Simplifier les relations entre l'administration et les administrés
                                                    N°
264
                                                    
                                                    
                                                    
                                                        SÉNAT
                                                    
                                                    
                                                    
                                                    SESSION ORDINAIRE DE 2002-2003
                                                    
                                                    
                                                    Annexe au procès-verbal de la séance du 29 avril 2003
                                                    
                                                    
                                                    
                                                        PROPOSITION DE LOI
                                                    
                                                    
                                                    
                                                    
                                                        tendant à ce que le
                                                    
                                                    
                                                        silence
                                                    
                                                    
                                                        de
l'
                                                    
                                                    
                                                        administration
                                                    
                                                    
                                                        à une demande d'un citoyen
                                                    
                                                    
                                                        vaille
                                                    
                                                     
                                                    
                                                        acceptation
                                                    
                                                    ,
                                                    
                                                    
                                                    PRÉSENTÉE
                                                    
                                                    
                                                    Par M. Philippe MARINI,
                                                    
                                                    
                                                    Sénateur.
                                                
(Renvoyée à la commission des Lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du Règlement et d'administration générale, sous réserve de la constitution éventuelle d'une commission spéciale dans les conditions prévues par le Règlement).
| 
                                                                     Administration.  | 
                                                            
EXPOSÉ DES MOTIFS
                                                    Mesdames, Messieurs,
                                                    
                                                    
                                                    Le chantier de réforme de l'État qui s'ouvre avec la
deuxième étape de la décentralisation doit être
l'occasion d'améliorer et de simplifier les relations qui unissent nos
concitoyens à leur administration.
                                                    
                                                    
                                                    En effet, face au maquis réglementaire qui les déroutent et les
découragent bien souvent, les Français, qu'ils soient
entrepreneurs, ou simples citoyens, ont besoin de refonder leurs rapports avec
l'administration.
                                                    
                                                    
                                                    Bien des plans de simplification administrative et bien des textes relatifs aux
droits des citoyens dans leurs relations avec les administrations ont
affiché des principes volontaristes, sans malheureusement être
traduits dans les faits.
                                                    
                                                    
                                                    Des dispositions simples, concrètes et de bon sens sont pourtant de
nature à
                                                    
                                                        rétablir des relations de confiance entre
l'administration et les administrés
                                                    
                                                    .
                                                    
                                                    
                                                    A ce titre,
                                                    
                                                        l'article 21 de la loi n° 2000-321 du 12 avril 2000
relative aux droits des citoyens dans leurs relations avec les administrations
                                                    
                                                    est particulièrement
                                                     
                                                    préjudiciable à cette
relation de confiance.
                                                    
                                                    
                                                    En effet, en prévoyant que «
                                                    
                                                        le silence gardé
pendant plus de deux mois par l'autorité administrative sur une demande
vaut décision de rejet »
                                                    
                                                    , ce texte :
                                                    
                                                    
                                                    - contribue à donner l'image d'une
                                                    
                                                        administration sourde
                                                    
                                                    aux
demandes des citoyens,
                                                    
                                                    
                                                    - laisse le citoyen
                                                    
                                                        sans explication
                                                    
                                                    sur le rejet de sa demande et
                                                    
                                                        sans conseil
                                                    
                                                    pour la faire aboutir ou la reformuler,
                                                    
                                                    
                                                    - et
                                                    
                                                        bloque les projets
                                                    
                                                    soumis à une autorisation administrative,
notamment ceux des entrepreneurs, lorsque l'administration ne parvient pas
à faire face à toutes les demandes.
                                                    
                                                    
                                                    Aussi, afin d'éviter ces écueils et de rétablir la
confiance entre le citoyen et son administration, il convient de prévoir
que le silence de l'administration vaille acceptation de la demande.
                                                    
                                                    
                                                    Ce principe aura le double avantage :
                                                    
                                                    
                                                    - de
                                                    
                                                        ne pas entraver les projets
                                                    
                                                    , notamment ceux des entrepreneurs
à l'heure où tout doit être fait pour la création
d'emplois,
                                                    
                                                    
                                                    - de conduire l'administration, en cas de rejet, à
                                                    
                                                        l'expliquer au
citoyen et à le conseiller
                                                    
                                                    .
                                                    
                                                    
                                                    Telles sont les raisons pour lesquelles, je vous demande, Mesdames et Messieurs
les sénateurs, de voter la présente proposition de loi.
                                                
                                                    
                                                        PROPOSITION DE LOI
                                                        
                                                        
                                                        Article 1
                                                        
                                                            er
                                                        
                                                    
                                                
Le deuxième alinéa de l'article 20 de la loi n° 2000-321 du 12 avril 2000 relative aux droits des citoyens dans leurs relations avec les administrations est abrogé.
Article 2
                                                    L'article 21 de la loi n° 2000-321 du 12 avril 2000
précitée est ainsi rédigé :
                                                    
                                                    
                                                    «
                                                    
                                                        Art. 21.
                                                    
                                                    - Sauf dans les cas prévus à
l'article 22 où la décision d'acceptation n'est pas implicite, le
silence gardé pendant plus de deux mois par l'autorité
administrative sur une demande vaut acceptation.
                                                    
                                                    
                                                    « Lorsque la complexité ou l'urgence de la procédure le
justifie, des décrets en Conseil d'État prévoient un
délai différent. »
                                                
Article 3
                                                    L'article 22 de la loi n° 2000-321 du 12 avril 2000
précitée est ainsi rédigé :
                                                    
                                                    
                                                    «
                                                    
                                                        Art. 22.
                                                    
                                                    - Ce régime de décision implicite
d'acceptation ne vaut pas dans les cas prévus par décret en
Conseil d'État, notamment lorsque les engagements internationaux de la
France, l'ordre public, la protection des libertés ou la sauvegarde des
autres principes de valeur constitutionnelle s'y opposent. De même, sauf
dans le domaine de la sécurité sociale, ils ne peuvent instituer
aucun régime d'acceptation implicite d'une demande présentant un
caractère financier. »