Question de M. VANTOMME André (Oise - SOC) publiée le 05/07/2007
M. André Vantomme appelle l'attention de M. le ministre d'État, ministre de l'écologie, du développement et de l'aménagement durables, sur les perspectives de classification du site des Beaux Monts en forêt de Compiègne (Oise) au titre de réserve biologique intégrale. Le site des Beaux Monts (240 hectares), en forêt domaniale de Compiègne (14 480 hectares), est certainement unique en France, voire en Europe. Au sein de ce biotope vivent trois espèces d'insectes exceptionnelles et protégées (le Pique-Prune, le Grand Capricorne et le Taupin Violacé) ainsi qu'une mousse rare, la Bidane verte ; ces espèces et leur milieu de vie ont le statut de protection européen le plus élevé. Cette zone est en instance de classement Natura 2000, actuellement, la DIREN de Picardie étudie et rédige le document d'objectifs (DOCOB). Toutefois, les interventions sylvicoles menées par l'ONF dans cette parcelle de forêt détruisent cet habitat de très haute valeur écologique. En conséquence, les associations départementales de protection de la nature sollicitent la classification de ce biotope au titre des réserves biologiques domaniales intégrales, permettant ainsi d'exclure les opérations sylvicoles. Compte tenu de ces éléments, il lui demande de bien vouloir lui faire part de sa position au regard des mesures propres à préserver la richesse floristique et faunistique du site de Beaux Monts et s'il entend permettre la classification de ce territoire privilégié au titre de réserve biologique intégrale.
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Réponse du Ministère de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de l'aménagement du territoire publiée le 25/09/2008
Le site de Beaux Monts recèle dans ses peuplements de très vieux chênes et hêtres, des habitats forestiers d'intérêt communautaire ainsi qu'une faune et une flore exceptionnelles de niveau national et européen. Il participe également à l'accueil d'un public nombreux des agglomérations voisines. Il abrite enfin des arbres de qualité, de haute valeur économique. L'Office national des forêts (ONF) qui assure la gestion de la forêt domaniale veille à y conduire une sylviculture spécifique, compatible avec la satisfaction de ces trois fonctions. Le risque d'accidents par la chute des arbres sénescents sur les visiteurs a conduit l'ONF à devoir abattre quelques arbres mais, surtout, après expertise, à finalement fermer, à titre de précaution, une route forestière, à mettre en place une signalétique appropriée et à orienter les visiteurs vers des itinéraires de contournement, pour préserver les très vieux arbres et les espèces rares associées. Cette opération a été conduite avec succès en concertation avec les partenaires locaux. Afin de garantir la pérennité de ce site, il est néanmoins nécessaire de gérer activement ce massif car la présence d'essences envahissantes comme le cerisier tardif et l'ailante est susceptible de menacer la régénération du chêne sessile, essence dominante actuellement. Par ailleurs, il convient de préparer sur les parcelles voisines plus jeunes, mais déjà âgées, l'accueil des populations d'insectes, de bryophytes et autres plantes remarquables lors de l'effondrement inévitable des très vieux arbres des parcelles les plus matures. Enfin, la biodiversité de ce site est très liée au chêne sessile, essence dite « de lumière » qui, pour se régénérer, a besoin de trouées plus larges que celles résultant de la seule chute d'un vieil arbre ou de la récolte d'un arbre mature. Accepter des ouvertures insuffisantes favoriserait le hêtre, essence dite « d'ombre », qui remplacerait progressivement le chêne sessile. La désignation en réserve biologique intégrale ne paraît donc pas constituer la solution appropriée, ce qu'a confirmé le Conseil scientifique de l'ONF en septembre 2007, puisque ce statut interdit toute intervention sur les peuplements. Eu égard à la richesse de son patrimoine naturel, Beaux Monts a été intégré dans le site Natura 2000 du massif forestier de Compiègne et Laigue. Le comité de pilotage s'est constitué et le document d'objectifs dont la rédaction est en cours d'élaboration permettra de préciser avec l'ensemble des acteurs - et notamment des scientifiques et des naturalistes - la gestion sylvicole la plus appropriée au maintien de ce site et de ses trois vocations : écologique, sociale et économique. La recherche éventuelle d'un statut de protection adapté aux exigences de gestion ainsi définies pourra alors utilement être envisagée, renforçant les garanties de conservation de ce patrimoine naturel remarquable. L'ONF conduit actuellement une étude paysagère et a lancé une démarche de labellisation interne « Forêt patrimoine » sur le massif ; par ailleurs, une réflexion est engagée localement au niveau des services du ministère en charge de l'écologie pour un éventuel classement de l'ensemble du massif au titre de la loi de 1930 relative à la protection des monuments naturels et des sites.
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