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Question de M. Pierre Frogier (Nouvelle-Calédonie - Les Républicains) publiée le 17/10/2018

Question posée en séance publique le 16/10/2018

M. Pierre Frogier. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre. Elle porte sur le référendum qui sera organisé en Nouvelle-Calédonie le 4 novembre prochain.

Monsieur le Premier ministre, à cette date, les Calédoniens seront appelés à décider de leur avenir. Ce qui est en jeu, c'est notre destin commun, celui de notre communauté nationale : ce sera la France ou l'indépendance.

Vous avez décidé de vous taire, de ne pas faire valoir votre préférence devant ce choix, au prétexte que le rôle de l'État se résumerait à organiser la consultation dans la plus stricte neutralité et à présenter dans une parfaite impartialité –ce sont vos mots – les conséquences du choix de l'indépendance ou du maintien au sein de la France.

Mais vous n'êtes malheureusement pas seul à adopter cette attitude ! Aucun président d'aucune formation politique nationale, à l'exception notable de Laurent Wauquiez, que je veux remercier ici, n'a pris la peine de faire campagne chez nous. Où était M. Castaner, délégué général de La République en Marche ? Où étaient les membres de votre gouvernement ? Pourquoi une telle gêne à s'engager, à dire sa préférence, alors que nous avons la France en partage ?

Monsieur le Premier ministre, nous sommes nombreux à nous inquiéter de ce détachement, alors que, selon toute vraisemblance, une très large majorité de Calédoniens choisira d'ancrer la destinée de leur territoire dans la France.

Que se passera-t-il au lendemain de ce scrutin ? Vous avez annoncé que vous prendriez l'initiative de réunir les responsables des forces politiques calédoniennes, quel que soit le résultat. Mais pour quoi faire ? Pour nous convaincre que ce référendum n'était finalement qu'une péripétie et qu'il s'agit de continuer comme avant ? Finirez-vous au contraire par admettre que la lecture indépendantiste de l'accord de Nouméa a vécu ?

Pouvez-vous prendre l'engagement que vous tiendrez compte de la volonté exprimée le 4 novembre par la majorité des Calédoniens et que le résultat de ce référendum ne leur sera pas confisqué ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées du groupe Union Centriste.)

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Réponse du Premier ministre publiée le 17/10/2018

Réponse apportée en séance publique le 16/10/2018

M. Édouard Philippe, Premier ministre. Monsieur le sénateur Frogier, nous avons l'habitude d'échanger à propos de la Nouvelle-Calédonie. Dès ma nomination, j'ai souhaité rencontrer l'ensemble des acteurs politiques de la Nouvelle-Calédonie pour mieux comprendre, intimement, ce qui était en jeu pour toutes les parties, pour appréhender la logique très particulière, tout à fait exceptionnelle, des discussions engagées au moment de la négociation des accords de Matignon, lesquels ont guidé pendant trente ans la transformation de la Nouvelle-Calédonie.

Je ne crois pas que, à l'occasion de ces rencontres, de ces échanges, nous ayons, vous, moi ou une autre partie, adopté des postures. Au contraire, nous avons à chaque fois essayé de nous parler et, je le crois, de nous comprendre.

J'ai eu l'occasion de dire publiquement à l'ensemble des parties quelle était la position du Gouvernement s'agissant du référendum qui sera organisé le 4 novembre. C'est la position d'une des parties à l'accord, tenue par cet accord, déterminée à faire en sorte qu'il soit exécuté dans toutes ses stipulations, parce c'est le chemin d'une réconciliation, de la construction d'un avenir commun.

Il m'est apparu, ainsi qu'à d'autres chefs de gouvernement avant moi, qu'il convenait que l'État soit impartial dans l'organisation de cette consultation du 4 novembre. En effet, rien ne serait pire, monsieur le sénateur – et je pense qu'au fond de vous-même vous en convenez – que de donner le sentiment à l'une ou l'autre des parties en présence que tel ne serait pas le cas.

Après que les électeurs se seront exprimés, le Gouvernement entendra évidemment l'expression du suffrage. Comment pouvez-vous en douter, monsieur le sénateur ? Mais, quel que soit le résultat – je suis de ceux à qui l'expérience a appris à se méfier des résultats prétendument connus à l'avance en matière de scrutins –, il faudra continuer à parler. Personne ne gagnerait quoi que ce soit à ce que les tensions, les incompréhensions renaissent, à ce que l'une des parties nie la légitimité des positions de l'autre.

C'est la raison pour laquelle nous prendrons un certain nombre d'initiatives après le scrutin pour faire en sorte que l'avenir de la Nouvelle-Calédonie se construise dans la bonne foi, avec des femmes et des hommes qui veulent s'engager pour une vie en commun. Nous avons tous à y gagner : la Nouvelle-Calédonie et la République.

C'est la ligne que je me suis fixée dès ma nomination, c'est la ligne qui a été rappelée par le Président de la République à l'occasion de son déplacement en Nouvelle-Calédonie ; je n'en bougerai pas, car je pense que c'est la bonne. (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche et sur des travées du groupe Union Centriste.)

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