Question de M. PINTAT Xavier (Gironde - UMP) publiée le 18/01/2007

M. Xavier Pintat attire l'attention de M. le ministre des transports, de l'équipement, du tourisme et de la mer sur la situation du phare de Cordouan, site exceptionnel dont la conservation paraît compromise avec le retrait programmé de ses gardiens, à compter de l'année prochaine. Propriété de l'État, ce monument classé est le dernier phare gardé de France réputé pour la magnificence de son architecture et le caractère remarquable du site sur lequel il repose, classé en zone naturelle d'intérêt faunistique et floristique (ZNIEF). Sans gardiennage, la question de son entretien et de sa conservation se pose inévitablement. Son éloignement l'expose particulièrement aux risques de vandalisme et d'exploitation touristique sauvage, hautement préjudiciable aux espèces rares répertoriées sur cette zone estuarienne et sablo-vaseuse. En conséquence, il lui de demande de placer à l'étude un partenariat État-collectivités pour garantir la pérennité de ce monument vivant avec le concours du Conservatoire du littoral, d'ores et déjà propriétaire du site contigu de la Pointe de Grave et juridiquement apte à élaborer en étroite concertation avec les acteurs locaux, un plan de gestion du site de Cordouan.

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Réponse du Ministère des transports, de l'équipement, du tourisme et de la mer publiée le 21/02/2007

Réponse apportée en séance publique le 20/02/2007

M. le président. La parole est à M. Xavier Pintat, auteur de la question n° 1225, adressée à M. le ministre des transports, de l'équipement, du tourisme et de la mer.

M. Xavier Pintat. Ma question porte sur le phare de Cordouan, dont le gardiennage va être remis en cause à la suite de son automatisation.

Plus vieux phare d'Europe, il a été classé monument historique en 1862, la même année que Notre-Dame de Paris, et je vous invite, monsieur le ministre, mes chers collègues, à aller le visiter, car il s'agit d'un des rares exemples d'architecture commencée par Henri III et poursuivie par Henri IV.

L'arrêt du gardiennage de Cordouan posera inévitablement la question de la préservation du bâtiment lui-même et de ses multiples trésors architecturaux, mais également celle du site sur lequel il repose, qui est classé en zone naturelle d'intérêt faunistique et floristique. L'éloignement les expose aux risques de vandalisme et d'exploitation sauvage, notamment, avec la pêche à pied lors des grandes marées.

C'est pourquoi le gardiennage de ce monument qui n'a pas d'égal dans le monde, avec sa chapelle consacrée, est la clé de sa sauvegarde et de son rayonnement touristique.

Les gardiens du phare garantissent l'accueil, en toute sécurité, des 25 000 visiteurs qui s'y rendent tous les ans ; ils régulent, de fait, l'activité économique des transporteurs royannais et verdonnais en prévenant tout risque de surfréquentation du site ; les ressources ainsi dégagées sont utilement affectées à l'entretien du bâtiment, par l'intermédiaire de l'Association pour la sauvegarde du phare de Cordouan soutenue en son temps par le sénateur girondin Marc Boeuf.

Bien sûr, ce gardiennage implique un coût qui est évalué à 350 000 euros par an par le bureau des phares et balises. Cela correspond au versement de cinq salaires, auquel s'ajoute le transport des personnels et des vivres. Il nous faut rechercher un nouveau mode de gestion pour le gardiennage du phare, l'objectif étant de dégager de nouveaux financements pour recruter des gardes disposant - pourquoi pas ? - du statut de garde du littoral.

Vous l'aurez compris, le développement de partenariats à l'échelon local est très attendu. En outre, il est soutenu par les acteurs locaux tels que la communauté de communes de la Pointe du Médoc, le conseil général de la Gironde et le syndicat mixte pour le développement durable de l'estuaire de la Gironde, qui associe les départements de la Gironde et de la Charente-Maritime. Il dépasse de loin la seule question de l'exploitation touristique du site. Il s'inscrit dans un projet d'ensemble de protection de l'espace naturel du littoral et de l'estuaire de la Gironde.

Enfin, je souhaitais rappeler que le phare de Cordouan est cadastré parcelle n° 1 de la commune du Verdon-sur-Mer.

En conséquence, monsieur le ministre, pourriez-vous me confirmer votre volonté d'associer étroitement les élus locaux à la préservation de ce patrimoine unique ? Pourriez-vous également nous indiquer les modalités d'une telle association ?

L'annonce d'un calendrier de travail serait particulièrement appréciée, car ce monument ne peut faire l'économie d'un gardiennage à l'année. Il est donc aujourd'hui urgent de tirer toutes les conséquences de son automatisation et du désengagement financier qu'il induit tout naturellement pour votre ministère.

M. le président. La parole est à M. le ministre.

M. Dominique Perben, ministre des transports, de l'équipement, du tourisme et de la mer. Monsieur le sénateur, vous avez raison de souligner l'importance du phare de Cordouan du point de vue de la défense du patrimoine, de l'activité touristique ou encore de l'attachement au passé qu'il représente.

Vous avez vous-même rappelé que le coût du gardiennage s'élevait, en 2005, à 350 000 euros. Si l'on veut se conformer aux objectifs d'utilisation optimale de l'argent public et à la logique de l'administration dont j'ai la responsabilité, il n'est guère possible de maintenir un gardiennage permanent alors qu'il existe des possibilités d'automatisation permettant une réelle économie de moyens.

Pour autant, l'isolement de cet édifice, le vandalisme dont il pourrait être la cible, la capacité d'animation touristique qu'il implique et la préservation du patrimoine dont il devrait bénéficier sont des enjeux réels que vous avez justement évoqués ! C'est pourquoi j'apporterai une réponse positive à votre question.

Le préfet de Gironde me semble être le mieux placé pour réunir tous les acteurs concernés. C'est pourquoi je lui ai demandé de réfléchir à la façon dont on pourrait non seulement poursuivre la mise en valeur touristique de cet édifice, mais aussi assurer la défense du patrimoine qu'il constitue. À cet égard, le Conservatoire du littoral pourrait apporter son concours en termes de capacité de gestion.

En effet, il faudra bien déterminer, à un moment donné, qui fait quoi dans cette affaire. Si le bureau des phares et balises est compétent d'un point de vue technique, il n'en demeure pas moins que, pour le reste, une organisation précise doit être mise en place. Monsieur le sénateur, il faut se réunir maintenant afin d'élaborer un dispositif qui permettrait de répondre à vos attentes d'ici à la fin de l'année 2007.

M. le président. La parole est à M. Xavier Pintat.

M. Xavier Pintat. Monsieur le ministre, je tiens à vous remercier. Vos propos répondent tout à fait à nos attentes.

Organiser une réunion de travail autour du préfet de la Gironde est une bonne idée. Si je n'ai pas précisément parlé du Conservatoire du littoral, me contentant de mentionner le soutien d'acteurs locaux, je reconnais que vous avez tout à fait raison, car il a une fonction à exercer dans ce domaine. Quand j'évoquais le statut de garde du littoral, c'est d'ailleurs au Conservatoire du littoral que je pensais et au rôle qu'il pourrait jouer et qu'il joue dans notre région.

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