Question de M. KAROUTCHI Roger (Hauts-de-Seine - UMP) publiée le 04/04/2003
Question posée en séance publique le 03/04/2003
M. le président. La parole est à M. Roger Karoutchi.
M. Roger Karoutchi. Monsieur le président, ma question sera d'autant plus brève qu'elle porte sur les actes antisémites en France, qui ont été évoqués à l'instant.
Monsieur le ministre de l'intérieur, il fut un temps, et ce n'était pas que politique, où il était « politiquement correct » de dire qu'il n'y avait pas d'augmentation des actes antisémites en France. Et pourtant, certains signalaient depuis deux ou trois ans déjà, ici, des agressions contre les lieux de culte, là, des agressions contre les personnes, ailleurs, et il y a quelques jours encore, des dérapages lors d'expositions installées dans des halls d'universités.
Cette explosion des actes antisémites au cours des dernières années a été actée par un certain nombre de commissions et de comités tout à fait officiels. Vous-même, monsieur le ministre, avez dit très clairement et très fermement, dès votre prise de fonctions, que vous souhaitiez mettre un terme à ces actes.
M. René-Pierre Signé. Entre les souhaits et la réalité...
M. Roger Karoutchi. Nous sommes en face d'une dérive liée, pour certains, aux événements du Proche-Orient et au conflit en Irak, qui provoquent certains dérapages. On l'a encore vu en marge de manifestations qui ont eu lieu la semaine dernière en France.
Vous avez pris un certain nombre de mesures, monsieur le ministre, pour faire en sorte que l'exaspération, dans la tentation communautariste, ne conduise pas à l'affrontement. Vous l'avez fait en mettant en place un certain nombre d'institutions pour les communautés musulmanes ; vous l'avez fait également pour rassurer les communautés juives de France.
M. René-Pierre Signé. Encore de la désinformation !
M. Roger Karoutchi. Aujourd'hui, la guerre en Irak et le climat qu'elle provoque sont l'occasion d'autres actes de ce type.
Monsieur le ministre de l'intérieur, pouvez-vous très succinctement, mais très clairement, nous donner votre sentiment sur les risques actuels et nous décrire les mesures que vous souhaitez prendre face à cette situation ? (Applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
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Réponse du Ministère de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales publiée le 04/04/2003
Réponse apportée en séance publique le 03/04/2003
M. Nicolas Sarkozy, ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales. Monsieur Karoutchi, il nous faut d'abord régler une première difficulté. Il n'est pas normal, en effet, que les chiffres du ministère de l'intérieur, pour ce qui est des actes antisémites, ne soient pas les mêmes que les chiffres des organisations de la communauté juive, car cet écart jette un doute sur la volonté des uns et des autres. Si un acte antisémite est commis, il doit être reconnu et sanctionné comme tel. Nous nous sommes rapprochés de ces organisations pour harmoniser nos résultats et ainsi mieux appréhender la profondeur du mal.
Mesdames, messieurs les sénateurs, la France n'est pas un pays antisémite, la France n'est pas un pays raciste, ce qui nous donne d'autant plus de force pour reconnaître qu'il y a, sur le territoire national, un certain nombre d'antisémites et de racistes.
De ce point de vue, je salue la proposition de loi de M. Lellouche, adoptée à l'unanimité, texte grâce auquel, par exemple, l'incendie d'une synagogue n'aura pas besoin d'être accompagné d'injures antisémites pour être répertorié comme un acte antisémite : l'incendie d'une synagogue est en soi un acte antisémite.
D'ailleurs, mesdames, messieurs les sénateurs, celui qui n'aime pas les Arabes ressemble comme un frère à celui qui déteste les juifs : ils ont le même visage, celui de la bêtise, celui de la lâcheté, celui de la bestialité. Et il ne faut pas que cette guerre, qui n'est pas la nôtre, trouve son prolongement en France.
Quelle est la réponse ? J'en ai bien conscience, il n'y en a qu'une : arrêter les auteurs. C'est chose faite pour les deux individus qui ont agressé une dame qui se rendait à la synagogue de Garges-lès-Gonesse. Agés de dix-sept ans, ils étaient ses voisins ! Les deux ont été interpellés et seront punis sévèrement.
Quant à l'agression dont ont été victimes des membres d'une association de jeunes juifs, en marge d'une manifestation contre la guerre en Irak, des photos ont été prises ; la police travaille ; j'irai moi-même ce soir sur place. Il faut retrouver les auteurs, car nous ne pouvons pas tolérer de tels actes.
Tout cela conduit donc à des réactions d'exaspération avec, de part et d'autre, une communauté juive et une communauté musulmane qui voudraient chacune se défendre. Mais ce n'est pas à elles d'assurer leur propre sécurité, c'est à l'Etat, et à lui seul ! (Très bien ! et applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
Face à cela, un seul principe : la tolérance zéro ; une seule volonté : avoir des résultats.
J'ajoute que nous ne devrions pas voir, comme ce fut le cas dans un certain nombre de manifestations, le drapeau d'une grande démocratie amie affublée d'une la croix gammée.
M. Dominique Braye. Très bien !
M. Nicolas Sarkozy, ministre. On ne manifeste pas pour la paix avec des comportements de cette nature. (Applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
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