Le résumé
« Une histoire racontée par un idiot, pleine de bruit et de fureur », voilà à quoi font irrésistiblement penser les deux premières décennies de ce XXIe siècle.
Sa seule différence avec l'histoire de Macbeth est qu'elle signifie quelque chose : la faillite de la restauration néolibérale commencée il y a une cinquantaine d'années.
Tout laisse à penser, en effet, qu'à l'image de son illustre prédécesseur, le Titanic II néolibéral, laissé à lui-même, court droit au naufrage.
Quand et après quelles péripéties ? Nul ne le sait, mais sûrement.
Prisonnier de ses contradictions et des intérêts qui le dominent, de l'insuffisance des réformes qui ont suivi le krach de 2008, conjuguée à l'aveuglement idéologique et à l'inconséquence de ses responsables politiques et techniques, on ne voit pas comment le système financier pourrait ne pas imploser.
On ne voit pas non plus comment la crise politique, résultant de la stagnation économique, de la désintégration progressive de l'État-Providence ni comment la crise morale née du constat de l'incapacité des gouvernements occidentaux à répondre aux attentes légitimes des électeurs et de la perte de confiance dans les institutions, pourraient laisser intacte « la démocratie en trompe-l'oeil », ce à quoi se résume la « démocratie libérale » réelle.
On voit encore moins où peuvent conduire la remise en cause par Donald Trump au nom de « l'America first » de l'ordre international ou l'éventuelle réorganisation de celui-ci avec l'apparition d'un pôle concurrent de l'Empire américain autour de la Chine, de la Russie et du Brésil.
On ne voit pas, mais on peut essayer de comprendre pourquoi, comment nous en sommes arrivés là, alerter sur l'urgence à nous préparer au naufrage annoncé, en limiter le plus possible les effets et poser les bases d'un monde qui puisse redevenir commun.
Tel est en tous cas le but de cette analyse prospective, avec les risques inhérents à ce genre d'exercice.