastique, qui, pour l'heure, n'ont pas été conclusives.
Le texte de compromis, présenté lors de la session qui s'est tenue il y a huit jours à Busan, en Corée du Sud, prévoyait la mise en oeuvre par les parties prenantes de mesures destinées à prévenir, réduire et éliminer autant que possible les fuites et rejets de granulés plastiques dans l'environnement.
La proposition de règlement ne s'écrit pas sur une feuille vierge de tout principe ou recommandation. En effet, des recommandations de bonnes pratiques de manipulation et de transport ont déjà été formulées et adoptées x niveaux européen et international. Toutefois, leur mise en oeuvre par les opérateurs économiques et les transporteurs repose sur la bonne volonté. Il importe donc qu'un cadre plus contraignant soit adopté à l'échelon européen.
D'ailleurs, l'ensemble des parties prenantes - États membres, industriels, transporteurs et ONG - ont accueilli très favorablement la proposition de règlement ; les auditions que nous avons menées nous l'ont bien confirmé.
Les négociations au sein du Conseil européen ont commencé. Il est question d'adopter une orientation générale lors de la réunion des ministres de l'environnement, le 17 décembre prochain. Quant au Parlement européen, il s'est déjà prononcé sur cette proposition de législation, le 23 avril dernier. Les trilogues devraient donc débuter au premier semestre de l'année 2025.
Le texte vise à harmoniser et à renforcer, à l'échelon européen, les efforts de prévention déjà réalisés par l'industrie plastique et à créer des conditions de concurrence équitable entre les opérateurs économiques au sein du marché intérieur en leur imposant les mêmes mesures contraignantes.
Les mesures proposées par la Commission européenne s'inspirent de la recommandation sur les granulés plastiques industriels, adoptée en juin 2021, par les parties à la convention pour la protection du milieu marin de l'Atlantique du Nord-Est (Ospar). Elles suivent également les recommandations de l'Organisation maritime internationale (OMI), adoptées en mars 2024, et le programme européen Operation Clean Sweep (OSC), lancé en 2014 et mis en oeuvre volontairement par un certain nombre d'acteurs clés de l'industrie plasturgique.
Nous partageons l'ambition affichée par la Commission européenne de réduire les rejets non intentionnels de granulés plastiques dans l'environnement, à chaque étape de la chaîne de valeur.
Soulignons que la France a été pionnière dans l'adoption d'une législation visant à prévenir ces pertes. Pour l'instant, elle est le seul pays au monde à disposer d'un cadre juridique spécifique, depuis l'adoption de la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l'économie circulaire, dite loi Agec. Celui-ci s'applique, depuis le 1er janvier 2023, à l'ensemble des sites industriels produisant ou manipulant des granulés plastiques. Le cadre proposé par la Commission européenne s'en inspire, même s'il diffère sur certains points.
Vous le savez, l'Union européenne a placé la lutte contre la pollution plastique au coeur de ses politiques. La production plastique mondiale devrait continuer à augmenter au cours des prochaines années ; elle pourrait même tripler d'ici à 2060 si aucune mesure n'est prise. Nous le déplorons, le plastique est devenu omniprésent dans notre vie quotidienne, avec des effets significatifs sur notre environnement, en particulier sur les écosystèmes terrestres et marins, mais aussi sur la santé humaine et le climat.
Les granulés plastiques industriels sont des microplastiques dits primaires, dont les caractéristiques sont spécifiques. Ce sont des matières plastiques composées de polymères et d'additifs et commercialisées sous différentes tailles, couleurs et formes. Solides, persistants et souvent flottants, ces granulés se disséminent facilement dans l'environnement, dans les milieux aquatiques et marins, s'ils ne sont pas correctement gérés.
Une étude montre qu'ils sont majoritaires parmi les types de microplastiques les plus souvent retrouvés sur les littoraux français. Leur petite taille rend aussi leur récupération très difficile. Leur dispersion a des incidences non seulement sur les écosystèmes, puisqu'elle modifie les habitats et menace les espèces, mais aussi sur la biodiversité, les microplastiques étant ingérés par la faune. Elle affecte également la santé humaine, en contaminant la chaîne alimentaire, et contribue au changement climatique, dans la mesure où les granulés plastiques émettent des gaz à effet de serre à chaque étape de leur cycle de vie.
M. Michaël Weber, rapporteur. - Selon les données de la Commission européenne, entre 52 000 et 184 000 tonnes de granulés plastiques, soit l'équivalent de 2 100 à 7 300 chargements de camion, sont perdues annuellement au sein de l'UE. Nous ne disposons pas d'évaluation pour la France, mais nous savons que ces granulés constituent la troisième plus grande source de microplastiques non intentionnels libérés dans l'environnement en Europe, après les rejets issus de peintures et des pneumatiques.
La proposition de règlement permettrait de réduire les pertes de 54 % à 74 % par rapport à la situation de référence. Elle s'articule autour de plusieurs éléments : d'abord, elle concerne toute la chaîne d'approvisionnement ; ensuite, elle édicte une obligation générale d'éviter les pertes de granulés, ainsi qu'une obligation de certification pour les opérateurs les plus importants et de déclaration pour les autres ; enfin, elle repose sur une méthodologie harmonisée d'estimation des pertes, élaborée par des organismes de normalisation.
Il est prévu que les États membres adoptent des sanctions en cas de non-respect de ces dispositions.
La proposition de règlement pose une obligation générale de prévention des pertes de granulés plastiques pour tous les opérateurs économiques manipulant plus de 5 tonnes de granulés par an, ainsi que pour les transporteurs de l'Union européenne et des pays tiers, sans limites de seuil. Elle prévoit des procédures et des équipements spécifiques destinés à prévenir la perte et la dispersion des granulés plastiques à toutes les étapes de la chaîne d'approvisionnement.
Le texte impose également aux opérateurs économiques de mener, selon l'ordre suivant, des actions de prévention, de confinement et de nettoyage. Ils doivent ainsi élaborer, tenir à jour et communiquer un plan d'évaluation des risques par installation, avec une cartographie et une minimisation des risques, et procéder à une autodéclaration de respect des exigences auprès de l'autorité compétente de l'État membre.
Ces exigences entraîneront des coûts de mise en conformité, mais ceux-ci devraient être limités : la mise en oeuvre de meilleures pratiques de gestion est peu onéreuse par rapport au chiffre d'affaires du secteur, d'autant que cela réduira de façon significative les pertes de granulés.
Comme ils nous l'ont indiqué lors de leur audition, les industriels de la plasturgie sont largement favorables à ces mesures, car elles ont l'avantage de réduire le gaspillage de la matière première et contribuent à améliorer leur image de marque environnementale auprès d'un public aujourd'hui très sensible à ces questions.
Le seuil proposé par la Commission européenne et les exigences relatives aux bonnes pratiques, déjà respectées par un grand nombre d'entreprises européennes de la plasturgie, sont en cohérence avec la législation française. Selon nous, ce sont des critères déterminants pour atteindre l'objectif de réduction de la pollution par les microplastiques.
Il est essentiel de cibler à la fois les sites industriels les plus importants et ceux de plus petite taille, qui rencontrent parfois des difficultés dans la mise en place des bonnes pratiques de manipulation des granulés. En ce sens, nous nous félicitons que des initiatives soient prévues pour aider les petites et moyennes entreprises (PME).
En outre, nous sommes très satisfaits que la proposition de règlement intègre dans son champ d'application l'ensemble des transporteurs circulant dans l'Union européenne, ce qui n'est d'ailleurs pas le cas dans le dispositif français. Toutefois, la Commission européenne ne prévoit pas l'intégration du transport maritime.
Les discussions en cours au sein du Conseil européen sur cette restriction pourraient aboutir à des avancées positives. Compte tenu de la croissance du transport de granulés plastiques par voie maritime et des risques majeurs d'accidents en mer, il nous semble essentiel d'établir des mesures contraignantes pour ce mode de transport à l'échelon européen. Les littoraux français, y compris ceux des régions ultrapériphériques (RUP), sur lesquels pèsent aussi des menaces de fuites de granulés plastiques, bénéficieraient ainsi d'une meilleure protection.
Néanmoins, il nous semble que certaines dispositions, en s'écartant du dispositif mis en place à l'échelle nationale, atténuent la portée du texte et son ambition. La Commission européenne propose de fixer des obligations allégées pour les micros et petites entreprises ainsi que les moyennes et grandes entreprises exploitant des installations qui manipulent moins de 1 000 tonnes de granulés par an.
Ces entreprises ne seraient donc soumises à aucune obligation de certification et devraient seulement établir une autodéclaration de respect des exigences. De même, elles n'auraient ni l'obligation de procéder à des évaluations internes ni celle d'établir un programme de sensibilisation et de formation.
Le seuil d'assujettissement à l'obligation de certification nous semble trop élevé compte tenu de la structure de l'industrie plasturgique française, qui repose essentiellement sur des petites entreprises. En effet, 80 % des entreprises françaises manipulant des granulés plastiques sont des PME et 50 % d'entre elles emploient moins de dix salariés. D'après la direction générale de la prévention des risques (DGPR) du ministère de la transition écologique, le nombre d'entreprises susceptibles d'être couvertes par le règlement serait donc bien plus faible par rapport au nombre d'entreprises soumises au dispositif français.
Par ailleurs, un seuil de certification trop élevé risquerait d'augmenter la charge des autorités compétentes pour l'inspection des installations des opérateurs économiques simplement soumis à déclaration. C'est pourquoi nous recommandons de l'abaisser : il serait ainsi plus en phase avec la législation française.
En outre, nous considérons que des règles identiques doivent s'appliquer à toutes les entreprises, quelle que soit leur taille, uniquement en fonction du volume de granulés manipulés. C'est la raison pour laquelle nous ne sommes pas favorables à l'exemption de certaines obligations dont bénéficieraient les petites entreprises manipulant plus de 1 000 tonnes de granulés par an.
Au sein du Conseil européen, la France défend la possibilité de maintenir son dispositif national, le considérant plus ambitieux, en particulier en ce qui concerne les obligations imposées aux opérateurs économiques. Elle souhaiterait ne pas avoir à modifier les dispositions législatives déjà en vigueur. Elle aurait obtenu des assurances en ce sens ; l'article 193 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (TFUE) permet aux États membres d'adopter, sous certaines conditions, des mesures de protection de l'environnement plus strictes que celles qui sont édictées par l'Union européenne.
En tout état de cause, il nous semble nécessaire d'assurer un contrôle rigoureux du respect des bonnes pratiques, tout en accompagnant les entreprises dans cette démarche. C'est pourquoi nous préconisons un renforcement des exigences en matière d'autoévaluation pour les entreprises non soumises à l'obligation de certification par un tiers.
Par ailleurs, nous estimons que l'obligation d'établir un programme de sensibilisation et de formation ne saurait, en aucun cas, faire l'objet d'une exemption. La formation des personnels est un facteur essentiel pour l'application de mesures de prévention.
Nous considérons également que la définition proposée pour les granulés plastiques industriels doit couvrir toutes les formes et tailles, y compris les plus petites. Les poudres, les paillettes et les flocons devraient ainsi être concernés.
Enfin, nous proposons de renforcer les exigences en matière d'emballages. Leur robustesse contribue, en effet, à prévenir les fuites de granulés dans l'environnement, en particulier lors des accidents en mer.
Telles sont les observations que nous avons souhaité formuler ; elles sont rassemblées dans la proposition de résolution européenne que nous vous soumettons aujourd'hui. Nous sommes très sensibles à ce sujet et, selon nous, la lutte contre la pollution plastique doit être une priorité dans la conduite des politiques nationales et européennes.
M. Jean-François Rapin, président. - Je remercie la rapporteure d'avoir cité l'Anel, dont j'ai été le président entre 2012 et 2022. Je me souviens que nous avions lancé une opération à l'échelle européenne pour lutter contre la pollution des microbilles plastiques, avec les grandes navigatrices Catherine Chabaud et Maud Fontenoy. C'est la preuve que cette pollution était déjà un objet de préoccupation émergent à l'époque.
Je suis triste de constater qu'il a fallu attendre presque douze ans pour que des dispositions soient enfin proposées par la Commission européenne pour lutter contre ce fléau. Toutefois, je suis fier de savoir que nous y avons contribué et me félicite que nous soyons près de les adopter. C'est notamment pourquoi j'applaudis le travail de nos rapporteurs.
Encore une fois, il s'agit d'une pollution d'ampleur. On retrouve ces microbilles sous toutes leurs formes sur le littoral. Elles sont parfois érodées par la mer, ce qui signifie qu'elles se trouvent dans l'eau depuis très longtemps.
Mme Christine Lavarde. - Les dispositions envisagées par l'Union européenne s'appliquent-elles à tous les bateaux qui transitent dans les eaux sous gouvernance d'un État membre ? Le cas échéant, que fait-on des paquebots complètement rouillés détenus par les armateurs non européens ?
La Commission européenne défend-elle ce sujet auprès des instances internationales de régulation du transport maritime ? Il conviendrait de ne pas aboutir à un système à deux vitesses avec, d'une part, des dispositions très contraignantes pour les armateurs européens et, d'autre part, un dispositif réservé aux autres transporteurs. Si l'objectif est de préserver la qualité des eaux, il est impératif que la réglementation prévue s'applique à tout le monde.
M. Jacques Fernique. - Je constate que la proposition de règlement européen va dans le sens du dispositif français, qui est précurseur dans la lutte contre la pollution des microplastiques.
Je me réjouis que la proposition de résolution européenne recommande d'intégrer le transport maritime et de tenir compte non pas de la nature des entreprises plasturgistes, d'autant que nos entreprises sont de petite taille, mais du volume de granulés. Les programmes de formation et de sensibilisation sont nécessaires, bien évidemment. Quant à la clarification de la définition des granulés, elle permettrait de mieux combattre les dégâts constatés, notamment ceux qui sont causés par les poussières.
Quels sont les intérêts qui résistent à cette réglementation, alors qu'elle a pour seule fin de lutter contre le rejet non intentionnel d'un volume considérable de plastique dans l'environnement ? Les industriels n'ont aucun avantage à perdre ainsi de la matière. Certes, la mise en place de bonnes pratiques coûte de l'argent et suppose d'accomplir un certain nombre d'efforts. On peut donc comprendre que les transporteurs fassent parfois preuve de négligence.
L'objectif de réduire de 30 % les rejets de microplastiques d'ici à 2030 me semble bien ambitieux, d'autant que, comme vous l'avez rappelé, cette proposition ne doit permettre de parcourir qu'un quart du chemin. Nous sommes donc loin d'avoir réglé le problème !
Les négociations à Busan portaient-elles, entre autres, sur les rejets non intentionnels de microplastiques ? Force est de constater qu'elles ont été un échec puisqu'aucun accord n'a été trouvé pour réduire les trajectoires d'augmentation de la pollution plastique.
Enfin, lors de l'élaboration de la présente proposition de règlement, la question de l'échelle des sanctions a été débattue. Avez-vous des éléments à nous communiquer sur ce sujet ?
Mme Marta de Cidrac, rapporteure. - Cette proposition de règlement européen est essentiellement un texte préventif, qui vise à éviter autant que possible les déversements non intentionnels de granulés plastiques. L'ensemble des transporteurs, européens et non européens, sont bien évidemment concernés.
En tant que Français, nous sommes particulièrement sensibles à cette pollution, vu que nous possédons le deuxième plus grand espace maritime du monde, grâce à nos RUP. Par définition, de très nombreuses côtes sont concernées par le travail de l'Anel.
À l'origine, le transport maritime n'était pas inclus dans la proposition de règlement. Il a été finalement pris en compte à la demande d'un certain nombre d'États membres, dont la France, afin de prévenir la pollution en mer. La présente proposition de résolution européenne met ainsi l'accent sur notre volonté d'inclure le transport maritime.
Par ailleurs, nous nous sommes interrogés sur la nécessité d'introduire des éléments concrets dans le système de sanctions. Il est tout de suite apparu difficile d'identifier l'auteur de l'infraction de façon flagrante, même si celle-ci a été causée de manière non intentionnelle. D'où l'aspect préventif du futur règlement européen. En ce sens, nous considérons que les transporteurs devraient s'efforcer d'améliorer la qualité des emballages, afin qu'ils résistent mieux aux tempêtes, aux accidents routiers et à tout déversement non intentionnel.
M. Michaël Weber, rapporteur. - La législation française est mieux-disante par rapport à la proposition de règlement européen. La Commission européenne s'est inspirée du modèle français, notamment en ce qui concerne les exigences qui s'appliquent aux opérateurs économiques. Nous nous sommes interrogés sur les sanctions possibles et avons confronté la pertinence de l'évaluation à celle de l'autoévaluation - d'ailleurs, nous n'avons pas tout à fait tranché ce point.
Le problème principal est celui de la perte de conteneurs en mer, qui ne permet aucune traçabilité des microplastiques. Il est donc difficile de retrouver l'entreprise responsable, surtout que les microbilles se trouvent déjà en mer depuis un certain temps lorsque la pollution est constatée.
On observe, en effet, quelques résistances à la mise en place d'une nouvelle réglementation. L'amélioration des emballages, notamment, représente un coût pour les industriels. Toutefois, il serait vite amorti vu la quantité considérable de granulés plastiques perdus. Néanmoins les industriels entrent dans les discussions et acceptent les règles du jeu, même si l'on peut considérer qu'elles sont insuffisantes.
Pour rappel, la dernière grande pollution aux microbilles plastiques est survenue en mai dernier, à Langres, en Haute-Marne. Cette pollution pouvant survenir aussi bien à l'intérieur des terres que sur le littoral, nous insistons sur la nécessité de renforcer les emballages.
M. Jean-François Rapin, président. - La Commission européenne a-t-elle prévu de mettre en place des sanctions financières ?
Mme Marta de Cidrac, rapporteure. - L'ensemble des acteurs, à commencer par l'industrie de la plasturgie, se sont rendu compte qu'il était temps de lutter contre cette pollution et de faire preuve de vertu. Voilà pourquoi cette proposition de résolution européenne a été accueillie favorablement, même si tout le monde est conscient qu'elle ne permettra pas, à elle seule, de résoudre le problème.
Je le reconnais, l'objectif de réduire de 30 % la pollution des microbilles plastiques d'ici à 2030 est ambitieux, mais il ne pourra pas être atteint par ce seul règlement. Celui-ci vise surtout à alerter les acteurs sur les risques de pollution liés aux granulés plastiques et la façon dont ils peuvent être évités.
Puisque le dispositif français est mieux-disant, nous avons préconisé d'abaisser le seuil à partir duquel la certification est obligatoire, mais aussi de revoir les modalités d'exemption aux obligations afin que celles-ci s'appliquent non pas en fonction de la taille de l'entreprise, mais du volume de granulés manipulés. En effet, ce n'est pas parce qu'une entreprise est petite qu'elle n'est pas responsable de pollutions massives.
Du reste, nous avons réfléchi à mieux définir la granulométrie et avons considéré les sanctions possibles, en évoquant, sans nous prononcer, le sujet de la mise à contribution des assurances souscrites par les transporteurs. Il s'agit surtout d'infliger des amendes en fonction de la gravité du non-respect des obligations par les opérateurs et les transporteurs.
Dans la proposition de résolution européenne, nous n'introduisons pas la notion de sanction en tant que telle ; nous nous basons sur ce qui existe déjà en la matière.
M. Jean-François Rapin, président. - En France, nous n'aimons pas l'impôt fléché. Cependant, au niveau européen, nous pourrions nous poser la question de ce qui est fait des amendes. On pourrait envisager un fléchage des sanctions perçues vers le budget bénéficiant à l'environnement. Il y a peut-être un principe de non-affectation mais, parfois, l'impôt doit avoir une certaine visibilité, notamment sur un sujet sensible comme celui que nous évoquons, dont l'impact sur l'environnement est indéniable.
Mme Marta de Cidrac, rapporteure. - Nous y avons songé. Cependant, il faut replacer cette question dans un contexte global. C'est sur la production de plastique et l'augmentation de son volume qu'il nous faut être particulièrement exigeants. Ces granulés ne sont que de la matière première destinée à la plasturgie. Ce texte est important parce qu'il montre à quel point la non-intentionnalité peut aussi causer des dommages importants. Nous nous sommes inscrits dans cette démarche, qui n'est sûrement pas suffisante. L'avantage du texte est de faire consensus.
M. Christophe-André Frassa. - L'affectation des amendes existe dans notre droit et serait permise par l'Union européenne. Ce serait efficace, intelligent et intelligible, pour ceux qui les payent et pour ceux qui subissent les dommages liés aux microplastiques. Ces derniers pourraient bénéficier d'une réparation, qui passerait par un fonds dédié ou le budget pour l'environnement de l'Union. L'ensemble serait lisible - dégâts, punition, réparation - et il s'agirait d'une piste intéressante.
Mme Marta de Cidrac, rapporteure. - Dans l'état actuel du texte, je ne sais pas si nous pouvons introduire ce type de disposition. Nous nous étions posé la question puisque, quand des granulés se déversent sur nos côtes, les communes et les collectivités prennent en charge le coût des opérations de nettoyage. C'est donc le contribuable qui paye et il faut mener une réflexion sur ce sujet. Le texte est loin d'être parfait, mais il va dans le bon sens et permet d'embarquer l'ensemble des acteurs concernés.
M. Michaël Weber, rapporteur. - Le parti pris de considérer la législation française comme un exemple représente déjà un pas énorme, y compris pour les responsables des organismes que nous avons entendus, qui étaient plutôt satisfaits de la proposition européenne, y trouvant des avantages.
M. Jacques Fernique. - J'ai été frappé par l'importance des volumes estimés de ces rejets non intentionnels mais aussi par la fourchette très large : de l'équivalent de 2 100 camions à plus de 7 000. La proposition de règlement permettra-t-elle d'adopter une méthodologie valide afin de produire une estimation plus fiable de ces pertes ?
M. André Reichardt. - J'ai aussi été étonné par l'importance des volumes concernés, particulièrement par les pertes de conteneurs en mer.
Par ailleurs, avez-vous travaillé sur ce qui se passe en dehors de l'Union en la matière ?
M. Michaël Weber, rapporteur. - Nous ne nous sommes pas vraiment penchés sur ce qui se passe ailleurs.
Nous avons aussi été frappés par l'ampleur de la fourchette. Les dispositions proposées permettront de connaître un peu mieux les volumes concernés. Le suivi sera amélioré et des estimations sont prévues dans le cadre d'une méthodologie normalisée. Je précise que les conteneurs de granulés sont plutôt placés en hauteur et ont donc plus tendance à tomber, quand les bateaux sont secoués. Lors de nos auditions, nous avons appris qu'il existe des solutions faciles à mettre en oeuvre pour éviter ces pertes.
Mme Marta de Cidrac, rapporteure. - Nous n'avons pas entendu d'acteurs internationaux en tant que tels. Cependant, la méthode proposée concerne l'ensemble des opérateurs et des transporteurs au sein de l'Union européenne.
Je précise que les ONG estiment que ce texte va dans le bon sens. Se montrer immédiatement très exigeants et contraignants risque de braquer les acteurs et de nous empêcher d'avancer. Cette proposition de résolution européenne s'inscrit dans une trajectoire vertueuse, qui permettra d'autres avancées autour de cette thématique.
La commission adopte, à l'unanimité, la proposition de résolution européenne, disponible en ligne sur le site du Sénat.
Proposition de résolution
européenne sur la proposition de règlement du Parlement
européen et du Conseil relatif à la prévention des pertes
de granulés plastiques en vue de réduire la pollution par les
microplastiques Le Sénat, Vu l'article 88-4 de la Constitution, Vu l'article 192 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, Vu la recommandation 2021/06 de la Convention pour la protection du milieu marin de l'Atlantique du Nord-Est (OSPAR) sur les granulés plastiques dans le milieu marin, Vu les recommandations de l'Organisation maritime internationale (OMI) pour le transport maritime de granulés de plastique, approuvées par le Comité de la protection du milieu marin, les 18-22 mars 2024, Vu la directive 2004/35/CE du Parlement européen et du Conseil du 21 avril 2004 sur la responsabilité environnementale en ce qui concerne la prévention et la réparation des dommages environnementaux, Vu la communication de la Commission au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et social européen et au Comité des régions intitulée « Une stratégie européenne sur les matières plastiques dans une économie circulaire », COM(2018) 028 final, Vu la communication de la Commission au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et social européen et au Comité des régions intitulée « Le pacte vert pour l'Europe », COM(2019) 640 final, Vu la communication de la Commission au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et social européen et au Comité des régions intitulée « Un nouveau plan d'action pour une économie circulaire - Pour une Europe plus propre et plus compétitive », COM(2020) 98 final, Vu la communication de la Commission au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et social européen et au Comité des régions intitulée « Cap sur une planète en bonne santé pour tous. Plan d'action de l'UE : Vers une pollution zéro dans l'air, l'eau et les sols », COM(2021) 400 final, Vu la communication de la Commission au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et social européen et au Comité des régions du 17 novembre 2021 intitulée « Stratégie de l'UE pour la protection des sols à l'horizon 2030 - Récolter les fruits de sols en bonne santé pour les êtres humains, l'alimentation, la nature et le climat », COM(2021) 699 final, Vu la directive 94/62/CE du Parlement européen et du Conseil du 20 décembre 1994 relative aux emballages et aux déchets d'emballages, Vu la directive 2008/56/CE du Parlement européen et du Conseil du 17 juin 2008 établissant un cadre d'action communautaire dans le domaine de la politique pour le milieu marin, Vu la directive 2008/98/CE du Parlement européen et du Conseil du 19 novembre 2008 relative aux déchets et abrogeant certaines directives, Vu la directive 2010/75/UE du Parlement européen et du Conseil du 24 novembre 2010 relative aux émissions industrielles (prévention et réduction intégrées de la pollution), Vu la directive (UE) 2019/904 du Parlement européen et du Conseil du 5 juin 2019 relative à la réduction de l'incidence de certains produits en plastique sur l'environnement, Vu le règlement (UE) de la Commission modifiant l'annexe XVII du règlement (CE) n° 1907/2006 du Parlement européen et du Conseil concernant l'enregistrement, l'évaluation et l'autorisation des substances chimiques, ainsi que les restrictions applicables à ces substances (REACH), en ce qui concerne les microparticules de polymère synthétique, Vu le règlement (UE) 2024/1781 du Parlement européen et du Conseil du 13 juin 2024 établissant un cadre pour la fixation d'exigences en matière d'écoconception pour des produits durables, modifiant la directive (UE) 2020/1828 et le règlement (UE) 2023/1542 et abrogeant la directive 2009/125/CE, Vu la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil relatif à la réception par type des véhicules à moteur et de leurs moteurs, ainsi que des systèmes, des composants et des entités techniques distinctes destinés à ces véhicules, en ce qui concerne leurs émissions et la durabilité de leurs batteries (Euro 7), et abrogeant les règlements (CE) n 715/2007 et (CE) n 595/2009, COM(2022) 586 final, Vu la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil relatif à la prévention des pertes de granulés plastiques en vue de réduire la pollution par les microplastiques, COM(2023) 645 final, Vu la loi n° 2020-105 du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l'économie circulaire, en particulier son article 83, Vu le décret n° 2021-461 du 16 avril 2021 relatif à la prévention des pertes de granulés de plastiques industriels dans l'environnement, Vu la proposition de loi du Sénat n° 164 (2020-2021) visant à lutter contre le plastique, présentée par Mme Angèle PRÉVILLE et plusieurs de ses collègues, déposée le 30 novembre 2020, Vu le rapport d'information du Sénat n° 217 (2020-2021) de Mme Angèle PRÉVILLE, sénatrice, et de M. Philippe BOLO, député, fait au nom de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques, « Pollution plastique : une bombe à retardement ? », déposé le 10 décembre 2020, Vu le rapport du Sénat n° 411 (2020-2021) de Mme Martine FILLEUL, fait au nom de la commission de l'aménagement du territoire et du développement durable, sur la proposition de loi visant à lutter contre les plastiques, déposé le 3 mars 2021, Vu la résolution européenne du Sénat n° 635 (2022-2023) du 24 mai 2023 sur la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil relatif à la réception par type des véhicules à moteur et de leurs moteurs, ainsi que des systèmes, des composants et des entités techniques distinctes destinés à ces véhicules, en ce qui concerne leurs émissions et la durabilité de leurs batteries (Euro 7), et abrogeant les règlements (CE) n° 715/2007 et (CE) n° 595/2009, COM(2022) 586 final, Vu la résolution européenne du Sénat n° 146 (2023-2024) du 5 juillet 2024 sur la proposition de directive du Parlement européen et du Conseil relative à la surveillance et à la résilience des sols (directive sur la surveillance des sols), COM(2023) 416 final, Vu le rapport d'information du Sénat n° 141 (2024-2025) de M. Philippe BOLO, député, fait au nom de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques, sur les impacts des plastiques sur la santé humaine, déposé le 14 novembre 2024, Concernant l'objectif global de la proposition de règlement Considérant que les microplastiques constituent une source importante de pollution de l'environnement, et que les rejets non intentionnels de granulés de plastiques représentent la troisième source de pollution par les microplastiques primaires dans l'Union européenne ; Considérant que les granulés plastiques disséminés dans les milieux aquatiques et terrestres sont susceptibles de causer des dommages significatifs à la biodiversité, aux écosystèmes, à la chaîne alimentaire ainsi qu'au climat et à la santé humaine ; Considérant que la pollution des littoraux et des milieux marins a des incidences négatives sur les activités économiques des zones côtières telles que l'agriculture, la pêche ou le tourisme, et que les collectivités territoriales disposent de moyens et de ressources financières limités pour faire face à ce type de pollution ; Considérant que cette source de pollution, une fois produite, est très difficile à traiter et à éliminer en raison de la petite taille, de la facilité de dispersion et de la persistance dans l'environnement des granulés de plastique ; Considérant que l'Union européenne s'est fixé un objectif de réduction de la pollution par les microplastiques de 30 % d'ici à 2030 dans le cadre du plan d'action « zéro pollution », et que les mesures proposées par la Commission européenne concernant les pertes de granulés de plastique dans l'environnement devraient contribuer à hauteur d'un quart de cet objectif ; Soutient l'objectif de prévenir et réduire la pollution par les microplastiques dans l'environnement et la nécessité de prendre des mesures efficaces pour prévenir les pertes et les fuites de granulés plastiques industriels dans l'environnement tout au long de la chaîne d'approvisionnement ; Considère que les dispositions proposées par la Commission sont de nature à créer un cadre favorable à la prévention et à la réduction de la pollution par les microplastiques dans l'environnement ; Rappelle son soutien au principe du pollueur-payeur et déplore que les collectivités territoriales soient le plus souvent contraintes d'assumer le coût du nettoyage et des dommages causés localement en raison des difficultés à identifier le pollueur, en particulier dans le cas des pertes de conteneurs de granulés plastiques en mer ; Demande une meilleure prise en compte du coût que représente la réparation des dommages causés à l'environnement par la pollution, en particulier des plastiques et microplastiques ; Souligne la nécessité d'aboutir à la signature d'un traité mondial sur la pollution par les plastiques, qui incluent les microplastiques, afin notamment d'impliquer l'ensemble des pays et acteurs du secteur de la plasturgie dans la prévention des pertes de granulés de plastique dans l'environnement ; Concernant l'approche générale retenue par la Commission européenne dans la proposition de règlement Considérant que les rejets dans l'environnement de granulés de plastique résultent, d'une part, de pertes opérationnelles liées à de mauvaises manipulations le long de la chaîne de production et d'utilisation et, d'autre part, de pertes accidentelles lors de leur transport, qu'il soit terrestre, ferroviaire ou maritime, et sont donc évitables par la mise en oeuvre de mesures de prévention ; Considérant les règles déjà adoptées par l'Union européenne pour réduire la dispersion des microplastiques dans l'environnement ; Considérant que la Commission européenne propose de les compléter en instaurant une obligation générale de prévention des pertes de granulés de plastique pour l'ensemble des opérateurs économiques, les transporteurs de l'UE et les transporteurs de pays tiers ; Considérant que la proposition de règlement européen s'appuie sur les recommandations déjà adoptées par la Convention pour la protection de l'environnement maritime de l'Atlantique Nord-Est (OSPAR) et de l'organisation maritime internationale (OMI), qui visent à lutter contre la pollution plastique des milieux marins et prévenir les déversements accidentels de granulés plastiques en mer ; Considérant que l'approche retenue par la Commission européenne est largement inspirée par la législation adoptée par la France, dans le cadre de la loi du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l'économie circulaire, qui instaure un dispositif spécifique afin de prévenir les pertes non-intentionnelles de granulés de plastique dans l'environnement ; Approuve l'initiative de la Commission européenne visant à établir un cadre réglementaire harmonisé concernant l'ensemble des activités liées à l'utilisation de granulés de plastique, que ce soit la production, le chargement, la manutention, le stockage, le recyclage ou le transport ; Estime que l'harmonisation des règles au niveau européen est essentielle pour garantir une protection plus efficace de l'environnement et des conditions de concurrence équitables entre opérateurs au sein du marché intérieur de l'UE ; Salue le fait que la proposition de règlement prévoit des obligations applicables, comme dans le dispositif français, à tous les opérateurs économiques manipulant plus de cinq tonnes de granulés de plastique industriels par an et prévoit des exigences équivalentes pour les transporteurs européens et ceux de pays tiers ; Concernant l'intégration du secteur maritime au champ d'application du règlement Considérant que les déversements accidentels de granulés de plastique dans l'environnement se produisent le plus souvent lors de leur transport, en particulier par voie maritime, et que le transport maritime est un acteur important de la chaîne d'approvisionnement des granulés de plastique dans l'Union européenne ; Considérant que la perte de conteneurs en mer représente une source grave de pollution marine, avec des répercussions néfastes sur les écosystèmes marins et qu'il est difficile, dans la plupart des cas, d'en établir les responsabilités, comme l'illustrent les récents épisodes de déversement de granulés sur les plages françaises et espagnoles ; Considérant l'absence de cadre règlementaire contraignant pour le secteur du transport maritime qui représente pourtant plus des deux tiers du transport de marchandises dans l'Union européenne et dont l'activité devrait continuer de croître ; Estime nécessaire que le champ d'application du règlement soit étendu à tous les modes de transport, y compris maritime, en l'absence de recommandations contraignantes établies par l'Organisation maritime internationale, dans le respect du droit international ; Préconise que les dispositions du règlement s'appliquent à l'ensemble des navires à destination ou au départ de ports européens, indépendamment de leur pavillon ; Souligne que l'inclusion du transport maritime dans le champ du règlement permettra de contribuer à une meilleure protection des zones géographiques maritimes, notamment autour des régions ultrapériphériques (RUP), qui sont les plus exposées aux risques de pollution liée aux fuites de granulés de plastiques ; Concernant les exigences applicables aux entreprises du secteur de la plasturgie Considérant que les transformateurs et fabricants européens des plastiques sont déjà engagés dans des actions de prévention des pertes et fuites de granulés de plastique, notamment dans le cadre du programme « Operation Clean Sweep » ; Se félicite que les exigences proposées par la Commission européenne s'inspirent des principes et méthodes déjà mis en oeuvre par les opérateurs économiques de la plasturgie sur la base du volontariat ; Estime cependant nécessaire de rendre juridiquement contraignantes les recommandations élaborées par les parties à la Convention pour la protection du milieu marin de l'Atlantique du Nord-Est (OSPAR) et à l'OMI au niveau européen ; Fait valoir que les coûts de mise en conformité pour les acteurs du secteur devraient être limités en raison des mesures qu'ils ont déjà mises en place et du gain économique que la réduction des pertes de granulés devrait représenter pour eux ; Concernant les exigences allégées pour les petites et moyennes entreprises Considérant que la Commission européenne prévoit un allégement de certaines dispositions, en particulier l'obligation de certification par un tiers au profit de l'auto-déclaration, pour les petites entreprises ainsi que pour les moyennes et grandes entreprises manipulant moins de 1 000 tonnes de granulés de plastique par an ; Considérant que l'article 193 du traité de fonctionnement de l'Union européenne ne fait pas obstacle à l'adoption par les États membres de mesures de protection environnementale plus strictes que celles prévues par la règlementation européenne ; Considérant que le secteur de la plasturgie en France est principalement composé de petites et moyennes entreprises ; Doute de l'opportunité, sur le plan opérationnel et compte tenu des considérations environnementales, des exemptions envisagées par la Commission européenne, susceptibles de bénéficier à des opérateurs économiques manipulant des volumes importants de granulés plastiques et d'éviter donc certaines obligations à un nombre important d'entreprises en France ; Estime que la taille de l'entreprise ne doit pas être un critère déterminant pour l'application des obligations posées par la proposition de la Commission européenne et appelle à retenir le volume de granulés manipulés annuellement comme seul critère ; Propose que les exemptions aux obligations de certification, d'évaluations internes, de réunions de gestion et de réalisation d'un programme de sensibilisation et de formation soient mieux encadrées ; Demande à cet égard que les petites entreprises manipulant plus de 1 000 tonnes de granulés par an ne soient pas exemptées desdites obligations ; Considère, en tout état de cause, que le seuil d'assujettissement à l'obligation de certification que la Commission propose de fixer à 1 000 tonnes de granulés manipulés par an, apparaît trop élevé compte tenu des enjeux environnementaux, et préconise de l'abaisser à un niveau plus proche de celui retenu en droit français ; Recommande que le règlement européen reprenne les dispositions du dispositif déjà mis en oeuvre par la France, et prévoie en particulier son application à l'ensemble des opérateurs économiques manipulant plus de 5 tonnes de granulés plastiques par an ; Souligne qu'un contrôle rigoureux est nécessaire pour s'assurer du respect des exigences en matière de pertes et fuites de granulés de plastiques et rappelle, à ce titre, le rôle et l'importance des inspections régulières par les autorités compétentes ; Préconise un renforcement du contrôle du respect des exigences pour les entreprises soumises à l'auto-déclaration, qui pourrait notamment être assuré dans le cadre d'un audit externe ; Recommande de renforcer les opérations d'inspection sur les sites industriels afin de vérifier le respect des dispositions du règlement ; Estime nécessaire que l'ensemble des exploitants et du personnel impliqués dans la manipulation des granulés plastiques soient formés aux bonnes pratiques, à la gestion des déversements et au respect des règles et que, par conséquent, l'obligation d'établir un programme de sensibilisation et de formation s'applique à l'ensemble des entreprises relevant du champ d'application du règlement ; Concernant la définition des granulés de plastique et l'élaboration de bonnes pratiques de gestion Considérant la nécessité de maintenir un haut niveau d'exigences en matière de prévention des pertes de granulés de plastiques dans l'environnement ; Considérant les risques de fuite de granulés plastiques dans l'environnement, en particulier en mer, que ce soit dans des conditions normales de transport, en cas d'intempéries météorologiques ou d'accidents, et leurs incidences négatives ; Demande que la définition des granulés de plastique industriels soit suffisamment précise pour inclure toutes les formes et tailles de granulés de plastique industriels, y compris les plus petites que sont les poudres, les paillettes et les flocons ; Préconise l'application des mesures établies par l'Organisation maritime internationale concernant le protocole d'étiquetage et de notification pour les conteneurs de granulés plastiques, ainsi que le renforcement des exigences en matière d'emballage ; Estime que l'interdiction du transport en vrac devrait faire l'objet de travaux dans le cadre de l'Organisation maritime internationale ; Invite le Gouvernement à défendre cette position au sein du Conseil de l'Union européenne. |