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Question de M. Jean-Claude Danglot (Pas-de-Calais - CRC-SPG) publiée le 23/01/2009
Question posée en séance publique le 22/01/2009
La parole est à M. Jean-Claude Danglot. (Applaudissements sur les travées du groupe CRC-SPG.)
M. Jean-Claude Danglot. Le second plan de relance n'est pas encore mis en oeuvre et l'Union européenne annonce d'ores et déjà une catastrophe économique pour la France en 2009. Le déficit public bondira, atteignant 5,4 % du PIB, alors que celui-ci reculera de 1,8 % l'année prochaine. En corollaire, le taux de chômage atteindra 9,8 % en 2009, et pourrait même franchir la barre des 10 % en 2010.
Dans ce contexte, on comprend mieux la déclaration que vous avez faite à Argenteuil, monsieur Devedjian, sur la situation en France : « C'est comme quand on tombe du 19e étage et qu'on n'en est qu'au 14e : pour l'instant, ça va ». Les millions de Français qui subissent durement cette crise apprécieront votre « humour » et votre désinvolture (Exclamations sur les travées de l'UMP),
M. Alain Fouché. C'est facile !
M. Jean-Claude Danglot.
mais ils n'ont vraiment pas de quoi être rassurés pour l'avenir.
Vous pouvez donc préparer un deuxième, un troisième, voire un quatrième plan de relance, ceux-ci ne feront qu'accompagner la chute de notre économie s'ils ne s'attaquent pas aux racines de la crise. Cette crise financière n'est pas une fatalité ou la conséquence d'erreurs de gestion, elle provient d'un choix de société dont vous rêvez : tout pour la haute finance
M. Alain Fouché. Ça existe aussi en Chine !
M. Jean-Claude Danglot.
et le monde du travail paie le prix fort, avec un chômage de masse, la précarité, l'insécurité de l'emploi et la peur du lendemain.
Je pourrais détailler le triste bilan du Nord-Pas-de-Calais en termes de désindustrialisation, avec 40 000 emplois industriels supprimés depuis 1985, mais certains de mes collègues UMP m'ont déjà reproché ici de broyer du noir en ne citant que ma région.
Je vous propose donc, mes chers collègues, de consulter la liste des suppressions d'emploi annoncées, depuis septembre 2008, sur le site Mediapart. (Mme Françoise Henneron s'exclame.) Dans un document de vingt pages, il cite plus de 200 entreprises et des dizaines de milliers d'emplois supprimés ou menacés dans des entreprises telles que PSA à Rennes, à Mulhouse et à Montbéliard ; Renault à Sandouville et à Flins-sur-Seine ; Tyco Electronics à Chapareillan dans l'Isère et à Val-de-Reuil dans l'Eure ; Imperial Tobacco, ex-Altadis, à Metz et à Strasbourg ; EDS à Brest, à Nantes, à Rennes, à Toulouse, à Lyon et à Nanterre ; Arcelor Mittal, champion des profits, qui réduit son activité ou arrête ses hauts fourneaux à Fos-sur-Mer, à Florange, à Dunkerque et à Isbergues.
M. le président. Veuillez poser votre question, mon cher collègue !
M. Jean-Claude Danglot. S'ajoutent à cette casse industrielle les suppressions massives d'emploi dans le cadre de la RGPP, la révision générale des politiques publiques.
Le seul plan de relance que vous ne voulez pas engager, ni même simplement envisager, c'est celui de la relance des salaires et des retraites, la mise en oeuvre d'un moratoire sur les licenciements pour les entreprises qui réalisent des bénéfices et profitent de la crise pour anticiper leurs plans sociaux en vue d'assurer leurs profits de demain.
M. le président. Votre question !
M. Jean-Claude Danglot. J'y viens, monsieur le président.
Voilà des exigences concrètes qui seront au coeur des revendications que les salariés exprimeront lors de la journée d'action unitaire du 29 janvier prochain.
M. Jackie Pierre. Allons, allons !
M. Jean-Claude Danglot. Monsieur le ministre, ma question est contenue dans les propos que je viens d'exprimer (Ah ! sur les travées de l'UMP), mais je la résumerai ainsi : quand allez-vous considérer les solutions que nous proposons, c'est-à-dire d'autres réponses que votre plan de gaspillage des deniers publics ? (Applaudissements sur les travées du groupe CRC-SPG et du groupe socialiste. Exclamations sur les travées de l'UMP.)
Réponse du Ministère chargé de la mise en oeuvre du plan de relance publiée le 23/01/2009
Réponse apportée en séance publique le 22/01/2009
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. René-Pierre Signé. Ah, on va l'entendre !
M. Patrick Devedjian, ministre chargé de la mise en oeuvre du plan de relance. Monsieur Danglot, vous avez tort d'aborder cette crise dans des termes polémiques. (Rires ironiques sur les travées du groupe CRC-SPG.) En effet, il s'agit d'une crise grave, qui affecte non seulement tous les Français, mais également, en réalité, l'essentiel du monde.
M. Jean-Claude Danglot. Pas les banquiers !
M. Patrick Devedjian, ministre. Elle nous vient des États-Unis, à la suite d'une crise immobilière, ayant entraîné une crise financière. J'ai fait ce trait d'humour pour dire que les États-Unis ont exporté cette crise et que l'on ne sait pas à quoi s'attendre, car les catastrophes qui se succèdent dans l'économie américaine se propagent en Europe.
M. David Assouline. Vous êtes anti-américain ?
M. Patrick Devedjian, ministre. Pour répondre à cette crise, le Gouvernement français, sous l'impulsion du Président de la République, réagit avec beaucoup d'intelligence et de courage. (Sourires sur les travées du groupe socialiste.)
La loi TEPA, en dépit des critiques que vous avez formulées à son encontre et que je comprends d'ailleurs mal, a redonné du pouvoir d'achat aux Français, grâce aux heures supplémentaires notamment. Êtes-vous contre les heures supplémentaires qui sont de nature à redistribuer du pouvoir d'achat ? (Exclamations sur les travées du groupe CRC-SPG et du groupe socialiste.) Êtes-vous contre le fait d'avoir anticipé la crise immobilière en ayant permis la déduction des intérêts d'emprunt ? (Mêmes mouvements.) Reconnaissez qu'il fallait avoir une vision à assez long terme pour prendre ces mesures !
Aujourd'hui, le Gouvernement a mis en place un plan de relance économique massif et rapide, dont la vocation première est de créer des emplois là où la crise en détruit.
M. René-Pierre Signé. Ah !
M. Didier Boulaud. On verra les prochains résultats !
M. Patrick Devedjian, ministre. Tel est le fond de la politique du Gouvernement. L'État fait face aux dangers et à la crise et, devant cette situation collective, la nation devrait être solidaire.
M. Jean-Pierre Godefroy. Vous ne l'avez jamais été avec nous !
M. Patrick Devedjian, ministre. Nous cherchons à nous rassembler
M. Didier Boulaud. Vous n'avez jamais été avec nous !
M. Patrick Devedjian, ministre. Mais bien sûr que nous serons avec vous !
M. Didier Boulaud. Vous étiez pires quand vous étiez dans l'opposition !
M. Patrick Devedjian, ministre. Nous serons avec l'ensemble de notre peuple, comme nous le sommes toujours, parce qu'une telle catastrophe doit trouver la nation rassemblée. (Applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'Union centriste.)
M. Didier Boulaud. Rappelez-vous 1993 !
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