B. LA NÉCESSITÉ DE RECYCLER LES ANCIENS COMBATTANTS DANS LA VIE CIVILE
Tant le Premier ministre que le ministre chargé de la Défense, M. Paul Koffi Koffi, ont souligné auprès de la délégation les progrès enregistrés par la Côte d'Ivoire en matière de sécurité , en insistant sur la baisse de l'indice d'insécurité, passé de 3,8 en janvier 2012 à 1,4 aujourd'hui. Le phénomène des coupeurs de route, qui quittent désormais les axes principaux pour sévir sur les pistes rurales, reste toutefois un problème important.
L'un des autres enjeux auxquels la Côte d'Ivoire est désormais confrontée est la capacité à recycler dans la vie civile les ex-combattants et à rebâtir, notamment avec la coopération de l'armée française, une armée ivoirienne professionnalisée et solide .
D'ores et déjà, 10 000 membres des ex-forces nouvelles ont été intégrés dans l'armée, dont l'âge moyen a été abaissé de 43 à 33 ans. Un texte sur la nouvelle armée devrait en outre être prochainement présenté en Conseil des ministres.
Pour autant, le sort de quelque 65 000 autres ex-combattants reste à régler et doit passer par un recyclage dans la vie civile, pour 6 500 dans le secteur public et pour le reste dans le secteur marchand, comme l'a indiqué le Premier ministre à la délégation. Celui-ci a précisé que l'objectif était d'en recycler 30 000 dès 2013 et le reliquat en 2014. L'enjeu reste néanmoins de taille et stratégique pour prévenir les risques de violences . Le développement économique apparaît ainsi clairement comme un élément clé du processus de réconciliation, en permettant ce recyclage des ex-combattants.
A l'occasion de sa venue à Abidjan, la délégation a remis, à titre symbolique, deux paires de gants de boxe au président de la Fédération ivoirienne de boxe, qui se relance, en présence du ministre de la Jeunesse et des Sports. Ce geste avait pour but de louer le sens de l'effort et la persévérance propres au « noble art », et d'insister sur la nécessité de canaliser la violence qu'il suppose, un message aujourd'hui essentiel pour la jeunesse ivoirienne. |
C. QUELLE PLACE POUR LE FRONT POPULAIRE IVOIRIEN ?
L'une des dernières incertitudes planant sur la situation intérieure ivoirienne est la place qu'entend prendre le Front populaire ivoirien, le parti de l'ancien Président Laurent Gbagbo, sur la scène politique.
Autant les représentants du RDR et du PDCI que la délégation a rencontrés partagent un héritage « houphouëtiste » commun et ont une vision commune de la démocratie ivoirienne - au-delà des projets politiques spécifiques -, autant le FPI (non représenté à l'Assemblée nationale dans la mesure où il ne s'est pas présenté aux dernières élections législatives) est apparu en opposition radicale au Président Ouattara et au gouvernement. Le président du FPI, M. Pascal Affi Nguessan, accompagné par les anciens ministres MM. Alcide Djédjé et Dano Djédjé, a ainsi tenu des propos très durs à l'encontre du gouvernement et de l'actuel cadre démocratique ivoirien, accusant les autorités de vouloir « imposer leur vision ».
M. Pascal Affi Nguessan a ainsi estimé que le Président et le Premier ministre se trompaient en misant sur le développement économique pour favoriser la réconciliation nationale et a considéré que cela revenait à « construire sur du sable ».
La délégation forme le voeu que le processus de réconciliation engagé depuis plus de deux ans et le dialogue politique à l'oeuvre permettent, au-delà des mots parfois durs qui peuvent être échangés, un réel travail de fond.
Les messages de haine et de vengeance ne peuvent pas être une solution pour la Côte d'Ivoire, dont la population aspire à la paix.
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L'achèvement du processus de réconciliation nationale et la normalisation de la vie politique ivoirienne constituent le socle sur lequel doit s'appuyer le redémarrage de l'économie ivoirienne, afin que la Côte d'Ivoire puisse s'inscrire, sur le long terme, dans une trajectoire positive de développement.
Conférence de presse à l'issue de
l'entretien
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Visite du chantier du pont Henri Konan Bédié |