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Question de M. Olivier Cadic (Français établis hors de France - UC) publiée le 25/03/2021
Question posée en séance publique le 24/03/2021
M. le président. La parole est à M. Olivier Cadic, pour le groupe Union Centriste. (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)
M. Olivier Cadic. Ma question s'adressait à M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères.
« Petite frappe », « hyène furieuse », voilà le langage fleuri utilisé par l'ambassade de Chine pour qualifier le chercheur Antoine Bondaz, à la suite de son rapport Taïwan, une puissance diplomatique à part entière.
Parallèlement, cette ambassade a adressé une lettre à notre groupe sénatorial d'échanges et d'études avec Taïwan. L'ambassadeur de Chine Lu Shaye s'est fermement opposé au déplacement de sénateurs français à Taïwan et a menacé ceux qui s'y rendraient.
Comme l'an dernier, à la suite d'outrances similaires, le ministre a de nouveau convoqué ce triste diplomate, dont les saillies donnent une bien piteuse image de la Chine, le grand pays avec lequel nous aimerions avoir d'autres relations. Il a eu raison d'agir avec fermeté.
La France et le Sénat ne reçoivent pas de consignes du parti communiste chinois. Pour mener le combat idéologique majeur qui nous oppose à la Chine, l'Europe ne peut qu'être unie, nous disiez-vous en octobre dernier.
Grâce aux médias, le monde découvre peu à peu avec effroi l'emprise de la dictature du régime de Pékin sur tout le peuple chinois, avec l'aide des nouvelles technologies.
Lundi dernier, pour la première fois depuis la répression de Tiananmen, l'Union européenne a imposé des sanctions aux Chinois ayant commis de graves atteintes aux droits de l'homme au Xinjiang contre la minorité musulmane ouïgoure.
En réponse, la Chine a sanctionné dix parlementaires européens et des entités de l'Union européenne.
Lors de la réunion qui s'est tenue hier entre le ministre et ses homologues européens à Bruxelles, M. Le Drian a-t-il envisagé de prendre de nouvelles dispositions vis-à-vis de Pékin ? Pense-t-il que les conditions sont réunies pour ratifier l'accord commercial de l'Union européenne avec la Chine ? (Applaudissements sur les travées des groupes UC, RDPI et INDEP.)
Réponse du Ministère auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères - Commerce extérieur et attractivité publiée le 25/03/2021
Réponse apportée en séance publique le 24/03/2021
M. le président. La parole est à M. le ministre délégué chargé du commerce extérieur et de l'attractivité.
M. Franck Riester, ministre délégué auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargé du commerce extérieur et de l'attractivité. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, monsieur le sénateur Olivier Cadic, Jean-Yves Le Drian est retenu par des réunions au sein de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord, l'OTAN.
En ce qui concerne l'ambassadeur de Chine, j'ai été, comme vous, monsieur le sénateur, et comme tous nos concitoyens, profondément choqué par ses récents propos et par sa conduite.
Je rappelle devant vous l'évidence : les parlementaires français décident librement de leurs projets de déplacement et de leurs contacts.
M. Christian Cambon. Très bien !
M. Franck Riester, ministre délégué. Ses propos inacceptables ont valu à M. Lu Shaye d'être convoqué hier matin au ministère de l'Europe et des affaires étrangères, comme vous l'avez rappelé.
M. Christian Cambon. Il n'est pas venu !
M. Franck Riester, ministre délégué. Il a été sommé de prendre la mesure de la gravité de la situation.
Les polémiques publiques, les tentatives d'intimidation, l'insulte et l'invective contre les élus de la République, les institutions académiques, les chercheurs, les médias et, plus largement, la société civile : tout cela n'est pas tolérable dans notre République et n'a absolument pas sa place dans les relations entre la France et la Chine.
M. Christian Cambon. Très bien !
M. Franck Riester, ministre délégué. Pour ce qui concerne les mesures annoncées par la Chine en réponse aux sanctions européennes auxquelles vous avez fait référence, notamment à l'encontre de membres du Parlement européen ou des parlements nationaux, comme le député européen Raphaël Glucksmann, de chercheurs et de diplomates, nous les avons fermement et fortement condamnées.
J'en profite pour souligner, comme vous l'avez fait, que c'est la première fois depuis trente ans que l'Union européenne adopte des sanctions à l'encontre de la Chine.
Cette décision historique est légitime et nécessaire. Il a été solennellement demandé à l'ambassadeur de Chine de rapporter à Pékin que ce n'est pas en attaquant ceux qui ont dénoncé les violations commises ou en s'en prenant à la liberté académique, à la liberté d'expression et aux libertés démocratiques fondamentales que la Chine répondra aux préoccupations légitimes exprimées sur la situation des droits de l'homme au Xinjiang.
S'agissant de nos relations commerciales, la Chine est un partenaire économique incontournable à l'échelle mondiale, mais nos relations ne doivent ni se faire au détriment de nos principes, de nos valeurs et du modèle de société que nous défendons, ni être exemptes de réciprocité.
En ce qui concerne spécifiquement l'accord d'investissement entre l'Union européenne et la Chine, les derniers développements, qui sont graves je pense notamment aux sanctions contre les parlementaires européens , nous confortent dans notre volonté d'être très fermes sur nos exigences, notamment s'agissant du travail forcé, lors des discussions à venir. (Applaudissements sur les travées des groupes RDPI et INDEP.)
M. le président. La parole est à M. Olivier Cadic, pour la réplique.
M. Olivier Cadic. Je vous remercie de votre réponse, monsieur le ministre. Dans son communiqué, le ministère chinois des affaires étrangères a annoncé que les dix ressortissants de l'Union européenne sanctionnés et leurs familles sont dorénavant interdits d'entrée dans la partie continentale de la Chine et dans les régions administratives spéciales de Hong Kong et Macao.
En omettant de citer Taïwan, tout le monde peut constater que Pékin reconnaît implicitement la souveraineté de Taïwan sur son territoire. Rien ne devrait donc plus s'opposer à ce que Taïwan siège au sein de l'Organisation mondiale de la santé, l'OMS, et d'Interpol ! (Sourires et applaudissements sur les travées des groupes UC, RDPI et INDEP, ainsi que sur des travées des groupes SER et Les Républicains.)
M. André Gattolin. Bravo !
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