Question de M. PORTELLI Hugues (Val-d'Oise - UMP) publiée le 30/11/2007
Question posée en séance publique le 29/11/2007
M. Hugues Portelli. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre.
Des violences ont émaillé la nuit du 26 novembre, dans le Val-d'Oise, à la suite du décès de deux adolescents. Nos pensées vont bien évidemment à leur famille, car la perte de deux enfants est toujours une tragédie.
Mais nos pensées vont également aux forces de l'ordre, qui ont fait preuve d'un sang-froid et d'un courage qui font honneur à la République, alors qu'elles étaient prises pour cible par des tirs de fusils. Peu de police au monde auraient réagi comme la nôtre.
Dans l'immédiat, le rétablissement complet, dans chaque commune, dans chaque quartier, dans chaque rue, de l'ordre républicain est un impératif absolu et non négociable, car l'autorité de l'État ne se partage pas.
Mais à moyen terme, peut-on envisager de tenir davantage compte des problèmes spécifiques de l'ordre public sur ces territoires, notamment avec une police plus adaptée aux différentes formes de violence et de délinquance ?
M. David Assouline. Une police de proximité !
M. Hugues Portelli. Une police plus stable...
M. Jean-Pierre Michel. De proximité !
M. Hugues Portelli. ...qui soit incitée à demeurer dans ses affectations et à être logée autant que possible dans la circonscription où elle travaille.
Une police plus proche...
M. Charles Gautier. De proximité !
M. Hugues Portelli. ...qui connaisse bien les particularités de chaque territoire, de chaque population et, surtout, une police plus expérimentée.
M. Charles Gautier. De proximité !
M. Hugues Portelli. Enfin, au-delà des problèmes de l'ordre public, quelle réponse sociale donner...
M. Charles Gautier. Une réponse de proximité !
M. Hugues Portelli. ...à des jeunes qui n'ont aucune notion de l'autorité, qu'elle soit parentale, éducative ou professionnelle ? Comment les sortir de leur milieu pathogène (Protestations sur les travées du groupe socialiste)...
M. Jean-Luc Mélenchon. Qu'est-ce qu'un « milieu pathogène » ?
M. Hugues Portelli. ...afin de leur inculquer des règles de vie commune. (Très bien ! et applaudissements sur les travées de l'UMP et sur quelques travées de l'UC-UDF. - Exclamations sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC.)
M. Jean-Luc Mélenchon. Les milieux pathogènes, c'est là que nous vivons ! Qu'est-ce que ce genre d'insulte ?
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Réponse du Ministère de l'intérieur, de l'outre-mer et des collectivités territoriales publiée le 30/11/2007
Réponse apportée en séance publique le 29/11/2007
Mme Michèle Alliot-Marie, ministre de l'intérieur, de l'outre-mer et des collectivités territoriales. Monsieur le sénateur, vous avez rappelé qu'à Villiers-le-Bel un dramatique accident, dont nous ne pouvons que déplorer qu'il ait causé la mort de deux adolescents, a servi de prétexte à des scènes de violences.
M. Jacques Mahéas. « Prétexte », ce n'est pas le mot qui convient !
M. Charles Gautier. Ce n'était pas prévu !
Mme Michèle Alliot-Marie, ministre. Certains ont utilisé la situation pour commettre des vols, des pillages, des dégradations d'équipements publics, notamment une bibliothèque, et se sont attaqués aux forces de l'ordre et aux pompiers en faisant feu à tir tendu avec des armes de chasse.
M. Rémy Pointereau. C'est inadmissible !
Mme Michèle Alliot-Marie, ministre. Je vous remercie et je pense pouvoir dire que nous vous remercions tous d'avoir rendu hommage aux forces de l'ordre auxquelles M. le Premier ministre et moi-même avons rendu visite à plusieurs reprises. Elles ont fait preuve, dans ces circonstances, d'un sang-froid remarquable...
M. le président. C'est vrai !
Mme Michèle Alliot-Marie, ministre. ...alors qu'elles étaient attaquées très directement. (Applaudissements sur les travées de l'UMP et sur quelques travées de l'UC-UDF.)
M. Jean-Guy Branger. Absolument !
Mme Michèle Alliot-Marie, ministre. Sur le fond, il est évident que, dans un certain nombre de villes, nous avons des problèmes avec de petits groupes d'individus, qu'il ne faut pas confondre avec l'ensemble des habitants de ces cités ou de ces villages...
M. Jean-Luc Mélenchon. Très bien !
M. Rémy Pointereau. Tout à fait !
Mme Michèle Alliot-Marie, ministre. ...qui sont doublement victimes des délinquants.
Mme Éliane Assassi. Ce n'est pas pathogène !
Mme Michèle Alliot-Marie, ministre. Victimes, parce qu'ils sont les premiers à être attaqués, volés ou agressés ; victimes aussi, parce que c'est l'image de leur ville, de leur quartier qui est atteinte. Cela rejaillit sur eux et accentue parfois les difficultés qu'ils rencontrent pour trouver un emploi.
M. Alain Milon. Très juste !
Mme Michèle Alliot-Marie, ministre. Nous devons apporter une réponse globale à ces difficultés. La chaîne de la sécurité doit faire intervenir les maires, qui sont en première ligne, les services éducatifs, les associations, la police, la justice, les acteurs de la réinsertion. C'est ensemble que nous pourrons trouver des solutions pour permettre à ceux qui ne sont pas des délinquants, notamment aux plus jeunes, de s'en sortir.
M. Robert del Picchia. Très bien !
Mme Michèle Alliot-Marie, ministre. Mais nous avons aussi besoin que l'autorité de l'État soit toujours affirmée et réaffirmée. Pour cela, il faut agir à plusieurs niveaux.
Tout d'abord, je ne saurais laisser dire qu'il n'y a pas de policiers au contact des habitants.
M. Jacques Mahéas. Ce n'est pas pathogène, alors !
Mme Michèle Alliot-Marie, ministre. Nos commissariats, nos gendarmeries, nos postes de police sont là.
M. Jacques Mahéas. Ils sont fermés parfois !
Mme Michèle Alliot-Marie, ministre. Et je rappelle, mesdames et messieurs de l'opposition, que nous, nous avons créé, entre 2002 et 2007, 13 000 postes de policiers et de gendarmes pour renforcer la sécurité qui s'était dégradée au cours des précédentes années. (Bravo ! et applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'UC-UDF.)
Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Ce n'est pas concluant !
Mme Michèle Alliot-Marie, ministre. Cela nous permet d'avoir une réelle implantation sur le terrain. (Exclamations sur les travées du groupe socialiste.)
Cela dit, il est vrai qu'en région parisienne il y a un problème parce que trop de policiers sortent de l'école sans avoir l'âge ou la maturité suffisants pour faire face à toutes les situations auxquelles ils peuvent être confrontés.
Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. La faute à qui ? S'ils n'ont pas la maturité, pourquoi leur donne-t-on ces affectations ?
Mme Michèle Alliot-Marie, ministre. C'est pourquoi nous sommes en train de mettre au point, avec le directeur général de la police nationale, une action de fidélisation, qui s'appuie sur nos relations avec les maires.
Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Les maires vont tout payer ! C'est incroyable !
Mme Michèle Alliot-Marie, ministre. Le logement, par exemple, est un élément essentiel de cette fidélisation et les maires doivent y être associés. (M. Daniel Raoul lève les bras au ciel.) D'ailleurs, je crée 5 000 nouvelles places de logements dans la région parisienne au cours de l'année 2008, sur un budget que vous n'avez pas voté... (Bravo ! et applaudissements sur les travées de l'UMP.)
J'ajoute nous nous employons également à créer des crèches, parce que toute la famille doit être bien accueillie.
Au-delà, parce qu'il faut parfois faire face à des poussées de violence, nous avons prévu de créer, sur le budget pour 2008, des unités de sécurisation, qui nous permettront, sur un département ou une zone, de renforcer telle ou telle police locale, sans déshabiller les autres.
Enfin, il est évident que nous aurons toujours besoin, dans les cas les plus graves, des forces mobiles de gendarmerie ou de police.
À tous, nous devons beaucoup de gratitude, de reconnaissance et je pense que nous pouvons les assurer de toute notre confiance. (Bravo ! et applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'UC-UDF, ainsi que sur certaines travées du RDSE. - Mme le secrétaire d'État chargée de la politique de la ville applaudit également.)
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