Le résumé
Chaque semaine, des tonnes de produits issus du trafic d'espèces sauvages transitent par les grandes plateformes aéroportuaires, notamment celle de Roissy-Charles de Gaulle, dans une relative indifférence publique. Ce commerce illégal, qui concerne plus de 4 000 espèces dans plus de 160 pays, est devenu à bas bruit la quatrième activité criminelle la plus lucrative au monde. Ce phénomène prend aujourd'hui une ampleur telle qu'il engorge les capacités douanières, alors même qu'il échappe en grande partie aux radars institutionnels.
La commission a cherché à faire la lumière et alerter sur les risques sous-estimés de ce trafic. Au-delà des atteintes à la biodiversité et à l'économie légale, ce trafic constitue une véritable bombe sanitaire à retardement, tant pour la santé humaine qu'animale : pas moins de 70 pour cent des maladies émergentes sont issues de la faune sauvage - du VIH à Ebola, en passant par la variole du singe. La pandémie de Covid-19, dont l'origine zoonotique est fortement suspectée, a illustré la porosité des frontières face à ces risques et les failles de notre système de biosécurité. Ce rapport d'information met aussi en évidence les liens étroits entre le trafic d'espèces et d'autres formes de criminalité transnationale, tout en appelant à traiter ces problématiques avec la vigilance et la fermeté qu'elles méritent.
Face à l'ampleur du phénomène, le rapport formule 18 recommandations pour inverser la tendance : réorienter l'action publique vers la prévention plutôt que l'interception, améliorer la coordination des acteurs de la lutte, renforcer la coopération diplomatique avec les pays d'origine, sensibiliser massivement les voyageurs aux prohibitions réglementaires ou encore instaurer une politique « Zéro produit animal brut » dans les bagages. Il propose également des mesures plus répressives, justifiées par la nature même des menaces, comme le retrait de visa pour les récidivistes ou l'interdiction du territoire, afin d'endiguer les flux à la source.
