Question de M. HAMEL Emmanuel (Rhône - RPR) publiée le 26/09/2002
M. Emmanuel Hamel attire l'attention de M. le ministre de la culture et de la communication sur l'interview du président de l'Institut national de l'audiovisuel (INA) parue à la page 8 du Figaro-Economie du 22 août 2002 et au cours de laquelle ce dernier explique qu'il a été chargé de former et d'équiper en matériel d'archivage la société de production afghane Ariana Films. Il souhaiterait connaître les actions menées actuellement par la France pour sauver le patrimoine culturel afghan.
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Réponse du Ministère de la culture et de la communication publiée le 06/02/2003
Un certain nombre d'actions ont été menées par l'INA pour la sauvegarde du patrimoine culturel afghan. En juillet dernier, plusieurs acteurs de l'audiovisuel public se sont engagés dans un programme de coopération et de soutien à la reconstruction de la télévision en Afghanistan. Dans cette perspective, une délégation réunissant des représentants d'Arte, de France Télévisions, de Canal France International (CFI) et de l'Institut national de l'audiovisuel (INA) s'est rendue à Kaboul. A l'issue de cette première mission d'expertise, l'INA a initié un programme de sauvegarde des archives de la télévision Radio Télévision Afghane (RTA) d'une part, et de producteurs indépendants (Afghan Films et Ariana Films), d'autre part. S'agissant de la RTA, l'intervention de l'INA porte sur la mise en oeuvre d'un plan de sauvegarde, de numérisation et d'indexation des archives de la télévision (17 000 heures). Une convention d'une durée de trois ans a été signée à cet effet en septembre dernier. Ainsi, le déplacement de représentants de l'INA en octobre dernier en Afghanistan a-t-il rendu possible une analyse de l'organisation des archives, du mode d'indexation des différents formats et des conditions de stockage. Il a également été procédé à la numérisation d'anciens formats - des programmes musicaux pour l'essentiel - qui ont été immédiatement portés à l'écran. De plus, la formation de techniciens de maintenance, d'exploitants et de documentalistes a pu être mise en place. Pour mener à bien ce programme, l'INA a également cédé différents matériels et organisé des modules de formation en maintenance technique et en informatique documentaire. S'agissant des producteurs indépendants afghans, il est apparu qu'Afghan films dispose d'un fonds d'archives cinéma - dont les premières datent des années 1950 - d'une qualité historique, politique et culturelle exceptionnelle. La première expertise réalisée par l'INA en août dernier nécessite d'être approfondie pour permettre la programmation d'un plan d'action. Une proposition de coopération a été initiée par l'INA et pourrait être mise en oeuvre dans le cadre d'une prochaine mission comportant notamment la formation de techniciens à la restauration mécanique et à l'évaluation des films. Cette étape devrait être complétée par une formation spécifique à l'informatique documentaire. L'INA a également signé, en août dernier, une convention avec Ariana Films portant sur la sauvegarde et la numérisation de leurs archives. En contrepartie, l'INA a négocié l'exclusivité pour dix ans des droits d'exploitation et de distribution. De plus, l'organisation non gouvernementale Aïna a émis le souhait de développer le partenariat initié par l'INA avec le soutien de l'ambassade de France et de la Commission européenne. Il porterait sur la formation - sur site - de techniciens afghans mais également sur la diffusion auprès des " chaînes régionales ", en accord avec la RTA, de programmes français, notamment éducatifs tels que ceux communiqués régulièrement par l'INA au lycée franco-afghan Malalaï. Enfin, Arte doit apporter son concours à la réhabilitation de l'auditorium du lycée franco-afghan de Kaboul. Une souscription à l'antenne sera lancée pour financer cette action. En France même ont été mises en oeuvre, à l'initiative ou avec le soutien du ministère de la culture et de la communication, des actions susceptibles de sensibiliser l'opinion publique à la richesse du patrimoine culturel afghan, aux destructions déjà opérées, et aux dangers qui continuent de le menacer. De février à mai 2002 a été présentée au musée Guimet une importante exposition sur l'Afghanistan. A cette occasion, un séminaire sur le patrimoine de ce pays s'est tenu au mois d'avril. Il faisait écho au colloque organisé à l'Unesco en 2001, auquel s'était associé le ministère de la culture et de la communication, et qui avait eu pour prolongement la publication aux Editions des Mille et une nuits d'un ouvrage intitulé " Afghanistan, la mémoire assassinée ". Le secteur associatif s'est beaucoup mobilisé autour de l'Afghanistan. Deux séries de manifestations comportant des expositions, des concerts, des projections de films, des débats, des rencontres littéraires, et qui se sont déroulées au printemps 2002, méritent d'être mentionnées : " Le Printemps afghan et " Itinéraires afghans ". Elles ont toutes deux reçu le soutien du ministère de la culture et de la communication et du ministère des affaires étrangères. Le ministère des affaires étrangères coordonne par ailleurs l'action interministérielle en faveur de l'Afghanistan à laquelle participe le ministère de la culture et de la communication pour les domaines de sa compétence. En matière de patrimoine, deux missions exploratoires ont été organisées en Afghanistan en avril et en mai. Elles ont permis de faire un état des besoins et de dégager trois axes d'intervention : la réactivation de la DAFA (Délégation archéologique française en Afghanistan), qui aura vocation à superviser l'actualisation de la carte archéologique de l'Afghanistan, afin de pouvoir mener des interventions ponctuelles à la demande des autorités locales, et coordonner l'action des missions archéologiques. Un expert permanent, archéologue, envoyé sur place courant octobre, est maintenant installé à Kaboul ; la reprise des fouilles : une première campagne, à échelle modeste, s'est déroulée cet été à Kaboul. Les fouilles prévues à Bamyan ont dû être ajournées pour des raisons de sécurité en raison de problèmes avec les autorités locales ; elles devraient reprendre l'an prochain. L'ouverture d'un chantier est également envisagé dans la région d'Hérat ; coopération entre le musée de Kaboul et le musée Guimet dans le domaine de la restauration des oeuvres d'art. Elle porterait en priorité sur des oeuvres endommagées par les Talibans entre 1996 et 2000 et l'arrêt de la dégradation des peintures murales ayant survécu. Le directeur du musée de Kaboul et le directeur de l'institut archéologique afghan se sont rendu à cet effet en France au mois de novembre 2002. La coopération (mission de restaurateurs français sur place, invitation en France de professionnels afghans) devrait commencer début 2003 et aboutir, à terme, à la création sur place d'un atelier de restauration.
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