SÉANCE

du mercredi 22 mai 2024

88e séance de la session ordinaire 2023-2024

Présidence de M. Gérard Larcher

Secrétaires : Mmes Catherine Di Folco et Patricia Schillinger.

La séance est ouverte à 15 heures.

Le procès-verbal de la précédente séance, constitué par le compte rendu analytique, est adopté sous les réserves d'usage.

Hommage à Jean-Claude Gaudin

M. le président.  - (Mmes et MM. les sénateurs, ainsi que Mmes et MM. les membres du Gouvernement, se lèvent.) C'est avec une grande tristesse que nous avons appris la disparition brutale de Jean-Claude Gaudin.

Nous honorons non seulement la mémoire du ministre, du député et du sénateur qu'il a été, mais aussi de celui qui a incarné profondément Marseille, sa ville.

Rendre hommage à Jean-Claude Gaudin, c'est honorer un de nos plus grands élus, dont le parcours politique ne pouvait que passer par l'assemblée représentant les collectivités territoriales de la République : le Sénat.

Dès l'âge de 15 ans, il admire par-dessus tout Vincent Delpuech, propriétaire du quotidien Le Petit Provençal, qui siégea au Sénat de 1939 à 1966. Le 27 mars 1965, le jeune professeur d'histoire-géographie fait son entrée au conseil municipal de Marseille : peut-il alors penser qu'il y siégera cinquante-cinq ans ? Son arrivée au Palais Bourbon, en mars 1978, est un grand moment d'émotion.

Élu sénateur en 1989, il siège au groupe des Républicains et Indépendants et rejoint la commission des affaires étrangères. Il restera attaché à la Haute Assemblée pendant vingt-huit ans. En septembre 1995, le sénateur-maire de Marseille est élu président du groupe des Républicains et Indépendants.

Ministre de l'aménagement du territoire, de la ville et de l'intégration en 1995, il revient au Sénat en 1998 et en devient vice-président. Il est un président de séance courtois, chaleureux, au savoir-faire efficace dans la conduite, parfois délicate, de nos débats. Ceux qui l'ont connu se souviendront de sa courtoisie et de sa technique unique, ni numérique ni arithmétique : il « consulte du regard »... (Sourires) En mars 2011, les membres du groupe UMP le désignent comme leur président.

L'empathie et la sympathie qu'il suscite tiennent à cette estime de l'autre qu'il a développée au cours de sa jeunesse et tout au long de sa carrière, dans l'esprit de la doctrine sociale de l'Église qu'il a incarnée au sein du groupe d'amitié France-Saint-Siège. Son empathie va aussi au peuple arménien, dont il défend inlassablement la cause au Sénat.

En juillet 2017, il décide, en application des nouvelles règles relatives au cumul des mandats, de céder son mandat de sénateur et de conserver celui de premier magistrat de Marseille, afin de privilégier le lien direct avec ses administrés. Il conservera ce mandat jusqu'en 2020.

Certains d'entre nous gardent en mémoire l'ultime séance qu'il a présidée, en session extraordinaire, le 25 juillet 2017, et l'émotion que, sur toutes les travées, nous avions alors ressentie.

Lors de la réunion de questure décentralisée qui s'est tenue début mars à l'invitation du maire de Marseille, nous l'avons retrouvé au Palais du Pharo, les trois questeurs et moi-même. Le lendemain, je me suis rendu chez lui, dans sa maison de Mazargues ; autour d'un café, nous avons fait de calissons, qu'il adorait, un usage immodéré... (Sourires) Il était toujours aussi aigu dans sa réflexion politique et son regard sur notre pays.

« Jean-Claude », « Monsieur le maire » : il faut avoir, comme moi, traversé Marseille avec lui dans sa voiture pour comprendre la relation si forte qu'il entretenait avec les Marseillaises et les Marseillais. Nous l'accompagnerons demain à la cathédrale de La Major.

À ses proches, à tous ceux qui ont partagé ses engagements, je redis la part que le Sénat prend à leur chagrin. Je n'oublierai pas qu'il a été à mes côtés un vice-président engagé et fidèle. Il savait détendre toutes les situations, même les plus inextricables, avec une science particulière.

Je vous propose d'observer un moment de recueillement en mémoire de Jean-Claude Gaudin. En fermant les yeux, vous pourrez l'imaginer, à cette place qu'il a tant aimée, diriger nos débats avec fermeté et gentillesse. (Mmes et MM. les sénateurs, ainsi que Mmes et MM. les membres du Gouvernement, observent un moment de recueillement.)