B. COMPTE-RENDU DE L'ENTRETIEN AVEC M. VILNAI, LE 18 MAI 2005, À LA KNESSET
M. Vilnai s'est tout d'abord présenté comme un bon connaisseur du phénomène terroriste en Israël, pour l'avoir longtemps combattu lorsqu'il faisait partie des troupes militaires israéliennes, et avoir été très grièvement blessé lors du conflit avec le Liban.
Aujourd'hui candidat au poste de leader du parti travailliste, il a indiqué être particulièrement préoccupé par les écarts, tant économiques que politiques, qui se creusent au sein de la population israélienne, estimant que cette évolution était plus déstabilisante pour le pays que la question du retrait de Gaza ou que le problème de la nucléarisation de l'Iran.
Après avoir exprimé ses remerciements à la France pour l'arrêt de la diffusion de la chaîne de télévision Al Manar, il a indiqué avoir été à l'origine d'un accord de coopération culturelle franco-israélien, négocié lorsqu'il était ministre de la culture avec M. Aillagon, qui occupait alors le même poste en France.
Abordant la question du retrait de Gaza, il a estimé que beaucoup d'Israéliens vivaient dans l'illusion et qu'il fallait envisager l'avenir en trois étapes :
- la première, préalable, consistait à combattre le terrorisme de l'islamisme intégriste, dont il a rappelé qu'il était l'ennemi commun d'Israël et des leaders musulmans dans le monde.
Estimant que la guerre était le seul langage possible avec eux, il a reconnu qu'il ne s'agissait pas d'une solution en soi.
- la seconde devait être la séparation des Israéliens et des Palestiniens.
A ce sujet, il s'est dit confiant dans le succès de la barrière de sécurité, dont il a rappelé qu'il avait suggéré l'idée à Itzak Rabbin, au lendemain de la signature des accords d'Oslo : alors, l'Etat major israélien était opposé au principe de la barrière, estimant sa mise en oeuvre trop onéreuse.
S'il a reconnu que des efforts restaient à faire concernant le tracé, il a estimé que cette séparation physique était indispensable pour faire barrage au terrorisme.
- la troisième étape, essentielle, réside dans la négociation.
Attaché à ce que l'Etat d'Israël reste un Etat juif, il a indiqué que les efforts du parti travailliste au sein de la coalition tendraient à ce que ni la judaïcité ni le caractère démocratique de l'Etat d'Israël ne soient remis en question.
Résolument optimiste quant au caractère pacifiste du désengagement, il a estimé que le véritable test viendrait ensuite et appelé de ses voeux la réalisation des trois étapes décrites plus haut.
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Après avoir indiqué à M. Vilnai qu'il était le seul ministre en exercice rencontré par la délégation, M. Philippe Richert, président du groupe d'amitié France-Israël , a indiqué que l'ensemble des membres de la délégation avait participé à ce choix et tenu à le rencontrer personnellement.
Remerciant le ministre pour la clarté et la précision de ses propos, il s'est réjoui que les entretiens puissent se clore sur une vision optimiste de l'avenir pour Israël.
Convaincu de la grande souffrance du peuple israélien, M. Jean-Pierre Plancade , vice-président du groupe d'amitié France-Israël, s'est réjoui de pouvoir constater que les préoccupations de M. Vilnai, qu'il a considéré être un des leaders du parti travailliste, portent aussi sur la société civile et pas seulement sur la question du retrait de Gaza.
Exprimant son attachement à Israël, il a néanmoins insisté sur le fléau que représentait le terrorisme, non seulement pour Israël mais aussi pour le monde entier.
M. David Assouline , vice-président du groupe d'amitié France-Israël, a souhaité tout d'abord relater les propos d'amis israéliens, questionnés sur les leaders actuels du parti travailliste, et qui auraient présenté M. Vilnai comme l'« étoile montante » de ce parti.
Il a ensuite interrogé le ministre sur le maintien ou non du parti travailliste au sein de la coalition, une fois le désengagement terminé.
Reconnaissant qu'il s'agissait d'une question centrale, M. Vilnai a tenu à rappeler que le parti travailliste en Israël ne pouvait être considéré comme un parti de gauche.
Faisant référence à sa propre expérience, il a indiqué que son père, professeur, avait été un des plus ardents promoteurs du « Grand Israël », sujet auquel il avait consacré la plupart de ses ouvrages.
Revenant à la question du vice-président, il s'est dit convaincu qu'on ne trouverait pas de solution dans la guerre et que le parti travailliste ne resterait pas dans un Gouvernement qui refuserait la poursuite du processus de paix.
Indiquant que le rapport de force droite/gauche n'avait plus vraiment de sens en Israël, il a estimé que le seul espoir d'arriver à conclure la paix reposait sur le centre politique, tout en reconnaissant que tout dépendrait de l'attitude à venir des Palestiniens après le désengagement.
M. Laurent Béteille, vice-président du groupe d'amitié France-Israël, s'est inquiété de la suite donnée au retrait de Gaza, interrogeant le ministre sur un éventuel « plan » israélien pour gérer « l'après » et sur d'éventuelles négociations avec l'Autorité palestinienne.
M. Vilnai s'est accordé pour penser qu'il s'agissait d'un point essentiel, et estimé que l'enjeu pour Ariel Sharon était de parvenir à s'intégrer au sein de la feuille de route.
Même s'il a reconnu qu'Ariel Sharon avait encore tout à prouver, et que rien ne préservait le parti d'un éventuel virage à l'extrême droite, il s'est dit confiant, rappelant l'expérience de l'évacuation totale du Sinaï sous le Gouvernement de M. Begin.
M. Yannick Texier, secrétaire du groupe d'amitié, a exprimé tout l'intérêt de ce déplacement, dont il a rappelé qu'il correspondait pour lui à une première visite en Israël.
Convaincu de l'importance du rapprochement entre la France et Israël, il a reconnu que cette visite avait permis de le convaincre de la nécessité et de l'utilité de la barrière de sécurité.
En conclusion, M. Philippe Richert, orésident, a remercié le ministre pour la qualité de l'entretien et les signes d'espoir qu'il avait transmis à la délégation, tant en ce qui concerne le processus de paix que la modernisation de l'Etat d'Israël.
Il a enfin réitéré l'attachement de la France à l'égard du grand et beau pays d'Israël.