Question de M. MURAT Bernard (Corrèze - UMP) publiée le 27/11/2003
M. Bernard Murat attire l'attention de M. le ministre des sports sur les dérives communautaristes dans le monde sportif. Créneaux horaires spécifiques pour les femmes dans les piscines et les gymnases, interdiction à celles-ci de la pratique sportive, développement de clubs sportifs constitués sur une base ethnique sont des manifestations de ces dérives de plus en plus nombreuses et qui mettent en cause les valeurs républicaines de notre pays. Il lui demande donc de lui préciser qu'elles sont les mesures envisagées afin que soit préservée notre idée du club sportif comme espace de brassage et de liberté.
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Réponse du Ministère des sports publiée le 22/01/2004
A l'issue des Etats généraux du sport, le ministre des sports a inscrit la fonction éducative et sociale du sport comme une priorité de sa politique. Aussi, c'est en toute logique qu'il a souhaité porter témoignage d'un certain nombre de faits constatés dans le domaine du sport et qui étaient susceptibles d'intéresser la commission Stasi dans le cadre de sa " réflexion sur l'application du principe de laïcité ". Le vrai sujet de préoccupation lui paraît résider dans les difficultés rencontrées pour que le rôle éducatif et social du sport puisse produire tous ses effets. Cette fonction éducative et sociale ne peut en effet s'exprimer que si cohabitent au sein d'associations sportives des personnes d'origines sociales, culturelles et religieuses différentes, animées par des valeurs communes et qui apprennent à se connaître et à se respecter. Cependant, il constate qu'aujourd'hui, loin de jouer ce rôle, le sport en milieu associatif devient parfois le théâtre de pratiques d'exclusion ou de prosélytisme. Le sport, pratiqué ainsi, peut alors, porter en lui des ferments de renforcement des particularismes. Si les associations sportives qui regroupent des membres d'une même origine ne constituent pas en soi un fait nouveau, trois éléments récents apparaissent : le développement de ces clubs communautaires s'accompagne d'une logique de repli ; une baisse sensible de la pratique sportive des femmes dans certains quartiers ; l'augmentation des demandes de créneaux horaires réservés aux femmes. Or, la fonction éducative du sport ne peut jouer que lorsqu'il y a émulation et progression, ce qui suppose qu'il y ait rencontre. Aussi, l'inquiétude du ministre face à cette évolution et sa détermination à agir sont fondées sur trois convictions : le développement et les conditions de la pratique sportive ne lui paraissent pas relever exclusivement, loin s'en faut, de la sphère privée mais, bien au contraire de la sphère publique ; si l'on considère que l'émancipation des femmes est un baromètre pertinent de l'évolution d'une société - et c'est, en tout cas, sa conviction - alors il convient de prendre très vite garde aux dérives rapportées dans le champ sportif ; enfin, le sport est un fait social majeur. Il doit permettre l'apprentissage de façon volontaire par les plus jeunes de la citoyenneté. Le ministre a d'ores et déjà installé avec Mme Nicole Ameline, ministre déléguée à la parité et à l'égalité professionnelle, un groupe de propositions pour analyser la baisse de la pratique des jeunes filles dans les quartiers sensibles et y remédier. Parallèlement, il conduit avec M. Jean-Louis Borloo, ministre délégué à la ville et à la rénovation urbaine, dix opérations pilotes dans le cadre de la politique de la ville pour défendre une conception exigeante des valeurs éducatives et sociales du sport. Enfin, le ministre sera naturellement très attentif aux conclusions de la commission Stasi, qui ont été rendues le 11 décembre dernier.
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