Question de Mme BOYER Yolande (Finistère - SOC) publiée le 05/12/2002
Mme Yolande Boyer appelle l'attention de M. le ministre de l'équipement, des transports, du logement, du tourisme et de la mer sur les décisions que sera amené à prendre le conseil des ministres européens qui se réunira le 5 décembre prochain sur le dossier " Ciel unique européen ". Sans contester le bien-fondé d'une organisation européenne de la navigation aérienne, la tentation de transformer ce service public en secteur marchand, libéral et concurrentiel, notamment entre centres de contrôles, risque fort d'occulter l'objectif premier du contrôle aérien, à savoir : la sécurité des usagers et des populations survolées avec la meilleure efficacité possible. La performance des services de la navigation aérienne française est, de ce point de vue, indiscutable avec des retards divisés par quatre en deux ans et un coût de service parmi les plus bas d'Europe. Les personnels de la direction générale de l'aviation civile sont inquiets des positions prises par l'Union européenne, visant notamment à externaliser tous les services qui ne sont pas directement liés au contrôle aérien ainsi qu'à séparer totalement opérateur et régulateur et à répartir l'espace aérien européen en blocs d'espace fonctionnels sans raison opérationnelle. Ces dispositions remettent en cause la chaîne de sécurité et favorisent une logique de marché et de concurrence accrue entre prestataires. Elle demande au Gouvernement s'il entend s'opposer au projet " Ciel unique " tel que présenté à ce jour et s'il envisage demander à la Commission européenne de travailler sur un projet visant essentiellement à l'harmonisation des services de la navigation aérienne européenne.
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Réponse du Ministère de l'équipement, des transports, du logement, du tourisme et de la mer publiée le 01/05/2003
Réuni le 5 décembre 2002, le Conseil européen des ministres des transports a conclu un accord politique sur le " paquet " du ciel unique européen. Cet accord comprend un règlement-cadre et trois autres règlements spécifiques portant respectivement sur l'organisation et l'utilisation de l'espace aérien, la fourniture des services de navigation aérienne, et sur l'interopérabilité des systèmes. Deux symboles forts contribueront à la création d'un " ciel unique ", la création d'une région d'information de vol européenne fusionnant, dans l'espace aérien supérieur, les zones de responsabilité attribuées par l'organisation de l'aviation civile internationale aux Etats et la réalisation par la commission d'une publication commune de l'information aéronautique dans cette zone. Pour la France, l'harmonisation des réglementations en matière de sécurité et d'interopérabilité des systèmes sont deux plus-values majeures, l'interopérabilité appelant des mesures d'application de la Commission. Le Gouvernement a oeuvré pour l'adoption de ces textes, en privilégiant, l'adoption de mesures contribuant effectivement à améliorer la fluidité du trafic. La France a ainsi fait partie des Etats qui ont influé sur la rédaction, dans un sens qui d'une part, respecte le caractère non concurrentiel des services de la circulation aérienne, d'autre part, laisse aux Etats membres les responsabilités premières d'organisation de l'espace aérien et de désignation des fournisseurs de services. Le caractère non concurrentiel des services de la circulation aérienne a été réaffirmé. En particulier, la désignation des prestataires de services restera exclusivement de la compétence des Etats, qui conserveront un choix discrétionnaire, qu'il s'agisse des services de circulation aérienne, y compris leurs moyens propres de communication, de navigation et de surveillance, ou des services météorologiques. La séparation entre les autorités de surveillance nationales et les prestataires de services pourra être, à la discrétion des Etats, structurelle ou fonctionnelle. La détermination de blocs fonctionnels d'espace aérien relèvera des seuls Etats concernés par ces espaces. Par ailleurs, les Etats membres pourront continuer à publier leur information aéronautique selon leurs procédures. Les organismes fournissant des services de la navigation aérienne seront soumis à un processus de certification par les autorités nationales de surveillance, visant principalement les préoccupations de sécurité, d'interopérabilité et de continuité des services. Une coordination de la tarification des services sera assurée. Cependant, sur l'insistance de plusieurs Etats dont notamment la France, chaque État membre décidera librement d'appliquer ou non des mécanismes tarifaires comportant des incitations à la performance des prestataires de services, ou des incitations à l'égard des usagers. Les compétences de l'organisation Eurocontrol, qui regroupe trente et un Etats européens, seront utilisées, sauf problème particulier, pour préparer les mesures d'exécution. Par ailleurs, la Commission s'assurera, y compris par le recours à Eurocontrol, que ces mesures sont pleinement compatibles avec la nécessité d'une continuité avec les Etats voisins non membres de la Communauté européenne. A cet égard, après le vote récent du Sénat, l'Assemblée nationale sera appelée à approuver le projet de loi autorisant la ratification du protocole consolidant la convention Eurocontrol révisée, signé en juin 1997. L'espace aérien employé pour l'entraînement et les opérations militaires sera géré conformément au principe de " gestion souple de l'espace ", afin d'optimiser son utilisation en fonction des besoins civils et militaires. Cette règle, qui existe déjà, pourra appeler si nécessaire des mesures d'exécution communautaires.
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