Question de Mme DEMONTÈS Christiane (Rhône - SOC) publiée le 23/03/2006
Mme Christiane Demontès attire l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur la destruction du site archéologique de Djoulfa.
Au cours du mois de décembre 2005, le site de Djoulfa, situé au Nakhitchevan en Azerbaïdjan, a été l'objet de destructions. Cette opération est la réplique de ce qui avait été entrepris par les autorités azerbaïdjanaises au mois de novembre 1998 puis stoppé grâce aux vigoureuses protestations de l'UNESCO et d'autres organisations internationales. En 2003, le rapporteur spécial de la commission des Droits de l'Homme des Nations Unies a fait mention de ces destructions massives de stèles appelées « khatchkars » en rappelant le contenu de la résolution A/RES/55/254. Dernièrement, le Parlement Européen a adopté une résolution dans laquelle il condamne ces destructions, rappelle « l'implication des autorités azéries dans ces destructions » et constate que « l'Azerbaïdjan n'a pas été en mesure de fournir des explications ». En conséquence, il a demandé que soient permises des missions dévolues à la surveillance et à la protection du patrimoine archéologique, et plus spécialement le patrimoine arménien, et qu'une délégation du Parlement européen puisse visiter le site archéologique de Djoulfa.
Aussi, elle lui demande quelles mesures le Gouvernement compte prendre afin que les autorités azerbaïdjanaises tiennent compte de ces demandes le plus rapidement possible et que ces destructions de sites archéologiques d'une grande valeur pour l'Humanité cessent immédiatement.
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Réponse du Ministère des affaires étrangères publiée le 15/06/2006
Les déprédations concernant le site de Djoulfa, en Azerbaïdjan, ont fait l'objet d'une résolution adoptée par le Parlement européen le 16 février dernier, à la suite de laquelle une délégation de parlementaires européens devait se rendre sur les lieux fin avril. Les conclusions de cette mission, qui n'ont pas encore été rendues publiques, pourront servir de base à l'élaboration, en étroite concertation avec les autorités azerbaïdjanaises, de mesures visant à préserver et mettre en valeur le site de Djoulfa. L'émotion qu'ont suscitée ces événements, à l'instar de celle suscitée en Azerbaïdjan par les destructions alléguées de sites azéris dans les territoires occupés par l'Arménie, est légitime dans la mesure où il y va de la mémoire de ces deux peuples, et de ce qu'ils ont de plus sacré. La dimension symbolique de ces profanations dépasse les événements en cause et vise plus généralement à anéantir toute trace de la cohabitation historique de ces deux communautés sur un même territoire. C'est pourquoi une certaine prudence s'impose à l'égard des accusations réciproques qu'ont échangées Arméniens et Azerbaïdjanais au sujet de la conservation de leurs patrimoines culturels respectifs. Cette problématique doit à nos yeux être examinée dans une perspective régionale, afin de couvrir l'ensemble des lieux de mémoire des différentes communautés du Sud-Caucase, car cette région est l'héritière de traditions culturelles riches de leur diversité. Cette diversité doit à nos yeux être préservée avec le souci du respect de l'autre. A l'heure où les négociations entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan sur le conflit du Haut-Karabagh connaissent de nouveaux développements, il importe plus que jamais de s'abstenir de tout geste de haine et de toute déclaration pouvant enflammer les esprits de part et d'autre.
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