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Question de M. Jean Boyer (Haute-Loire - UC) publiée le 29/04/2011

Question posée en séance publique le 28/04/2011

M. Jean Boyer. Monsieur le président, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, bien que mes cordes vocales soient défaillantes, je vais m'efforcer de les mobiliser pour me faire entendre, et surtout pour me faire comprendre. (Sourires.)

Monsieur le ministre de l'éducation nationale, nous le savons, nos budgets sont contraints, et je suis solidaire de l'action que mène le Gouvernement face à cette réalité. Mais nous savons aussi qu'il doit y avoir des priorités afin de ne pas compromettre l'avenir.

Notre société est certes malade, mais ne le sera-t-elle pas davantage si les élèves d'aujourd'hui travaillent dans des classes surchargées, loin de chez eux, loin de cette proximité indispensable ?

M. Guy Fischer. Vous le reconnaissez !

M. Jean Boyer. Quand 8 800 postes sont supprimés dans le primaire, monsieur le ministre, c'est – permettez à l'ancien agriculteur que je suis de recourir à cette métaphore – un orage de grêle qui s'abat sur les grandes parcelles de blé semées en France !

M. Guy Fischer. Bravo !

Mme Nicole Bricq. Alors, ne votez pas les budgets !

M. Jean Boyer. Si, dans certains secteurs, les machines peuvent remplacer les hommes, ce n'est certainement pas le cas dans l'enseignement, où la mission des enseignants deviendra de plus en plus difficile, voire ingrate.

M. Roland Courteau. C'est vrai !

M. Jean Boyer. Entendez, monsieur le ministre, le message que vous adresse l'un des élus d'un département rural, un message qui est en fait un appel : l'école constitue le dernier lieu d'un service au public ; elle est un élément fondamental de la vie locale dans nos petites communes. Dans celles-ci, les maires ont toujours donné une priorité à l'école, car ils savent que c'est un investissement primordial et incompressible pour demain.

Mes chers collègues, sur quelque côté de l'hémicycle que vous siégiez, vous savez tous que, dans notre jeunesse, l'école a été notre deuxième famille. Elle nous a aidés à devenir des hommes et des femmes parce que l'enseignement que nous avons reçu était personnalisé.

M. Guy Fischer. Quand même !

M. Jean Boyer. Il n'y avait pas un enseignant pour vingt ou trente élèves. L'enseignement était personnalisé et il nous était délivré généreusement.

Alors, ne vaut-il pas mieux, aujourd'hui, payer des enseignants plutôt que, demain, être obligé – et je ne cède là à aucune démagogie ni à aucune dramatisation – de prévoir un peu partout des éducateurs spécialisés, voire des policiers ?

Monsieur le ministre, la société de demain se bâtit aujourd'hui et, j'en suis convaincu, comme vous l'êtes aussi, l'école en est le meilleur des artisans.

En 1944, Albert Camus, enseignant résistant, n'a-t-il pas écrit, au Chambon-sur-Lignon, en Haute-Loire, l'un des plus beaux bastions de la Résistance, que « la meilleure générosité envers l'avenir est de donner beaucoup au présent » ?

Bien sûr, on ne peut plus revenir à l'école d'il y a cinquante ans. L'école doit s'adapter.

M. le président. Votre question, s'il vous plaît !

M. Jean Boyer. Je vois, monsieur le président, que la pendule tourne.

M. le président. Vous avez même dépassé votre temps de parole ! Pensez à vos cordes vocales ! (Sourires.)

M. Jean Boyer. Nous n'en sommes plus au temps où il s'agissait avant tout de savoir calculer en mètres ou en kilos, mais nous devons avoir un regard social et répondre aux voeux des enseignants, des parents et des élèves.

Merci, monsieur le ministre, de me dire ce que vous envisagez de faire. (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste et de l'UMP.)

M. Bernard Frimat. Ils veulent supprimer 1 500 postes !

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et de la vie associative publiée le 29/04/2011

Réponse apportée en séance publique le 28/04/2011

M. Luc Chatel, ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et de la vie associative. Monsieur le sénateur, le Gouvernement partage votre ambition pour l'école. (Rires et exclamations sur les travées du groupe CRC-SPG et du groupe socialiste.)

M. Guy Fischer. Quel double langage !

M. Luc Chatel, ministre. C'est la raison pour laquelle il a présenté ici même, au Sénat, l'année dernière, le budget le plus important jamais défendu pour le système éducatif : 60,5 milliards d'euros, soit, je le rappelle, 21 % du budget de la nation.

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Cela a toujours été !

M. Luc Chatel, ministre. Il faut également savoir que, depuis 1981, le budget par élève a augmenté, en euros constants, de 80 %.

M. David Assouline. Ce n'est pas vrai !

M. Luc Chatel, ministre. Vous avez raison, monsieur le sénateur, d'être vigilant quant à l'encadrement. Je veux vous rassurer en vous disant que, à la rentrée prochaine, il y aura 35 000 professeurs de plus qu'il n'y en avait il y a vingt ans dans le système éducatif, alors qu'il y a 550 000 élèves de moins.

Vous avez raison, monsieur le sénateur, d'être également vigilant quant au nombre d'élèves par classe.

M. Guy Fischer. Vous êtes en train de nous enfumer !

M. Luc Chatel, ministre. Là aussi, je veux vous rassurer : nous aurons, à la rentrée prochaine, en moyenne, 25 élèves par classe de maternelle, contre 27 en 1990.

M. René-Pierre Signé. On apprend quelque chose !

M. Luc Chatel, ministre. Nous aurons environ 22 élèves par classe dans les écoles primaires, contre 23 en 1990.

M. Guy Fischer. Dans les quartiers populaires, ça remonte !

M. Luc Chatel, ministre. Dans certains départements ruraux, comme la Haute-Loire, dont vous êtes l'élu, monsieur Boyer, il y aura en moyenne 20 élèves par classe à la prochaine rentrée dans les écoles primaires.

M. Guy Fischer. Il y a des privilégiés !

M. Luc Chatel, ministre. Je pense que, aujourd'hui, l'enjeu majeur pour le système éducatif, c'est d'être capable de faire en sorte que chaque élève sorte de l'école primaire en sachant lire, écrire et compter.

M. René-Pierre Signé. Il y en a 300 000 qui ne savent pas lire !

M. Luc Chatel, ministre. La loi Fillon de 2005 a posé les fondamentaux. Dans ce cadre, nous avons mis en place, depuis 2008, un système d'aide personnalisée,…

M. René-Pierre Signé. Sans résultat !

M. Luc Chatel, ministre. … permettant à chaque élève qui rencontre des difficultés à l'école de bénéficier d'une « remédiation », prenant la forme d'une aide à la lecture de deux heures par semaine, dispensée au sein même du système éducatif.

Nous avons en outre mis en place des stages de soutien scolaire : 230 000 élèves en ont bénéficié l'année dernière, là encore au sein même du système éducatif.

Bref, notre objectif est de soutenir davantage ceux qui rencontrent des difficultés scolaires.

M. René-Pierre Signé. C'est faux !

M. Luc Chatel, ministre. C'est cela, l'école de la République : faire davantage pour les élèves en difficulté. Telle est, monsieur le sénateur, la politique que nous menons.

N'oublions pas non plus que de nombreux pays dans le monde obtiennent de meilleurs résultats que le nôtre, alors qu'ils consacrent moins de crédits à leur système d'éducation. (Protestations sur les travées du groupe CRC-SPG.)

Mme Jacqueline Gourault. Il faut former des maîtres !

M. Luc Chatel, ministre. Nous devons tenir compte de cette réalité pour mener une politique éducative qualitative, « sur mesure », adaptée à la situation de chaque élève. (Très bien ! et applaudissements sur les travées de l'UMP.)

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