Question de Mme BORVO COHEN-SEAT Nicole (Paris - CRC) publiée le 11/04/2003
Question posée en séance publique le 10/04/2003
Mme Nicole Borvo. Ma question porte sur l'Irak et s'adresse à M. le Premier ministre.
Je formulerai d'abord le voeu que la chute annoncée de Bagdad puisse arrêter les massacres.
Pendant trois semaines, bombardiers et missiles ont semé la mort, détruit massivement, provoqué des drames humains, meurtri à vie des enfants, fait fuir des familles entières.
Les scènes de pillage sont le versant humiliant d'une catastrophe humanitaire qui était, hélas ! prévisible.
Prévisible aussi était la supériorité militaire des Etats-Unis, dont le budget militaire équivaut à ceux réunis de toutes les armées de la planète !
Monsieur le Premier ministre, les sentiments que la chute d'un régime honni inspire ne peuvent masquer que l'administration Bush et ses alliés ont engagé une guerre hors du cadre de la légalité internationale, au motif que l'Irak était une menace pour la paix mondiale et détenait des armes de destruction massive.
Et je ne parle pas ici des liens qu'on lui prête avec le réseau Al Qaïda.
Or rien de tout cela n'a été prouvé.
Monsieur le Premier ministre, nous avons apprécié que la France n'ait pas suivi cette voie dangereuse pour l'équilibre de la région comme pour l'équilibre du monde et qu'elle ait oeuvré pour la poursuite d'un règlement pacifique, en accord avec l'immense majorité des peuples et des gouvernements. Nous continuons à l'apprécier.
Monsieur le Premier ministre, aucun débat n'ayant été organisé sur la situation en Irak depuis le début des hostilités, nous souhaiterions connaître votre appréciation, celle du Gouvernement, sur la situation actuelle.
Quelle initiative notre pays va-t-il prendre pour permettre « la fin rapide et effective des combats », comme l'a souhaité le Président de la République ce matin même ? Trop de sang a déjà coulé. Comment envisagez-vous la mise en place d'une force internationale qui permette le retour de la paix ?
Si nous voulons rester en cohérence avec l'attitude initiale de la France, l'heure n'est-elle pas à la prise de grandes initiatives diplomatiques pour organiser une conférence internationale, sous l'égide de l'ONU, qui associerait toutes les parties, y compris celles de la société irakienne, seule garantie d'un avenir souverain et démocratique pour le pays ?
Alors que les tueries continuent au Proche-Orient, ne pensez-vous pas, monsieur le Premier ministre, qu'il faut tout mettre en oeuvre pour relancer le processus de paix en Palestine ?
La France, qui a su parler d'une voix forte, ne peut rester spectatrice. Elle doit, avec les peuples épris de paix, agir pour le droit international et pour l'existence d'un monde multipolaire. (Applaudissements sur les travées du groupe CRC et du groupe socialiste.)
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Réponse du Premier ministre publiée le 11/04/2003
Réponse apportée en séance publique le 10/04/2003
M. Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre. Madame la présidente, comme vous, nous avons le sentiment que la France a parlé d'une voix forte dans ce conflit. Notre devoir est aujourd'hui d'être très proches du peuple irakien, qui a connu des souffrances extrêmes.
Ces trois semaines de bombardement ont atteint dans leur chair les populations civiles.
Nous sommes aux côtés du peuple irakien. Nous partageons aujourd'hui son espoir de liberté, de démocratie, de développement. Nous nous sentons engagés pour participer à cet avenir nouveau.
Nous sommes déterminés pour que, dès que la situation aura été sécurisée, une délibération puisse intervenir à l'ONU, afin que toute la communauté internationale puisse, à partir d'une résolution adoptée par tous, définir les procédures à mettre en oeuvre afin d'aider l'Irak à choisir le chemin de la démocratie et à construire son avenir.
Comme vous l'avez dit, madame Borvo, il faut que, dans ces circonstances, nous puissions agir également pour que le conflit israélo-palestinien débouche enfin sur une perspective de paix, que l'Etat palestinien soit reconnu et que la sécurité du peuple israélien soit assurée conformément aux résolutions que les Nations unies ont déjà adoptées.
Nous pensons vraiment que l'ONU doit jouer un rôle central en la matière afin que cette région du monde retrouve la paix et la liberté.
Avec nos partenaires du Conseil de sécurité, nous nous sommes engagés à poursuivre cette démarche.
Nous avons la conviction qu'il faut que le monde soit multipolaire et qu'il faut un équilibre entre différents pôles. Dans cette optique, notre projet européen reste essentiel pour équilibrer le monde, pour éviter que prédomine une vision unipolaire, qui pourrait, à terme, se révéler une vision de déséquilibre.
C'est l'équilibre que la France entend promouvoir. La majorité des membres du Conseil de sécurité partage ce point de vue. (Bravo ! et applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
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