Question de M. de MONTESQUIOU Aymeri (Gers - RDSE) publiée le 25/09/2003
M. Aymeri de Montesquiou attire l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur l'action de la France en Afghanistan. Deux ans après l'attentat qui a coûté la vie au commandant Massoud et les attentats du 11 septembre 2001, les hommages en France au Lion du Panshir se multiplient : émission d'un timbre à son effigie, publication d'un ouvrage. A l'occasion de cette commémoration, il lui demande de bien vouloir lui dresser un bilan de la situation en Afghanistan et de l'action de la France dans la reconstruction du pays, en particulier dans les domaines de l'éducation, de la santé et de l'agriculture.
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Réponse du Ministère des affaires étrangères publiée le 06/11/2003
La situation en Afghanistan reste contrastée. La mise en oeuvre de l'accord inter-afghan conclu à Bonn en décembre 2001, et confirmé par la Loya Jirga (assemblée traditionnelle) d'urgence de juin 2002, se poursuit jusqu'à présent conformément au calendrier prévu. Les réformes indispensables à la stabilisation du pays ont par ailleurs été engagées : réforme de l'administration et des organes de sécurité - police, armée -, désarmement des miliciens, réforme de la justice et des finances avec notamment la création d'un système bancaire et financier. Ces réformes ne progressent cependant pas à un rythme suffisamment rapide, l'administration centrale étant encore faible et totalement tributaire de l'assistance de la communauté internationale. Le maintien des prérogatives des chefs de guerre constitue toujours une menace pour la stabilité du pays. Force est également de constater une dégradation des conditions de sécurité au cours des derniers mois, en particulier dans le sud et le sud-est du pays. Sur le plan militaire, l'opération " Liberté immuable ", engagée par les Etats-Unis dans le cadre de sa lutte contre le terrorisme et à laquelle la France participe, se poursuit dans tout le pays. Une force internationale d'assistance à la sécurité (FIAS), qui bénéficie depuis le mois d'août d'un soutien logistique renforcé de l'OTAN, est par ailleurs présente à Kaboul et ses environs. La France en est un des principaux contributeurs, avec un contingent de 550 hommes. L'extension du mandat de cette force hors de Kaboul a été adoptée très récemment aux Nations unies. Sur le plan régional, on relèvera notamment la signature le 22 décembre 2002 à Kaboul d'une déclaration de bon voisinage entre l'Afghanistan et les six pays limitrophes. Les prochains mois seront marqués par des échéances cruciales pour l'avenir du pays : adoption par une Loya Jirga de la Constitution en décembre 2003, puis organisation d'élections générales prévues pour juin 2004. La reconstruction du pays se poursuit. L'effort de la communauté internationale est massif, atteignant 2 milliards de dollars pour 2002 et un montant probablement supérieur en 2003. La conférence de Dubaï le 21 septembre dernier a été l'occasion pour la communauté internationale de confirmer son engagement dans la reconstruction du pays. Compte tenu des besoins d'assistance d'urgence qui ont dû être satisfaits en priorité, les projets d'infrastructures, plus visibles, commencent seulement à être réalisés. Sur le plan politique, la France a fait le choix de concentrer ses efforts notamment sur la sécurité du pays et l'édification d'une armée nationale afghane, condition indispensable de l'unité du pays et de l'affirmation du pouvoir des autorités centrales. Dans le domaine de la coopération, l'effort français atteint 66 millions d'euros sur 2002-2003 (hors contribution à la FIAS et assistance humanitaire). Il est centré sur des domaines d'excellence de la coopération française, répondant à des priorités afghanes et dans lesquels il y avait déjà une tradition d'échange entre les deux pays : l'éducation, la santé, l'agriculture, mais également la protection du patrimoine, un appui aux nombreux projets portés par des ONG françaises qui se sont impliquées de longue date en Afghanistan et des actions relatives à la promotion d'un Etat de droit. Dans le domaine de l'éducation, l'année 2002 a été essentiellement consacrée à la remise à niveau des enseignants afghans de français et de disciplines scientifiques ainsi qu'à la mise en place d'un enseignement de langue à partir de la troisième année du primaire dans les lycées francophones Esteqlal et Malâlaï. Plusieurs dizaines d'écoles ont été réhabilitées à Kaboul et en province, en partie grâce à un financement du ministère de la jeunesse, de l'éducation nationale et de la recherche, le reste par un consortium d'ONG réunies par " Solidarité laïque ". Le département de français de l'université de Kaboul, unique structure de formation des professeurs de français du pays, fonctionne à nouveau. Dans le secteur de l'agriculture et de l'aide alimentaire, la livraison de 2 000 tonnes de semences céréalières en 2002 puis de 9 000 tonnes de farine de blé en février 2003 a permis la constitution d'un fonds de contrepartie à hauteur de 1,5 million de dollars qui permet d'engager aujourd'hui plusieurs projets de développement, notamment dans l'élevage bovin. Le développement de la coopération franco-afghane en matière de santé s'est traduit de plusieurs manières : relance d'une coopération très active en médecine et en pharmacie entre les universités de Kaboul et de Lyon II, missions d'expertise en planification hospitalière, appui à un programme national de transfusion sanguine, lancement d'un programme de santé maternelle, rénovation de l'hôpital New Ali Abad de Kaboul, soutien institutionnel au ministère afghan de la santé en coordination avec les bailleurs de fonds, appui financier et technique aux ONG médicales françaises.
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