Question de Mme BEAUDEAU Marie-Claude (Val-d'Oise - CRC) publiée le 31/07/2003
Mme Marie-Claude Beaudeau attire l'attention de M. le secrétaire d'Etat aux anciens combattants sur l'injustice dont sont victimes, en matière de pension, des veuves de grand invalide de guerre. Elle lui fait remarquer que la pension veuve de guerre est une pension non contributive et, à ce titre, peut être considérée comme une forme d'indemnisation concédée par l'Etat à la veuve de guerre. Mais elle lui fait également remarquer que, dans le cas de veuve de grand invalide de guerre, celle-ci a rempli une fonction de " tierce personne " pendant une période de vie commune l'ayant contrainte aux soins exclusifs de son mari l'excluant de toute activité professionnelle salariée. Elle lui fait donc remarquer que l'Etat a contracté en fait une dette qu'il se doit d'assumer. Elle lui demande de lui faire connaître les mesures qu'il pourrait envisager pour considérer l'indemnisation comme droit à pension de veuve dans le cas d'un grand invalide de guerre proportionnelle au temps de vie commune. Elle lui demande enfin, dans le cas d'une ex-épouse divorcée d'un grand invalide de guerre, les mesures qu'il pourrait envisager pour que le droit à pension de veuve soit également reconnu proportionnellement au temps de vie commune.
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Réponse du Secrétariat d'Etat aux anciens combattants publiée le 06/11/2003
L'honorable parlementaire souhaite voir la pension de la veuve de grand invalide proportionnée au temps de vie commune avec le pensionné et partagée, le cas échéant, avec son ex-épouse divorcée. Le secrétaire d'Etat aux anciens combattants précise que la pension militaire d'invalidité ou de victime de guerre constitue la réparation d'un dommage physique ; elle ne peut être assimilée à une pension de retraite. Une éventuelle modification doit être analysée distinctement selon qu'il s'agirait du régime des majorations spéciales ou de celui de la pension de base. En effet, le bénéfice du taux spécial supposerait que la ou les premières conjointes remplissent les conditions exigées en l'espèce telles que l'âge ou le plafond de ressources. Pour ce qui concerne l'allocation prévue à l'article L. 52-2 du code des pensions militaires d'invalidité et des victimes de la guerre, le divorce en exclut automatiquement l'ex-conjointe, sauf à remettre en cause le principe même de l'allocation. De plus, une telle mesure apparaîtrait pour les veuves contradictoire avec la mesure de revalorisation, décidée en 2002, de l'allocation précitée pour les veuves des plus grands invalides. Cette mesure ne pourrait être prise en compte que pour les pensions de veuves concédées à l'avenir. On conçoit en effet difficilement que des veuves de grands invalides, âgées et pensionnées depuis de nombreuses années, se voient contraintes de céder une partie de leur pension (au moins la moitié). La diminution de cet avantage, qui représente pour elles depuis longtemps un élément important de leurs ressources et de leur niveau de vie, ne peut être envisagée sans susciter l'incompréhension et l'hostilité des intéressées. Même s'il est admis que l'ex-conjointe ne doit pas être remariée pour bénéficier de la pension de veuve, la mesure est de nature à créer une insécurité financière et juridique pour la veuve devenue veuve dans les liens du mariage. En effet, si l'ex-conjointe devient veuve à son tour, elle pourrait prétendre au bénéfice de la pension et entraîner une perte de revenus pour la seconde. Enfin, il est difficile d'admettre qu'une conjointe qui a obtenu le divorce d'un invalide puisse bénéficier d'une pension de veuve de la même manière que la conjointe demeurée dans les liens du mariage et qui l'a aidé à assumer son handicap jusqu'au dernier jour. Ceci est particulièrement vrai pour la dernière épouse d'un grand invalide. Sur le plan économique, l'intérêt d'une telle mesure n'est pas démontré puisque le partage réduirait considérablement le montant des pensions de veuve (d'au moins 50 %) qui sont, en règle générale, et hors partage, d'un montant relativement modeste. La pension de veuve n'est pas une pension de réversion. Elle s'inscrit dans le droit à réparation et ne peut être assimilée à une pension de retraite, tous régimes confondus, qui repose sur les cotisations du conjoint ou de l'ex-conjoint. Une telle réforme impliquerait une remise en question complète du droit à pension de veuve.
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