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Question de M. Jérôme Bignon (Somme - Les Indépendants) publiée le 19/12/2018

Question posée en séance publique le 18/12/2018

M. Jérôme Bignon. Madame la secrétaire d'État, nous avons vécu en 2018 deux alertes venues du monde scientifique : au printemps, l'alerte de l'IPBES, la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques, du CNRS et du Muséum, dénonçant l'effondrement de la biodiversité en France et dans le monde ; et, en octobre dernier, le GIEC, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, a indiqué dans un nouveau rapport qu'il fallait augmenter l'ambition de l'Accord de Paris en limitant le réchauffement climatique à 1,5 degré au maximum.

Malgré l'urgence, c'est toujours vers 3 degrés que nous nous dirigeons.

Certes – un point positif –, la COP24 a été conclusive, puisqu'elle a adopté un guide d'application de l'Accord de Paris. Point négatif, elle n'est pas parvenue à rehausser les ambitions des États, qui sont actuellement notoirement insuffisantes. L'engagement de la France, l'engagement du Gouvernement, notre engagement à tous restent donc essentiels pour entraîner nos partenaires européens et internationaux.

Relâcher notre effort, c'est courir à la catastrophe, comme l'a dit la jeune Greta Thunberg en clôture de la COP24 : aujourd'hui, « nous sommes à court d'excuses. »

Comment reprendre la main, madame la secrétaire d'État ? Telle est ma première question. Que pensez-vous de la proposition portée par Jean Jouzel et Pierre Larrouturou de créer, sur le modèle de la BCE, la Banque centrale européenne, une « banque européenne du climat », pour mettre à la disposition de tous les États européens une enveloppe de prêts à 0 % représentant 2 % du PIB de chacun de ces États, afin d'assurer de façon juste et équitable la transition énergétique ?

Enfin – troisième question –, comment pensez-vous mieux porter les objectifs du développement durable pour avancer plus vite et d'une façon plus juste vers une société décarbonée ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Indépendants – République et Territoires. – M. Ronan Dantec applaudit également.)

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Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire publiée le 19/12/2018

Réponse apportée en séance publique le 18/12/2018

Mme Brune Poirson, secrétaire d'État auprès du ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire. Mesdames, messieurs les sénateurs, monsieur le sénateur Bignon, je vous remercie tout d'abord de cette question essentielle, plus que jamais essentielle, même, à l'heure précisément de ce moment de tension extrême que nous vivons dans le pays.

Une partie de la réponse à apporter aux « gilets jaunes » réside dans le fait que nous devons faire plus pour la transition écologique.

M. Gérard Longuet. Il faut faire mieux !

Mme Brune Poirson, secrétaire d'État. Il faut surtout demander plus de cohérence globalement dans le système.

Cela demande aussi que chacun prenne sa part de responsabilité.

Je commencerai par répondre à votre troisième question. Il faut faire en sorte que le système financier, lui aussi, prenne toute sa part de responsabilité. Il importe que les investissements privés soient redirigés de façon massive vers des projets qui sont bons pour la planète. C'est cette ambition, cette réforme, que la France porte au niveau international. En témoigne ce que le Président de la République a demandé à l'ONU, à New York, devant un parterre de chefs d'État et, surtout, de dirigeants de grandes banques. (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains et du groupe socialiste et républicain.)

En France, mesdames, messieurs les sénateurs, le gap, c'est-à-dire le fossé, pour financer la transition écologique s'élève à 20 milliards d'euros. Est-ce que ce sont les contribuables qui vont le financer ? Non ! En revanche, est-ce qu'il s'agira potentiellement des banques et des investisseurs privés, qui doivent, eux aussi, répondre à un impératif moral ? C'est indispensable, et la réponse est : oui !

Les « gilets jaunes » nous demandent plus de justice sociale. (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.) C'est pour cela aussi que nous nous battons et que la France a été non seulement présente à la COP24, mais qu'elle a joué un rôle essentiel dans toute la préparation de cette conférence. Nous sommes parvenus à un accord sur le texte, mais il faut aller encore plus loin, et la France est mobilisée.

M. Jean-François Husson. Il faut respecter les gens !

Mme Brune Poirson, secrétaire d'État. Nous allons notamment consacrer 5 milliards d'euros par an à partir de 2020 en faveur de la lutte contre le changement climatique à l'échelle internationale…

M. le président. Veuillez conclure, madame la secrétaire d'État !

Mme Brune Poirson, secrétaire d'État. … et continuer de mobiliser. Nous sommes chefs de file ; nous sommes écoutés…

M. le président. Vous concluez !

Mme Brune Poirson, secrétaire d'État. … et nous sommes au rendez-vous ! (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche. – Mme Françoise Laborde applaudit également.- Vives protestations sur les travées du groupe Les Républicains.)

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