Question de M. GAUDIN Christian (Maine-et-Loire - UC) publiée le 11/04/2003
Question posée en séance publique le 10/04/2003
M. Christian Gaudin. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.
En décembre 2002, le chiffre mensuel de la production industrielle était en recul de 1,8 %, soit la plus forte baisse depuis cinq ans.
La suppression massive d'emplois à la production touche tous les secteurs d'activité, notamment de main-d'oeuvre, tels que le textile-habillement-cuir et l'électronique.
Ce constat, inquiétant, nous amène à nous interroger sur la capacité de notre pays à conserver une activité traditionnelle de production. La délocalisation, qui répond - temporairement - à la nécessité de rester compétitif, est souvent justifiée par la survie de l'entreprise. Mais cette voie, majoritairement utilisée dans certains métiers, souvent sous la pression de la grande distribution, a un coût humain et fiscal important qui n'a jamais été réellement évalué.
Le traitement social des emplois supprimés est lourd ; la reconversion des salariés licenciés est donc difficile.
Je n'ignore pas que le Gouvernement a déjà entrepris des réformes qui vont dans le bon sens. C'est ainsi que la création et la transmission d'entreprises ont été facilitées et que, prochainement, la formation et l'innovation seront encouragées.
Toutefois, le pays a besoin d'être assuré qu'il y a véritablement, au Gouvernement, une volonté de sauvegarder nos emplois de production.
Nos entreprises nous montrent souvent leurs performances en création-développement, mais nous alertent aussi régulièrement sur leurs difficultés à maîtriser leur perte de compétitivité en production.
Pouvez-vous, monsieur le ministre, nous apporter l'assurance que vous donnerez rapidement un signal fort en ce sens à nos entrepreneurs ? (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste et de l'UMP, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
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Réponse du Ministre de l'économie, des finances et de l'industrie publiée le 11/04/2003
Réponse apportée en séance publique le 10/04/2003
M. Francis Mer, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. Comme vous l'avez rappelé, monsieur le sénateur, nous avons déjà adressé des signes forts à nos entreprises en général, et à nos entreprises industrielles en particulier.
Le meilleur signal que nous puissions leur donner - et nous continuerons de le faire - consiste à leur montrer que nous les reconnaissons comme des acteurs indispensables à la réussite économique de notre pays, une réussite dont l'emploi est d'ailleurs le premier bénéficiaire.
N'oublions pas que, pendant un certain nombre d'années, dans un passé plus ou moins récent, cette reconnaissance ne leur a pas été accordée : elles étaient avant tout surchargées de contraintes. (Protestations sur les travées du groupe socialiste. - Applaudissements sur les travées de l'UMP.) Ces contraintes, aujourd'hui, il est absolument nécessaire de les lever compte tenu de l'environnement concurrentiel très dur dans lequel nos entreprises sont plongées, sans parler d'une conjoncture particulièrement difficile.
Nous savons que c'est à travers leur propre développement et leur propre réussite que ces entreprises construiront leur futur.
Nous avons donc pour objectif de les doter d'un environnement favorable, de leur donner des incitations, de leur accorder parfois des aides, afin qu'elles puissent affronter cette concurrence dans les meilleures conditions.
M. René-Pierre Signé. C'est la voix du MEDEF !
M. Francis Mer, ministre. Je suis très au fait de la situation de l'industrie et croyez bien que j'y suis très attentif. Ce n'est certainement pas moi qui ne ferai pas tout pour maintenir le plus grand nombre possible d'entreprises industrielles compétitives dans notre pays.
L'industrie est soumise à la concurrence mondiale plus que les services. C'est ce qui explique que, l'année dernière, alors que 150 000 emplois étaient créés dans les services et dans la distribution, nous avons enregistré la disparition d'environ 80 000 emplois dans l'industrie.
Cela étant, l'industrie française reste forte. Elle est même proportionnellement plus forte, en termes d'emplois, que la plupart des industries européennes, exception faite de l'industrie allemande.
En confortant la valeur ajoutée de nos industries, nous entendons conserver une caractéristique positive de notre pays.
Nous ferons ce que nous devons faire, et les entreprises savent qu'elles peuvent compter sur un soutien responsable et actif de notre gouvernement. (Applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
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