Question de M. TODESCHINI Jean-Marc (Moselle - SOC) publiée le 19/07/2007

M. Jean-Marc Todeschini attire l'attention de Mme la ministre de la santé, de la jeunesse et des sports sur le suicide des personnes lesbiennes, gaies, bi ou transsexuelles et des personnes en interrogation sur leur orientation sexuelle ou identité de genre, qui représente chaque année une part importante et plus significative des 12 000 suicides et 160 000 tentatives de suicide en France. Le rapport parlementaire sur l'isolement et le suicide adressé au Premier ministre le 15 septembre 2003 rappelait sur ce point que « les souffrances dues à la découverte de l'homosexualité semblent importantes, en particulier à cause de l'accueil réservé par la société aux personnes homosexuelles ». Ce rapport préconisait, par ailleurs, la réalisation d'une enquête nationale afin d'envisager les actions nécessaires pour remédier au suicide des jeunes, et d'aboutir à la publication d'une plaquette d'information et de sensibilisation. Malheureusement, force est de constater qu'aucune politique n'a été menée depuis ce rapport. Or, la sursuicidalité est un réel problème de santé publique, et nombreuses sont les associations qui le dénoncent. Aussi, il lui demande de lui préciser si le Gouvernement entend commander une étude sur la sursuicidalité des personnes lesbiennes, gaies, bi ou transsexuelles, et des personnes en interrogation sur leur orientation sexuelle ou identité de genre. Il souhaite également savoir si, dans le cadre d'une telle étude, il associera les associations qui accueillent chaque jour des personnes suicidaires évoluant dans un contexte homophobe.

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Réponse du Ministère de la santé, de la jeunesse, des sports et de la vie associative publiée le 27/03/2008

La littérature internationale est concordante sur le risque suicidaire accru présenté par les personnes homosexuelles. Eric Verdier et Jean-Marie Firdion dans leur ouvrage Homosexualité et suicide, à partir d'études américaines et des chiffres d'une étude concernant la population générale en France réalisée dans le cadre du programme national de prévention du suicide mené par le ministère chargé de la santé, affirment qu'il existe un « risque élevé de suicide chez les jeunes gays, lesbiennes et bisexuels ». Plusieurs travaux amènent à penser que l'homophobie est à l'origine d'une souffrance aigüe en affectant le vécu de l'orientation homo/bi/transsexuelle. Ainsi, pour la France, l'étude de Marc Shelly de 2005, menée par l'association Aremedia avec la collaboration de l'INSERM, conclut que les jeunes hommes homosexuels ont treize fois plus de risque de faire une tentative de suicide que les jeunes hommes hétérosexuels. Ce résultat coïncide avec l'étude américaine de C. Bagley et P. Tremblay « Suicidal Behaviors in Homosexual and Bisexual Males » de 1997. La préoccupation des pouvoirs publics rejoignant celle des associations engagées dans la prévention du suicide, le thème « suicide et orientation sexuelle » a été choisi par le comité d'observation et de prévention du suicide qui rassemble depuis fin 2006, à l'initiative du ministère en charge de la santé, des acteurs institutionnels et associatifs concernés. Un travail d'analyse secondaire des chiffres du baromètre Santé a d'ores et déjà été engagé par l'institut national de prévention et d'éducation pour la santé (INPES) pour améliorer l'état des connaissances. Dans le cadre du plan « Santé des jeunes » présenté par la ministre de la santé, de la jeunesse et des sports en conseil des ministres le 27 février 2007, le Gouvernement a décidé de mener des actions pour mieux repérer et prévenir la crise suicidaire, en particulier chez les jeunes homosexuels, en lançant dès 2008 une campagne d'information en direction des jeunes, sous l'égide du cinéaste André Téchiné.

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